Peter Knoepfel Mirta Olgiati Politique de la mémoire ... - IDHEAP
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MUSEE NATIONAL SUISSE 23<br />
De manière générale, il apparaît que c’est grâce à l’augmentation <strong>de</strong>s subventions <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Confédération (en particulier entre 2002 et 2003), à l’entrée en jeu d’autres subventions ainsi<br />
qu’à l’augmentation <strong>de</strong>s dons et <strong>de</strong>s donations que les recettes ont augmenté <strong>de</strong>puis 2000 ; les<br />
subventions cantonales sont en nette diminution et les revenus d’exploitations, qui ont<br />
bénéficié <strong>de</strong> l’énorme succès <strong>de</strong> l’exposition temporaire « Leonardo da Vinci » organisée en<br />
2000 et prolongée jusqu’en 2001, ten<strong>de</strong>nt également à baisser <strong>de</strong>puis 2002. Au niveau <strong>de</strong>s<br />
charges, ce sont surtout celles du personnel, <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce et celles liées à l’exploitation et<br />
aux expositions qui ont augmenté. Il est en outre à noter que les dons et les legs ont plus que<br />
doublé en l’espace <strong>de</strong> 5 ans.<br />
2.2.2 Etu<strong>de</strong> du processus <strong>de</strong> mémorisation<br />
Les objets, comme les documents, entrent à faire part du patrimoine national dans le sens<br />
propre du terme lorsqu’ils sont pris en charge, conservés, documentés et valorisés par une<br />
institution publique. Cette partie du chapitre consacré au MNS applique le concept du<br />
processus <strong>de</strong> production <strong>de</strong> <strong>la</strong> mémoire à une institution muséale ; elle s’efforce <strong>de</strong> mettre en<br />
relief les caractéristiques du processus <strong>de</strong> mémorisation d’un objet, par comparaison au<br />
processus <strong>de</strong> mémorisation d’une information contenue dans un document 16 .<br />
2.2.2.1 Mémorisabilité<br />
Quelles sont les informations qu’il est possible <strong>de</strong> mémoriser lorsqu’on « patrimonialise »<br />
un objet, c’est-à-dire lorsqu’on fait entrer un objet dans <strong>la</strong> collection d’un musée<br />
national comme ceux du GMS ? De quel type d’informations ou <strong>de</strong> données s’agit-il ?<br />
Les musées appartenant au MNS, suivant les compétences que les fon<strong>de</strong>ments légaux leur<br />
confèrent, récoltent <strong>de</strong>s objets matériels qui, par <strong>la</strong> signification culturelle et historique<br />
auxquelles ils renvoient, permettent une reconstruction thématique d’une pério<strong>de</strong> donnée,<br />
mais également une interrogation sur ce qui crée l’i<strong>de</strong>ntité nationale. Ainsi, en Suisse, le<br />
choix a été fait <strong>de</strong> conserver <strong>de</strong>s objets matériels qui, par leur juxtaposition et par association<br />
d’idées, permettent d’accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s informations éloignées dans le temps et, en même temps,<br />
<strong>de</strong> réfléchir à <strong>de</strong>s questions i<strong>de</strong>ntitaires. Il a été en somme décidé que ce qui est mémorisable<br />
est un patrimoine matériel, mais que celui-ci donne ensuite accès à une mémoire immatérielle.<br />
Dans d’autres pays et dans d’autres cultures, il apparaît que le patrimoine culturel<br />
immatériel 17 est tout aussi, sinon plus, important que le patrimoine matériel : on s’efforce<br />
donc <strong>de</strong> conserver <strong>de</strong>s éléments immatériels du patrimoine. En République <strong>de</strong> Corée (Corée<br />
du Sud), par exemple, suite à l’occupation japonaise et à <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> Corée (1910-1945), une<br />
gran<strong>de</strong> partie du patrimoine matériel a été détruite. La Loi sur <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s biens culturels<br />
<strong>de</strong> 1962 s’est donc efforcée <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r un patrimoine immatériel lui aussi menacé <strong>de</strong><br />
disparition. Dans le cadre <strong>de</strong> cette loi, qui inventorie et numérote plusieurs centaines <strong>de</strong><br />
16 Certaines parties <strong>de</strong> ce chapitre ont trouvé <strong>de</strong>s éléments d’inspiration dans une présentation <strong>de</strong> Mme. Marie-<br />
C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Morand intitulée « Le point d’actualité : vers une nouvelle politique <strong>de</strong> <strong>la</strong> mémoire ? » qui a eu lieu le 13<br />
juin 2006 à l’<strong>IDHEAP</strong> dans le cadre du Séminaire pour spécialistes et cadres <strong>Politique</strong>s culturelles entre<br />
universalisme et sélection.<br />
17 La Convention pour <strong>la</strong> sauvegar<strong>de</strong> du patrimoine culturel immatériel <strong>de</strong> l’UNESCO du 17 octobre 2003<br />
définit le patrimoine culturel immatériel comme suit : « On entend par "patrimoine culturel immatériel" les<br />
pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les instruments, objets, artefacts<br />
et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus<br />
reconnaissent comme faisant partie <strong>de</strong> leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis <strong>de</strong><br />
génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction <strong>de</strong> leur milieu,<br />
<strong>de</strong> leur interaction avec <strong>la</strong> nature et <strong>de</strong> leur histoire, et leur procure un sentiment d'i<strong>de</strong>ntité et <strong>de</strong> continuité,<br />
contribuant ainsi à promouvoir le respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité culturelle et <strong>la</strong> créativité humaine. […] »