Peter Knoepfel Mirta Olgiati Politique de la mémoire ... - IDHEAP

MUSEE NATIONAL SUISSE 31
d’abord grâce à deux entretiens réalisés avec Mme. Pascale Meyer et M. Konrad Jaggi au
Musée national à Zurich, ensuite par la lecture de nombreux documents, brochures,
publications récents ayant trait au GMS. Il a ensuite été discuté par plusieurs cadres du MNS
ainsi que par son directeur, M. Andreas Spillmann.
Tous les aspects qui caractérisent la vie de cette institution complexe n’ont pas pu être
décrits dans ce cadre, le but étant plutôt de montrer le degré de difficulté que la détermination
de ce en quoi consiste le patrimoine national dans ce domaine représente et de souligner sa
forte interdépendance avec l’évolution historique, les moyens financiers à disposition et le
succès auprès du public. Les commentaires concernant le processus de mémorisation ou de
patrimonialisation des objets sensés représenter l’esprit helvétique au fil de l’histoire que nous
désirons mettre en relief sont d’ordre général et peuvent être résumés ainsi :
(1) La collection d’objets du MNS forme un tout est elle est pensée comme un
ensemble, car la conservation de tous ces objets répond à un seul et même
but. Cette collection est cependant le résultat d’une somme de collections
gérées sous forme de ressorts et répondant à des critères qui leur sont propres.
Alors qu’il est relativement aisé de décrire les critères de collection qui sont
propres à chaque catégorie d’objets faisant partie d’un même ressort, il
apparaît difficile de comprendre depuis l’extérieur s’il y a (ou quelle est) la
ligne directive générale de la politique de collection globale qui définit le
musée. Cet aspect ne caractérise par le MNS uniquement, mais est souvent
récurrent dans les musées historiques.
(2) Il apparaît ainsi qu’il n’est pas du tout aisé de définir de manière générale
quels sont les objets qui sont à même de représenter la mémoire helvétique.
Ce questionnement concerne tout particulièrement la période contemporaine
qui, comme nous l’avons constaté dans le domaine du patrimoine
documentaire, se caractérise par une augmentation exponentielle de la
production matérielle et par une mixtion de plus en plus flagrante non
seulement des supports, amis également des domaines (culturel, historique,
artistique). La mémoire nationale peut être représentée par n’importe quel
objet matériel, il faut donc choisir des lignes directrices en connaissance de
cause. Les collections bâties sur une politique consciente de ces questions
auront une cohérence et une unité beaucoup plus parlante à tout public. Il ne
s’agira plus d’un musée central qui se revendique un statut « national », il
s’agira d’une institution véritablement fédérative, que ce soit d’un point de
vue de la gestion, du réseau ou des contenus. Pour ce faire, le MNS entend
renforcer la collaboration avec d’autres institutions muséales via notamment
l’Association des musées suisses.
(3) La description faite dans ces pages montre qu’aucun acteur impliqué n’est
désigné comme étant un régulateur. Les décisions sont prises par les
opérateurs eux-mêmes, c’est-à-dire essentiellement par les
conservateurs·trices des collections. Dans le cadre des musées, un éventuel
régulateur devrait tenir compte des autres institutions muséales qui ont pour
mission de conserver une partie du patrimoine, notamment les musées
cantonaux.
(4) Pour les objets, au contraire de ce qui se passe avec les documents, il est
prévu que seulement une petite partie d’entre eux soit accessible au public.
Pour cette raison, le succès des expositions permanentes ou temporaires est
déterminant. Seulement la pointe de l’iceberg est visible, elle doit être