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Cartographie participative: l'approche évolutive du FIDA - IFAD

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<strong>Cartographie</strong><br />

<strong>participative</strong>: l’approche<br />

évolutive <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong><br />

Conception et exécution des projets<br />

de cartographie <strong>participative</strong><br />

Enabling Oeuvrer pour poor que rural les people populations to overcome rurales poverty pauvres se libèrent de la pauvreté


Les opinions exprimées dans cette publication appartiennent aux auteurs et ne<br />

reflètent pas nécessairement celles <strong>du</strong> Fonds international de développement<br />

agricole (<strong>FIDA</strong>). Les désignations employées et la présentation des données dans<br />

cette publication ne signifient pas que le <strong>FIDA</strong> exprime une opinion quelconque<br />

quant au statut juridique de tel ou tel pays ou territoire, de telle ou telle ville ou<br />

région – ou de leurs autorités –, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.<br />

Les expressions “pays développés” et “pays en développement” sont employées<br />

à des fins statistiques et n’impliquent pas nécessairement un jugement quant au<br />

stade de développement atteint par un pays ou une zone donnés.<br />

Couverture:<br />

Le responsable de Bourem montre un croquis topographique utilisé<br />

pour la planification communautaire, Mali.<br />

© I. Firmian<br />

© 2010 Fonds international de développement agricole (<strong>FIDA</strong>)


Table des matières<br />

Avant-propos 4<br />

1. Intro<strong>du</strong>ction 6<br />

Qu’entend-on par cartographie <strong>participative</strong>? 6<br />

En quoi la cartographie <strong>participative</strong> est-elle importante pour le <strong>FIDA</strong>? 7<br />

Visites de terrain dans des projets <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> 8<br />

Kenya: projet pilote dans le secteur est <strong>du</strong> Mont Kenya 8<br />

Mali: Programme d’investissement et de développement rural des régions <strong>du</strong> Nord Mali 10<br />

Soudan: Programme de gestion des ressources dans l’ouest <strong>du</strong> Soudan 10<br />

2. Principes fondamentaux 12<br />

1. Obtenir un consentement préalable, libre et éclairé 12<br />

La cartographie <strong>participative</strong> et la définition des limites 13<br />

La représentation des savoirs locaux dans des cartes 13<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain 13<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong> 14<br />

2. Garantir le contrôle par les communautés 15<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain 15<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong> 16<br />

3. Prendre en compte les besoins des communautés 16<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain 17<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong> 18<br />

4. Défendre la propriété intellectuelle des communautés 19<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain 19<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong> 20


5. Garantir un processus ouvert à tous 20<br />

La sagesse des anciens 20<br />

La problématique hommes-femmes 21<br />

L’inclusion des jeunes 22<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain 22<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong> 22<br />

6. Inscrire les initiatives de cartographie dans la <strong>du</strong>rée 23<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain 23<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong> 23<br />

3. Les activités de cartographie 24<br />

Le processus de cartographie évolutif 24<br />

Phase 1: conception <strong>du</strong> projet 25<br />

Analyser la situation 25<br />

Définir les principales questions liées à la gestion des ressources naturelles<br />

dans le contexte de moyens d’existence déterminés 25<br />

Inventorier les collaborateurs 26<br />

Affecter des ressources aux activités de cartographie <strong>participative</strong> 26<br />

Phase 2: préparation de la cartographie 27<br />

Valider l’approche de la conception 27<br />

Confirmer le choix des outils de cartographie 27<br />

Inventorier les animateurs de la cartographie <strong>participative</strong> et leurs besoins en formation 27<br />

Définir le mécanisme de suivi 28<br />

Assurer la formation 29<br />

Acheter le matériel 29<br />

2


Phase 3: cartographie 30<br />

Préparer la communauté aux activités de cartographie 30<br />

Déterminer le(s) objectif(s) de la cartographie 30<br />

Former les membres des communautés 32<br />

Documenter l’information 32<br />

Créer la carte et déterminer la légende 32<br />

Analyser et évaluer l’information présentée sur la carte 33<br />

Établir un mécanisme de suivi 33<br />

Phase 4: utilisation des cartes et prise de décisions 35<br />

Utiliser les cartes pour appuyer les initiatives de gestion<br />

des ressources naturelles des communautés 35<br />

Communiquer l’information de la cartographie aux parties prenantes 35<br />

Relier les résultats aux processus de planification de plus vaste portée 36<br />

Les cartes en tant qu’outils participatifs d’évaluation de projets 36<br />

Phase 5: évaluation 38<br />

Les communautés évaluent l’utilité de la cartographie 38<br />

Unité de gestion <strong>du</strong> projet et missions d’évaluation dans le pays 39<br />

Évaluation administrative des changements généraux observés<br />

aux niveaux politique et décisionnel 39<br />

<strong>Cartographie</strong> après-projet 39<br />

4. Conclusion 40<br />

Annexe – Listes de contrôle pour la conception des projets 41<br />

Bibliographie 43<br />

3


Avant-propos<br />

Le Fonds international de développement agricole (<strong>FIDA</strong>) est une institution financière internationale et<br />

une institution spécialisée des Nations Unies dont la mission est de contribuer à l’éradication de la<br />

pauvreté et de la faim dans les zones rurales des pays en développement. Travaillant en collaboration<br />

avec les populations rurales pauvres, les gouvernements, les donateurs, les ONG et un grand nombre<br />

d’autres partenaires, le <strong>FIDA</strong> privilégie les solutions adaptées aux pays pour doter les ruraux pauvres,<br />

femmes et hommes, de la capacité d’améliorer leurs revenus et leur sécurité alimentaire. Dans ses<br />

activités de développement agricole et rural, le <strong>FIDA</strong> se heurte toujours au même défi: trouver des<br />

moyens efficaces d’associer les communautés pauvres – en particulier leurs membres les plus démunis<br />

et les plus vulnérables – à la planification, à la gestion et aux prises de décision concernant leurs<br />

ressources naturelles.<br />

Cet enjeu est particulièrement important lorsqu’il est question des pasteurs, des peuples autochtones<br />

et des habitants des forêts, dont les moyens de subsistance, voire la survie, sont menacés d’une<br />

manière disproportionnée par le changement climatique, la dégradation de l’environnement et les conflits<br />

liés à l’accès à la terre et aux ressources naturelles. Un atout clé de ces groupes étant leur connaissance<br />

de l’environnement local, il convient de concevoir une approche garantissant que cette sagesse collective<br />

soit intégrée à leur capacité de planifier et de gérer leurs ressources naturelles.<br />

Sensible à ces préoccupations, le <strong>FIDA</strong> a lancé en octobre 2006 le projet de mise au point d’outils<br />

décisionnels pour une cartographie <strong>participative</strong> applicable à des systèmes de subsistance déterminés<br />

(pasteurs, peuples autochtones, habitants des forêts), en collaboration avec la Coalition internationale<br />

pour l’accès à la terre. Bien que la cartographie <strong>participative</strong> ne soit pas une nouveauté au <strong>FIDA</strong>, elle est<br />

connue, au sein de l’institution, seulement sous deux aspects: la résolution des conflits et l’amélioration<br />

de la prise en charge de la gestion <strong>du</strong>rable des ressources naturelles par les communautés, en vue<br />

d’accélérer la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté rurale. C’est pourquoi il devient essentiel de définir un cadre global<br />

pour la mise en œuvre des processus de cartographie <strong>participative</strong> dans les projets bénéficiant d’une<br />

aide <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong>, si l’on veut appréhender dans sa totalité le potentiel de cette méthodologie.<br />

4


Le présent rapport donne un aperçu détaillé <strong>du</strong> cadre global requis. Il a été préparé par Jon Corbett<br />

(Université de Colombie-Britannique O’Kanagan), avec la contribution et l’appui <strong>du</strong> groupe consultatif <strong>du</strong><br />

projet 1 , qui compte aussi un représentant <strong>du</strong> Centre technique de coopération agricole et rurale ACP-UE<br />

(CTA). Sous le titre <strong>Cartographie</strong> <strong>participative</strong>: l’approche évolutive <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong>, il décrit les activités à<br />

con<strong>du</strong>ire à chaque étape <strong>du</strong> cycle de projet pour mettre en œuvre des processus de cartographie<br />

<strong>participative</strong> dans les programmes et projets <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong>. L’approche est fondée sur les conclusions d’un<br />

examen initial qui a dégagé les principes essentiels des bonnes pratiques de cartographie <strong>participative</strong><br />

et sur les enseignements tirés de visites de projets de la Coalition internationale pour l’accès à la terre et<br />

<strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> (<strong>FIDA</strong> 2009).<br />

Ce rapport sur l’approche évolutive doit être considéré comme “vivant” car sa teneur sera révisée et<br />

actualisée pour tenir compte de l’expérience pratique générée par son application dans les projets<br />

appuyés par le <strong>FIDA</strong>. Seule l’application régulière de l’approche dans les opérations <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> garantira<br />

l’apprentissage et la génération de connaissances en continu.<br />

Nous sommes persuadés que l’approche évolutive, dotant les communautés locales des moyens de<br />

gérer <strong>du</strong>rablement leurs ressources naturelles, peut contribuer à la réalisation des Objectifs <strong>du</strong> Millénaire<br />

pour le développement, en particulier <strong>du</strong> premier (Éradiquer l’extrême pauvreté et la faim) et <strong>du</strong> septième<br />

(Préserver l’environnement).<br />

Sheila Mwanun<strong>du</strong><br />

Conseillère technique principale,<br />

Gestion de l’environnement et des ressources naturelles,<br />

Division consultative technique<br />

Au nom <strong>du</strong> groupe consultatif <strong>du</strong> projet de mise au point<br />

d’outils décisionnels pour une cartographie <strong>participative</strong> applicable<br />

à des systèmes de subsistance déterminés<br />

1 Membres <strong>du</strong> groupe consultatif: S. Mwanun<strong>du</strong> (responsable), K. Fara (chef de projet), B. Codispoti (Coalition internationale<br />

pour l’accès à la terre), A. Del Torto, S. Devos, S. Di Gessa (Coalition internationale pour l’accès à la terre), I. Firmian, M. Mangiafico,<br />

A. Mauro (Coalition internationale pour l’accès à la terre), R. Mutandi, R. Omar, G. Rambaldi (CTA), R. Samii et L. Sarr.<br />

5


1. Intro<strong>du</strong>ction<br />

Ce document présente une approche évolutive<br />

de la conception et de l’exécution des initiatives<br />

de cartographie <strong>participative</strong> dans les projets<br />

bénéficiant d’un appui <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong>. L’approche<br />

évolutive a vu le jour dans le cadre <strong>du</strong> projet de<br />

mise au point d’outils décisionnels pour une<br />

cartographie <strong>participative</strong> applicable à des<br />

systèmes de subsistance déterminés (pasteurs,<br />

peuples autochtones, habitants des forêts). Le<br />

rapport s’inscrit dans le prolongement de l’étude<br />

intitulée <strong>Cartographie</strong> <strong>participative</strong> et bonnes<br />

pratiques (<strong>FIDA</strong>, 2009) et utilise les éléments et<br />

expériences recueillis à diverses occasions: un<br />

atelier sur la cartographie <strong>participative</strong> 2 organisé<br />

par la Coalition internationale pour l’accès à la<br />

terre en Albanie, des visites de terrain dans trois<br />

projets <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> et un atelier de parties<br />

prenantes 3 sur la cartographie <strong>participative</strong><br />

organisé par le <strong>FIDA</strong>, sans oublier les<br />

contributions de divers experts.<br />

Le document comporte deux sections. La<br />

première décrit les principes essentiels soustendant<br />

l’exécution et l’évaluation d’un projet<br />

de cartographie 4 . La deuxième décrit le<br />

processus d’adaptation étape par étape, facilitant<br />

la conception et l’exécution des initiatives de<br />

cartographie <strong>participative</strong>. L’approche étape par<br />

étape a été spécifiquement conçue pour être<br />

mise en œuvre dans le cadre <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> et elle<br />

diffère donc de celle des autres manuels de<br />

cartographie <strong>participative</strong>, tout en restant fidèle<br />

cependant aux principes inhérents à la pratique<br />

de la cartographie <strong>participative</strong> les plus<br />

largement admis.<br />

Le rapport s’applique spécifiquement à la<br />

con<strong>du</strong>ite d’initiatives de cartographie avec des<br />

pasteurs, des membres de peuples autochtones et<br />

des habitants des forêts – en d’autres termes,<br />

des représentants des groupes les plus démunis<br />

et les plus marginaux <strong>du</strong> monde. Souvent,<br />

compte tenu de l’isolement physique des espaces<br />

géographiques occupés par ces groupes,<br />

les hommes ont noué une relation étroite<br />

avec leur territoire, ce qui rend ces terres<br />

particulièrement importantes pour leur survie<br />

culturelle, matérielle et spirituelle. Utilisée d’une<br />

manière responsable et avec discernement, la<br />

cartographie <strong>participative</strong> peut devenir un outil<br />

essentiel, en permettant à ces groupes marginaux<br />

de mieux représenter et communiquer leur<br />

relation à la terre, en vue de promouvoir<br />

un développement adapté et <strong>du</strong>rable et de<br />

renforcer leur capacité de défendre leurs droits<br />

sur leurs ressources et sur leurs terres.<br />

Qu’entend-on par cartographie<br />

<strong>participative</strong>?<br />

La cartographie <strong>participative</strong> a fait son<br />

apparition dans le sillage des méthodologies<br />

d’évaluation rurale <strong>participative</strong> qui ont été<br />

largement utilisées par la communauté <strong>du</strong><br />

développement dans les années 1980.<br />

Ces méthodologies mettent l’accent sur la<br />

transparence et la participation de tous les<br />

membres de la communauté à une activité<br />

donnée, généralement liée à une initiative<br />

de développement ou à un processus de<br />

prise de décision communautaire.<br />

En 1983, Robert Chambers, un membre de<br />

l’Institute of Development Studies (Royaume-<br />

Uni), a utilisé l’expression “évaluation rurale<br />

rapide” pour décrire les techniques susceptibles<br />

de favoriser une “inversion de l’apprentissage”.<br />

2 L’atelier Sharing Knowledge on Participatory Mapping for<br />

Forest and Pasture Areas s’est tenu à Tirana,<strong>du</strong> 27 au 31 mai<br />

2007. On peut trouver un complément d’information sur le<br />

site www.landcoalition.org.<br />

3 L’atelier sur la cartographie <strong>participative</strong>: <strong>IFAD</strong>’s<br />

Step-by-Step Approach s’est tenu à Rome, le 15 juillet 2008.<br />

4 Voir aussi <strong>FIDA</strong> (2009).<br />

6


Carte <strong>du</strong> village,<br />

Kordofan-Nord, Soudan.<br />

© J. Corbett<br />

Deux ans plus tard, la première conférence<br />

internationale liée à l’évaluation rurale rapide<br />

était organisée en Thaïlande pour partager les<br />

expériences en la matière. On a assisté ensuite<br />

au développement rapide des méthodes<br />

permettant aux populations rurales d’analyser<br />

leurs problèmes, de fixer leurs objectifs et de<br />

suivre leurs résultats par elles-mêmes. Au milieu<br />

des années 1990, l’expression “évaluation<br />

rurale rapide” a été remplacée par plusieurs<br />

autres expressions, notamment “apprentissage et<br />

action participatifs”, expression qui est plus<br />

communément utilisée aujourd’hui.<br />

La cartographie <strong>participative</strong> est devenue une<br />

méthode permettant d’incorporer le langage<br />

parlé dans une carte, dans le but, encore une<br />

fois, de donner corps aux voix de ceux qui sont<br />

en bas de l’échelle sociale, sur un support<br />

tangible et visible, facilitant le dialogue et les<br />

négociations. Selon Chapin, Lamb et Threlkeld<br />

(2005, p.625), les premières cartes d’évaluation<br />

rurale rapide consistaient souvent en de simples<br />

croquis topographiques, qui ont évolué par la<br />

suite en représentations plus précises, avec<br />

des lectures de boussole et des transects. Puis,<br />

dans les années 1990, le lien a été fait avec<br />

les technologies des systèmes mondiaux de<br />

localisation (GPS) et des systèmes d’information<br />

géographique (SIG). Ce point est présenté et<br />

examiné plus en détail dans l’étude <strong>Cartographie</strong><br />

<strong>participative</strong> et bonnes pratiques.<br />

En quoi la cartographie <strong>participative</strong><br />

est-elle importante pour le <strong>FIDA</strong>?<br />

Le <strong>FIDA</strong> a exposé sa vision de la ré<strong>du</strong>ction de<br />

la pauvreté et des Objectifs <strong>du</strong> Millénaire pour<br />

le développement dans son Cadre stratégique<br />

2007-2010. Le Fonds entend:<br />

i) travailler avec les partenaires nationaux<br />

à la conception et à l’exécution de<br />

programmes et projets novateurs,<br />

cohérents avec les politiques et systèmes<br />

nationaux. Ces initiatives tiennent<br />

compte des besoins, priorités,<br />

7


perspectives et contraintes définis par les<br />

populations rurales pauvres.<br />

ii) permettre aux ruraux pauvres d’accéder<br />

aux biens, services et débouchés dont ils<br />

ont besoin pour se libérer de la pauvreté.<br />

En outre, le <strong>FIDA</strong> les aide à acquérir des<br />

compétences et des qualifications et à<br />

renforcer leurs organisations afin qu’ils<br />

puissent prendre en main leur<br />

développement et influencer les décisions<br />

et politiques ayant un impact sur leur vie.<br />

iii) tester les approches inédites et novatrices<br />

de la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté et partager<br />

largement les savoirs qui en résultent<br />

avec les États membres <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> et les<br />

autres partenaires en vue de transposer et<br />

d’élargir les approches performantes.<br />

Il est clair que la finalité <strong>du</strong> processus de<br />

cartographie <strong>participative</strong> est intégrée dans les<br />

deux derniers objectifs <strong>du</strong> Cadre stratégique <strong>du</strong><br />

Fonds, de même que son potentiel d’outil<br />

utilisable par les communautés marginales pour<br />

recenser directement et communiquer leurs<br />

besoins, priorités, possibilités et contraintes et<br />

pour évaluer les interventions de développement.<br />

Les programmes et projets appuyés par le<br />

<strong>FIDA</strong> visent à garantir la participation à part<br />

entière des minorités et des groupes marginaux et<br />

vulnérables (y compris les pasteurs, les peuples<br />

autochtones et les habitants des forêts) à la<br />

conception, à la mise en œuvre et au suivi des<br />

politiques et actions de développement qui les<br />

concernent directement. La mission <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong><br />

en matière de ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté rurale, qui<br />

est susceptible de bénéficier directement de<br />

l’utilisation de la cartographie <strong>participative</strong>, revêt<br />

une importance particulière. La cartographie<br />

contribue à garantir et à faciliter l’accès aux<br />

ressources naturelles et améliore, par ailleurs, la<br />

capacité des communautés marginales de<br />

défendre leurs droits fonciers.<br />

Le <strong>FIDA</strong> et la Coalition internationale pour<br />

l’accès à la terre ont apporté leur soutien à<br />

plusieurs projets de cartographie <strong>participative</strong><br />

dans des communautés pastorales, autochtones<br />

et forestières et ont promu, d’une manière<br />

décisive, le partage des expériences grâce à leurs<br />

partenariats avec des chercheurs et des réseaux<br />

autochtones, chefs de file dans ce domaine.<br />

Visites de terrain dans des projets<br />

<strong>du</strong> <strong>FIDA</strong><br />

Le rapport se fonde essentiellement sur les<br />

éléments et les expériences recueillis pendant la<br />

préparation de l’étude <strong>Cartographie</strong> <strong>participative</strong><br />

et bonnes pratiques et à l’occasion de visites de<br />

terrain dans trois projets <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> (au Kenya, au<br />

Mali et au Soudan). Les visites de terrain ont<br />

permis de comprendre en profondeur les défis<br />

et possibilités associés à des moyens d’existence<br />

déterminés ainsi que les défis et possibilités<br />

auxquels sont confrontées les organisations<br />

partenaires chargées d’exécuter les initiatives de<br />

cartographie <strong>participative</strong>. Les visites avaient<br />

les objectifs suivants:<br />

• examiner les processus utilisés pour dresser<br />

les cartes <strong>participative</strong>s;<br />

• repérer les possibilités d’améliorer ces<br />

processus;<br />

• déterminer comment ces cartes ont été<br />

utilisées et quels effets en ont résulté (en<br />

prenant soin de distinguer les utilisations<br />

souhaitées et les utilisations réelles); et<br />

• examiner comment les cartes ont été<br />

incorporées dans les buts et objectifs plus<br />

larges des projets <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong>.<br />

Globalement, les visites de terrain visaient à<br />

dégager des enseignements de l’exécution des<br />

trois projets visités, en vue d’utiliser ensuite ces<br />

informations pour élaborer un processus de<br />

cartographie <strong>participative</strong> harmonisé propre au<br />

<strong>FIDA</strong>. Ce processus harmonisé fait l’objet <strong>du</strong><br />

présent rapport.<br />

Kenya: projet pilote dans le secteur est<br />

<strong>du</strong> Mont Kenya<br />

Le projet pilote de gestion des ressources<br />

naturelles dans le secteur est <strong>du</strong> Mont Kenya est<br />

exécuté dans des bassins versants secondaires<br />

sélectionnés <strong>du</strong> fleuve Tana, situés sur les pentes<br />

orientales <strong>du</strong> Mont Kenya. Le bassin versant <strong>du</strong><br />

Tana assure l’approvisionnement en eau d’une<br />

partie importante de la population <strong>du</strong> Kenya.<br />

L’accroissement des quantités d’eau prélevées<br />

dans les zones entourant le parc national et la<br />

réserve forestière et les pratiques agricoles<br />

inappropriées ont entraîné une baisse <strong>du</strong> débit<br />

<strong>du</strong> fleuve et une aggravation de l’érosion des<br />

sols, favorisant l’envasement <strong>du</strong> lit fluvial. Ces<br />

facteurs, associés à la déforestation <strong>du</strong> Mont<br />

Kenya, sont les causes principales de la<br />

8


Figure 1: Site <strong>du</strong> projet pilote de gestion des ressources naturelles<br />

dans le secteur est <strong>du</strong> Mont Kenya - Kenya<br />

Les appellations figurant sur cette<br />

carte et sa représentation graphique<br />

ne constituent en aucun cas une<br />

prise de position <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> quant<br />

au tracé des frontières ou limites,<br />

ou aux autorités de tutelle des<br />

territoires considérés.<br />

Carte compilée par le <strong>FIDA</strong>.<br />

dégradation de l’environnement dans le bassin<br />

versant, qui sape à la fois le potentiel pro<strong>du</strong>ctif<br />

de la zone et la capacité de cette dernière à<br />

assurer les services de base que fournissent les<br />

écosystèmes. De concert avec les communautés<br />

locales vivant dans le bassin versant, le projet<br />

vise à ré<strong>du</strong>ire la pauvreté rurale en encourageant<br />

une utilisation plus raisonnée des ressources<br />

naturelles et le recours à des pratiques agricoles<br />

améliorées. Les activités con<strong>du</strong>ites avec les<br />

communautés vivant aux marges de la réserve<br />

forestière <strong>du</strong> Mont Kenya, revêtent une<br />

importance particulière.<br />

Dans ce projet, la cartographie <strong>participative</strong><br />

est utilisée avec les parties prenantes<br />

communautaires, dans le cadre d’une série<br />

plus générale d’activités d’apprentissage et<br />

action participatifs. On a recouru aux activités<br />

de cartographie pour: i) définir les limites de<br />

la zone de développement principal 5 et faire<br />

comprendre aux communautés locales que les<br />

activités <strong>du</strong> projet se dérouleraient à l’intérieur<br />

de ces limites; ii) repérer les lieux se prêtant<br />

potentiellement aux interventions et aux<br />

activités <strong>du</strong> projet; et iii) promouvoir de<br />

nouvelles façons d’appréhender les questions,<br />

y compris la gestion des ressources.<br />

5 La zone géographique sélectionnée sera ciblée par les<br />

interventions <strong>du</strong> projet.<br />

9


Figure 2: Site <strong>du</strong> programme d’investissement et de développement rural<br />

des régions <strong>du</strong> Nord Mali – Mali<br />

Les appellations figurant sur cette<br />

carte et sa représentation graphique<br />

ne constituent en aucun cas une<br />

prise de position <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> quant<br />

au tracé des frontières ou limites,<br />

ou aux autorités de tutelle des<br />

territoires considérés.<br />

Carte compilée par le <strong>FIDA</strong>.<br />

Mali: Programme d’investissement et de<br />

développement rural des régions <strong>du</strong> Nord Mali<br />

Le volet central <strong>du</strong> programme d’investissement<br />

et de développement rural dans les régions <strong>du</strong><br />

nord Mali est constitué par les activités menées<br />

avec les collectivités locales dans les communes<br />

(villages éten<strong>du</strong>s) de la zone <strong>du</strong> projet. La<br />

vaste région septentrionale <strong>du</strong> Mali est touchée<br />

par une pauvreté extrême, qu’exacerbe un<br />

environnement naturel hostile, caractérisé par la<br />

sécheresse, la désertification et l’accès limité aux<br />

ressources en eau. Tous ces facteurs contribuent<br />

à créer entre les groupes locaux une forte<br />

compétition autour des ressources. Le Mali a lancé<br />

une politique de décentralisation en 1999. Les<br />

collectivités locales, à l’échelon de la commune,<br />

sont devenues les centres de coordination <strong>du</strong><br />

développement rural et sont désormais<br />

responsables de la planification, de l’exécution<br />

et de l’entretien des investissements publics.<br />

Ces collectivités locales, avec l’aide d’un<br />

groupe de consultants nationaux<br />

(AFRICONSULT), utilisent les outils et processus<br />

de la cartographie <strong>participative</strong> pour obtenir de<br />

la part des membres des communautés des<br />

informations relatives aux ressources naturelles<br />

<strong>du</strong> territoire de la commune et à leur gestion<br />

ainsi qu’à d’autres aspects socio-économiques.<br />

La cartographie est également utilisée pour<br />

permettre aux membres de la communauté de<br />

représenter ce à quoi leur communauté et leurs<br />

ressources ressembleront dans 20 ans.<br />

Soudan: Programme de gestion des<br />

ressources dans l’ouest <strong>du</strong> Soudan<br />

Le programme de gestion des ressources dans<br />

l’ouest <strong>du</strong> Soudan couvre les États <strong>du</strong> Nord-<br />

Kordofan et <strong>du</strong> Sud-Kordofan. L’objectif<br />

global <strong>du</strong> programme est de promouvoir<br />

l’établissement d’un système de gouvernance<br />

10


Figure 3: Site <strong>du</strong> programme de gestion des ressources dans l’ouest<br />

<strong>du</strong> Soudan – Soudan<br />

Les appellations figurant sur cette<br />

carte et sa représentation graphique<br />

ne constituent en aucun cas une<br />

prise de position <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> quant<br />

au tracé des frontières ou limites,<br />

ou aux autorités de tutelle des<br />

territoires considérés.<br />

Carte compilée par le <strong>FIDA</strong>.<br />

des ressources naturelles qui soit équitable,<br />

efficient au plan économique et respectueux de<br />

l’environnement. Une des activités principales<br />

consiste à remettre en état et aménager<br />

17 chemins de passage <strong>du</strong> bétail dans les États<br />

<strong>du</strong> Kordofan. La pression accrue sur les rares<br />

ressources existantes a entraîné une escalade<br />

des litiges le long de ces routes, notamment<br />

entre les communautés sédentaires et les<br />

pasteurs nomades. L’un des buts <strong>du</strong> projet est<br />

d’encourager la résolution des conflits, à l’appui<br />

de l’aménagement des chemins de passage.<br />

Dans un premier temps, le projet a réalisé des<br />

enquêtes et lancé le processus de bornage des<br />

chemins. Des méthodologies d’apprentissage et<br />

action participatifs ont été utilisées pour<br />

con<strong>du</strong>ire ces actions dans les communautés<br />

sédentaires et dans certaines tribus nomades,<br />

bien qu’il se soit avéré extrêmement difficile<br />

de travailler avec les groupes nomades.<br />

Comme pour le projet <strong>du</strong> Kenya, la<br />

cartographie <strong>participative</strong> fait partie d’une série<br />

d’outils d’apprentissage et action participatifs<br />

utilisés par les agents chargés de la vulgarisation<br />

pour délimiter les chemins de passage et<br />

elle utilise à la fois les croquis topographiques<br />

et les outils GPS. De plus, la cartographie<br />

<strong>participative</strong> a été mise à contribution<br />

pour préparer les plans de développement<br />

communautaires locaux définissant les<br />

priorités de développement, donc les domaines<br />

d’intervention prioritaires <strong>du</strong> programme.<br />

Les enseignements tirés des visites sur le<br />

terrain créent le contexte des deux sections<br />

qui suivent. Les principales constatations sont<br />

utilisées pour justifier, d’une part, la série<br />

de principes fondamentaux proposée pour<br />

l’exécution et l’évaluation d’un projet de<br />

cartographie et, d’autre part, le processus<br />

évolutif étape par étape.<br />

11


2. Principes<br />

fondamentaux<br />

Ainsi que Rambaldi et al. (2006) le soulignent,<br />

chaque métier est doté de ses propres paramètres<br />

moraux et codes éthiques – définissant les<br />

bonnes pratiques. La présente section passe en<br />

revue certains des principes fondamentaux liés<br />

à la cartographie <strong>participative</strong>, qui revêtent<br />

une importance particulière pour les groupes<br />

travaillant avec les communautés.<br />

La décision prise par une communauté de<br />

se lancer dans une initiative de cartographie<br />

<strong>participative</strong> et de choisir l’outil de la<br />

cartographie est souvent influencée par le degré<br />

d’appui qu’elle reçoit de la part des partenaires<br />

<strong>du</strong> développement, <strong>du</strong> gouvernement (à divers<br />

échelons) et des autres acteurs. Dans ce rapport,<br />

ces groupes sont désignés collectivement par<br />

l’expression “intermédiaires <strong>du</strong> développement”:<br />

il est important que ces derniers soient<br />

déterminés à promouvoir les activités de<br />

cartographie et à renforcer les capacités, à tel<br />

point que les membres des communautés<br />

soient capables de maîtriser le processus et<br />

la pro<strong>du</strong>ction finale des cartes, ce qui<br />

commence par la volonté de s’appuyer sur<br />

les atouts et capacités des communautés.<br />

1. Obtenir un consentement<br />

préalable, libre et éclairé<br />

processus <strong>du</strong> “consentement préalable, libre<br />

et éclairé” désigne le dialogue, le partage<br />

de l’information et le processus général grâce<br />

auxquels les membres des communautés<br />

choisissent de participer à un projet. Lorsqu’il<br />

est con<strong>du</strong>it correctement, ce processus garantit<br />

que les communautés et les indivi<strong>du</strong>s<br />

s’impliquent volontairement dans une initiative<br />

de cartographie <strong>participative</strong>, en ayant une<br />

idée claire des risques et avantages associés.<br />

Les initiatives de cartographie <strong>participative</strong><br />

lancées par des personnes extérieures exigent<br />

que les communautés et les indivi<strong>du</strong>s aient<br />

une parfaite connaissance:<br />

• de l’objectif, la <strong>du</strong>rée probable et les<br />

procé<strong>du</strong>res de l’initiative;<br />

• de leur droit de refuser de participer et<br />

de se retirer de l’initiative après son<br />

démarrage, ainsi que les conséquences<br />

prévisibles de cette décision;<br />

• des facteurs susceptibles d’influencer leur<br />

souhait de participer, par exemple les<br />

risques ou effets néfastes potentiels;<br />

• des avantages escomptés;<br />

• de l’utilisation, l’archivage et les autres<br />

usages possibles de l’information spatiale<br />

qu’ils fournissent; et<br />

• de l’interlocuteur à contacter s’ils ont des<br />

questions à poser 7 .<br />

“Le principe <strong>du</strong> consentement préalable donné<br />

librement et en connaissance de cause reconnaît<br />

que les peuples autochtones ont des droits<br />

naturels et antérieurs prioritaires sur leurs terres<br />

et ressources et qu’ils ont légitimement autorité<br />

pour demander à des tiers d’instaurer avec eux<br />

une relation égalitaire et respectueuse, fondée<br />

sur le principe <strong>du</strong> consentement éclairé” 6 . Le<br />

processus commence dès le premier contact<br />

et se poursuit jusqu’à la fin de la participation<br />

des membres des communautés au projet. Le<br />

Dans le contexte des initiatives de cartographie,<br />

le seul fait d’appliquer un processus participatif<br />

ne garantit pas que les résultats reflètent<br />

6 Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme<br />

(2004), page 5. Cette position a été renforcée dans la<br />

Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples<br />

autochtones, adoptée par la résolution 61/295 de l’Assemblée<br />

générale, le 13 septembre 2007.<br />

7 Un grand nombre des questions soulevées par le<br />

processus de consentement préalable, libre et éclairé sont<br />

examinées plus en détail dans les sections suivantes <strong>du</strong><br />

présent rapport.<br />

12


fidèlement les connaissances, valeurs et souhaits<br />

des communautés vulnérables. La cartographie<br />

<strong>participative</strong> peut, dans certains cas, être mal<br />

appliquée et devenir un processus d’extraction<br />

et d’exploitation de données au lieu de renforcer<br />

le pouvoir d’action des participants.<br />

Il est important de savoir que la cartographie<br />

<strong>participative</strong> peut contribuer à mettre les<br />

connaissances locales à la merci d’une éventuelle<br />

exploitation. C’est en particulier le cas lorsque<br />

les cartes attirent l’attention sur des ressources<br />

naturelles à forte valeur et autres sites sensibles.<br />

Les cartes rendent cette information visible pour<br />

les personnes extérieures, avec le risque qu’elle<br />

soit utilisée à mauvais escient. De plus, les<br />

initiatives de cartographie <strong>participative</strong> peuvent<br />

avoir des conséquences directes qui sont – non<br />

intentionnellement – néfastes voire génératrices<br />

de conflits. Les membres des communautés<br />

doivent être informés de ces risques potentiels<br />

dès le démarrage <strong>du</strong> projet, même si cela peut<br />

influencer leur souhait de participer.<br />

La cartographie <strong>participative</strong><br />

et la définition des limites<br />

Les initiatives de cartographie <strong>participative</strong> sont<br />

susceptibles d’aviver les conflits lorsque des<br />

limites jusqu’alors contestées, jamais déclarées,<br />

revendiquées à plusieurs titres, floues ou<br />

perméables, sont représentées sur une carte par<br />

une ligne définitive donnant un sentiment<br />

d’autorité, d’irrévocabilité et de permanence.<br />

Ce conflit potentiel est prévisible, en particulier<br />

si les initiatives de cartographie sont entreprises<br />

communauté après communauté et non avec<br />

toutes les communautés ayant un enjeu dans la<br />

zone, dans le cadre d’un processus général et<br />

ouvert à tous.<br />

Les limites doivent faire l’objet d’un débat<br />

et être négociées et confirmées. Une carte<br />

<strong>participative</strong> ne devrait pas présenter les points<br />

de vue ni conforter la position d’une seule<br />

communauté aux dépens des autres<br />

communautés qui ont un enjeu dans la zone ou<br />

sont concernées par les ressources représentées 8 .<br />

Si le processus ne permet pas le débat et les<br />

échanges verbaux entre les parties prenantes,<br />

les initiatives de cartographie sont susceptibles<br />

d’attiser les tensions à la fois à l’intérieur des<br />

communautés et entre elles.<br />

Dans un projet respectant les principes <strong>du</strong><br />

consentement préalable, libre et informé, les<br />

membres des communautés seront pleinement<br />

conscients des problèmes posés par la définition<br />

des limites avant de se lancer dans le processus<br />

de cartographie.<br />

La représentation des savoirs locaux<br />

dans des cartes<br />

Les savoirs locaux sont évolutifs, dynamiques et<br />

intégrés dans les pratiques, institutions, relations<br />

et rituels communautaires. La plupart <strong>du</strong> temps,<br />

ils sont transmis d’une manière informelle:<br />

généralement non écrits, ils sont préservés et<br />

communiqués oralement sous différentes<br />

formes: récits, chants, folklore, proverbes, danses,<br />

mythes, rituels, lois communautaires, taxinomie<br />

locale et pratiques agricoles. Il existe des<br />

systèmes traditionnels officiels destinés à faciliter<br />

la transmission d’une partie de ces savoirs:<br />

par exemple, les cérémonies, festivals et autres<br />

processus. Les cartes ne sont pas un moyen<br />

traditionnel de représenter et de communiquer<br />

ce type de savoirs dans le domaine foncier. Avant<br />

de se lancer dans une initiative de cartographie<br />

<strong>participative</strong>, les membres des communautés<br />

doivent comprendre que les cartes pourraient<br />

représenter imparfaitement leurs savoirs liés<br />

à la terre. Cette incompatibilité peut être<br />

partiellement corrigée, en complétant la carte par<br />

des éléments additionnels – par exemple, des<br />

photographies. Quand on travaille dans un<br />

environnement numérique (en particulier si on<br />

utilise des outils tels que Google Maps), des<br />

informations multimédias (fichiers vidéo, audio<br />

et textes) peuvent être intégrés dans les cartes,<br />

apportant ainsi des informations qualitatives.<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain<br />

Le danger est que les communautés locales<br />

soient associées aux activités de cartographie<br />

<strong>participative</strong> alors qu’elles n’ont pas compris<br />

clairement l’objectif ni l’utilisation à long<br />

terme des documents qu’elles contribuent à<br />

pro<strong>du</strong>ire. Au Mali, les fonctionnaires ont estimé<br />

que les cartes SIG (systèmes d’information<br />

géographique) constituaient un excellent<br />

moyen de vérifier la répartition équitable des<br />

8 Les tensions liées à la définition des limites peuvent être<br />

partiellement atténuées par un processus fondé sur une stratégie<br />

de prise de décision collective associant toutes les parties<br />

prenantes. En d’autres termes, aucune limite n’est dessinée sur<br />

la carte sans l’accord explicite de toutes les parties prenantes<br />

concernées. Les autres méthodes utilisables consistent<br />

notamment à ne pas tracer les limites sur la carte mais à<br />

représenter plutôt des ’zones d’utilisation’ clés ou à utiliser des<br />

limites floues pour décrire une zone d’utilisation commune.<br />

13


Cartes SIG utilisées pendant la validation<br />

<strong>du</strong> plan communautaire à Bourem, Mali.<br />

© J.Corbett<br />

présents alors que les autres membres des<br />

communautés étaient exclus.<br />

interventions de développement sur le territoire<br />

communal. Or, il était évident que les membres<br />

des communautés locales avaient été écartés<br />

<strong>du</strong> processus de cartographie à certaines étapes,<br />

pour deux raisons: i) les cartes initialement<br />

pro<strong>du</strong>ites par les communautés leur avaient été<br />

retirées, puis avaient été numérisées et<br />

transformées en cartes SIG par des experts à<br />

Bamako (il n’était pas certain que tous les<br />

membres des communautés aient compris ce<br />

processus et réalisé que les cartes SIG reposaient<br />

sur les informations qu’ils avaient initialement<br />

fournies, ou bien, ii) lors de l’étape de validation<br />

(pendant laquelle on évalue l’exactitude de<br />

l’information), seuls les responsables et les<br />

représentants élus des communautés étaient<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong><br />

Toutes les interventions <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> ayant des<br />

retombées sur la vie des communautés<br />

vulnérables 9 doivent s’appuyer précocement<br />

et régulièrement sur les contributions d’un<br />

échantillon représentatif des groupes<br />

communautaires (femmes, jeunes, anciens,<br />

riches et pauvres), pour faire en sorte que les<br />

initiatives répondent aux priorités collectives,<br />

soient au diapason de la culture locale et<br />

reflètent les choix de la communauté tout<br />

entière en matière de développement. Les<br />

principes <strong>du</strong> consentement préalable, libre et<br />

9 Dans ce cas, nous nous référons aux pasteurs, peuples<br />

autochtones et habitants des forêts.<br />

14


éclairé devraient être intégrés dans toutes les<br />

initiatives de cartographie <strong>participative</strong> et<br />

devraient donc tenir une grande place dans<br />

la formation sur l’apprentissage et action<br />

participatifs, reçue par les fonctionnaires<br />

et les autres intermédiaires <strong>du</strong> développement<br />

associés à l’exécution des programmes<br />

appuyés par le <strong>FIDA</strong>.<br />

De plus, il est recommandé que les<br />

intermédiaires travaillant sur le terrain,<br />

notamment avec des pasteurs, des peuples<br />

autochtones et des habitants des forêts,<br />

reçoivent une formation sur:<br />

• les principes <strong>du</strong> consentement préalable,<br />

libre et éclairé ainsi que sur les mécanismes<br />

permettant de communiquer ces principes<br />

d’une manière claire et non technique<br />

aux communautés de pasteurs, peuples<br />

autochtones et habitants des forêts; et<br />

• l’incorporation de ces principes dans la<br />

planification, l’exécution et l’évaluation<br />

des projets.<br />

2. Garantir le contrôle par<br />

les communautés<br />

Un principe fondamental des initiatives de<br />

cartographie <strong>participative</strong> est que les parties<br />

prenantes externes doivent confier aux membres<br />

des communautés autant de pouvoir et de<br />

contrôle sur les décisions qu’il est raisonnable<br />

de le faire, afin que ces mêmes membres<br />

puissent diriger – à leur gré – le processus de<br />

pro<strong>du</strong>ction des cartes et leur utilisation. À<br />

défaut, la cartographie communautaire servira<br />

exclusivement les intérêts de l’organisation, de<br />

l’institution, <strong>du</strong> chercheur ou de l’organisme<br />

public qui la con<strong>du</strong>it.<br />

Lorsqu’on travaille avec des peuples<br />

autochtones (ou bien des pasteurs ou des<br />

habitants des forêts), les intermédiaires <strong>du</strong><br />

développement doivent comprendre et respecter<br />

les visions <strong>du</strong> monde et les cosmologies<br />

communautaires différentes (par exemple la<br />

façon dont l’information spatiale est représentée<br />

sur la carte). Ils doivent aussi être conscients des<br />

responsabilités associées au fait de bénéficier<br />

d’un accès à des connaissances traditionnelles<br />

ou sacrées et d’en être dépositaires. Dans la<br />

mesure <strong>du</strong> possible, ces aspects devraient être<br />

incorporés dans des accords conclus entre les<br />

acteurs de l’initiative.<br />

La juridiction de la communauté sur le<br />

processus de cartographie <strong>participative</strong> doit<br />

être acceptée et respectée. Les praticiens <strong>du</strong><br />

développement doivent se plier à l’ensemble des<br />

lois, règlements, politiques, règles ou procé<strong>du</strong>res<br />

traditionnels adoptés ou utilisés par la<br />

communauté, ce qui peut poser un problème si<br />

un groupe extérieur à la communauté a entamé<br />

le processus de cartographie en ayant une idée<br />

précise de l’information qui devait être présentée<br />

et de la façon dont les cartes seraient utilisées.<br />

Cependant – et, encore une fois, ce point est<br />

particulièrement important dans le contexte des<br />

peuples autochtones – il convient de veiller à<br />

ce que le processus de cartographie soit un<br />

moyen de renforcer les capacités et le pouvoir<br />

d’action des populations et pas simplement un<br />

moyen de recueillir des informations, donc<br />

de dépouiller potentiellement les membres de<br />

la communauté de leurs savoirs.<br />

Une véritable collaboration s’instaure<br />

entre les praticiens <strong>du</strong> développement et les<br />

communautés quand le processus promeut<br />

un partenariat caractérisé par la confiance<br />

mutuelle et la coopération. Les initiatives de<br />

cartographie <strong>participative</strong> peuvent mobiliser les<br />

communautés à divers degrés et sous diverses<br />

formes, mais il convient de veiller toujours<br />

au partage <strong>du</strong> pouvoir et des prises de décision.<br />

Un partenariat de ce type contribuera à faire<br />

en sorte que le processus de cartographie<br />

soit culturellement acceptable, pertinent,<br />

respectueux, adapté, équitable et réciproque<br />

pour ce qui est des accords et <strong>du</strong> partage des<br />

avantages entre les praticiens <strong>du</strong> développement<br />

et les membres des communautés.<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain<br />

Le personnel de terrain chargé d’animer les<br />

activités d’apprentissage et action participatifs<br />

est parfois écrasé par des tâches répétitives et<br />

lourdes. Ce problème gêène considérablement<br />

l’exécution efficace des activités de cartographie<br />

<strong>participative</strong>. Les participants des visites de<br />

terrain ont constaté que la cartographie n’était<br />

souvent qu’un des outils utilisés par l’équipe<br />

d’animation <strong>du</strong> projet. Dans les trois projets<br />

visités, les équipes chargées de la vulgarisation<br />

considèrent généralement la cartographie<br />

comme une activité de routine et s’attachent<br />

peu à explorer tout le potentiel <strong>du</strong> processus et<br />

de ses pro<strong>du</strong>its, notamment les éventuelles<br />

formes d’analyse et d’utilisation effective de<br />

15


l’information présentée sur les cartes. En<br />

conséquence, elles ne se préoccupent guère des<br />

moyens de permettre à la communauté de<br />

“contrôler” le processus et ses pro<strong>du</strong>its. La<br />

cartographie est considérée comme une activité<br />

qui doit être réalisée, au même titre que les<br />

autres, sans qu’il soit question de faire preuve<br />

de créativité. Cette attitude et cette pratique<br />

limitent fortement les avantages potentiels<br />

des activités de cartographie, en tant que moyen<br />

de renforcement <strong>du</strong> pouvoir d’action et de<br />

changement à long terme.<br />

De plus, il semble que, pendant le travail sur<br />

le terrain, le caractère sensible de l’information<br />

collectée ne soit pas perçu (en particulier dans<br />

le cas des savoirs autochtones). Dans les trois<br />

projets visités, l’information présentée sur<br />

les cartes était jugée comme accessible à tous,<br />

c’est-à-dire susceptible d’être partagée avec<br />

n’importe qui. L’équipe n’a pas trouvé de preuve<br />

d’existence d’accords qui auraient été conclus<br />

entre les divers acteurs des initiatives de<br />

cartographie <strong>participative</strong>.<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong><br />

Dans les programmes et projets appuyés par le<br />

<strong>FIDA</strong>, les activités de cartographie <strong>participative</strong><br />

sont, le plus souvent, <strong>du</strong> ressort de fonctionnaires<br />

locaux, qui utilisent les cartes et le processus de<br />

cartographie pour associer les communautés<br />

locales à la définition de solutions répondant à<br />

une série de problèmes de développement<br />

prédéterminés. Il est donc souvent illusoire de<br />

supposer que la communauté prendra le contrôle<br />

total <strong>du</strong> processus de cartographie. Toutefois, le<br />

personnel de terrain devrait consacrer plus de<br />

temps à ces activités afin d’obtenir des analyses<br />

et des informations plus utiles (en particulier en<br />

repérant les détonateurs des conflits passés et<br />

potentiels). Une meilleure formation des agents<br />

chargés de la vulgarisation renforcerait leur<br />

capacité de réaliser des activités de cartographie<br />

plus approfondies et élaborées. Parallèlement, le<br />

personnel de projet travaillant sur le terrain doit<br />

être mieux compris et soutenu.<br />

Compte tenu des exigences unanimement<br />

reconnues concernant les savoirs autochtones,<br />

il est recommandé que les agents chargés<br />

de la vulgarisation travaillant sur le terrain avec les<br />

peuples autochtones reçoivent une formation sur:<br />

• le recensement des savoirs traditionnels<br />

ou sacrés des peuples autochtones et<br />

l’élaboration de protocoles garantissant<br />

l’archivage, la gestion et la protection<br />

de ces savoirs, selon une démarche<br />

respectueuse et responsable;<br />

• la reconnaissance et la prise en compte<br />

des lois, règlements, politiques, règles ou<br />

procé<strong>du</strong>res traditionnels adoptés ou<br />

utilisés par la communauté pour régir<br />

l’utilisation et la distribution de ces savoirs.<br />

Quand une initiative de cartographie <strong>participative</strong><br />

est entreprise avec une aide de l’extérieur, le<br />

danger est toujours qu’il se crée des inégalités de<br />

pouvoir entre les différents groupes participant<br />

aux processus. Cette situation peut influencer la<br />

qualité et la quantité des informations<br />

présentées sur la carte, ainsi que la validité de<br />

cette dernière. Dès le démarrage <strong>du</strong> processus de<br />

cartographie, il est important que les rôles des<br />

différentes parties prenantes soient précisément<br />

définis et acceptés, afin que chacun comprenne<br />

clairement son rôle et ses responsabilités ainsi<br />

que le rôle et les responsabilités des autres. Il est<br />

conseillé de concrétiser ces accords par un<br />

document écrit. Une formation sur la rédaction<br />

d’accords entre les divers acteurs associés aux<br />

initiatives de cartographie <strong>participative</strong> est donc<br />

requise à cet effet.<br />

3. Prendre en compte les besoins<br />

des communautés<br />

Il est enten<strong>du</strong> que toute initiative de<br />

cartographie <strong>participative</strong> devrait idéalement<br />

déboucher sur des résultats bénéfiques pour les<br />

communautés participantes et leurs membres<br />

indivi<strong>du</strong>els. La communauté et ses membres<br />

sont les premiers acteurs capables d’exprimer<br />

leurs besoins. Ceux-ci ne devraient pas être<br />

définis ni articulés par une instance extérieure,<br />

bien qu’une telle instance puisse jouer un rôle<br />

déterminant en facilitant l’expression et la<br />

communication de ces besoins.<br />

À l’instar de toute initiative de développement,<br />

les projets de cartographie <strong>participative</strong> peuvent<br />

être longs et demander beaucoup de temps aux<br />

participants. Souvent, les membres des<br />

communautés n’ont pas autant de temps à leur<br />

disposition, en particulier pendant les périodes<br />

actives de l’année – dans les communautés<br />

agricoles, cette période active correspond aux<br />

périodes de semailles et de récolte. Si des groupes<br />

provenant de l’extérieur lancent une initiative de<br />

16


Con<strong>du</strong>ite d’un débat sur les<br />

questions soulevées pendant le<br />

processus de cartographie<br />

<strong>participative</strong>, projet <strong>du</strong> secteur est<br />

<strong>du</strong> Mont Kenya, Kenya.<br />

© MKEPP<br />

cartographie, il est important que celle-ci soit<br />

intro<strong>du</strong>ite par une étape de pré-planification,<br />

afin que les membres de la communauté<br />

puissent choisir la période de l’année qui leur<br />

convient le mieux (voir la section “Le processus<br />

de cartographie évolutif” au chapitre 3).<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain<br />

Au Kenya, le temps alloué à la participation<br />

communautaire et aux activités d’apprentissage<br />

et action participatifs a été jugé comme la<br />

principale contrainte pesant sur la participation<br />

des membres des communautés. Toutefois,<br />

dans tous les projets visités, on constate<br />

indéniablement chez les agents chargés de la<br />

vulgarisation un respect profond et systématique<br />

pour les besoins et les engagements des<br />

membres des communautés avec lesquels ils<br />

travaillent. En outre, tous les agents chargés de la<br />

vulgarisation interviewés expriment clairement le<br />

souhait de voir les membres des communautés<br />

bénéficier de l’aide, de l’espace d’expression et de<br />

la tribune nécessaires pour articuler leurs propres<br />

besoins de développement. Cependant, une fois<br />

encore, il est nécessaire de veiller à ce que les<br />

agents chargés de la vulgarisation eux-mêmes ne<br />

soient pas asservis à des objectifs irréalistes, en<br />

termes de nombre de communautés participant<br />

au projet et d’activités à réaliser. Des objectifs<br />

et des charges de travail irréalistes, associés<br />

à des périodes de temps limitées dans l’année,<br />

affaiblissent sérieusement l’intérêt potentiel<br />

des activités de cartographie. Une des clés de la<br />

réussite de la cartographie <strong>participative</strong> est la<br />

mise à disposition <strong>du</strong> temps suffisant pour<br />

con<strong>du</strong>ire l’activité correctement.<br />

De plus, les charges de travail imposées<br />

aux agents chargés de la vulgarisation<br />

influencent fortement leur capacité d’assurer<br />

la formation approfondie requise pour<br />

permettre aux membres des communautés de<br />

comprendre véritablement le processus de<br />

cartographie et tout le potentiel offert par la<br />

cartographie <strong>participative</strong>.<br />

17


Exemple de carte villageoise, Abuzad,<br />

Nord-Kordofan, Soudan.<br />

© K. Fara<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong><br />

Les communautés marginales (y compris les<br />

pasteurs, les peuples autochtones et les<br />

habitants des forêts) doivent avoir la possibilité<br />

de renforcer leurs capacités indivi<strong>du</strong>elles et<br />

collectives. Il convient donc de leur proposer<br />

des formations et des activités de renforcement<br />

des capacités (techniques et non techniques)<br />

dans les langues vernaculaires (dans la mesure<br />

<strong>du</strong> possible) si l’on veut que les membres de ces<br />

groupes acquièrent un plus grand contrôle des<br />

initiatives de cartographie <strong>participative</strong>.<br />

Par conséquent, les intermédiaires <strong>du</strong><br />

développement (dans la plupart des cas, des<br />

fonctionnaires) doivent:<br />

• jouer le rôle de formateurs, donc avoir reçu<br />

eux-mêmes une formation sur le transfert<br />

des compétences et des connaissances;<br />

• être capables d’assurer l’é<strong>du</strong>cation et la<br />

formation des membres des communautés,<br />

y compris la formation sur l’animation<br />

communautaire, la cartographie, les<br />

méthodes de cartographie et les techniques<br />

d’évaluation.<br />

À cette fin, il est nécessaire d’allouer davantage<br />

de ressources à la formation de formateurs et<br />

d’établir des relations avec des groupes déjà<br />

dotés de ces compétences et qualifications, par<br />

exemple des ONG locales, des universités ou<br />

d’autres organisations pertinentes.<br />

18


4. Défendre la propriété intellectuelle<br />

des communautés<br />

L’information spatiale présentée sur les cartes<br />

contiendra des savoirs locaux dont la<br />

communauté devrait conserver les droits de<br />

propriété. La pro<strong>du</strong>ction d’une carte avec<br />

l’aide de groupes provenant de l’extérieur ne<br />

donne pas à ces groupes le droit de s’approprier<br />

l’information contenue dans les cartes ni<br />

celui de retirer les cartes à la communauté sans<br />

sa permission expresse. L’utilisation prévue<br />

de la carte doit être spécifiée clairement dès le<br />

début <strong>du</strong> processus, à l’occasion des débats<br />

relatifs au consentement préalable, libre et en<br />

toute connaissance de cause.<br />

Les projets de cartographie <strong>participative</strong><br />

qui concernent ou documentent des savoirs<br />

traditionnels ou sacrés devraient prévoir la<br />

consultation des chefs communautaires, pour<br />

obtenir leur consentement avant tout contact<br />

avec les membres des communautés,<br />

indivi<strong>du</strong>ellement ou en petits groupes (y<br />

compris les groupes familiaux). C’est presque<br />

toujours le cas lorsqu’on travaille avec les<br />

peuples autochtones.<br />

Le processus d’obtention d’un consentement<br />

préalable, libre et informé doit être entrepris<br />

suffisamment longtemps avant le démarrage<br />

prévu des activités de cartographie <strong>participative</strong><br />

et prendre en compte les propres processus<br />

décisionnels légitimes de la communauté,<br />

concernant toutes les phases de planification,<br />

exécution, contrôle, suivi et évaluation <strong>du</strong> projet<br />

de cartographie <strong>participative</strong>.<br />

Les communautés et leurs membres<br />

conservent leurs droits naturels sur toutes les<br />

connaissances culturelles, connaissances sacrées,<br />

pratiques culturelles et traditions, partagées<br />

avec les intermédiaires <strong>du</strong> développement.<br />

Les intermédiaires devraient soutenir les<br />

mécanismes assurant la protection de ces<br />

connaissances, pratiques et traditions, voire<br />

en élaborer de nouveaux.<br />

Lorsqu’on travaille avec des groupes<br />

autochtones, l’enregistrement des connaissances,<br />

pratiques et traditions sous une forme<br />

quelconque (notes écrites, enregistrements<br />

audio, vidéo ou autres, susceptibles de compléter<br />

les activités de cartographie) ne devrait être<br />

réalisé qu’avec une permission explicite, et selon<br />

des modalités mutuellement convenues,<br />

définies à l’avance sous la direction des anciens<br />

et des détenteurs de savoirs concernés. Tous les<br />

usages et toute diffusion plus large des savoirs,<br />

pratiques et traditions culturelles devraient aussi<br />

faire l’objet d’une permission explicite.<br />

Les praticiens <strong>du</strong> développement devraient<br />

reconnaître et respecter les droits de propriété et<br />

les intérêts des indivi<strong>du</strong>s et des communautés<br />

lorsque des cartes sont pro<strong>du</strong>ites dans le cadre<br />

de ce type d’initiative <strong>participative</strong>:<br />

• les cartes pro<strong>du</strong>ites par les communautés<br />

devraient être considérées comme “prêtées”<br />

aux praticiens <strong>du</strong> développement, à moins<br />

qu’un accord n’en décide autrement;<br />

• la communication des cartes à une tierce<br />

partie par une partie originale associée à<br />

l’initiative de cartographie <strong>participative</strong><br />

exige le consentement de l’autre ou des<br />

autres parties originales;<br />

• l’utilisation secondaire des cartes ou des<br />

autres informations pro<strong>du</strong>ites pendant<br />

l’initiative de cartographie <strong>participative</strong><br />

exige le consentement explicite de<br />

la communauté;<br />

• lorsqu’une carte a été pro<strong>du</strong>ite notoirement<br />

dans une communauté spécifique,<br />

l’intermédiaire <strong>du</strong> développement doit<br />

consulter l’institution communautaire<br />

appropriée avant d’en envisager une<br />

utilisation secondaire.<br />

Les activités de développement se prêtent<br />

souvent à une interprétation ou à une<br />

représentation erronée quand l’information sur<br />

la communauté est analysée sans tenir compte<br />

suffisamment des caractéristiques culturelles qui<br />

différencient le groupe. La communauté devrait<br />

avoir la possibilité de participer à l’interprétation<br />

des cartes et à l’examen et l’évaluation des<br />

conclusions tirées de l’initiative de cartographie,<br />

afin de valider l’exactitude et la résonance<br />

culturelle de l’interprétation.<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain<br />

Au Kenya, les cartes pro<strong>du</strong>ites par les membres<br />

des communautés dans le cadre des activités<br />

d’apprentissage et action participatifs n’ont pas<br />

été laissées aux communautés alors même que<br />

les membres avaient déclaré leur souhait<br />

d’utiliser les cartes pour:<br />

i) communiquer des informations<br />

à d’autres;<br />

ii) préciser les droits de propriété sur les<br />

terres et les ressources;<br />

19


iii) établir des priorités dans les<br />

interventions de planification;<br />

iv) comprendre le type d’initiatives<br />

planifiées et leur site;<br />

v) montrer aux personnes extérieures les<br />

sites des interventions de projet; et<br />

vi) appuyer l’exécution et le suivi des<br />

activités de développement.<br />

Au demeurant, le fait de retirer les cartes aux<br />

communautés s’est révélé être un problème<br />

systématique dans tous les projets visités. Les<br />

intermédiaires <strong>du</strong> développement étaient plus<br />

intéressés par l’utilisation de l’information<br />

contenue dans les cartes aux fins <strong>du</strong> projet<br />

que par l’utilisation potentielle de ces cartes par<br />

les communautés qui les avaient pro<strong>du</strong>ites.<br />

Au Mali, toutefois, des cartes SIG ont été<br />

remises aux communautés. Les membres des<br />

communautés et les représentants élus<br />

localement ont été extrêmement heureux de les<br />

posséder, conscients qu’elles représentaient un<br />

outil communautaire utile. Le fait de savoir que<br />

les cartes leur seront retirées aura probablement<br />

des effets sur le type d’informations que les<br />

gens sont prêts à partager. De plus, les<br />

communautés risquent de devenir sceptiques<br />

et de penser que le processus de cartographie<br />

consiste simplement à leur extorquer des<br />

données. Cette impression ne peut que<br />

ré<strong>du</strong>ire fortement les avantages potentiels des<br />

activités de cartographie, en tant que moyen<br />

de renforcement <strong>du</strong> pouvoir d’action et de<br />

changement à long terme, et soulever des<br />

questions éthiques associées à la spoliation<br />

des savoirs traditionnels et autochtones.<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong><br />

Les intermédiaires <strong>du</strong> développement, les<br />

participants indivi<strong>du</strong>els et les communautés<br />

doivent définir clairement, au préalable, leurs<br />

souhaits en ce qui concerne l’utilisation future<br />

des cartes <strong>participative</strong>s (et tout autre pro<strong>du</strong>it<br />

associé) et la mesure dans laquelle les cartes<br />

devront rester confidentielles, si la communauté<br />

le désire. Cette définition devrait idéalement<br />

être appuyée par une formation sur le<br />

consentement préalable, libre et éclairé et, plus<br />

largement, sur les principes éthiques associés<br />

aux activités de cartographie <strong>participative</strong>.<br />

5. Garantir un processus ouvert<br />

à tous<br />

Une “communauté” n’est pas une entité<br />

homogène, mais un regroupement d’indivi<strong>du</strong>s<br />

qui se différencient en termes de statut, de<br />

revenus et de pouvoir. La connaissance de cette<br />

structure sociale est une condition préalable<br />

fondamentale, si on veut con<strong>du</strong>ire des activités<br />

de cartographie <strong>participative</strong>.<br />

Pendant longtemps, on a insisté sur<br />

l’importance de la participation communautaire<br />

la plus large aux initiatives de cartographie<br />

<strong>participative</strong>, à la fois pour garantir une vision<br />

commune et un engagement à travailler<br />

ensemble et pour faire en sorte que les<br />

questions prioritaires soient recensées et que les<br />

stratégies proposées soient viables pour tous<br />

les membres de la communauté, y compris pour<br />

les membres marginaux et ceux qui se trouvent<br />

au bas de l’échelle sociale. Toutefois, dans les<br />

communautés éparpillées ou de grande taille, il<br />

est plus difficile (<strong>du</strong> point de vue pratique et <strong>du</strong><br />

point de vue conceptuel) de faire en sorte que<br />

tout le monde ait la possibilité de participer.<br />

Veiller à ce que tous les points de vue soient<br />

équitablement pris en compte et concilier les<br />

points de vue des factions et groupes d’intérêts<br />

divers représentent de véritables défis dans<br />

toutes les initiatives de cartographie.<br />

Bien que les praticiens <strong>du</strong> développement<br />

ne puissent tenir pour certain que tous les<br />

membres d’une communauté voudront ou<br />

auront la capacité de participer à une initiative<br />

de cartographie, tout doit être fait pour créer<br />

et fournir des espaces d’expression facilitant<br />

l’inclusion des membres marginaux et de ceux<br />

qui se trouvent au bas de l’échelle sociale.<br />

La sagesse des anciens<br />

La sagesse locale est la somme de connaissances<br />

qui donne son caractère unique à une culture ou<br />

une société donnée. Ces connaissances ont été<br />

accumulées au fil <strong>du</strong> temps par les générations<br />

successives. Les communautés les ont utilisées<br />

pour survivre et préserver leur identité culturelle.<br />

Elles constituent un réservoir d’information<br />

qui con<strong>du</strong>it à l’élaboration de systèmes<br />

d’autogestion efficaces, régissant l’utilisation des<br />

ressources locales. Elles sont donc vitales pour<br />

les processus décisionnels locaux concernant la<br />

sécurité alimentaire, la santé humaine et<br />

animale, l’é<strong>du</strong>cation et les autres activités.<br />

20


Tous les membres d’une communauté<br />

possèdent, à des degrés divers, des connaissances<br />

locales. Le type et l’éten<strong>du</strong>e de ces connaissances<br />

dépendront des besoins, de la curiosité, <strong>du</strong> statut<br />

social et des obligations communautaires de la<br />

personne. C’est pourquoi différents types de<br />

connaissances existent simultanément au sein<br />

d’une même communauté: les connaissances<br />

communes, détenues par quasiment tous les<br />

membres de la communauté; les connaissances<br />

partagées, détenues par un grand nombre des<br />

membres; et les connaissances spécialisées,<br />

détenues par un petit nombre de membres ayant<br />

suivi une initiation. Les connaissances des<br />

anciens d’une communauté sont particulièrement<br />

importantes. Elles englobent souvent l’ensemble<br />

des systèmes de connaissances et sont<br />

généralement respectées et honorées au sein de<br />

la communauté (en particulier dans les<br />

communautés autochtones). Il est <strong>du</strong> plus haut<br />

intérêt d’associer les anciens aux activités de<br />

cartographie <strong>participative</strong>.<br />

Cartes SIG pro<strong>du</strong>ites à partir de croquis topographiques,<br />

à l’issue d’un processus de cartographie <strong>participative</strong>,<br />

Temera, Mali.<br />

La problématique hommes-femmes<br />

Le souci de faire participer les femmes au<br />

processus de cartographie et la nécessité de<br />

donner corps à leurs voix dans les cartes<br />

revêtent une grande importance. Les femmes<br />

ont généralement une vision de la terre<br />

communautaire et de la relation à la terre qui<br />

leur est propre. Cette vision est souvent très<br />

différente de celle des hommes. Si les femmes<br />

ne sont pas explicitement invitées à participer<br />

au processus de cartographie, le danger est<br />

que la carte finale ne reflète que les<br />

connaissances et les points de vue des hommes<br />

de la communauté. Ce danger d’exclusion<br />

s’applique aussi à d’autres groupes définis, tels<br />

que les jeunes, les pauvres, ou divers groupes<br />

sociaux. Il est indispensable de veiller à repérer<br />

ces groupes, lors d’une étape précédant le<br />

démarrage des activités de cartographie, si l’on<br />

veut faire en sorte qu’ils y participent.<br />

© J.Corbett<br />

21


L’inclusion des jeunes<br />

Les jeunes sont souvent écartés des activités<br />

décisionnelles, en particulier si des intermédiaires<br />

<strong>du</strong> développement extérieurs y participent. Ces<br />

participants potentiels des projets de cartographie<br />

<strong>participative</strong> n’ont pas beaucoup d’expérience<br />

et se sentent ignorants et peu qualifiés pour<br />

apporter une contribution intéressante. Il est<br />

donc important d’examiner et de traiter la<br />

question des compétences personnelles.<br />

L’implication des jeunes dans les initiatives de<br />

cartographie <strong>participative</strong> multiplie fortement les<br />

chances de faire entendre leur voix dans les<br />

processus de planification. Premièrement, leur<br />

inclusion leur permet d’informer les autres<br />

membres de la communauté – ainsi que les<br />

intermédiaires <strong>du</strong> développement – des espaces<br />

qui revêtent de l’importance dans leur propre<br />

géographie quotidienne. Deuxièmement,<br />

un processus de cartographie <strong>participative</strong> peut<br />

contribuer à faciliter leur inclusion<br />

(éventuellement à long terme) dans les activités<br />

communautaires. Enfin, les compétences acquises<br />

pendant ces activités de cartographie améliorent<br />

le niveau d’instruction et contribuent au<br />

développement général de ce groupe.<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain<br />

Dans les trois projets <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> qui ont été<br />

visités, les activités de vulgarisation<br />

communautaires comportaient une composante<br />

de prise en compte de la différenciation<br />

hommes-femmes bien définie. Par exemple, au<br />

Kenya, les agents chargés de la vulgarisation<br />

réalisaient des activités spécifiques en la matière<br />

(notamment l’élaboration de calendriers<br />

sexospécifiques 10 ), dans le cadre des activités<br />

d’apprentissage et action participatifs. Malgré<br />

cette détermination à con<strong>du</strong>ire des activités en<br />

tenant compte des spécificités de chaque sexe,<br />

les activités de cartographie ont été entreprises<br />

en groupes mixtes, ce qui est peut-être un tort,<br />

étant donné que les femmes risquent d’éprouver<br />

des difficultés à intervenir dans des activités<br />

de groupes comprenant des hommes. La<br />

pro<strong>du</strong>ction de cartes séparées par les hommes<br />

et les femmes fournit souvent des éléments<br />

intéressants sur les priorités ou valeurs<br />

différentes attachées à des zones ou ressources<br />

particulières et il est probable que les cartes<br />

différeront à beaucoup d’égards. La préparation<br />

de cartes spécifiques par des groupes d’hommes<br />

et des groupes de femmes donnera une image<br />

finale plus complète qu’une carte préparée<br />

uniquement par des hommes, par des femmes<br />

ou par un groupe mixte. Cette démarche peut<br />

aussi favoriser la participation plus active de<br />

tous les participants.<br />

La nécessité d’incorporer les voix de toutes<br />

les parties prenantes marginales qui utilisent ou<br />

gèrent une ressource naturelle particulière pose<br />

un problème plus épineux. Dans le projet <strong>du</strong><br />

Soudan, les outils d’apprentissage et action<br />

participatifs utilisés ont été conçus pour des<br />

communautés sédentaires et souvent<br />

alphabétisées. Les méthodologies sont plus<br />

adaptées aux communautés clairement<br />

délimitées au plan géographique, dotées de<br />

frontières précises et profondément enracinées<br />

sur un site; elles sont infiniment moins<br />

efficaces dans les communautés nomades ou<br />

le long d’un chemin de passage <strong>du</strong> bétail.<br />

Les cartes <strong>participative</strong>s pro<strong>du</strong>ites<br />

représentent généralement les environs<br />

immédiats <strong>du</strong> village. Le personnel de projet et<br />

les personnes chargées d’animer les processus<br />

d’apprentissage et action participatifs doivent<br />

étendre la portée géographique de leur travail.<br />

Les cartes devraient représenter la totalité <strong>du</strong><br />

territoire villageois, afin que les communautés<br />

commencent à comprendre comment leurs<br />

villages et leurs ressources s’insèrent plus<br />

largement dans le paysage et la géographie<br />

d’ensemble. Cette connaissance est importante<br />

pour identifier les détonateurs des conflits<br />

passés ou perçus et pour obtenir une vision plus<br />

claire des sources de litiges tout le long d’un<br />

chemin de passage <strong>du</strong> bétail.<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong><br />

Il est clairement nécessaire d’intro<strong>du</strong>ire des<br />

méthodologies de cartographie <strong>participative</strong><br />

différentes pour permettre aux communautés<br />

nomades, en particulier, de jouer un rôle plus<br />

actif dans la cartographie de leurs besoins et<br />

des questions pertinentes liées aux chemins de<br />

10 Les calendriers journaliers sexospécifiques permettent de<br />

définir qui fait quoi dans une communauté, dans la mesure où,<br />

dans les sociétés rurales traditionnelles, la plupart des activités<br />

sont assignées selon le sexe. Ces calendriers décrivent les<br />

activités réalisées par les hommes et par les femmes tout au<br />

long d’une journée et selon la saison (par exemple, saison des<br />

pluies ou saison sèche).<br />

22


passage <strong>du</strong> bétail. L’essor de nouvelles<br />

technologies de cartographie, robustes et faciles<br />

à utiliser, telles que le GPS et les appareils<br />

photo avec fonction GPS, offre une série<br />

d’outils novateurs inédits permettant<br />

d’incorporer l’information spatiale<br />

communautaire qui, dans le passé, était très<br />

difficile à collecter au plan logistique.<br />

Les intermédiaires <strong>du</strong> développement (dans la<br />

plupart des cas, des fonctionnaires) doivent donc:<br />

• connaître la gamme des outils disponibles<br />

pour associer les groupes nomades et les<br />

autres groupes non sédentaires aux<br />

activités de cartographie <strong>participative</strong>;<br />

• participer à des ateliers de formation<br />

de formateurs pour acquérir la capacité de<br />

former ces groupes à l’utilisation des<br />

nouvelles technologies.<br />

6. Inscrire les initiatives de<br />

cartographie dans la <strong>du</strong>rée<br />

Les cartes fournissent un aperçu à un moment<br />

donné de l’histoire. L’information qu’elles<br />

fournissent, leur pertinence et leur signification<br />

évoluent au fil <strong>du</strong> temps. À moins que<br />

la carte ne soit pro<strong>du</strong>ite dans un but unique,<br />

l’information doit être mise à jour. La<br />

pro<strong>du</strong>ction et l’actualisation des cartes<br />

constituent une activité à long terme,<br />

indépendamment des outils ou technologies<br />

utilisés. Le succès des initiatives de cartographie<br />

<strong>participative</strong> dépend de l’engagement à long<br />

terme de toutes les parties prenantes dans le<br />

processus. Cet engagement englobe l’apport<br />

d’un soutien aux organisations qui ont démontré<br />

leur souci de renforcer les capacités des membres<br />

des communautés et l’apport d’une aide morale,<br />

financière et informationnelle) à long terme.<br />

Expériences <strong>du</strong> terrain<br />

Dans les trois projets <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> qui ont été<br />

visités, les activités de cartographie <strong>participative</strong><br />

étaient réalisées ou animées par des praticiens<br />

externes (par exemple un cabinet de consultants<br />

dans le cas <strong>du</strong> Mali) ou des fonctionnaires<br />

locaux. Cette pratique présente à la fois des<br />

aspects négatifs et des aspects positifs <strong>du</strong> point<br />

de vue de l’engagement à long terme.<br />

Le Kenya fournit un exemple intéressant des<br />

aspects négatifs: le renouvellement rapide <strong>du</strong><br />

personnel dans la fonction publique nuit<br />

fortement à l’engagement des membres<br />

indivi<strong>du</strong>els <strong>du</strong> personnel de projet dans le<br />

développement d’une relation à long terme avec<br />

les communautés (certains ne sont pas restés plus<br />

de deux ans à leur poste et, lorsqu’ils sont partis,<br />

il ne restait plus de fonds pour former leurs<br />

remplaçants). De plus, une des principales<br />

critiques adressées à l’activité de cartographie au<br />

Kenya (et plus généralement à toutes les activités<br />

d’apprentissage et action participatifs) était que le<br />

temps manquait cruellement pour entreprendre<br />

toutes les activités requises dans ce domaine.<br />

Au Mali, le rôle des collectivités locales a<br />

semblé s’inscrire davantage dans la <strong>du</strong>rée. Les<br />

fonctionnaires ont suivi une stratégie précise<br />

pour utiliser les cartes à des fins immédiates ou<br />

plus lointaines. Cette démarche s’est notamment<br />

manifestée dans leur détermination à investir<br />

dans les systèmes d’information géographique<br />

(SIG) pour la gestion des terres communautaires<br />

locales, en vue de demander et cibler les<br />

interventions de développement et de gérer les<br />

ressources naturelles locales. Ils travaillaient<br />

directement en réseau avec le cabinet national de<br />

consultants pour fournir les ressources requises.<br />

Implications pour le <strong>FIDA</strong><br />

Il serait évidemment illusoire de recommander<br />

que le personnel de la fonction publique reste<br />

plus longtemps à des postes donnés. Pour<br />

surmonter le problème <strong>du</strong> renouvellement <strong>du</strong><br />

personnel, il convient peut-être d’encourager les<br />

bonnes relations de travail entre les experts<br />

(cabinets de consultants, ONG ou centres de<br />

recherche) et le personnel de projet – y compris<br />

les fonctionnaires locaux –, ce qui ne peut que<br />

contribuer efficacement au renforcement des<br />

capacités et à la pérennité des initiatives.<br />

Une formation plus longue et plus<br />

approfondie des communautés locales<br />

permettrait aussi d’améliorer leur participation à<br />

l’ensemble <strong>du</strong> processus et la compréhension de<br />

celui-ci. Cette formation leur donnerait le<br />

sentiment de mieux maîtriser le processus de<br />

cartographie, favorisant l’amélioration et la<br />

longévité de l’application et de l’utilité des cartes.<br />

23


3. Les activités<br />

de cartographie<br />

Les incohérences flagrantes observées dans la<br />

conception, l’exécution et les effets des<br />

initiatives de cartographie <strong>participative</strong>, lors des<br />

trois visites de terrain au Kenya, au Mali et au<br />

Soudan, mettent en évidence la nécessité de<br />

disposer d’une méthodologie normalisée dans<br />

les projets <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> et d’adopter une série de<br />

principes assimilables à des “bonnes pratiques”.<br />

La présente section s’efforce de décrire une<br />

telle approche. Le processus est fondé sur les<br />

constatations collectées à diverses occasions:<br />

i) sur le terrain, y compris lors de débats<br />

approfondis avec le personnel de l’unité de<br />

gestion <strong>du</strong> projet travaillant pour des projets<br />

<strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> et avec les personnes collaborant à ces<br />

projets (par exemple, ONG, consultants et<br />

membres des communautés); et ii) pendant un<br />

atelier organisé à Rome le 15 juillet 2008, atelier<br />

qui a permis d’affiner le projet d’approche<br />

de la cartographie <strong>participative</strong>. Il a rassemblé<br />

51 participants représentant une vaste gamme<br />

d’organisations, notamment le Centre technique<br />

de coopération agricole et rurale ACT-UE (CTA),<br />

la Coalition internationale pour l’accès à la<br />

terre, l’Union mondiale pour la nature (UICN),<br />

l’Organisation des Nations Unies pour<br />

l’alimentation et l’agriculture (FAO), le <strong>FIDA</strong>,<br />

l’Association nationale des forêts et pâturages<br />

communaux (NACFP [Albanie]) et SOS Sahel<br />

International. Les éléments fournis par les<br />

participants ont permis de parachever<br />

l’approche évolutive de la cartographie que le<br />

<strong>FIDA</strong> entend adopter et qui est décrite dans<br />

le présent document.<br />

Le processus de cartographie évolutif<br />

Le processus de cartographie proposé s’inscrit<br />

dans une boucle d’apprentissage favorisant son<br />

adaptation. Cette boucle implique un processus<br />

structuré mais itératif qui vise à améliorer, au fil<br />

<strong>du</strong> temps, l’application de la cartographie<br />

<strong>participative</strong> dans un projet grâce au suivi et<br />

Figure 4: Approche évolutive de la cartographie <strong>participative</strong> au <strong>FIDA</strong><br />

Phase de<br />

conception<br />

<strong>du</strong> projet<br />

Phase<br />

d’évaluation<br />

Phase de<br />

préparation de<br />

la cartographie<br />

Phase d’utilisation<br />

des cartes<br />

Phase de<br />

cartographie<br />

24


évaluation <strong>du</strong> projet. Cette boucle d’adaptation<br />

peut être qualifiée d’apprentissage par la pratique.<br />

L’approche est articulée autour de cinq étapes<br />

définies, qui vont être examinées tour à tour.<br />

Phase 1: conception <strong>du</strong> projet<br />

La planification préliminaire associée à<br />

l’incorporation de la cartographie <strong>participative</strong><br />

dans les projets bénéficiant d’un soutien <strong>du</strong><br />

<strong>FIDA</strong> doit être effectuée pendant la phase de<br />

conception <strong>du</strong> projet. Une partie de cette<br />

planification est déjà intégrée dans la conception<br />

des programmes <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong>; toutefois, il convient<br />

de l’adapter plus spécifiquement au contexte de<br />

la cartographie <strong>participative</strong>. De plus, il est<br />

nécessaire d’inventorier les partenaires potentiels<br />

et les autres parties prenantes de la cartographie<br />

et de consolider les liens avec eux. Les principaux<br />

problèmes liés à la gestion des ressources<br />

doivent être mis en évidence. Enfin, pendant la<br />

phase de conception <strong>du</strong> projet, des fonds<br />

doivent être affectés aux activités de cartographie.<br />

Analyser la situation<br />

Une analyse de la situation (y compris une<br />

évaluation rapide de la vulnérabilité) représente<br />

la première étape importante si l’on veut cibler<br />

les communautés les plus vulnérables dans la<br />

zone géographique <strong>du</strong> projet. Elle permet de<br />

repérer les membres les plus à risque au sein de<br />

chaque communauté – ainsi que leurs besoins<br />

probables – et d’examiner si la cartographie<br />

<strong>participative</strong> est susceptible de favoriser leur<br />

participation aux processus de décision et de<br />

gestion concernant les ressources naturelles.<br />

Pendant l’analyse, il convient de s’intéresser<br />

particulièrement aux “signes distinctifs” (ethnie,<br />

sexe, appartenance à un groupe autochtone)<br />

ainsi qu’aux degrés de reconnaissance juridique<br />

et de pouvoir de ces catégories.<br />

L’analyse facilitera la définition de l’objectif<br />

principal des activités de cartographie<br />

<strong>participative</strong>, y compris le choix initial des outils<br />

et de la méthodologie de cartographie les plus<br />

adaptés au contexte étudié (un point important<br />

pour déterminer le coût approximatif des<br />

activités de cartographie). Les coûts, les besoins<br />

en infrastructures et les exigences – en termes<br />

de formation – des différents outils et processus<br />

de cartographie sont extrêmement variables 11 .<br />

Ce choix permettra ensuite de procéder à<br />

l’évaluation initiale des besoins en formation des<br />

membres des communautés et des praticiens<br />

chargés d’animer la cartographie <strong>participative</strong>.<br />

Définir les principales questions liées à la<br />

gestion des ressources naturelles dans le<br />

contexte de moyens d’existence déterminés<br />

Pendant la phase de conception <strong>du</strong> projet, il est<br />

important de choisir les outils de cartographie<br />

qui aideront la communauté à identifier les<br />

priorités et les mesures à prendre dans le<br />

domaine de la gestion des ressources naturelles<br />

et de l’environnement. Ce processus se tra<strong>du</strong>ira<br />

11 Voir <strong>FIDA</strong> (2009) pour en savoir plus.<br />

Figure 5: Phase de conception <strong>du</strong> projet<br />

Phase<br />

d’évaluation<br />

Phase de<br />

conception<br />

<strong>du</strong> projet<br />

Phase de préparation<br />

de la cartographie<br />

• Analyser<br />

la situation<br />

• Identifier les<br />

questions liées<br />

à la gestion<br />

des ressources<br />

naturelles<br />

• Affecter des<br />

ressources<br />

Phase d’utilisation<br />

des cartes<br />

Phase de<br />

cartographie<br />

25


par une meilleure efficacité des activités de<br />

vulgarisation <strong>du</strong> projet, grâce à une amélioration<br />

de la communication, de la prise de décisions et<br />

de la mise en œuvre des activités.<br />

On peut recourir, à ce stade, à l’application<br />

– à titre pilote – de plusieurs outils de<br />

cartographie, pour identifier les principales<br />

questions liées à la gestion des ressources<br />

naturelles et commencer ainsi à recueillir des<br />

éléments utiles pour les activités de cartographie<br />

ultérieures <strong>du</strong> projet. Par exemple, lorsqu’on<br />

travaille avec des communautés de pasteurs<br />

sur des questions liées aux chemins de passage<br />

<strong>du</strong> bétail, il peut s’avérer plus intéressant de<br />

préférer les croquis topographiques et les cartes<br />

au sol, qui ne nécessitent pas de savoir lire<br />

et écrire. Une liste exhaustive des outils<br />

disponibles, se trouve dans l’étude <strong>Cartographie</strong><br />

<strong>participative</strong> et bonnes pratiques.<br />

Inventorier les collaborateurs<br />

La phase de conception peut être utilisée pour<br />

déterminer et évaluer l’appui institutionnel<br />

disponible dans le pays (gouvernements,<br />

consultants, ONG et universités). Comme<br />

on a pu le constater pendant la visite de terrain<br />

au Mali, ces contacts peuvent déboucher sur<br />

une collaboration et des partenariats avec<br />

des groupes et organisations intervenant dans<br />

la zone géographique <strong>du</strong> projet ou avec des<br />

groupes ayant de l’expérience en matière<br />

d’utilisation des approches de cartographie<br />

<strong>participative</strong>. En particulier, il convient de veiller<br />

au maintien de bonnes relations de travail entre<br />

les experts et les fonctionnaires locaux, ce qui<br />

contribue efficacement au renforcement des<br />

capacités et à la pérennité des initiatives.<br />

Affecter des ressources aux activités de<br />

cartographie <strong>participative</strong><br />

Les visites de terrain dans des projets <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong><br />

con<strong>du</strong>isant des activités de cartographie<br />

<strong>participative</strong> ont montré que la prise en<br />

considération, au stade de la conception <strong>du</strong><br />

projet, de l’ensemble des exigences (en<br />

particulier les coûts) associées à l’exécution<br />

d’initiatives de cartographie <strong>participative</strong> n’était<br />

pas suffisante. Des ressources additionnelles<br />

doivent être allouées pendant la conception, si<br />

l’on veut que les agents chargés de l’exécution<br />

disposent <strong>du</strong> soutien nécessaire pour réaliser<br />

leurs objectifs dans ce domaine. Les ressources<br />

requises sont de trois types: elles sont financières<br />

(par exemple des fonds pour le matériel de<br />

cartographie qui sera utilisé par le personnel de<br />

terrain et les membres des communautés),<br />

humaines (par exemple des fonds pour la<br />

formation de formateurs et pour la formation<br />

des membres des communautés) et consistent<br />

aussi en temps (par exemple les coûts associés<br />

aux visites de sites et aux visites de suivi des sites<br />

pour évaluer les cartes et les mettre à jour).<br />

Liste de contrôle de la phase 1<br />

A-t-on réalisé une analyse de la situation?<br />

L’analyse a-t-elle examiné les signes distinctifs suivants: ethnie, sexe, appartenance à un groupe<br />

autochtone, et la reconnaissance juridique de ces catégories?<br />

A-t-on identifié les principales questions liées à la gestion des ressources naturelles dans le contexte<br />

de moyens d’existence déterminés?<br />

A-t-on con<strong>du</strong>it une évaluation préliminaire pour définir les méthodes de cartographie appropriées?<br />

A-t-on inventorié les collaborateurs/partenaires?<br />

Les ressources requises pour entreprendre les activités de cartographie <strong>participative</strong> ont-elles<br />

été affectées?<br />

26


Phase 2: préparation de<br />

la cartographie<br />

La phase de préparation de la cartographie<br />

englobe les mesures préparatoires à prendre au<br />

niveau <strong>du</strong> projet (généralement l’unité de gestion<br />

<strong>du</strong> projet) avant de lancer les activités de<br />

cartographie <strong>participative</strong> sur le terrain. Pendant<br />

cette phase, le personnel chargé de l’exécution<br />

doit, premièrement, procéder à un réexamen des<br />

recommandations et processus définis pendant la<br />

phase de conception <strong>du</strong> projet, puis préparer, à la<br />

fois au plan logistique et au plan des ressources<br />

humaines, les activités de cartographie à venir.<br />

Valider l’approche de la conception<br />

Avant d’entamer les activités de cartographie, il<br />

est important d’examiner l’approche définie<br />

pendant la phase de conception, pour vérifier<br />

que les questions identifiées sont encore<br />

pertinentes. Ce point revêt une importance<br />

particulière lorsque des retards importants se sont<br />

accumulés entre l’approbation <strong>du</strong> projet et le<br />

démarrage de l’exécution. Dans ce cas, l’approche<br />

proposée pendant la phase de conception<br />

doit être justifiée et validée par une stratégie de<br />

participation communautaire 12 . En d’autres<br />

termes, c’est aux communautés bénéficiant <strong>du</strong><br />

projet que devrait incomber la responsabilité de<br />

choisir les principales questions associées à la<br />

gestion des ressources naturelles, validant ainsi la<br />

conception. De plus, cette étape permettra de<br />

mieux comprendre les besoins spécifiques et les<br />

caractéristiques des communautés.<br />

Confirmer le choix des outils de cartographie<br />

Dans le prolongement de l’étape précédente, il<br />

sera possible de confirmer que les outils et<br />

méthodologies de cartographie choisis pendant<br />

la phase de conception <strong>du</strong> projet répondent<br />

effectivement aux besoins des communautés<br />

locales ou de décider qu’ils doivent être modifiés<br />

et affinés pour en favoriser la maîtrise et les effets.<br />

Inventorier les animateurs de la cartographie<br />

<strong>participative</strong> et leurs besoins en formation<br />

Pendant la phase de préparation de la<br />

cartographie, les intermédiaires qui animeront<br />

les activités de cartographie <strong>participative</strong> doivent<br />

être identifiés. L’animation peut être assurée<br />

par des ONG ou des experts recrutés par l’unité<br />

de gestion <strong>du</strong> projet (par exemple, la société<br />

de consultants AFRICONSULT au Mali), par des<br />

fonctionnaires locaux chargés de la vulgarisation<br />

travaillant déjà avec les communautés locales<br />

(par exemple, dans les processus de cartographie<br />

<strong>participative</strong> con<strong>du</strong>its au Kenya et au Soudan)<br />

ou par des animateurs communautaires<br />

identifiés et sélectionnés au moyen d’un<br />

processus participatif.<br />

Pour promouvoir la pérennité <strong>du</strong> projet,<br />

une organisation expérimentée dans le domaine<br />

de la cartographie <strong>participative</strong> peut aider<br />

les agents locaux chargés de la vulgarisation à<br />

con<strong>du</strong>ire les activités, ce qui contribue au<br />

12 Il convient d’accorder une attention spéciale aux femmes<br />

et aux secteurs vulnérables de la communauté.<br />

Figure 6: Phase de préparation de la cartographie<br />

Phase<br />

d’évaluation<br />

Phase de conception<br />

<strong>du</strong> projet<br />

Phase de<br />

préparation de<br />

la cartographie<br />

• Valider la conception<br />

• Confirmer le<br />

choix des outils<br />

• Recenser les besoins<br />

• Assurer le suivi<br />

• Assurer la formation<br />

• Acheter le matériel<br />

Phase d’utilisation<br />

des cartes<br />

Phase de<br />

cartographie<br />

27


enforcement des capacités des fonctionnaires.<br />

De plus, dans le souci de garantir la continuité<br />

<strong>du</strong> processus de cartographie, il peut être<br />

souhaitable que la supervision soit assurée par<br />

une organisation recrutée par le projet,<br />

notamment si le personnel de l’administration<br />

publique locale est souvent renouvelé.<br />

Une fois qu’on a compris les principales<br />

questions liées à la gestion des ressources<br />

naturelles et choisi les animateurs des activités<br />

de cartographie <strong>participative</strong>, il est important<br />

de confirmer une nouvelle fois les besoins<br />

en formation définis à l’étape de conception<br />

<strong>du</strong> projet. La formation peut avoir trait à:<br />

la familiarisation avec la gamme des outils de<br />

cartographie <strong>participative</strong> disponibles,<br />

l’amélioration des capacités d’animation<br />

communautaire, la formation de formateurs<br />

et le développement des compétences en<br />

matière de gestion des conflits.<br />

Le défaut de formation spécialisée a été,<br />

pendant les trois visites de terrain, cité comme<br />

une lacune récurrente par les fonctionnaires<br />

et le personnel de projet chargés des activités<br />

de cartographie <strong>participative</strong>. Une formation<br />

générale sur les techniques de l’apprentissage et<br />

action participatifs a été assurée dans tous les<br />

projets, mais il conviendrait de s’attacher<br />

davantage à repérer les besoins en formation<br />

spécifiquement liés aux activités de cartographie<br />

dans chaque projet. Un complément de<br />

formation en matière d’animation, négociation<br />

et gestion des conflits est souvent important<br />

si l’on veut con<strong>du</strong>ire ces méthodologies<br />

correctement.<br />

La formation ne devrait pas être ponctuelle<br />

ni limitée à quelques personnes. Il devrait s’agir<br />

d’une activité répétitive visant à surmonter<br />

les problèmes posés par le renouvellement<br />

rapide <strong>du</strong> personnel (une question brûlante<br />

au Kenya), à perfectionner les compétences<br />

des intermédiaires <strong>du</strong> projet et à donner<br />

régulièrement à ce dernier la possibilité<br />

d’interagir et de résoudre les problèmes<br />

éventuellement rencontrés (des mo<strong>du</strong>les<br />

spécialisés sur la cartographie pourraient être<br />

ajoutés à la formation actuelle sans entraîner<br />

un coût supplémentaire rédhibitoire). La<br />

formation devrait aussi être offerte aux membres<br />

des communautés participant directement aux<br />

activités d’apprentissage et action participatifs<br />

(ces personnes peuvent ensuite partager leurs<br />

compétences avec d’autres membres de la<br />

communauté). La formation les doterait des<br />

compétences requises, tout en mettant l’accent<br />

sur l’importance de la participation égalitaire<br />

dans les communautés locales où les relations<br />

de pouvoir ne sont pas toujours équitables.<br />

Définir le mécanisme de suivi<br />

Pendant cette phase de préparation de la<br />

cartographie, le personnel de projet devrait<br />

établir une série de données de référence et de<br />

critères préliminaires aux fins <strong>du</strong> suivi. Ce<br />

dernier devrait être centré sur les changements<br />

mesurables résultant (directement ou<br />

indirectement) de l’initiative de cartographie<br />

<strong>participative</strong>. Les mécanismes de suivi et les<br />

indicateurs de changement devraient être<br />

directement liés aux intérêts de la communauté<br />

participant au processus de cartographie, ainsi<br />

qu’aux objectifs généraux <strong>du</strong> projet. Ces<br />

mécanismes et indicateurs de suivi doivent être<br />

élaborés par les trois niveaux de parties<br />

prenantes généralement associées aux initiatives<br />

de cartographie con<strong>du</strong>ites sous les auspices<br />

<strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> (c’est-à-dire la communauté, les<br />

intermédiaires <strong>du</strong> projet et l’administration<br />

institutionnelle <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong>) et leur convenir.<br />

L’utilisation d’indicateurs généraux ou<br />

universels pour évaluer l’impact d’une initiative<br />

de cartographie <strong>participative</strong> fait débat.<br />

Questionnés 13 à ce sujet, les praticiens de la<br />

cartographie ne sont guère convaincus de leur<br />

pertinence. Leur expérience accumulée dans le<br />

monde entier montre que les résultats des<br />

projets de cartographie sont extrêmement<br />

variables et dépendent de multiples facteurs.<br />

Les deux facteurs les plus importants sont le<br />

degré d’organisation <strong>du</strong> groupe qui fait la<br />

cartographie et l’environnement politique dans<br />

lequel il évolue. Les groupes autochtones dotés<br />

d’un certain pouvoir politique pourront utiliser<br />

efficacement les cartes pour défendre leurs<br />

ressources et asseoir leur influence; ceux qui<br />

sont faibles (non organisés et dénués de<br />

ressources et de pouvoir politique) auront <strong>du</strong><br />

mal à donner des suites à la cartographie. Les<br />

groupes travaillant dans les pays où le régime<br />

politique est autoritaire rencontreront plus de<br />

13 L’enquête a été con<strong>du</strong>ite sur le forum électronique ouvert<br />

consacré aux systèmes et technologies d’information<br />

géographique participatifs (www.ppgis.net), qui rassemble plus<br />

de 1 500 praticiens de la cartographie <strong>participative</strong>, désireux<br />

d’échanger informations, idées et expériences.<br />

28


difficultés pour influencer les processus<br />

décisionnels que ceux qui travaillent dans des<br />

environnements plus démocratiques et réceptifs.<br />

Quelquefois, il existe des cadres juridiques pour<br />

donner des suites aux activités de cartographie,<br />

dans d’autres cas, il n’existe rien.<br />

Il ne faudrait pas en conclure pour autant<br />

que lorsqu’un groupe faible participe à un<br />

projet de cartographie <strong>participative</strong>, il n’a aucun<br />

impact; en effet, le projet peut aider le groupe à<br />

s’organiser et à préciser ses objectifs, favorisant<br />

ainsi sa cohésion. Mais l’impact est très différent<br />

lorsque le groupe est fort, car celui-ci peut agir<br />

immédiatement et faire pression pour défendre<br />

ses droits fonciers – et gagner sa cause. En outre,<br />

certains bailleurs de fonds escomptent des effets<br />

immédiats, alors qu’en général, l’impact est long<br />

à se faire sentir et peut ne devenir visible que<br />

quelques années plus tard seulement.<br />

Une autre crainte est qu’on utilise une série<br />

d’indicateurs restrictifs privilégiant les “effets<br />

directs” immédiats pour mesurer l’efficacité<br />

d’un projet de cartographie. De plus en plus,<br />

l’accent est mis sur le “pro<strong>du</strong>it” plutôt que<br />

sur le “processus”. Cette démarche occulte et<br />

nie l’importance des effets sociaux, qui sont<br />

souvent moins visibles mais n’en sont pas<br />

moins importants. Il peut s’agir par exemple<br />

d’une modification de la dynamique interne<br />

d’une communauté – liée à la cohésion sociale –<br />

ou de changements difficiles à mesurer, tels<br />

que le renforcement de la communauté et<br />

son autonomisation.<br />

Ces questions seront abordées plus en détail<br />

dans une prochaine publication spécifiquement<br />

consacrée au suivi et évaluation des initiatives<br />

de cartographie <strong>participative</strong> 14 .<br />

Assurer la formation<br />

Le personnel chargé d’animer les activités de<br />

cartographie et le personnel de l’unité de<br />

gestion <strong>du</strong> projet doivent recevoir une<br />

formation afin de se familiariser avec les<br />

activités de cartographie et de suivi<br />

<strong>participative</strong>s. La problématique hommesfemmes<br />

et le respect des engagements pris<br />

en la matière doivent être intégrés dans la<br />

composante de formation, de même que des<br />

mo<strong>du</strong>les liés à la résolution des conflits et<br />

à la négociation, le cas échéant.<br />

Acheter le matériel<br />

À cette étape, il convient d’acheter le matériel,<br />

en fonction des besoins en développement<br />

de la communauté et des méthodologies de<br />

cartographie sélectionnées. Ce matériel peut<br />

aller des simples liasses de papier et des boîtes<br />

de crayon pour les croquis topographiques,<br />

jusqu’à <strong>du</strong> matériel GPS ou d’imagerie satellite,<br />

voire des ordinateurs.<br />

14 Cette publication, qui n’a pas encore de titre, est en<br />

cours de rédaction dans le cadre <strong>du</strong> projet: Expérimentation<br />

de la méthode de cartographie <strong>participative</strong> <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong><br />

applicable à certains systèmes de subsistance (éleveurs,<br />

peuples autochtones, habitants des forêts) moyennant des<br />

dispositifs innovants de jumelage-Phase II.<br />

Liste de contrôle de la phase 2<br />

Les questions et approches définies pendant la phase de conception <strong>du</strong> projet sont-elles<br />

encore pertinentes?<br />

Les outils de cartographie sélectionnés répondent-ils effectivement aux besoins de la communauté?<br />

A-t-on identifié et contacté les intermédiaires qui animeront les activités de cartographie <strong>participative</strong>?<br />

Les besoins en formation définis pendant la phase de conception <strong>du</strong> projet sont-ils encore<br />

applicables? Faut-il les étoffer ou les modifier?<br />

A-t-on établi des plans et mobilisé des ressources pour faire en sorte que la formation soit régulière<br />

et adaptée à la nature évolutive des outils et projets de cartographie <strong>participative</strong>?<br />

A-t-on défini une série de données de référence et de critères préliminaires pour le suivi?<br />

Les membres de la communauté ont-ils été associés au choix de ces critères et indicateurs?<br />

A-t-on achevé la formation indispensable des animateurs de la cartographie?<br />

Cette formation comprenait-elle une composante de sensibilisation à la problématique<br />

hommes-femmes?<br />

29


Phase 3: cartographie<br />

Préparer la communauté aux activités<br />

de cartographie<br />

Avant d’entamer les activités de cartographie, la<br />

communauté doit être suffisamment informée<br />

sur la cartographie <strong>participative</strong> (qu’est-ce<br />

qu’une carte et comment les cartes sont-elles<br />

pro<strong>du</strong>ites et utilisées), sur la gamme des outils<br />

disponibles (depuis les croquis topographiques<br />

jusqu’aux systèmes de cartographie informatisés<br />

sophistiqués, le cas échéant), sur le processus<br />

con<strong>du</strong>isant à la création des cartes (combien de<br />

temps, de travail et de ressources sont nécessaires)<br />

et sur les utilisations potentielles des cartes.<br />

Il est conseillé de présenter cette information<br />

lors d’une réunion communautaire. Cette<br />

réunion permet aussi aux membres de la<br />

communauté de débattre de l’intérêt de la<br />

démarche qui consiste à con<strong>du</strong>ire un processus<br />

de cartographie pour traiter les questions liées<br />

à la gestion des ressources naturelles auxquelles<br />

la communauté est confrontée. Si ce projet est<br />

lancé ou animé par des personnes provenant de<br />

l’extérieur, la réunion initiale leur donne aussi<br />

l’occasion de se présenter et de commencer<br />

à nouer une relation avec les membres de la<br />

communauté. Pendant les visites de terrain,<br />

l’importance d’établir une relation de confiance<br />

pour con<strong>du</strong>ire des initiatives de cartographie<br />

fructueuses a été soulignée dans tous les projets.<br />

À ce stade <strong>du</strong> processus, il est aussi important<br />

que les animateurs de la réunion recensent et<br />

décrivent les risques associés à la cartographie des<br />

terres (voir la section “Obtenir un consentement<br />

préalable, libre et éclairé” au chapitre 2). Il est<br />

important que les membres de la communauté<br />

comprennent clairement ces questions et aient<br />

la possibilité d’en discuter au plus tôt, afin que<br />

l’information qui sera collectée et incorporée<br />

dans les cartes puisse être adaptée de manière à<br />

éviter d’éventuelles conséquences néfastes.<br />

Ce n’est que lorsque les membres de la<br />

communauté auront fait le tour des possibilités et<br />

des risques associés aux activités de cartographie,<br />

qu’ils seront en mesure de prendre, en<br />

connaissance de cause, une décision concernant<br />

leur souhait d’investir le temps et l’énergie requis.<br />

Déterminer le(s) objectif(s) de la cartographie<br />

Le temps est précieux pour tous les acteurs<br />

(voir la section “Prendre en compte les besoins<br />

des communautés” au chapitre 2). Il est donc<br />

important que les membres de la communauté<br />

déterminent d’emblée l’objectif – ou les<br />

objectifs – de la cartographie et définissent une<br />

stratégie d’utilisation des cartes visant à<br />

atteindre ces objectifs: dans les communautés de<br />

pasteurs, de peuples autochtones et d’habitants<br />

des forêts, ces objectifs sont souvent liés à la<br />

gestion des ressources naturelles. Cette étape<br />

évite aux communautés de perdre <strong>du</strong> temps à<br />

pro<strong>du</strong>ire une carte qui pourrait ne pas répondre<br />

à leurs besoins. La réunion initiale, décrite à<br />

l’étape précédente, représente le moment idéal<br />

pour définir le(s) objectif(s) des cartes.<br />

À cette étape de prise de décision, il est<br />

important de veiller à la participation <strong>du</strong> plus<br />

grand nombre possible de membres de la<br />

communauté (voir la section “Garantir un<br />

Figure 7: Phase de cartographie<br />

Phase<br />

d’évaluation<br />

Phase d’utilisation<br />

des cartes<br />

Phase de conception<br />

<strong>du</strong> projet<br />

Phase de<br />

cartographie<br />

Phase de préparation<br />

de la cartographie<br />

• Préparer<br />

la communauté<br />

• Déterminer<br />

le(s) objectif(s)<br />

• Assurer la formation<br />

de la communauté<br />

• Créer les cartes<br />

• Évaluer<br />

l’information<br />

• Établir le suivi<br />

30


processus ouvert à tous” au chapitre 2). Il est<br />

important de garantir une participation<br />

communautaire générale, si l’on veut que les<br />

participants engagent une réflexion collective,<br />

partagent les connaissances et les souvenirs<br />

importants et débattent des questions<br />

pertinentes. Si ce type de débats n’a pas lieu<br />

entre les membres de la communauté, ou<br />

bien si les questions foncières brûlantes restent<br />

en suspens, la légitimité des cartes pourrait<br />

être remise en cause à un stade ultérieur.<br />

L’adhésion et le contrôle communautaires<br />

dépendent de la représentativité des membres<br />

de la communauté participant à cette étape<br />

décisionnelle. Plus les participants reflètent<br />

l’ensemble des groupes communautaires, plus<br />

les cartes représenteront les points de vue et les<br />

intérêts de la communauté dans son ensemble.<br />

Plus les groupes associés à cette étape précoce<br />

Carte au sol communautaire, projet pilote<br />

<strong>du</strong> secteur est <strong>du</strong> Mont Kenya, Kenya.<br />

seront nombreux, plus il est probable que la<br />

communauté assumera la responsabilité des<br />

cartes, ce qui accroîtra la légitimité de celles-ci,<br />

tant au sein de la communauté que, par la suite,<br />

aux yeux des personnes extérieures.<br />

Si la réunion communautaire rassemble un<br />

grand nombre de personnes, il est souvent<br />

souhaitable de la subdiviser en petits groupes.<br />

Ceux-ci peuvent être déterminés en fonction <strong>du</strong><br />

sexe, de l’âge et <strong>du</strong> statut socio-économique, afin<br />

que chacun se sente à l’aise et libre d’apporter<br />

sa contribution dans le groupe où il siège.<br />

À chacune de ces étapes décisionnelles, il est<br />

important que les membres des communautés<br />

et les autres parties prenantes associées aux<br />

processus de cartographie demandent qui est<br />

© MKEPP<br />

31


esponsable des décisions relatives aux cartes.<br />

Il est important de savoir si les membres des<br />

communautés prennent les décisions par<br />

consensus, ou si les décisions sont prises par un<br />

dirigeant ou une institution locale ou encore<br />

des ONG, des chercheurs ou des fonctionnaires<br />

de l’extérieur. L’objectif est de permettre aux<br />

membres des communautés eux-mêmes de<br />

prendre le contrôle de ce processus.<br />

Après avoir défini une série précise<br />

d’objectifs, les membres des communautés<br />

doivent décider des informations à incorporer<br />

dans la carte pour atteindre les objectifs fixés.<br />

Cela peut impliquer de documenter des<br />

informations sur l’emplacement des<br />

caractéristiques naturelles (fleuves, montagnes<br />

ou pâturages), des réalisations humaines<br />

(villages, routes ou zones agricoles), des<br />

ressources (types de forêts, zones de chasse ou<br />

prairies), sans oublier les sites à forte valeur<br />

culturelle ou historique (frontières, cimetières<br />

ou zones revêtant une signification spirituelle).<br />

Elles peuvent aussi englober l’identification<br />

des zones de conflits potentiels, de changement<br />

d’utilisation des terres ou de développement<br />

ainsi que les autres problèmes fonciers<br />

contemporains et brûlants.<br />

Avant d’entamer la collecte des informations,<br />

la communauté doit décider de certains points<br />

fondamentaux liés à la cartographie, à savoir:<br />

• qui, au sein de la communauté, participera<br />

à la pro<strong>du</strong>ction de la carte;<br />

• quels symboles seront utilisés sur la carte<br />

(susceptibles d’être modifiés au cours<br />

<strong>du</strong> processus);<br />

• dans quelle langue la carte et sa légende<br />

seront présentées;<br />

• si la communauté entend cartographier<br />

l’ensemble <strong>du</strong> territoire communautaire<br />

ou seulement les zones revêtant une<br />

importance spéciale.<br />

Former les membres des communautés<br />

Il appartient à la communauté de sélectionner<br />

les membres qui la représenteront. Ces<br />

représentants devraient recevoir une formation<br />

sur les compétences d’animation élémentaires<br />

leur permettant d’harmoniser (et, parfois<br />

d’arbitrer) les activités de cartographie. Ils<br />

devront aussi recevoir une formation générale<br />

sur les processus de cartographie <strong>participative</strong><br />

et sur les outils requis.<br />

D’autres membres de la communauté<br />

devront bénéficier d’une formation ciblée sur<br />

les techniques d’enquête et de cartographie<br />

avant le démarrage <strong>du</strong> processus de collecte des<br />

données, en particulier si <strong>du</strong> matériel de<br />

cartographie spécialisé – tel que des boussoles<br />

ou des récepteurs GPS – est utilisé. La formation<br />

peut être assurée par le personnel <strong>du</strong> projet, par<br />

des organisations partenaires, voire par les<br />

représentants de la communauté eux-mêmes<br />

après sélection et formation.<br />

Documenter l’information<br />

La cartographie <strong>participative</strong> est un vaste sujet et<br />

les mécanismes et techniques utilisés pour<br />

collecter l’information et créer les cartes<br />

dépendront <strong>du</strong> processus et <strong>du</strong> type de carte<br />

choisis. En revanche, il convient d’évoquer la<br />

question de la documentation <strong>du</strong> processus de<br />

cartographie. Le terme général “documentation”<br />

désigne les procé<strong>du</strong>res employées pour collecter<br />

et enregistrer l’information, qui:<br />

• soit sera incorporée dans les cartes<br />

<strong>participative</strong>s (par exemple les savoirs,<br />

l’historique et les anecdotes concernant<br />

les aspects fonciers locaux);<br />

• soit documentera le processus de<br />

cartographie lui-même (par exemple, des<br />

informations sur les activités d’un projet<br />

de cartographie et les problèmes<br />

surmontés). Ce type de documentation est<br />

souvent réalisé pour satisfaire la demande<br />

des bailleurs de fonds <strong>du</strong> projet.<br />

Plusieurs techniques peuvent être employées,<br />

seules ou combinées, pour documenter les<br />

savoirs locaux et le processus de création<br />

des cartes <strong>participative</strong>s, allant de la simple<br />

prise de notes jusqu’à l’utilisation de la<br />

vidéo <strong>participative</strong>.<br />

Créer la carte et déterminer la légende<br />

Le temps et le travail requis pour pro<strong>du</strong>ire<br />

une carte dépendront <strong>du</strong> type de carte créée<br />

et des outils employés. Les détails de cette<br />

étape particulière dépassent le cadre <strong>du</strong><br />

présent rapport 15 .<br />

15 Les sources d’information relatives à la création pratique<br />

d’une carte <strong>participative</strong> sont les suivantes: Flavelle (2002) (en<br />

particulier pour les communautés d’habitants des forêts) et<br />

Tobias (2000) (en particulier pour les groupes autochtones). Le<br />

meilleur guide sur la modélisation tridimensionnelle<br />

<strong>participative</strong> est Rambaldi et Callosa-Tar (2002).<br />

32


Les compétences d’animation jouent un rôle<br />

important lorsqu’il s’agit de: générer divers<br />

points de vue, parvenir à un consensus sur les<br />

questions litigieuses et promouvoir la créativité<br />

et l’innovation. La préparation de la légende,<br />

en particulier le choix des caractéristiques à<br />

représenter et la façon dont elles sont<br />

représentées et définies textuellement,<br />

détermine en grande partie qui détiendra, en<br />

dernier ressort, la propriété intellectuelle de la<br />

carte ainsi que la nature <strong>du</strong> message final<br />

véhiculé par cette dernière et son utilité dans<br />

le processus (Rambaldi, 2005).<br />

Analyser et évaluer l’information présentée<br />

sur la carte<br />

Une fois qu’une communauté a créé une carte,<br />

il est important que les animateurs con<strong>du</strong>isent<br />

un débat pour évaluer et vérifier la qualité<br />

et l’exhaustivité globales des données<br />

cartographiées et contrôler leur exactitude et<br />

leur pertinence (voir la section “Garantir le<br />

contrôle par les communautés” au chapitre 2).<br />

Cette étape revêt une importance particulière<br />

si la carte:<br />

• a été partiellement réalisée par des<br />

personnes de l’extérieur; ou bien<br />

• a été réalisée par un seul groupe de la<br />

communauté (par exemple, les jeunes);<br />

ou bien<br />

• a quitté la communauté à un moment<br />

donné de son processus de pro<strong>du</strong>ction.<br />

À ce stade, les membres de la communauté<br />

(même s’ils n’ont pas directement participé au<br />

processus de pro<strong>du</strong>ction de la carte) devraient<br />

avoir le droit de compléter, de retirer ou de<br />

modifier les informations qui y sont présentées.<br />

Établir un mécanisme de suivi<br />

Pendant cette phase de cartographie, le<br />

personnel de projet devrait commencer à<br />

définir des indicateurs tangibles des effets et<br />

changements découlant directement des<br />

activités de cartographie. Ces indicateurs<br />

devraient être suivis dans le cadre d’un<br />

processus participatif à plusieurs niveaux; des<br />

mécanismes favorisant la remontée de<br />

l’information devaient être mis en place pour<br />

améliorer le processus et, ainsi, optimiser<br />

l’impact et contrecarrer les risques inatten<strong>du</strong>s.<br />

Les indicateurs devraient être directement liés<br />

aux objectifs définis dans la sous-section<br />

“Déterminer le(s) objectif(s) de la cartographie”<br />

et devraient viser à qualifier ou à quantifier les<br />

effets imputables aux projets et activités de<br />

cartographie. Par exemple, si l’objectif est<br />

de retrouver les frontières ancestrales d’un<br />

groupe d’habitants des forêts, les indicateurs<br />

comprendront évidemment la transposition<br />

des frontières sur une carte. Mais d’autres<br />

éléments, relatifs à des impacts des activités de<br />

cartographie moins évidents, devraient<br />

également être pris en compte. Par exemple,<br />

les frontières tracées sur la carte ont-elles l’aval<br />

de tous les groupes de la communauté? Les<br />

communautés voisines sont-elles d’accord avec<br />

l’emplacement de la frontière?<br />

Certains indicateurs sont directement liés<br />

aux changements in<strong>du</strong>its par les activités<br />

de cartographie. On peut citer par exemple: les<br />

changements subis par les personnes (par<br />

exemple, les compétences et connaissances<br />

acquises dans le cadre <strong>du</strong> projet de cartographie<br />

ont permis à certains de jouer un rôle différent<br />

dans les processus communautaires de prise<br />

de décision); les changements subis par les<br />

communautés (par exemple, une communauté<br />

a désormais une gestion cohésive et fondée sur<br />

le consensus ou bien dispose d’un plan de<br />

communication susceptible d’orienter les<br />

futures négociations liées aux ressources); les<br />

changements <strong>du</strong> rôle qu’une communauté<br />

pourrait jouer en influençant des événements<br />

concernant plus largement sa région (par<br />

exemple, une carte pro<strong>du</strong>ite par une<br />

communauté a été utilisée pour influencer les<br />

décisions des pouvoirs publics relatives à la<br />

terre ou à une ressource, dans un sens bénéfique<br />

pour la communauté).<br />

33


Des membres de la communauté décrivent<br />

le processus de cartographie <strong>participative</strong> à<br />

Abuzad, Nord-Kordofan, Soudan.<br />

© J.Corbett<br />

Liste de contrôle de la phase 3<br />

A-t-on organisé une réunion communautaire pour débattre des questions évoquées ci-dessous?<br />

Les membres de la communauté sont-ils suffisamment informés sur la cartographie <strong>participative</strong><br />

(qu’est-ce qu’une carte et comment les cartes sont-elles pro<strong>du</strong>ites et utilisées)?<br />

Les membres de la communauté connaissent-ils les différents outils disponibles (depuis les croquis<br />

topographiques jusqu’aux systèmes de cartographie informatisés sophistiqués, le cas échéant)?<br />

Les membres de la communauté ont-ils compris clairement le processus requis pour créer la carte (le<br />

temps, le travail et les ressources nécessaires)?<br />

Les membres de la communauté ont-ils clairement compris les applications potentielles des cartes<br />

(ces applications font-elles partie d’une stratégie précise, de plus vaste portée)?<br />

Toutes les parties prenantes <strong>du</strong> projet de cartographie <strong>participative</strong> ont-elles con<strong>du</strong>it un débat<br />

pour définir et préciser les risques associés au fait de cartographier les terres?<br />

Les membres de la communauté ont-ils eu la possibilité de déterminer ou bien d’étoffer les objectifs<br />

des activités de cartographie?<br />

Cette démarche a-t-elle été con<strong>du</strong>ite en collaboration avec tous les groupes de la communauté<br />

(en particulier les femmes et les autres groupes vulnérables)?<br />

Les membres de la communauté ont-ils choisi des représentants appelés à bénéficier d’une<br />

formation sur cette activité?<br />

Les membres de la communauté sélectionnés ont-ils reçu une formation?<br />

Les besoins, en termes de documentation <strong>du</strong> projet, ont-ils été définis?<br />

Existe-t-il des ressources disponibles pour documenter convenablement le processus?<br />

La carte a-t-elle été pro<strong>du</strong>ite?<br />

Les membres de la communauté ont-ils établi la légende?<br />

Les membres de la communauté ont-ils eu la possibilité de vérifier et de modifier la carte et son contenu?<br />

Les membres de la communauté commencent-ils à employer des indicateurs de suivi et à évaluer<br />

l’impact <strong>du</strong> projet?<br />

34


Phase 4: utilisation des cartes et<br />

prise de décisions<br />

Utiliser les cartes pour appuyer les initiatives<br />

de gestion des ressources naturelles<br />

des communautés<br />

L’analyse de l’information présentée sur les<br />

cartes aide les membres des communautés à<br />

mieux évaluer leur situation. La meilleure<br />

appréhension de leurs problèmes, de leurs défis<br />

et de leurs potentiels aide les communautés à<br />

gérer leurs ressources naturelles locales plus<br />

efficacement. Les cartes peuvent être utilisées<br />

tant pour les prises de décision que pour établir<br />

des priorités entre les interventions requises<br />

pour garantir l’accès aux ressources naturelles<br />

et leur gestion. Il est donc important que les<br />

praticiens <strong>du</strong> développement se penchent avec<br />

la communauté sur ces questions.<br />

Les praticiens ne devraient pas partir <strong>du</strong><br />

principe que les activités de cartographie<br />

donneront aux populations locales l’aptitude à<br />

générer et à mettre en œuvre des solutions<br />

efficaces. Bien que les populations locales soient<br />

souvent les mieux informées des besoins et<br />

problèmes locaux, elles ne sont pas toujours<br />

en mesure de comprendre les causes et de<br />

générer des solutions viables, en particulier si le<br />

niveau d’instruction général est bas et si elles<br />

ignorent les idées et expériences des autres. On<br />

risque aussi de favoriser les solutions biaisées,<br />

proposées par la majorité ou par les élites, ne<br />

prenant pas dûment en compte les intérêts des<br />

minorités de la communauté. Toutefois, les<br />

populations locales restent les mieux placées<br />

pour concevoir, en termes pratiques, une<br />

stratégie de gestion des ressources et pour<br />

piloter les intérêts concurrents. Les cartes<br />

peuvent devenir un outil important, en<br />

contribuant à localiser les ressources clés et en<br />

définissant les unités de gestion et les besoins<br />

associés (par exemple, un régime de récolte ou<br />

une finalité de conservation). On a obtenu ce<br />

type de résultat en Indonésie, où les activités de<br />

cartographie <strong>participative</strong> ont jeté les bases pour<br />

des inventaires des ressources communautaires,<br />

lesquels ont fourni les éléments nécessaires à<br />

l’élaboration de plans de gestion.<br />

Les animateurs peuvent épauler le processus<br />

de diverses manières: en intro<strong>du</strong>isant de nouvelles<br />

idées dans les débats; en fournissant des<br />

informations sur les stratégies ayant fait leurs<br />

preuves ailleurs; en présentant des personnes<br />

provenant de l’extérieur susceptibles de donner<br />

des conseils spécialisés; et en jouant le rôle d’amis<br />

critiques qui veillent à la prise en compte des<br />

aspects juridiques, administratifs et sécuritaires.<br />

Communiquer l’information de la<br />

cartographie aux parties prenantes<br />

Les cartes sont des outils visuels puissants et<br />

conviviaux, remarquablement efficaces pour<br />

communiquer les connaissances locales. Elles<br />

utilisent un langage aisément compréhensible,<br />

qui peut être interprété par des personnes de<br />

tous les horizons, qu’il s’agisse de membres de la<br />

communauté, de chercheurs ou de fonctionnaires.<br />

L’utilisation des cartes pro<strong>du</strong>ites par les<br />

communautés pour transmettre l’information<br />

qu’elles contiennent constitue une composante<br />

Figure 8: Utilisation des cartes et prise de décisions<br />

Phase<br />

d’évaluation<br />

Phase de conception<br />

<strong>du</strong> projet<br />

Phase de préparation<br />

de la cartographie<br />

• Appuyer les<br />

initiatives de gestion<br />

des ressources<br />

naturelles<br />

• Communiquer avec<br />

les parties prenantes<br />

• Influencer<br />

la planification<br />

Phase d’utilisation<br />

des cartes<br />

Phase de<br />

cartographie<br />

35


très importante <strong>du</strong> processus de cartographie<br />

participatif, mais c’est aussi une des tâches les<br />

plus complexes et les plus difficiles à réussir.<br />

Si une communauté a consacré <strong>du</strong> temps<br />

et de l’énergie à la création d’une carte, il est<br />

important qu’elle voie que son investissement<br />

a été utilisé à bon escient et que les cartes<br />

concourent à la réalisation des objectifs définis<br />

par la communauté. L’utilisation des cartes doit<br />

faire partie intégrante d’une stratégie précise,<br />

de plus vaste portée. Toutefois, d’autres<br />

utilisations potentielles feront leur apparition<br />

et se développeront au fil <strong>du</strong> temps, dès que<br />

les membres de la communauté auront mieux<br />

compris comment les cartes peuvent être<br />

utilisées et une fois que de nouvelles<br />

circonstances d’application possible des cartes<br />

feront leur apparition.<br />

La carte, en elle-même, ne permet pas de<br />

résoudre les problèmes fonciers. Mais,<br />

lorsqu’elle est incorporée dans une stratégie de<br />

communication précise et en fait partie intégrante,<br />

il est beaucoup plus probable que sa contribution<br />

à la stratégie déclenche le changement. L’utilisation<br />

fructueuse de la carte est aussi directement<br />

liée à l’existence de conditions législatives et<br />

politiques propices ou non propices 16 .<br />

Après sa création, la carte est souvent ren<strong>du</strong>e<br />

publique, ce qui transforme les connaissances<br />

locales en connaissances publiques et,<br />

éventuellement, les fait échapper au contrôle<br />

local. Il est important que les communautés soient<br />

conscientes de ce point et s’efforcent d’élaborer<br />

une série de règles permettant de contrôler la<br />

façon dont la carte est utilisée et diffusée (voir<br />

la section “Défendre la propriété intellectuelle<br />

des communautés” au chapitre 2). Les membres<br />

des communautés doivent préciser clairement<br />

qui utilisera la carte finale et qui en autorisera<br />

l’utilisation. La propriété de la carte a posé des<br />

problèmes critiques et récurrents dans un grand<br />

nombre d’initiatives de cartographie <strong>participative</strong>.<br />

Les questions liées à la collecte et utilisation<br />

des connaissances générées lors de processus<br />

de cartographie <strong>participative</strong> – ainsi qu’à<br />

l’élaboration d’une stratégie de communication<br />

<strong>participative</strong> – seront examinées en détail<br />

dans une publication à venir 17 .<br />

Relier les résultats aux processus de<br />

planification de plus vaste portée<br />

Il incombe aux intermédiaires <strong>du</strong> projet<br />

d’utiliser l’information contenue dans les cartes<br />

et issue des débats connexes pour identifier<br />

les domaines de synergie et de convergence<br />

avec les cadres de planification existant à des<br />

niveaux décisionnels supérieurs, ainsi que<br />

pour réaliser les objectifs fixés dans la stratégie<br />

de communication (voir la sous-section<br />

précédente); et ce, en particulier s’ils<br />

représentent des organisations publiques ou<br />

non gouvernementales chargées de travailler<br />

avec les communautés locales. Si ce type de<br />

liens peut être démontré, l’information pro<strong>du</strong>ite<br />

dans la communauté pourrait contribuer à<br />

influencer les décisions – concernant la gestion<br />

des ressources naturelles et les investissements –<br />

prises à ces niveaux décisionnels supérieurs.<br />

Les cartes en tant qu’outils participatifs<br />

d’évaluation de projets<br />

Les cartes peuvent aussi faciliter l’évaluation<br />

<strong>participative</strong> des projets/initiatives en cours<br />

d’exécution. Un exemple en est donné par<br />

l’utilisation de la cartographie <strong>participative</strong> dans<br />

l’évaluation de deux projets d’autonomisation<br />

des communautés, exécutés par Bharitiya<br />

Seva Ashram (BJSA) et Chitrakoot Seva Ashram<br />

(CSA) 18 dans l’Uttar Pradesh, en Inde, avec<br />

l’appui de la Coalition internationale pour<br />

l’accès à la terre. L’évaluation a été con<strong>du</strong>ite en<br />

février et mars 2008 dans 13 villages. La<br />

cartographie <strong>participative</strong> a été utilisée aussi<br />

bien pour évaluer dans quelle mesure les<br />

communautés étaient informées sur les<br />

questions foncières et sur la disponibilité<br />

des terres, que pour repérer les terres accaparées<br />

par les élites. Les cartes ont donné une<br />

représentation visuelle de l’impact<br />

des projets – en termes de sécurisation des<br />

droits fonciers des groupes marginaux – et<br />

ont stimulé l’échange de l’information. Grâce<br />

aux cartes, les villageois ont pu mettre en<br />

évidence les terres redistribuées et celles qui<br />

étaient encore possédées illégalement 19 .<br />

16 Cette question est abordée plus en détail dans <strong>FIDA</strong> (2009).<br />

17 Cette publication, qui n’a pas encore de titre, est en<br />

cours de rédaction dans le cadre <strong>du</strong> projet: Expérimentation<br />

de la méthode de cartographie <strong>participative</strong> <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong><br />

applicable à certains systèmes de subsistance (éleveurs,<br />

peuples autochtones, habitants des forêts) moyennant des<br />

dispositifs innovants de jumelage.<br />

18 BJSA et CSA sont des organisations à assise<br />

communautaire qui s’occupent des droits fonciers et sont<br />

appuyées par la Coalition internationale pour l’accès à la terre.<br />

19 On trouvera un complément d’information sur ces études de<br />

cas dans une prochaine publication.<br />

36


Évaluation <strong>participative</strong> dans un projet d’autonomisation des<br />

communautés pour l’accès à la terre, Uttar Pradesh, Inde.<br />

© B. Codispoti/ILC<br />

Liste de contrôle de la phase 4<br />

La carte est-elle utilisée pour aider les membres de la communauté à mieux évaluer leur situation,<br />

à mieux appréhender les problèmes, défis et potentiels caractérisant leur communauté et à être ainsi<br />

mieux armés pour gérer leurs ressources naturelles locales?<br />

Les cartes ont-elles été utilisées pour appuyer la prise de décisions?<br />

L’équipe de gestion <strong>du</strong> projet a-t-elle facilité une évaluation structurée de ces questions?<br />

Les cartes ont-elles été utilisées dans une arène publique ou présentées à un niveau de<br />

décision supérieur?<br />

37


Phase 5: évaluation<br />

Le suivi et évaluation <strong>du</strong> processus de<br />

cartographie <strong>participative</strong> par les parties prenantes<br />

devrait être entrepris à trois niveaux: la<br />

communauté, les intermédiaires <strong>du</strong> projet et les<br />

pouvoirs publics (locaux, de district et nationaux).<br />

Les communautés évaluent l’utilité<br />

de la cartographie<br />

Les effets des activités de cartographie<br />

<strong>participative</strong> sur la cohésion et l’autonomisation<br />

des communautés, dans les domaines de la<br />

gestion des ressources et de la prise de décision<br />

devraient être suivis et évalués par les membres<br />

des communautés. Cette évaluation devrait être<br />

con<strong>du</strong>ite dans le cadre d’un mécanisme<br />

communautaire d’auto-évaluation permettant<br />

aux membres d’examiner l’utilité <strong>du</strong> processus<br />

de cartographie <strong>participative</strong>, ses faiblesses et<br />

les mesures à prendre. Cette démarche aidera<br />

l’unité de gestion <strong>du</strong> projet et les entités<br />

chargées de l’exécution à perfectionner le<br />

processus de cartographie (et à repérer<br />

éventuellement les composantes <strong>participative</strong>s<br />

additionnelles requises pour faciliter les activités<br />

de cartographie). Ce type d’évaluation fournira<br />

des éléments utiles aux fins de la transposition<br />

de la méthodologie à plus grande échelle.<br />

L’échange d’information et l’apprentissage<br />

horizontaux – consistant à rassembler les<br />

communautés afin qu’elles débattent de leur<br />

expérience en matière de cartographie –<br />

constituent aussi un mécanisme utile pour<br />

analyser et incorporer les principaux résultats<br />

et évaluer le changement global et les effets plus<br />

éten<strong>du</strong>s <strong>du</strong> projet. Il suffit pour cela de réunir<br />

plusieurs communautés (par exemple à l’échelon<br />

régional ou à l’échelle d’un bassin versant) ou,<br />

plus simplement, deux à trois communautés (le<br />

nombre dépendra des objectifs généraux <strong>du</strong><br />

projet de cartographie et <strong>du</strong> budget). Le Centre<br />

pour la recherche forestière internationale<br />

(CIFOR) a organisé un atelier de formation sur<br />

la cartographie <strong>participative</strong>, rassemblant plus<br />

de 20 communautés <strong>du</strong> même bassin versant à<br />

Kalimantan Est, en Indonésie, au démarrage<br />

d’un grand projet couvrant l’ensemble <strong>du</strong> bassin<br />

versant. Les participants ont travaillé ensemble<br />

pendant quatre jours avant de rentrer dans leur<br />

communauté pour entreprendre des activités de<br />

cartographie. Les échanges suivants ont consisté à<br />

réunir les communautés pour qu’elles travaillent<br />

directement à la définition de frontières<br />

mutuellement acceptables, qui ont ensuite été<br />

tracées sur la carte. Une dernière réunion s’est<br />

tenue à la fin <strong>du</strong> projet pour présenter les<br />

résultats des cartes au gouvernement et aux autres<br />

communautés. Les cartes elles-mêmes, les récits<br />

personnels retranscrits dans des journaux et les<br />

expériences des intermédiaires <strong>du</strong> projet associés<br />

à l’appui aux communautés ont tous étés<br />

partagés à l’occasion de cette ultime réunion.<br />

Ces activités d’échange horizontal nécessiteront<br />

une formation complémentaire des membres des<br />

communautés dans plusieurs domaines, tels que<br />

l’animation, la planification des sessions et les<br />

techniques d’interview, pour n’en mentionner que<br />

quelques-uns. De plus, des ressources devront être<br />

affectées à cette activité au démarrage <strong>du</strong> projet.<br />

Figure 9: Phase d’évaluation<br />

Phase<br />

d’évaluation<br />

Phase d’utilisation<br />

des cartes<br />

Phase de conception<br />

<strong>du</strong> projet<br />

Phase de<br />

cartographie<br />

Phase de préparation<br />

de la cartographie<br />

• Évaluation par<br />

l’unité de gestion<br />

de projet<br />

• Évaluation par<br />

les communautés<br />

• Évaluation<br />

administrative<br />

• <strong>Cartographie</strong><br />

après-projet<br />

38


Unité de gestion <strong>du</strong> projet et missions<br />

d’évaluation dans le pays<br />

Idéalement, un système de suivi devrait être mis<br />

en place dans l’unité de gestion <strong>du</strong> projet au<br />

démarrage des activités de gestion <strong>participative</strong>.<br />

Il devrait comprendre un mécanisme de<br />

remontée de l’information facilitant<br />

l’amélioration des activités et devrait faire partie<br />

intégrante <strong>du</strong> système global de gestion des<br />

résultats et de l’impact <strong>du</strong> projet. Le système de<br />

suivi comportera un travail de réflexion et<br />

d’évaluation portant sur les résultats <strong>du</strong> projet<br />

de cartographie, dont l’objectif est de donner un<br />

aperçu de certains des impacts sociaux qui<br />

pourraient ne pas être visibles immédiatement<br />

ni être quantifiables (voir la sous-section<br />

“Définir le mécanisme de suivi” de la “Phase de<br />

préparation de la cartographie” dans le présent<br />

chapitre). Les premières idées peuvent être<br />

enregistrées dans un journal ou sur une vidéo<br />

ou être exprimées et ajoutées collectivement<br />

sur un blog ou un wiki (sous réserve de la<br />

disponibilité des nouvelles technologies).<br />

Les groupes et animateurs communautaires<br />

devraient con<strong>du</strong>ire régulièrement des<br />

consultations avec le personnel <strong>du</strong> projet. Cette<br />

étape exigera que des activités de formation et<br />

des ressources supplémentaires soient planifiées<br />

pendant la phase de conception <strong>du</strong> projet. Les<br />

critères relatifs au suivi et évaluation, élaborés et<br />

validés pendant la phase de préparation de la<br />

cartographie, devraient être communiqués aux<br />

missions d’évaluation dépêchées dans le pays,<br />

afin que ces dernières puissent évaluer les<br />

résultats et l’impact des activités de cartographie<br />

<strong>participative</strong> <strong>du</strong> projet. Les missions<br />

devraient ensuite être en mesure de recenser<br />

éventuellement les possibilités, problèmes ou<br />

risques et de proposer les ajustements<br />

nécessaires dans leurs recommandations.<br />

Évaluation administrative des changements<br />

généraux observés aux niveaux politique<br />

et décisionnel<br />

Le suivi dans ce domaine sera centré sur la<br />

contribution des activités de cartographie à la<br />

concertation sur les politiques générales et aux<br />

stratégies sous-tendant le développement local<br />

aux échelons <strong>du</strong> district, de la région ou <strong>du</strong> pays.<br />

Les indicateurs peuvent concerner des aspects<br />

tels que la réforme effective de la législation, les<br />

changements apportés aux mécanismes de<br />

gouvernance (prise de décisions) et l’application<br />

des politiques, pour n’en citer que quelques-uns.<br />

Ils dépendront de l’échelle, de la portée et<br />

de la finalité <strong>du</strong> projet de cartographie.<br />

<strong>Cartographie</strong> après-projet<br />

La phase de cartographie après-projet se déroule<br />

à la fin, voire même après la clôture, d’un<br />

projet <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong>. Elle consiste à: réexaminer<br />

les principaux impacts que les activités de<br />

cartographie <strong>participative</strong> – ainsi que la<br />

communication et les processus décisionnels<br />

associés – ont eu sur la communauté;<br />

déterminer si les effets et impacts escomptés<br />

continuent à être générés.<br />

À la différence des autres composantes de la<br />

phase d’évaluation, cette étape utilise les cartes<br />

pour illustrer le changement. Ces cartes peuvent<br />

être directement comparées à celles qui ont été<br />

créées au début <strong>du</strong> projet pour donner une<br />

représentation visuelle <strong>du</strong> changement. La phase<br />

met aussi à contribution les autres médias,<br />

matériels de communication et processus de prise<br />

de décision qui sont au cœur <strong>du</strong> présent manuel.<br />

Liste de contrôle de la phase 5<br />

A-t-on mis en place un mécanisme de suivi dès le démarrage des activités de cartographie <strong>participative</strong>?<br />

Existe-t-il des mécanismes de remontée de l’information pour contribuer à améliorer les activités<br />

de cartographie?<br />

Les groupes et les animateurs communautaires tiennent-ils régulièrement des consultations<br />

avec le personnel <strong>du</strong> projet?<br />

Les communautés ont-elles eu la possibilité d’évaluer l’utilité des activités de cartographie?<br />

L’équipe de gestion <strong>du</strong> projet a-t-elle facilité les activités d’échange d’informations et d’apprentissage<br />

horizontales et verticales?<br />

A-t-on con<strong>du</strong>it des évaluations au niveau de la gestion <strong>du</strong> projet et au niveau des partenaires?<br />

A-t-on organisé et con<strong>du</strong>it une activité de cartographie après projet?<br />

39


4. Conclusion<br />

La présente brochure est le deuxième rapport<br />

d’une série en deux parties consacrée à<br />

l’utilisation, aux outils, aux principes<br />

fondamentaux et à la conception des initiatives<br />

de cartographie <strong>participative</strong> dans les projets<br />

bénéficiant d’une aide <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong>. Elle examine en<br />

détail le processus de conception, préparation,<br />

exécution et évaluation d’une initiative de<br />

cartographie <strong>participative</strong> dans le contexte <strong>du</strong><br />

<strong>FIDA</strong>. Elle expose les principes généraux ainsi<br />

que les mécanismes pratiques propres à la<br />

conception d’une approche évolutive de la<br />

cartographie <strong>participative</strong>. Il s’agit d’un<br />

document “vivant”, c’est-à-dire susceptible de<br />

changer lorsque les questions traitées se<br />

présenteront sous un nouvel éclairage.<br />

Ce rapport, ainsi que l’étude <strong>Cartographie</strong><br />

<strong>participative</strong> et bonnes pratiques (<strong>FIDA</strong>, 2009),<br />

fournissent une série d’outils et d’informations<br />

visant à faciliter la con<strong>du</strong>ite des processus de<br />

cartographie <strong>participative</strong>. De plus, dans le cadre<br />

de la phase II <strong>du</strong> projet Expérimentation de la<br />

méthode de cartographie <strong>participative</strong> <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong><br />

applicable à certains systèmes de subsistance<br />

(éleveurs, peuples autochtones, habitants des<br />

forêts) moyennant des dispositifs innovants de<br />

jumelage, deux autres publications sont en<br />

cours de préparation: la première s’intéressera à<br />

l’élaboration de stratégies de communication<br />

<strong>participative</strong>s pour appuyer la gestion des<br />

savoirs générés par les processus de cartographie<br />

<strong>participative</strong>, tandis que la seconde portera<br />

sur le suivi et évaluation participatifs de ces<br />

processus. Les deux publications visent à<br />

appuyer et à compléter la mise en œuvre de<br />

l’approche évolutive de la cartographie<br />

<strong>participative</strong> adoptée par le <strong>FIDA</strong>.<br />

40


Annexe<br />

Listes de contrôle pour<br />

la conception <strong>du</strong> projet<br />

Phase 1<br />

A-t-on réalisé une analyse de la situation?<br />

L’analyse a-t-elle examiné les signes distinctifs suivants: ethnie, sexe, appartenance à un groupe<br />

autochtone, et la reconnaissance juridique de ces catégories?<br />

A-t-on identifié les principales questions liées à la gestion des ressources naturelles dans le<br />

contexte de moyens d’existence déterminés?<br />

A-t-on con<strong>du</strong>it une évaluation préliminaire pour définir les méthodes de cartographie appropriées?<br />

A-t-on inventorié les collaborateurs/partenaires?<br />

Les ressources requises pour entreprendre les activités de cartographie <strong>participative</strong> ont-elles<br />

été affectées?<br />

Phase 2<br />

Les questions et approches définies pendant la phase de conception <strong>du</strong> projet sont-elles<br />

encore pertinentes?<br />

Les outils de cartographie sélectionnés répondent-ils effectivement aux besoins de la communauté?<br />

A-t-on identifié et contacté les intermédiaires qui animeront les activités de cartographie <strong>participative</strong>?<br />

Les besoins en formation définis pendant la phase de conception <strong>du</strong> projet sont-ils encore<br />

applicables? Faut-il les étoffer ou les modifier?<br />

A-t-on établi des plans et mobilisé des ressources pour faire en sorte que la formation soit régulière<br />

et adaptée à la nature évolutive des outils et projets de cartographie <strong>participative</strong>?<br />

A-t-on défini une série de données de référence et de critères préliminaires pour le suivi?<br />

Les membres de la communauté ont-ils été associés au choix de ces critères et indicateurs?<br />

A-t-on achevé la formation indispensable des animateurs de la cartographie?<br />

Cette formation comprenait-elle une composante de sensibilisation à la problématique<br />

hommes-femmes?<br />

Phase 3<br />

A-t-on organisé une réunion communautaire pour débattre des questions évoquées ci-dessous?<br />

Les membres de la communauté sont-ils suffisamment informés sur la cartographie <strong>participative</strong><br />

(qu’est-ce qu’une carte et comment les cartes sont-elles pro<strong>du</strong>ites et utilisées)?<br />

Les membres de la communauté connaissent-ils les différents outils disponibles (depuis les croquis<br />

topographiques jusqu’aux systèmes de cartographie informatisés sophistiqués, le cas échéant)?<br />

Les membres de la communauté ont-ils compris clairement le processus requis pour créer la carte<br />

(le temps, le travail et les ressources nécessaires)?<br />

Les membres de la communauté ont-ils clairement compris les applications potentielles des cartes<br />

(ces applications font-elles partie d’une stratégie précise, de plus vaste portée)?<br />

41


Annexe<br />

Toutes les parties prenantes <strong>du</strong> projet de cartographie <strong>participative</strong> ont-elles con<strong>du</strong>it un débat<br />

pour définir et préciser les risques associés au fait de cartographier les terres?<br />

Les membres de la communauté ont-ils eu la possibilité de déterminer ou bien d’étoffer les objectifs<br />

des activités de cartographie?<br />

Cette démarche a-t-elle été con<strong>du</strong>ite en collaboration avec tous les groupes de la communauté<br />

(en particulier les femmes et les autres groupes vulnérables)?<br />

Les membres de la communauté ont-ils choisi des représentants appelés à bénéficier d’une formation<br />

sur cette activité?<br />

Les membres de la communauté sélectionnés ont-ils reçu une formation?<br />

Les besoins, en termes de documentation <strong>du</strong> projet, ont-ils été définis?<br />

Existe-t-il des ressources disponibles pour documenter convenablement le processus?<br />

La carte a-t-elle été pro<strong>du</strong>ite?<br />

Les membres de la communauté ont-ils établi la légende?<br />

Les membres de la communauté ont-ils eu la possibilité de vérifier et de modifier la carte et<br />

son contenu?<br />

Les membres de la communauté commencent-ils à employer des indicateurs de suivi et à évaluer<br />

l’impact <strong>du</strong> projet?<br />

Phase 4<br />

La carte est-elle utilisée pour aider les membres de la communauté à mieux évaluer leur situation, à<br />

mieux appréhender les problèmes, défis et potentiels caractérisant leur communauté et à être ainsi<br />

mieux armés pour gérer leurs ressources naturelles locales?<br />

Les cartes ont-elles été utilisées pour appuyer la prise de décisions?<br />

L’équipe de gestion <strong>du</strong> projet a-t-elle facilité une évaluation structurée de ces questions?<br />

Les cartes ont-elles été utilisées dans une arène publique ou présentées à un niveau de<br />

décision supérieur?<br />

Phase 5<br />

A-t-on mis en place un mécanisme de suivi dès le démarrage des activités de cartographie<br />

<strong>participative</strong>?<br />

Existe-t-il des mécanismes de remontée de l’information pour contribuer à améliorer les activités de<br />

cartographie?<br />

Les groupes et les animateurs communautaires tiennent-ils régulièrement des consultations<br />

avec le personnel <strong>du</strong> projet?<br />

Les communautés ont-elles eu la possibilité d’évaluer l’utilité des activités de cartographie?<br />

L’équipe de gestion <strong>du</strong> projet a-t-elle facilité les activités d’échange d’informations et d’apprentissage<br />

horizontales et verticales?<br />

A-t-on con<strong>du</strong>it des évaluations au niveau de la gestion <strong>du</strong> projet et au niveau des partenaires?<br />

A-t-on organisé et con<strong>du</strong>it une activité de cartographie après projet?<br />

42


Bibliographie<br />

Canadian Institutes of Health Research, CIHR guidelines for health research involving aboriginal people,<br />

Ottawa (Canada), mai 2007.<br />

Chapin, M., M. Lamb et B. Threlkeld, “Mapping indigenous land”, Annual Review of Anthropology, 34:<br />

619-638, 2005.<br />

Commission des droits de l’homme des Nations Unies, Sous-commission de la promotion et de la<br />

protection des droits de l’homme, Groupe de travail sur les populations autochtones, Vingt-deuxième<br />

session, 13-19 juillet, Genève (Suisse), 2004.<br />

<strong>FIDA</strong>, Cadre stratégique <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> 2007-2010, Rome (Italie), 2007.<br />

<strong>FIDA</strong>, <strong>Cartographie</strong> <strong>participative</strong> et bonnes pratiques, Rome (Italie), 2009.<br />

Flavelle, A., Mapping our land: A guide to making maps of our own communities and traditional lands,<br />

Edmonton, Lone Pine Foundation, 2002.<br />

Rambaldi, G., “Who owns the map legend?“ URISA Journal, 17: 5-13, 2005.<br />

Rambaldi, G., et J. Callosa-Tarr, Participatory 3-dimensional modelling: Guiding principles and application, Los<br />

Baños, Laguna, Philippines, ASEAN Regional Centre for Biodiversity Conservation (ARCBC), 2002.<br />

Rambaldi, G., R. Chambers, M. McCall et J. Fox, Practical ethics for PGIS practitioners, facilitators, technology<br />

intermediaries and researchers. Participatory Learning and Action (Institut international pour<br />

l’environnement et le développement [IIED]), Londres (Royaume-Uni), 54: 106-113, 2006.<br />

Tobias, T. (2000) Chief Kerry’s moose: A guidebook to land use and occupancy mapping, research design and<br />

data collection, Vancouver, Ecotrust, www.nativemaps.org/chiefkerrysmoose/.<br />

Documents de projets <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong><br />

Kenya<br />

Projet pilote de gestion des ressources naturelles dans le secteur est <strong>du</strong> Mont Kenya, Rapport de la mission<br />

de supervision, 3-15 septembre 2006.<br />

Mali<br />

Rapport et recommandation <strong>du</strong> Président au Conseil d’administration concernant une proposition de prêt à la<br />

République <strong>du</strong> Mali pour le programme d’investissement et de développement rural des régions <strong>du</strong> Nord Mali,<br />

Conseil d’administration <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong>, quatre-vingt-quatrième session, Rome (Italie), 18-20 avril 2005.<br />

Examen technique <strong>du</strong> rapport de formulation. République <strong>du</strong> Mali pour le programme d’investissement et<br />

de développement rural des régions <strong>du</strong> Nord Mali, TRC n° 20/04/PA: Mali 1131, Programme de fonds<br />

d’investissement rural dans les zones septentrionales, 2004.<br />

Soudan<br />

Volume I: Main report and appendices. Republic of the Sudan, Western Sudan Resources Management<br />

Programme appraisal report, Division Proche-Orient et Afrique <strong>du</strong> Nord, Département gestion des<br />

programmes, Rapport n° 1600, décembre 2004.<br />

Appraisal report working paper 2: Natural resources management Republic of the Sudan,Programme de<br />

gestion des ressources dans l’ouest <strong>du</strong> Soudan, 2004.<br />

Aide mémoire, République <strong>du</strong> Soudan, Programme de gestion des ressources dans l’ouest <strong>du</strong><br />

Soudan, prêt <strong>du</strong> <strong>FIDA</strong> 655-SD/UNOPS Project SUD/04/F01, mission de supervision de l’UNOPS,<br />

décembre 2006.<br />

43


Contact<br />

Sheila Mwanun<strong>du</strong><br />

Conseillère technique principale<br />

Gestion de l’environnement<br />

et des ressources naturelles<br />

Division consultative technique<br />

<strong>FIDA</strong><br />

Via Paolo di Dono, 44<br />

00142 Rome, Italie<br />

Téléphone: +39 06 54592031<br />

Courriel: s.mwanun<strong>du</strong>@ifad.org<br />

Katiuscia Fara<br />

Chef de projet<br />

Division consultative technique<br />

<strong>FIDA</strong><br />

Via Paolo di Dono, 44<br />

00142 Rome, Italie<br />

Téléphone: +39 06 54592082<br />

Courriel: k.fara@ifad.org


Fonds international de<br />

développement agricole<br />

Via Paolo di Dono, 44<br />

00142 Rome, Italie<br />

Téléphone: +39 06 54591<br />

Télécopie: +39 06 5043463<br />

Courriel: ifad@ifad.org<br />

www.ifad.org<br />

www.ruralpovertyportal.org<br />

août 2010

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