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Sports et pratiques corporelles chez les déportes, prisonniers de ...

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Nous restions là, <strong>de</strong>bout sous le soleil ou sous la pluie, <strong>et</strong> subitement <strong>les</strong> SS nous<br />

lançaient dans une course folle, autour <strong>de</strong>s baraques en criant : -Nie<strong>de</strong>r. Auf. Nie<strong>de</strong>r. Auf<br />

(coucher, <strong>de</strong>bout, coucher, <strong>de</strong>bout). Ces courses duraient jusqu’à l’épuisement, nous nous<br />

écroulions sur le sol boueux 978 .<br />

La nuit non plus, <strong>les</strong> <strong>prisonniers</strong> ne sont pas épargnés. Suivant le bon vouloir <strong>de</strong>s SS <strong>de</strong><br />

gar<strong>de</strong>, ils peuvent être à tout instant réveillés <strong>et</strong> contraints <strong>de</strong> s’adonner, soit dans <strong>les</strong><br />

baraques, soit <strong>de</strong>hors, à <strong>de</strong>s exercices physiques. Jean Satanil décrit <strong>de</strong>s promena<strong>de</strong>s nocturnes<br />

pouvant s’éterniser durant cinq heures au pas ca<strong>de</strong>ncé, affaiblissant encore davantage même<br />

<strong>les</strong> hommes <strong>les</strong> plus robustes, en raison <strong>de</strong>s b<strong>les</strong>sures aux pieds qu’el<strong>les</strong> provoquent.<br />

tel-00872295, version 1 - 14 Oct 2013<br />

Nous étions rangés quatre par quatre. Deux SS se plaçaient en tête <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux autres<br />

fermaient la marche. La file démarrait, se ressentant encore <strong>de</strong>s fatigues <strong>de</strong> la journée, <strong>et</strong><br />

s’efforçait à suivre la ca<strong>de</strong>nce imposée par <strong>les</strong> Boches. Nous marchions à une allure<br />

moyenne <strong>de</strong> sept kilomètre-heure <strong>et</strong> accomplissions ainsi trente-cinq kilomètres environ.<br />

Tous <strong>les</strong> cinq kilomètres, <strong>les</strong> SS se relayaient, cependant que, <strong>les</strong> membres rompus, nous<br />

marchions, nous marchions toujours 979 .<br />

A propos d’un camp situé dans le Gau Berlin, Jean Lemaire signale que <strong>les</strong> détenus étaient<br />

parfois forcés <strong>de</strong> se lever au milieu <strong>de</strong> la nuit pour prendre une douche glacée avant <strong>de</strong> se<br />

recoucher pour quelques heures 980 . J.P Gamory attire lui aussi l’attention sur <strong>les</strong> irruptions<br />

soudaines <strong>de</strong>s SS dans <strong>les</strong> chambrées <strong>et</strong> <strong>les</strong> conséquences qui s’en suivent.<br />

Alors que <strong>les</strong> détenus espéraient être tranquil<strong>les</strong> dans leurs chambrées, il n’était pas rare<br />

qu’un gardien SS revienne pour une ron<strong>de</strong> d’inspection. Au cri <strong>de</strong> « Achtung »<br />

(Attention) tous se précipitaient aux pieds <strong>de</strong>s lits, en se m<strong>et</strong>tant au gar<strong>de</strong>-à-vous, le<br />

bonn<strong>et</strong> dans la main. Si le Meister était <strong>de</strong> bonne humeur, la visite se terminait<br />

rapi<strong>de</strong>ment. Par contre, s’il avait été contrarié, il se m<strong>et</strong>tait à hurler « Hinlegen ! »<br />

(Cou<strong>chez</strong> !). Malheur à celui qui restait <strong>de</strong>bout. Ensuite, il criait « Aufstehen ! »<br />

(Debout !), <strong>et</strong> faisait répéter ces exercices selon sa fantaisie. Lorsqu’enfin satisfait, ou<br />

défoulé, il s’en allait, <strong>les</strong> malheureux forçats, transformés en automates, m<strong>et</strong>taient un bon<br />

moment pour se rem<strong>et</strong>tre 981 .<br />

Les exercices corporels accompagnent <strong>les</strong> requis durant toute leur captivité en AEL.<br />

Toute la semaine, <strong>les</strong> SS infligent aux détenus une à <strong>de</strong>ux séances par jour. Le dimanche, si<br />

<strong>les</strong> <strong>prisonniers</strong> ne travaillent pas, ils sont soumis à <strong>de</strong>s séances encore plus longues. Dans<br />

chaque cas <strong>de</strong> figure, <strong>les</strong> mêmes types d’exercices sont décrits : <strong>de</strong>s courses <strong>et</strong> <strong>de</strong>s marches<br />

rapi<strong>de</strong>s associées à <strong>de</strong>s exercices <strong>de</strong> coucher-<strong>de</strong>bout. Les reptations, <strong>les</strong> sauts <strong>de</strong> grenouille<br />

sont par ailleurs fréquents <strong>et</strong> tous ces exercices se répètent inexorablement chaque jour.<br />

978 Fernandré Ju<strong>les</strong> Viannenc, Le Danube était gris, op. cit., p. 62.<br />

979 Jean Satanil, René Marie, op. cit., p. 106.<br />

980 AC, 27 P 795. Chemise Gau Berlin. Interrogatoire <strong>de</strong> Jean Lemaire du 14 mai 1945.<br />

981 J.P Gamory, AEL, op. cit., p. 70.<br />

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