Peter Knoepfel Mirta Olgiati Politique de la mémoire ... - IDHEAP

ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES 11
préalable, si elles existent, changent cependant d’un canton à l’autre, ce qui rend la
patrimonialisation de ces données en partie aléatoire et sous l’entière responsabilité de
l’engagement d’individus isolés.
Il faut considérer néanmoins que la documentation collectionnée aux AFMH ou dans les
organes cantonaux compétents n’est pas uniquement d’ordre administratif. Il s’agit en effet de
documents qui possèdent une valeur essentielle et indispensable du point de vue historique,
sociologique et artistique et qui constituent une base pour des publications scientifiques et
pour la recherche universitaire. L’intérêt principal de mémoriser ces informations est par
conséquent d’ordre historique, scientifique, patrimonial, informatif et utilitaire.
2.1.2.2 Dignité à la mémorisation
La documentation concernant les travaux en partie subventionnés par la Confédération
qui a été mémorisée ne subit aucun tri successif. Il est donc admis qu’une fois qu’un dossier a
été constitué, il doit être archivé tel quel.
Dans le domaine de la documentation du patrimoine bâti, néanmoins, il existe une
multitude d’autres documents qui sont dignes d’être mémorisés, notamment ceux qui
possèdent une grande valeur informative d’un point de vue historique : il s’agit en particulier
de collections de photographies représentant des monuments, des constructions, des sites, des
sites archéologiques, mais aussi des montagnes, des paysages, ou alors des personnes, des
scènes de la vie quotidienne, des biens mobiliers (comme des voitures, des locomotives), etc.
Il peut s’agir également de dons et legs provenant des archives privées de personnalités ayant
été actives dans des institutions chargées de la sauvegarde du patrimoine bâti. Selon qu’il
s’agit d’une collection, résultat d’une politique active d’acquisition, d’un don ou d’un legs,
résultat d’une politique passive, les AFMH décident de commun accord avec leurs
responsables hiérarchiques si un fonds doit ou non être admis dans les archives de
l’institution.
Inévitablement, les critères de choix sont liés à une politique d’acquisition prise en charge
par les différents responsables des AFMH. Les critères de sélection se concentrent
premièrement sur l’analyse de la qualité d’une unité archivistique ou d’un fonds et
deuxièmement sur sa valeur informative ou documentaire en relation avec l’intérêt national
d’un bien. Un autre critère important de sélection est celui de la cohérence des fonds sur l’axe
temporel : la priorité est en effet donnée aux informations permettant de suivre l’évolution
d’une construction ou d’un paysage au fil des décennies. Il est par ailleurs intéressant de noter
que la valeur esthétique ou artistique d’un document entre en même ligne de compte (pour ce
qui concerne par exemple les collections de photographies). Le processus d’acceptation d’un
fonds aux AFMH est très formalisé et vise notamment à régler les questions liées aux droits
d’utilisation et à la protection des données.
Les nombreux changements qui ont caractérisé l’histoire des AFMH ont eu pour effet,
entre autres, que la politique de collection de l’institution a été modifiée au gré des
rattachements successifs à différentes instances. Ainsi, les Archives recèlent de nombreux
fonds qui ne correspondent pas aux thématiques et aux critères de qualité qui sont
actuellement appliqués. Ces fonds devraient par conséquent être réévalués et
rétrospectivement triés, d’autant plus qu’une partie d’entre eux a été déposée sans subir de
sélection préalable et sans être archivée selon les règles de l’art. Un autre problème à
résoudre, mais qui est de moindre ampleur, concerne la question des doublettes avec les
archives des cantons, cumulées surtout entre les années 60 et 90 lorsque le partage des
compétences archivistiques était flou et n’avait pas été affronté de manière systématique.