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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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pleinement <strong>de</strong> ta tranquillité, <strong>de</strong> ton soleil, comme le plongeur qui prend une bonne<br />

goulée d’air avant <strong>de</strong> s’enfoncer sous l’eau 1278 .<br />

Le passage à Compiègne est une occasion pour <strong>les</strong> <strong>prisonniers</strong> <strong>de</strong> renouer avec certains<br />

traits <strong>de</strong> la vie en liberté, aussi consomment-ils à satiété <strong>de</strong>s activités dont ils sont privés<br />

<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s mois, <strong>et</strong> dont ils pressentent la disparition dès la frontière franchie. Echapper à la<br />

psychose du convoi par un emploi du temps bien rempli reste sans doute la préoccupation du<br />

plus grand nombre.<br />

Ainsi, nos journées sont bien remplies par nos diverses activité culinaires, sportives,<br />

théâtra<strong>les</strong>, intellectuel<strong>les</strong> <strong>et</strong> spirituel<strong>les</strong> ; il nous arrive même <strong>de</strong> répondre à une<br />

invitation : « Je n’ai pas le temps ! » 1279<br />

tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

Les conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s détenus facilitent gran<strong>de</strong>ment le développement <strong>de</strong>s<br />

distractions sportives. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s appels biquotidiens <strong>de</strong> huit heures <strong>et</strong> dix-sept heures 1280<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s corvées 1281 , ces <strong>de</strong>rniers ne sont astreints à aucune tâche. Même si <strong>les</strong> Allemands<br />

exercent une surveillance continue, ils ne font pas preuve <strong>de</strong>s cruautés qui existent dans<br />

d’autres types <strong>de</strong> structure. Les témoignages ne mentionnent ni <strong>de</strong> travail exténuant, ni<br />

d’exercices corporels punitifs. La violence quotidienne, bien que présente 1282 , n’est pas érigée<br />

en système tendant à détruire progressivement <strong>les</strong> individus. Le contexte général est donc très<br />

différent <strong>de</strong> celui rencontré à Dachau avant la guerre ou <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s AEL.<br />

Les Allemands dotent le camp d’une organisation reposant sur <strong>les</strong> captifs <strong>et</strong> restent à<br />

l’écart, se contentant <strong>de</strong>s tâches administratives <strong>et</strong> <strong>de</strong> surveillance. Louis Martin-Chauffier<br />

précise sur ce point que « le service d’ordre était assuré par <strong>de</strong>s Français. On ne voyait <strong>les</strong><br />

Allemands que le matin <strong>et</strong> le soir à l’appel 1283 ». L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te société<br />

captive montre que <strong>les</strong> structures propres aux loisirs, initialement créées par <strong>les</strong> communistes<br />

au début <strong>de</strong> la guerre lorsque ces <strong>de</strong>rniers étaient présents en grand nombre, sont maintenues<br />

1278 Michel Fliecx, Pour délit d’espérance. Deux ans à Buchenwald-Peenemün<strong>de</strong>, Dora-Belsen, 1947, mis en<br />

ligne sur le site <strong>de</strong> l’UNADIF-FNDIR à l’adresse suivante : http://www.unadif.fr/histoire-<strong>et</strong><br />

temoignages/temoignages<br />

1278 Jean Michel, Dora, op.cit., p. 41.<br />

1279 Ibid., p. 41.<br />

1280 Michel-Lacour Gay<strong>et</strong>, Un déporté comme un autre 1943-1945, op. cit., p. 83.<br />

1281 René Dumur en fait la liste : « balayage <strong>de</strong> la cour <strong>et</strong> ramassage <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its détritus,<br />

·vidage <strong>de</strong>s WC rudimentaires, lavage à gran<strong>de</strong> eau <strong>de</strong>s chambrées, tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux jours » René Dumur, « Mes<br />

mémoires » publié sur le site <strong>de</strong> l’UNADIF-FNDIR à l’adresse suivante : http://www.unadif.fr/histoire-<strong>et</strong>temoignages/temoignages<br />

1282 Si la violence ne règne pas en maître à Royallieu, cela ne signifie pas qu’elle soit absente, loin <strong>de</strong> là. Les<br />

recherches menées sur le camp prouvent la présence auprès <strong>de</strong>s détenus <strong>de</strong> surveillants, comme le Feldwebel<br />

Dahl, comm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong>s brutalités quotidiennes. (Beate Husser, Françoise Leclère-Rosenzweig <strong>et</strong> Jean Pierre Besse<br />

(collectif), FrontStalag 122 Compiègne-Royallieu – Un camp d’internement allemand dans l’Oise, 1941-1944,<br />

op. cit., p. 53-54)<br />

1283 Louis Martin-Chauffier, L’homme <strong>et</strong> la bête, op. cit., p. 68.<br />

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