Peter Knoepfel Mirta Olgiati Politique de la mémoire ... - IDHEAP

Peter Knoepfel
Mirta Olgiati
Politique de la mémoire nationale
Compléments à l'étude de base
Rapport de l'IDHEAP 2007
Chaire Politiques publiques et durabilité

Institut de hautes études en administration publique
Unité de recherche : Politiques publiques et durabilité
Politique de la mémoire
Prof. Peter Knoepfel
Mirta Olgiati
Politique de la
mémoire nationale.
Compléments
à l’Etude de base
Cette étude constitue un complément au rapport :
- Peter Knoepfel, Mirta Olgiati, Politique de la mémoire nationale. Etude
de base. Idheap, UER : Politiques publiques et durabilité, Chavannesprès-Renens,
2005.
Chavannes-près-Renens
18 juin 2007

Avant-propos
Ce document, réalisé sur mandat de l’Office fédéral de la culture en accord avec M. Marc
Wehrlin, constitue un complément au rapport intitulé Politique de la mémoire. Etude de base,
effectué sur mandat de la Bibliothèque nationale suisse et publié en février 2005. Il constitue
la suite des études empiriques consacrées à des institutions nationales de sauvegarde du
patrimoine et complète l’étude de base avec un chapitre consacré aux pratiques d’archivage
d’une institution qui s’occupe de conserver la mémoire des monuments historiques, à savoir
les Archives fédérales des monuments historiques, et un deuxième chapitre qui étudie le
processus de patrimonialisation des objets, le Musée national suisse.

Table des matières
1 Introduction .............................................................................................................. 1
2 La mémoire du bâti et celle des objets.................................................................... 3
2.1 Les Archives fédérales des monuments historiques ...................................... 3
2.1.1 Présentation de l’institution.............................................................. 3
2.1.2 Etude du processus de mémorisation ............................................. 10
2.1.3 Commentaires................................................................................. 13
2.2 Le Musée national suisse ............................................................................. 15
2.2.1 Présentation de l’institution ........................................................... 15
2.2.2 Etude du processus de mémorisation............................................. 23
2.2.3 Commentaires ................................................................................ 30
3 Conclusion............................................................................................................... 33
4 Références ............................................................................................................... 35
4.1 Entretiens ..................................................................................................... 35
4.2 Sites Internet ................................................................................................ 35
4.3 Références bibliographiques........................................................................ 36
4.4 Références législatives................................................................................. 38
5 Annexe : questionnaire Memopolicy (orientation institutions) .......................... 39

Liste des abréviations
AFMH Archives fédérales des monuments historiques
AMS Association des Musées Suisses
BN Bibliothèque nationale suisse
CFMH Commission fédérale des monuments historiques
CFNP Commission fédérale pour la protection de la nature et du paysage
CMN Commission fédérale du Musée national suisse
CSEC Commission fédérale de la science, de l’éducation et de la culture
DFI Département fédéral de l’intérieur
ICCROM International Centre for the Study of the Preservation and Restoration of
Cultural Property
ICOM International Council of Museums
ICOMOS International Council of Monuments and Sites
INSA Inventaire de l’architecture moderne en Suisse
ISOS Inventaire des sites construits à protéger en Suisse
OAC Office des affaires culturelles
OFC Office fédéral de la culture
SMN Société pour le Musée national suisse
UNESCO United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

1 Introduction
L’étude de base s’était concentrée sur l’analyse du fonctionnement de douze institutions
de diverse nature dont l’archivage occupe une place plus ou moins prépondérante dans leurs
activités :
(1) La Bibliothèque nationale suisse
(2) La Cinémathèque suisse
(3) La Phonothèque Nationale Suisse
(4) La Fondation Suisse pour la Photographie
(5) Les Archives fédérales suisses
(6) La Bibliothèque militaire fédérale – Bibliothèque et centre de documentation
DDPS
(7) L’Infothèque CFF Historic
(8) Les Archives historiques et la Bibliothèque des PTT
(9) Le Schweizerisches Sozialarchiv
(10) L’Association Bibliothèques/Archives d’architecture Suisse
(11) Le domaine Documentation et Archives de SRG SSR idée suisse
(12) La Bibliothèque centrale du Parlement et de l’administration fédérale et du
réseau Alexandria
Le but de cette première partie de l’étude était de rendre compte du fonctionnement d’un
point de vue archivistique d’un nombre choisi d’institutions très différentes entre elles et qui
conservent une partie du patrimoine documentaire au niveau national ; il s’agissait ici surtout
d’un patrimoine dont la valeur principale est d’ordre culturel, documentaire, esthétique ou
historique.
Il est évident que dans cette perspective de nombreuses autres institutions auraient pu
prendre place dans l’analyse 1 , mais un choix a dû être fait, le nombre d’institutions pouvant
être étudiées dans le temps imparti étant limité. En reprenant en main l’étude pour ce
deuxième mandat, il a néanmoins été décidé de compléter la première partie avec l’étude de
deux institutions qui sont également importantes pour la conservation de ce en quoi consiste
la mémoire « matérielle » de la nation helvétique : tout d’abord les Archives fédérales des
monuments historiques qui, dans leurs locaux, conservent une partie des documents
représentant la mémoire des monuments historiques. Cette institution fonctionne ainsi comme
une sorte de pont entre une mémoire documentaire, fixée dans des supports mobiles, et la
mémoire du bâti, fixée sur des supports immobiles. Afin d’ouvrir la réflexion à de nouvelles
perspectives, il nous est donc apparu important d’englober cette institution dans l’étude.
L’autre institution que nous avons décidé de prendre en considération ouvre une toute
nouvelle perspective en termes de mémoire nationale : il s’agit du groupe de musées qui
composent le Musée national suisse. En effet, puisque l’on parle de mémoire nationale et que
l’on situe notre regard à un niveau aussi général que possible, comment écarter de cette notion
le patrimoine muséal sans faire preuve d’une certaine discrimination ? La mémoire d’une
1 Par exemple l’Archiv für Zeitgeschichte à Zurich, le Schweizerisches Wirtschaftsarchiv à Bâle ou les Archives
de l’Union Syndicale Suisse à Berne.

2 INTRODUCTION
nation est constituée d’éléments immatériels – comme les mythes, les légendes, les savoirs ou
informations qui se transmettent oralement – et d’éléments matériels, comme les documents,
les objets, le bâti. Puisque nous abordons l’étude d’un point de vue de l’analyse des politiques
publiques et que des éléments immatériels ne peuvent en aucun cas être gérés
institutionnellement, nous avons écarté de notre démarche (sans vouloir en diminuer la
signification ou l’importance pour une nation) la mémoire immatérielle. Nous considérons
néanmoins que les différents aspects de la mémoire matérielle, avec les multiples facettes qui
la composent, doivent être abordés, y compris par conséquent les objets.
De plus en plus, la distinction entre un support tridimensionnel plat (en tant que
représentant du patrimoine documentaire) et un objet tridimensionnel qui n’est pas plat (en
tant que représentant du patrimoine au sens large) devient problématique. L’évolution
technologique à laquelle nous assistons et qui caractérise notre époque fait en sorte que la
séparation entre un document et un objet devient au fil du temps de moins en moins
pertinente. De plus, les objets patrimoniaux qui sont sensés représenter notre civilisation
doivent être documentés de manière approfondie et une institution qui les sauvegarde ne
saurait faire la distinction entre l’objet lui-même et les informations qui en documentent le
parcours.

2 La mémoire du bâti et celle des objets
2.1 Les Archives fédérales des monuments historiques
[Etat en février 2007]
Les Archives fédérales des monuments historiques (AFMH), appelées Archives des
monuments de l’art historique jusqu’à 1967, ont été créées en 1880 afin de conserver la
documentation des restaurations et des fouilles menées avec le soutien de la Confédération.
Le récit de l’histoire de leur développement et de leur reconnaissance à travers le
rattachement à une institution déterminée est relativement laborieux, les AFMH ayant été
maintes fois déplacées au gré de leur rattachement à différents organismes. La Confédération
commence à s’intéresser à la protection des monuments historiques dans les années 1880 suite
aux sollicitations de la Société d’histoire de l’art en Suisse, créée la même année sous le nom
de Société suisse pour la Conservation des Monuments de l’Art historique et dont le comité
fonctionne comme commission d’experts dès 1887. En 1917 le Conseil fédéral confie cette
tâche à une commission indépendante de la société : la Commission fédérale des monuments
historiques (CFMH). Jusqu’en 1966 les Archives sont administrées et gérées par le Musée
national suisse ; elles sont ensuite rattachées au secrétariat de CFMH à Zurich. En 1975 le
secrétariat de la CFMH est intégré à ce qui est alors l’Office des affaires culturelles (OAC) :
les Archives se déplacent de Zurich à Berne. Les décennies suivantes se caractérisent par une
série de déménagements à l’intérieur de la ville de Berne en 1980, 1996, 1998 et enfin en
2001, où elles sont installées dans ses locaux à la Hallwylstrasse 15. Toutes les activités des
différentes institutions auxquelles les AFMH ont été rattachées en plus de 125 ans d’existence
ont correspondu à une collection de documents suivant différentes politiques d’acquisition.
Les AFMH telles qu’on les connaît aujourd’hui sont donc le résultat d’une superposition de
différents fonds d’archive et collections organisés de diverses manières, ultérieurement
enrichis par des legs, des dons et des achats.
Les AFMH concentrent actuellement leurs activités de collection sur la documentation
des travaux subventionnés par la Confédération dans le domaine des monuments historiques,
de la protection des sites construits et de l’archéologie. De plus, elles gèrent les documents de
la Commission fédérale des monuments historiques, de la Section du patrimoine culturel et
des monuments historiques, des experts de la Confédération ainsi que des personnalités et des
institutions actives dans la conservation des monuments historiques. Les AFMH – avec les
bureaux spécialisés décentralisés – peuvent donc être considérées comme le dépositaire de la
mémoire du patrimoine bâti au niveau national.
2.1.1 Présentation de l’institution
2.1.1.1 Bases légales
La lecture des fondements légaux qui sont à la base des activités liées à la protection du
patrimoine permet d’en savoir plus sur le contenu des Archives, puisque celui-ci dépend en
partie de la répartition des tâches entre les différents niveaux administratifs.
L’art. 78 de la Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999 (RS 101)
attribue la protection de la nature et du patrimoine aux cantons (al. 1) ; pour sa part, la

4 ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES
Confédération prend en considération les objectifs de la protection de la nature et du
patrimoine, ménage les paysages, la physionomie des localités, les sites historiques et les
monuments naturels et culturels (al. 2).
Les devoirs et les compétences de la Confédération en la matière sont ensuite réglés dans
la Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage (LPN) du 1 er juillet 1966 (RS 451)
et dans l’afférente Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage (OPN) du 16
janvier 1991 (RS 451.1). La LPN précise entre autres que la Confédération peut soutenir la
protection de la nature et du paysage et la conservation des monuments historiques par
l’allocation de subventions (art. 13, al. 1), dont le taux se détermine d’après l’importance
(nationale, régionale ou locale) de l’objet à protéger (art. 4). C’est la section Patrimoine
culturel et monuments historiques de l’OFC qui a le mandat légal de vérifier si les besoins du
patrimoine, de l’archéologie et des sites protégés sont effectivement remplis. Concernant plus
précisément la conservation de documents, l’OPN établit à l’art. 7, al. 1, let. f., que
Tous les rapports et relevés graphiques et photographiques demandés sont remis gratuitement à
l’OFEFP, à l’OFC ou à l’OFROU.
L’al. 2 précise néanmoins que
l’OFEFP, l’OFC et l’OFROU peuvent renoncer à exiger les documents visés à 1 er alinéa, lettre f, si
un archivage dans les règles de l’art et l’accès auprès du canton sont garantis.
La compétence en matière d’archivage des documents concernant le patrimoine culturel
et les monuments historiques est attribuée aux AFMH par l’Ordonnance sur les archives
fédérales des monuments historiques du 14 septembre 1983 (RS 445.111) 2 , qui détermine
également le but que les Archives doivent poursuivre (art. 2) 3 :
1 Les archives conservent et mettent en valeur les actes, plans, photos et tous les autres documents qui
doivent être remis aux organes de la Confédération […].
2 Les archives peuvent accepter à titre de don ou de prêt d’autres documents qui présentent un intérêt
pour la conservation des monuments historiques et la protection des sites.
Parmi les tâches des Archives sont citées le réceptionnement des nouveaux documents, la
tenue du catalogue, le maintien des documents en état, la tenue d’une bibliothèque relative
aux monuments historiques et le conseil et service aux usagers (art. 3), qui ont accès aux
archives (art. 7) mais ne peuvent en principe pas emprunter le matériel original (art. 6, al. 1).
Il est également à souligner que les AFMH – comme toute administration fédérale
soumise à la Loi sur l’organisation du gouvernement et de l’administration (LOGA) du 21
mars 1997 (RS 172.010), exceptions exclues – sont elles aussi soumises à la Loi fédérale sur
l'archivage (Lar) du 26 juin 1998 (RS 152.1) et à l’Ordonnance relative à la loi fédérale sur
l'archivage (OLAr) du 8 septembre 1999 (RS 152.11) et sont donc tenues de verser une partie
des documents qu’elles conservent (ceux produits par leur fonctionnement administratif ainsi
que par les administrations qui lui sont rattachées et qui ont une valeur archivistique) aux
Archives fédérales. Le versement n’a jusqu’à présent jamais été fait, les AFMH ayant pendant
longtemps organisé leurs documents administratifs sans plan de classement (Registratur) ;
cette lacune a été comblée en 2003. Le groupe de documents soumis à la Lar est en outre
concerné par la Loi fédérale sur la protection des données (LPD) du 19 juin 1992 (RS 235.1),
qui vise à protéger la personnalité et les droits fondamentaux des personnes qui font l’objet
d’un traitement de données.
2 Cette ordonnance a perdu sa base légale, l’art. 6 de l’Ordonnance sur l’encouragement de la conservation des
monuments historiques du 26 août 1958 (RS 445.11), qui a été abrogée.
3 L’art. 2 comprend également la référence à deux textes législatifs aux a et b. Ils ont été omis ici, car ils sont
abrogés.

ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES 5
Puisque l’Ordonnance sur les archives fédérales des monuments historiques (RS
445.111) a été abrogée, il n’existe aucun autre règlement qui détermine les activités des
AFMH. La nécessité de créer une base légale au travail des Archives et un document de
référence est fortement ressenti et fait partie des objectifs stratégiques prioritaires que
l’institution s’est fixée.
2.1.1.2 Compétences
Les AFMH, qui sont actuellement partie intégrante de la section du Patrimoine culturel et
des monuments historiques, vont changer de place dans l’organigramme de l’OFC et être
insérées dès le 1 er janvier 2007 dans le Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale
suisse. Ce nouveau changement aura l’avantage de rattacher les AFMH à une institution
spécialisée pouvant se prévaloir d’une longue expérience dans l’archivage, l’inventorisation,
la conservation et le traitement des documents à sauvegarder sans impliquer encore un
déménagement des fonds, qui se trouvent par ailleurs déjà dans les magasins de la BN. Il est
néanmoins probable que ce changement aura un effet sur la politique de collection de
l’institution et donc sur le contenu des Archives. En outre, les AFMH se verront soumises à
de nouvelles bases légales 4 .
Les AFMH ne sont directement rattachées à aucune autre institution. Dans l’état actuel
des choses, elles sont néanmoins déjà très proches de la Bibliothèque nationale, qui leur met à
disposition de la place de stockage dans ses magasins souterrains, qui partage ses
compétences en matières de conservation des supports et qui collabore avec elles dans les
projets de numérisation des documents et d’informatisation des inventaires. Les autres
collaborations que les Archives s’efforcent de soutenir et de développer peuvent être
résumées en deux groupes.
• Les collaborations avec les institutions qui possèdent des collections dont le
contenu est proche de celles conservées aux AFMH, comme par exemple les
archives gta à l’EPF de Zurich et les Archives de la construction moderne à l’EPFL
de Lausanne.
• Les collaborations avec les différentes archives des administrations cantonales (ou
éventuellement communales) en charge du patrimoine. Ces échanges sont
fondamentaux pour ce qui concerne l’archivage de la documentation sur les travaux
réalisés dans le domaine des monuments historiques, de la protection des sites
construits ou de l’archéologie car, lorsque ces travaux sont subventionnés par la
Confédération, ils le sont en même temps par les cantons. Par conséquent, les
documents originaux sur les travaux peuvent être conservés au niveau fédéral, dans
les locaux des AFMH, ou au niveau cantonal, dans les locaux des archives
rattachées aux services compétents. Depuis quelques années les AFMH ont
renforcé ces collaborations, d’une part pour vérifier que l’archivage soit réalisé
selon les règles de l’art, dénicher les problèmes qu’il faut affronter, proposer de
l’aide et surtout mettre sur pieds un relais d’échange des informations, d’autre part
pour éviter les lacunes et réduire les doublons qui auraient pu se créer au fil des
décennies.
4 Loi fédérale sur la Bibliothèque nationale (LBNS) du 18 décembre 1992 (RS 432.21), Ordonnance sur la
Bibliothèque nationale suisse (OBNS) du 14 janvier 1998 (RS 432.211), Ordonnance sur les émoluments perçus
par la Bibliothèque nationale suisse du 19 juin 1995 (RS 432.219) et Ordonnance du DFI sur les émoluments
perçus pas la Bibliothèque nationale suisse du 21 mars 1997 (RS 432.219.1).

6 ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES
Lorsque les AFMH changeront leur place dans l’organigramme de l’OFC, la
collaboration avec la Section patrimoine culturel et monuments historiques, et par là avec les
archives des services cantonaux en charge du patrimoine, sera à régler.
Ainsi, suivant leur évolution historique, les compétences et devoirs des AFMH peuvent
être actuellement résumés en trois points essentiels :
• collectionner, archiver, traiter des documents originaux relatifs à ce qui est d’intérêt
national et qui concerne le patrimoine bâti, le paysage, les sites construits ainsi que
l’archéologie en provenance des administrations, mais aussi de collections privées ;
• superviser le travail archivistique des archives liées aux services cantonaux
correspondants suivant leur mandat, renforcer la collaboration avec elles ;
• archiver les documents de la Commission fédérale des monuments historiques, en
particulier ceux datant d’avant 1975 (date à laquelle le secrétariat de la Commission
a été rattachée à l’Office des affaires culturelles).
2.1.1.3 Structure
Les AFMH ne sont institutionnellement pas suffisamment grandes pour être divisées en
services ; cinq personnes y travaillent (un responsable, une personne au service aux
utilisateurs, une personne à l’inventaire et deux à l’archivage), ce qui correspond à un poste de
370%. Occasionnellement un·e stagiaire est engagé·e. La question du personnel est d’ailleurs
source de préoccupation pour les Archives, en particulier pour ce qui concerne le nombre
insuffisant de personnes engagées et la qualité de leur formation : outre le fait qu’elles
souffrent de l’insuffisance des ressources humaines, la diversité des supports conservés ainsi
que la préciosité en termes historique et artistique d’une partie d’entre eux demandent
l’implication de collaborateurs·trices spécialisé·e·s et polyvalent·e·s. La section Patrimoine
culturel et monuments historiques emploie quant à elle en tout 17 personnes (14,15 postes de
travail).
2.1.1.4 Données et supports
Les données que les Archives fédérales des monuments historiques s’occupent de récolter
et de conserver sont toutes celles qui concernent les travaux entrepris sur le patrimoine bâti, le
paysage culturel, les sites construits et l’archéologie d’intérêt national subventionnés par la
Confédération, ainsi que celles qui concernent le fonctionnement des instances
administratives concernées. Elles donnent accès à des informations sur le genre et l’ampleur
des mesures de restaurations entreprises sur les objets protégés, sur les fouilles, sur le
développement des sites habités ; elles permettent de répondre aux questions actuelles liées
aux mutations du paysage, de la culture et de la société au cours du dernier siècle ; elles
renseignent – dans les limites de la LPD – sur toutes les activités des instances publiques
concernées et sur les personnes y ayant travaillé.
Toutes ces informations sont fixées sur des supports de différentes tailles, souvent
volumineux, dont la grande majorité est en papier : il s’agit de rapports de restauration,
comptes-rendus, plans, actes administratifs, correspondances, publications, photographies et –
sur plaques de verre ou supports photochimiques – de négatifs photos.
L’organisation des différentes archives conservées est faite selon la provenance des
documents : les archives administratives, qui sont soumises à la Lar et qui datent de
différentes époques, et les fonds d’archive, qui constituent le principal intérêt des AFMH d’un
point de vue de l’histoire de patrimoine bâti et du changement du paysage. Le tableau ci-

ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES 7
dessous résume schématiquement l’arborescence des archives ; il est néanmoins à noter que
les actes et les legs des membres de la CFMH occupent une place transversale dans les
différents groupes mis en relief (archives administratives et legs/collections).
Fonds
d’archives
Archives
administratives
Provenance Période Brève description
Documentation
des travaux
subventionnés
par la
Confédération
sur des objets
ou des sites
patrimoniaux
De
1880 à
1990
surtout
chaque canton.
Legs, dons,
collections
Anciens actes
Actes d’après
l’intégration
des AFMH
dans l’OAF
(OFC)
Actes après la
mise en place
du plan de
classement
Dès
1880
Avant
1975
Entre
1975 et
2003
Dès
2003
Des photographies, des plans et autres
documentations attestant des travaux
entrepris sur des monuments ou des
sites d’importance nationale avec des
subventions de la Confédération. A
partir de 1990 ces documents sont
conservés en règle générale par
Documents qui complètent les
archives sur les travaux, des
collections privées ou des fonds
d’archives collectés sur plusieurs
décennies. Legs de la CFMH.
Documents de la Société suisse pour
la Conservation des Monuments de
l’Art historique et ensuite de la
CFMH et des AFMH.
Documents de la section Monuments
historiques, ensuite de la section
Patrimoine culturel et monuments
historiques, de la CFMH et des
AFMH.
Documents de la section Patrimoine
culturel et monuments historiques, de
la CFMH et des AFMH ; ici se trouve
actuellement aussi la correspondance
concernant les travaux sur les
monuments historiques (qui n’est pas
accessible au public).
Les AFMH n’acceptent pas pour l’instant d’archiver des informations sous forme
électronique, dans aucune des catégories mises en relief ci-dessus. En effet, elles ne disposent
d’aucune directive ou règlement qui stipule comment conserver à long terme les données
numériques. Les documents textuels, qu’ils aient été produits sous forme analogique ou non,
sont archivés sous forme papier. Les problèmes de conservation des supports que l’institution
doit affronter – et qui sont directement liés aux moyens financiers à disposition – concernent
les fonds photographiques (acidité des enveloppes, dégradation des supports), les plans
(effritement du papier, manipulation délicate) et les actes (éclaircissement de l’encre).
2.1.1.5 Collections
Tous ces documents sont en général organisés selon leurs dimensions et les conditions
d’archivage qu’ils requièrent, c’est-à-dire en trois archives principales : les documents écrits,
le matériel photographique (tirages, négatifs sous forme de plaques de verre ou de procédés
photochimiques, diapositives ainsi que cartes postales) et les plans (esquisses et coupes
d’objets, croquis détaillés, plans de levés de fouilles archéologiques, estampes, aquarelles,

8 ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES
lavis, décalques de peintures, etc.). Un inventaire provisoire fait état d’environ 100 collections
et legs archivés par les AFMH avec les documents et dossiers de la protection des monuments
historiques. L’essentiel de la collection a été constitué entre 1880 et 1960.
Le matériel photographique a été au cœur de la politique d’acquisition des AFMH
pendant plusieurs décennies et comprend par conséquent des collections importantes : en sont
un exemple les fonds photographiques Rudolf Zinggeler (images d’immeubles, de sites, de
paysages ; des portraits, des scènes de la vie quotidienne de 1890 à 1936) ; les vues tirées de
l’inventaire des sites construits à protéger en Suisse (ISOS) et de l’Inventaire de l’architecture
moderne en Suisse (INSA) ; le dépôt de l’entreprise Photoglob AG (éditeur de cartes postales
entre 1890 et 1950) ; des photographies et des plans réalisés pour la série de publications « La
maison bourgeoise en Suisse » entre 1900 et 1930 ; des photographies de l’Association suisse
du tourisme AST (de 1935 à 1990) ; des vues aériennes et des cartes postales de Hugo Kopp
(1930-1975).
Le volume de toutes ces archives est calculé différemment selon qu’il s’agit de
documents écrits (mètres linéaires), de matériel photographique ou de plans (unités). Il s’agit
en tout de plus de 2 millions d’unités d’archivage. Les chiffres avancés ici sont très
approximatifs, l’inventaire général n’étant de loin pas terminé :
Documents
écrits
Dossiers des subventions
Actes (y compris les legs
de la CFMH)
Ouvrages spécialisés
Mètres linéaires
150 ml
450 ml
150 ml
Unités
Matériel Tirages/cartes postales 300’000
photographique Négatifs/diapositives 700’000
Plans Différents formats 120’000
L’accroissement des archives est aujourd’hui limité ; il varie selon le type de collection et
il est difficile à quantifier. Pour les AFMH, il s’agit actuellement de poursuivre l’inventaire
ainsi que d’enrichir ses collections, de fonctionner comme centre de compétence pour ce qui
concerne les documents des travaux sur les monuments historiques subventionnés par la
Confédération et de contribuer à une politique de collection des documents du patrimoine bâti
coordonnée au niveau national.
Fonds
d’archives
Provenance Période Accroissement
Documentation
des travaux
subventionnés
par la
Confédération
sur des objets
ou des sites
patrimoniaux
Dès
1880
Legs, dons,
collections
Dès
1880
Non.
Actuellement, ce sont plutôt les
cantons qui conservent ces fonds. Les
AFMH fonctionnent comme organe de
surveillance et de conseil.
Oui, mais de manière limitée.
Les AFMH reçoivent de nombreuses
demandes de la part de privés qui
désirent leur léguer des fonds.
Cependant, la qualité de ces donations
est rarement suffisante pour qu’elles

ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES 9
Archives
administratives
Anciens actes
Actes d’après
l’intégration
des AFMH
dans l’OAF
(OFC)
Actes après la
mise en place
du plan de
classement
Avant
1975
Entre
1975 et
2003
Dès
2003
soient acceptées.
Non.
Non.
Oui, suivant la densité de la
production documentaire de la section
Patrimoine culturel et monuments
historiques et des AFMH.
Comme anticipé, le dernier déménagement a permis aux AFMH de s’installer dans les
locaux de l’OFC et de la Bibliothèque nationale. Néanmoins, les archives ne sont pas encore
toutes conservées dans des conditions adéquates pour une sauvegarde à long terme, c’est
pourquoi certaines d’entre elles seront ultérieurement déplacées à l’intérieur du bâtiment (en
2008 ou 2009) dès que les nouveaux magasins souterrains en construction seront terminés.
Les négatifs des photographies sont conservés dans de bonnes conditions ambiantes 5 dans
le magasin souterrain ouest et bénéficient de 102 m 2 de place. Les collections
photographiques, les actes et les plans se trouvent actuellement aux 5 ème et 6 ème étages de
l’ancienne tour du magasin des livres – où sont également accueilli les visiteurs – et seront
déplacés dans le magasin souterrain est, où un espace de 560 m 2 leur est réservé. L’ensemble
des archives pourra ainsi bénéficier de conditions de conservation optimales (en termes de
lumière, température, humidité mais aussi de sécurité et de stockage). La place à disposition à
partir de 2008/2009 devrait être suffisante à long terme.
2.1.1.6 Coûts
Les finances des AFMH sont gérées par la section Patrimoine culturel et monuments
historiques 6 , dont les comptes sont publiés par la Confédération (DFI). Les dépenses des
Archives ne sont cependant pas présentés, il n’est donc pas possible d’en préciser ici les
détails. Les chiffres de 2004 et 2005 sont les suivants, en francs :
Comptes 2004 2005
AFMH 70'000 68'000
Ces chiffres ne tiennent pas compte des frais liés au matériel (payés par l’Office fédéral
des constructions et de la logistique) et à l’infrastructure (notamment les locaux et les
dépenses y relatives), qui sont payées par la Bibliothèque nationale : ils comprennent par
contre les dépenses liées au fonctionnement des archives, aux personnes mandatées de
l’extérieur, aux expositions et à la restauration des supports. Les projets de longue durée,
comme par exemple la réalisation d’un inventaire général et l’archivage dans les règles de
l’art de dépôts intermédiaires ne peuvent pas être menés à bien avec les moyens financiers
actuellement disponibles.
5 Les emballages qui contiennent les négatifs photos ne sont par contre pas adéquats.
6 Il est à noter que suite à la révision de la Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage LPN, la
conservation des monuments historiques a été intégrée le 1 er janvier 2000 à la protection du patrimoine culturel.

10 ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES
2.1.2 Etude du processus de mémorisation
Du point de vue des réflexions autour de la mémoire nationale, nous pouvons considérer
que les AFMH – ainsi que les autres institutions compétentes au niveau cantonal et qu’elles
s’occupent de suivre – sont les détentrices institutionnelles de la mémoire du patrimoine
bâti (entendu au sens large, y compris les objets archéologiques et les sites construits) ; il ne
s’agit bien sûr pas de l’ensemble de ce patrimoine, mais principalement des objets ou sites
d’importance nationale (art. 4 LPN) dont une partie des travaux ont été financés par la
Confédération. La documentation qui dérive de l’aide financière accordée par la
Confédération à un objet ou site déterminé permet en effet de reconstruire a posteriori la
marche des travaux effectués et sert de point d’appui à des mesures ultérieures. Cette
documentation ne suffit en elle-même pas à informer à long terme sur l’état du patrimoine
bâti d’importance nationale. C’est la raison pour laquelle les AFMH rassemblent également
d’autres collections, legs et dons qui participent à étoffer la quantité et la qualité des
informations disponibles.
Le processus de mémorisation des diverses catégories de documents mises en relief
précédemment (fonds d’archives : legs, dons, collections et documentation des travaux ;
archives administratives suivant les différentes étapes) suit des parcours et des politiques
d’acquisition différents. Il n’est donc pas possible d’en faire une description unique. Pour les
chapitres qui suivent, nous avons alors pris l’option de concentrer la réflexion surtout autour
de ce qui nous semble être la tâche principale des AFMH, c’est-à-dire la gestion de la
documentation des restaurations du patrimoine bâti et des fonds qui visent à les enrichir. Les
AFMH se proposent néanmoins d’être le centre d’information des documents concernant le
patrimoine bâti et sa restauration, ils jouent le rôle de conseiller pour les cantons et ils
poursuivent la coordination des documents et des collections au niveau national.
2.1.2.1 Mémorisabilité
En principe, toutes les informations produites lors de travaux sur un objet ou un site sont
mémorisables au sens qu’elles sont fixées sur un support matériel. En effet, ces informations
sont produites et utilisées par les différents groupes d’acteurs concernés par les travaux
(acteurs politico-administratifs, propriétaires, gérants, divers corps de métier, etc.) et doivent
pouvoir circuler entre eux afin que la réalisation des travaux soit possible. D’un point de vue
de la mémorisabilité, la question est donc plutôt de savoir quel est le tri qui est préalablement
effectué par les groupes d’acteurs concernés parmi les documents utilisés ; de toute la
documentation rassemblée, qu’elle est la proportion de documents en définitive transmise aux
archives compétentes (au niveau cantonal ou aux AFMH pour le niveau fédéral) et conservée
à long terme ? Quels sont les critères appliqués pour établir le choix ? Chaque acteur impliqué
dans le processus, au fond, est responsable de son tri, car lui seul est sensé posséder les
compétences nécessaires pour juger de ce qu’il est nécessaire de conserver. Ces groupes
d’acteurs ne possèdent néanmoins pas la même sensibilité et conscience archivistique qu’un
opérateur du secteur : un architecte, par exemple, possède les connaissances qu’il nécessite
pour évaluer l’importance d’une information pour la réalisation d’une restauration, mais ne
possède pas forcément une vision à long terme de la valeur historique d’un document. Ainsi,
des documents d’une grande valeur informationnelle sont souvent jetés après la période de
conservation obligatoire de 10 ans. Les documents ainsi écartés sortent du processus de
mémorisation et ne sont donc jamais patrimonialisés. Conscients de ce problème, certains
cantons ont établi des directives sur les règles d’archivage à appliquer (par exemple, des listes
qui déterminent quels sont les documents à déposer auprès des cantons lorsque les
mandataires des travaux de restauration ont terminé leur travail). Les règles qui régissent ce tri

ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES 11
préalable, si elles existent, changent cependant d’un canton à l’autre, ce qui rend la
patrimonialisation de ces données en partie aléatoire et sous l’entière responsabilité de
l’engagement d’individus isolés.
Il faut considérer néanmoins que la documentation collectionnée aux AFMH ou dans les
organes cantonaux compétents n’est pas uniquement d’ordre administratif. Il s’agit en effet de
documents qui possèdent une valeur essentielle et indispensable du point de vue historique,
sociologique et artistique et qui constituent une base pour des publications scientifiques et
pour la recherche universitaire. L’intérêt principal de mémoriser ces informations est par
conséquent d’ordre historique, scientifique, patrimonial, informatif et utilitaire.
2.1.2.2 Dignité à la mémorisation
La documentation concernant les travaux en partie subventionnés par la Confédération
qui a été mémorisée ne subit aucun tri successif. Il est donc admis qu’une fois qu’un dossier a
été constitué, il doit être archivé tel quel.
Dans le domaine de la documentation du patrimoine bâti, néanmoins, il existe une
multitude d’autres documents qui sont dignes d’être mémorisés, notamment ceux qui
possèdent une grande valeur informative d’un point de vue historique : il s’agit en particulier
de collections de photographies représentant des monuments, des constructions, des sites, des
sites archéologiques, mais aussi des montagnes, des paysages, ou alors des personnes, des
scènes de la vie quotidienne, des biens mobiliers (comme des voitures, des locomotives), etc.
Il peut s’agir également de dons et legs provenant des archives privées de personnalités ayant
été actives dans des institutions chargées de la sauvegarde du patrimoine bâti. Selon qu’il
s’agit d’une collection, résultat d’une politique active d’acquisition, d’un don ou d’un legs,
résultat d’une politique passive, les AFMH décident de commun accord avec leurs
responsables hiérarchiques si un fonds doit ou non être admis dans les archives de
l’institution.
Inévitablement, les critères de choix sont liés à une politique d’acquisition prise en charge
par les différents responsables des AFMH. Les critères de sélection se concentrent
premièrement sur l’analyse de la qualité d’une unité archivistique ou d’un fonds et
deuxièmement sur sa valeur informative ou documentaire en relation avec l’intérêt national
d’un bien. Un autre critère important de sélection est celui de la cohérence des fonds sur l’axe
temporel : la priorité est en effet donnée aux informations permettant de suivre l’évolution
d’une construction ou d’un paysage au fil des décennies. Il est par ailleurs intéressant de noter
que la valeur esthétique ou artistique d’un document entre en même ligne de compte (pour ce
qui concerne par exemple les collections de photographies). Le processus d’acceptation d’un
fonds aux AFMH est très formalisé et vise notamment à régler les questions liées aux droits
d’utilisation et à la protection des données.
Les nombreux changements qui ont caractérisé l’histoire des AFMH ont eu pour effet,
entre autres, que la politique de collection de l’institution a été modifiée au gré des
rattachements successifs à différentes instances. Ainsi, les Archives recèlent de nombreux
fonds qui ne correspondent pas aux thématiques et aux critères de qualité qui sont
actuellement appliqués. Ces fonds devraient par conséquent être réévalués et
rétrospectivement triés, d’autant plus qu’une partie d’entre eux a été déposée sans subir de
sélection préalable et sans être archivée selon les règles de l’art. Un autre problème à
résoudre, mais qui est de moindre ampleur, concerne la question des doublettes avec les
archives des cantons, cumulées surtout entre les années 60 et 90 lorsque le partage des
compétences archivistiques était flou et n’avait pas été affronté de manière systématique.

12 ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES
2.1.2.3 Mémorisation réelle
Le déménagement des AFMH dans les locaux de l’OFC et de la BN leur permettra à
terme de bénéficier de conditions de stockage optimales pour tous les supports conservés.
Conservation
Dès que les nouveaux magasins est de la BN seront terminés, tous les supports seront
conservés à des conditions ambiantes optimales (absence de lumière, 18°C pour le papier et
16°C pour les négatifs photos, 45% d’humidité relative pour le papier et 35% pour les négatifs
photos), stockés dans des étagères adéquates à leur format, dans des boîtes, des fourres ou des
cartons d’emballage non acides et qui permettent une manipulation respectueuse du
document. Une petite partie des fonds conservés, notamment les négatifs photos, a déjà trouvé
le lieu et les conditions ambiantes de stockage définitifs.
Restauration
Les supports les plus délicats que les collections des AFMH possèdent sont les négatifs
photos en acétate (la pellicule en surface se réduit et se casse), dont environ le 10% a été mis
en première mesure d’urgence dans des emballages adaptées à l’archivage, et en nitrate (qui
ont tendance à s’enflammer), qui devront être transférés à court terme sur un autre support.
Les documents en papier, y compris les plans, sont dans un état satisfaisant mais doivent
encore être désacidifiés et, dans une grande proportion, archivés correctement. En outre, les
multiples déménagements dont les AFMH ont été l’objet ont causé des dégâts aux supports
les plus sensibles, notamment sur les négatifs et les plaques de verre et sur les plans de grand
format, suite à de mauvaises manipulations et aux changements des conditions ambiantes.
Classement et répertoriage
Les déménagements ont eu un autre effet très dommageable sur l’ensemble des fonds :
ceux-ci ont en effet été plusieurs fois réorganisés selon différents critères, notamment le type
de support (collection photos, plans, actes), ceci sans tenir compte de la provenance des
documents. Ainsi, les différents fonds sont actuellement partiellement mélangés et se trouvent
dans un état de désorganisation qui a nuit à leur cohérence. En outre, les différents
classements appliqués au fil du temps ne sont pas uniformes et se basent sur divers critères,
comme la topographie (lieu) ou la provenance du fonds (personne). Ces problèmes de
cohérences augmentent considérablement la difficulté des recherches de la part des
utilisateurs des AFMH, mais également de leur personnel.
L’inventaire des archives, qui se réalise par couches (d’un premier inventaire général qui
fait état de ce qui se trouve dans les fonds à des inventaires plus détaillés) est en cours :
jusqu’ici la priorité a été portée surtout sur l’archivage des rapports, des photographies et des
plans. Les métadonnées relatives à l’histoire, aux tenants et aboutissants des décisions et aux
activités des différentes institutions n’ont pas été traitées avec les mêmes soins. En outre,
l’afflux massif de documents à partir des années 80 aussi bien dans les archives
photographiques que dans celles des plans et le manque de personnel ont eu pour conséquence
la création de dépôts intermédiaires. Ainsi, l’ampleur et le contenu exacts des archives sont
encore en grande partie inconnus.
Des grands pas en avant ont été réalisés à partir de 2003. Il a notamment été mis sur pied
un plan stratégique qui devrait permettre aux AFMH de mieux connaître l’ampleur et le
contenu exact des fonds et de les archiver de manière pertinente et, pour autant que possible,
cohérente. Outre le travail d’inventorisation organisé du général au particulier et

ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES 13
l’introduction d’un plan de classement pour les documents administratifs, une banque de
données électronique (SCOPE) est désormais utilisée pour gérer les fonds.
Protection
Les archives gérées par les AFMH bénéficient des mêmes conditions de protection que
les publications stockées à la BN.
2.1.2.4 Accessibilité au public
Premièrement, le but à moyen terme des AFMH est d’inventorier, organiser et gérer les
fonds de manière à ce que les informations qu’ils contiennent soient entièrement accessibles
(dans les limites des lois en vigueur). Dans un deuxième temps, il s’agira de créer des copies
microfilmées des fonds les plus précieux et les plus intéressants et d’en faciliter la mise à
disposition en en numérisant une partie et en les mettant à disposition sur une sorte de guichet
virtuel sur Internet. Avec le microfilmage et la numérisation des plans des maisons
bourgeoises du canton de Glaris, les Archives sont en train de réaliser un projet pilote allant
dans ce sens : le calcul des investissements qui auront été nécessaires pour réaliser ce travail
permettra de faire une estimation des coûts nécessaires pour microfilmer et numériser
l’ensemble de la collection (les maisons bourgeoises de Suisse) et d’évaluer la faisabilité d’un
tel projet.
Suite aux périodes de changement et de fermeture inévitables, qui ont eu une influence
négative sur l’image des AFMH auprès du public, l’enjeu actuel des Archives est de se faire
connaître à nouveau et de se reconstruire une image valorisante et dynamique. La création
d’un accès Internet, additionnée aux expositions temporaires, au prêt de matériel pour d’autres
expositions, à la participation à des manifestations comme la Nuit des musées ou la Journée
du patrimoine, à la publication de brochures et matériel informatif, participent à cet objectif.
L’accès aux Archives est public et gratuit, mais un préavis est nécessaire. Des
photocopies, des épreuves papier ou des scannages peuvent être faits sur demande et contre
paiement et en remplissant un formulaire qui autorise la reproduction de documents. Les
utilisateurs des AFMH sont essentiellement des personnes travaillant dans les relations
publiques, des privés, des fonctionnaires de la protection des monuments ou de l’archéologie,
des chercheurs, des auteurs de livres scientifiques et des étudiants et des professionnels de la
conservation et de la restauration. Les documents les plus demandés sont majoritairement les
photographies (commandées surtout sous forme digitale) et les plans.
2.1.3 Commentaires
Les Archives fédérales des monuments historiques possèdent un patrimoine précieux du
point de vue de la mémoire nationale. Leur plus-value consiste dans le fait qu’elles
collectionnent des documents, en collaboration avec les services cantonaux compétents,
suivant un contenu thématique spécifique, avec une certaine continuité dans le temps ; en
même temps cette collection est enrichie par des legs qui contribuent à compléter cette base
scientifique du patrimoine bâti. Quoique la description faite dans ces pages mette en évidence
les difficultés auxquelles cette institution doit actuellement faire face et qu’elle doit résoudre,
la valeur de ce patrimoine conservé est effective, que ce soit d’un point de vue historique ou
en vue d’une documentation pour des futurs travaux sur le patrimoine bâti ou archéologique.
Il convient donc d’en prendre soin afin de pouvoir le transmettre aux générations futures.
Les informations rassemblées dans ces pages, recueillies grâce à un long entretien et une
visite des Archives avec la responsable, Mme Doris Amacher, ainsi qu’à travers la lecture des

14 ARCHIVES FEDERALES DES MONUMENTS HISTORIQUES
bases légales et des documents internes et publiés ayant trait à l’institution, ont permis de
mettre en évidence les aspects suivants :
(1) Du point de vue de la politique de la mémoire, ce sont surtout les fonds
d’archive (par opposition aux archives administratives) qui constituent un
patrimoine national et d’intérêt scientifique. Ceci non seulement à cause de
leur contenu à valeur historique, sociologique, artistique et documentaire,
mais également par le fait qu’ils sont le résultat de l’activité de la
Confédération au niveau de la conservation du patrimoine ainsi que d’une
politique active de collection (choix cohérents, continuité dans le temps). Les
archives administratives sont néanmoins fortement en lien avec les fonds
d’archive : ces deux groupes forment donc un ensemble d’informations qui
devrait être valorisé au même titre.
(2) Ces fonds d’archive, composés d’une part de la documentation des travaux
subventionnés par la Confédération sur des objets ou des sites patrimoniaux
et d’autre part des legs, dons et collections qui la complètent, doivent être
collectés et gérés suivant une politique qui vise la coordination avec les
archives compétentes au niveau cantonal et avec les autres institutions
recueillant un matériel thématiquement proche. Sans cela, le risque de laisser
des doublons et de cumuler des lacunes est important. La documentation sur
le patrimoine bâti et archéologique, qu’il soit d’importance nationale ou
régionale, peut ainsi constituer un ensemble relativement unitaire et complet.
C’est d’ailleurs la politique actuellement poursuivie par les AFMH, qui sont
en train d’assumer un rôle de centre d’information et de compétence national.
(3) Le déplacement répété des Archives d’un lieu à un autre et leur rattachement
hiérarchique à différents organes au fil des décennies ont eu un effet néfaste
sur les fonds, que ce soit d’un point de vue physique (dommages) ou d’un
point de vue des contenus (politique de collection) et de l’organisation
(classement). La perte de temps et d’énergie pour les déménagements et les
réorganisations internes se font au détriment de la gestion des fonds et des
collections. Pour rattraper les retards cumulés, pour poursuivre leur mandat et
pour se faire connaître par les utilisateurs, les AFMH auraient besoin d’un
personnel plus nombreux et très bien qualifié.
Il est enfin à souligner une dernière fois que la situation actuelle des AFMH est en passe
de changer de manière significative avec leur intégration dans le Cabinet des estampes de la
Bibliothèque nationale. Ce sera par la même l’occasion de soumettre les AFMH aux bases
légales de la Bibliothèque nationale.

2.2 Le Musée national suisse
[Etat en septembre 2006]
Créé en 1898 à Zurich comme lieu de conservation du patrimoine culturel et symbole de
la naissance d’une identité nationale, le Musée national suisse (MNS) se compose aujourd’hui
d’un groupe de huit musées qui, ensemble, poursuivent le but de collectionner, conserver,
étudier et transmettre des objets (et les informations y relatives) de l’histoire et de la culture
des civilisations qui se sont succédées sur le territoire de la Suisse actuelle, des origines à nos
jours.
L’organisation institutionnelle et infrastructurelle de l’ensemble des musées soumis à la
politique de promotion de la Confédération 7 se trouve dans une période de réforme et donc de
grands débats 8 . Ce chapitre ne désire pas prendre part à ces discussions, ni amener des
éléments de réponse concernant la pertinence de l’appartenance ou non d’un musée à la
Confédération. Il se propose tout simplement d’ouvrir les réflexions autour de la mémoire
nationale à un autre grand domaine patrimonial géré cette fois-ci par les institutions muséales,
celui des objets. Pour ce faire, le choix a été fait de se concentrer sur un exemple représentatif,
les huit musées historiques et thématiques qui constituent actuellement le Musée national
suisse, qui seront donc pris en considération en tant qu’ensemble. Les musées dont il s’agit
sont les suivants :
Musée Emplacement Rattaché au MN depuis
Schweizerisches Landesmuseum Zürich, ZH 1898
Zunfthaus zur Meisen Zürich, ZH 1956
Museum Bärengasse Zürich, ZH 1976
Château de Prangins Prangins, VD 1998
Museo doganale svizzero Cantine di Gandria, TI 1978
Forum der Schweizer Geschichte Schwyz, SZ 1995
Museum für Musikautomaten Seewen, SO 1990
Schloss Wildegg Wildegg, AG 1912
Cet ensemble de musées sera ici désigné sous le nom de Musée national suisse (MNS), la
désignation de groupe Musée Suisse n’étant utilisée par l’institution que pour des besoins de
communication vers l’extérieur.
2.2.1 Présentation de l’institution
2.2.1.1 Bases légales
La base légale du Musée national suisse a été établie en 1890 suite à la prise de
conscience de la valeur du patrimoine culturel de la part des autorités de l’époque et de la
disparition toujours plus fréquente d’antiquités de valeur dans des ventes à l’étranger. Le
Musée national s’est constitué au fur et à mesure qu’un nouveau musée se rattachait au
groupe, que ce soit pour sauver une institution ou collection en péril ou pour des raisons
7 Les musées gérés par la Confédération sont au nombre de 15. En plus des huit musées du groupe Musées
Suisses, les musées de la Confédération sont les suivants : Centre Dürrenmatt, Neuchâtel ; Museo Vela,
Ligornetto ; Monastère St. Georgen, Stein am Rhein ; Collection Oskar Reinhart, Winterthour ; Graphische
Sammlung ETH, Zürich ; Thomas Mann Archiv, Zürich ; Geologisch-Mineralogische Ausstelleng, Zürich. La
Confédération apporte en outre un soutien régulier à 8 musées et ponctuel à 55 autres.
8 La politique des musées de la Confédération est même l’un des principaux objets de réforme de l’OFC.

16 MUSEE NATIONAL SUISSE
politiques. Cette hétérogénéité due aux aléas de l’évolution historique des musées dans le
développement du groupe et, par conséquent, dans les collections conservées est néanmoins
caractéristique des musées historiques. Cette hétérogénéité est également visible dans le
manque d’uniformité de la structure juridique des divers musées et des fondements légaux qui
soutiennent leurs activités et leur appartenance au Musée national. Le tableau ci-dessous,
réalisé sur la base des informations contenues dans le Message relatif à la loi fédérale sur la
fondation Musée nationale suisse du 29 novembre 2002 9 , résume cet état de fait :
Musée
Fondement légal
Schweizerisches Loi fédérale concernant la création d’un musée national
Landesmuseum suisse du 27 juin 1890 (RS 432.31), ainsi que les arrêtés et
les ordonnances y relatifs (RS 432.311, 432.313, 432.32,
432.33, 432.35, 432.37, 432.39).
Zunfthaus zur Meisen Bail à loyer, 1955.
Museum Bärengasse Contrat entre la Confédération et la ville de Zürich ; Statuts
de la fondation de 1975.
Château de Prangins Loi fédérale du 5 octobre 1984 modifiant l’Arrêté fédéral
concernant l’institution d’un Musée national suisse (RO
1985 152).
Museo doganale Contrat avec la Direction supérieure des douanes, 1978.
svizzero
Forum der Schweizer Contrat entre la Confédération et le canton de Schwyz de
Geschichte
1990. 7 e centenaire de la Confédération, 1991.
Museum für Contrat entre la Confédération et le canton de Soleure ;
Musikautomaten contrats entre la Confédération et la famille Weiss ; Loi
fédérale concernant la création d’un musée national suisse
du 27 juin 1890 (RS 432.31).
Schloss Wildegg Testament de Julie von Effinger, 1912.
La loi fédérale actuellement encore en vigueur, plus que centenaire, prévoyait la création
d’un Musée national suisse sous forme d’une seule institution destinée à recevoir et conserver
les antiquités nationales (Vaterländische Altertümer) importantes au point de vue de l’histoire
et des beaux-arts (art. 2) ; elle prévoyait que ses collections seraient composées par les
antiquités historiques et les objets disséminés qui se trouvaient déjà en possession de la
Confédération (art. 3, al. 1) et qui seraient enrichies par des achats, des dons, des legs ou des
dépôts (art. 3, al. 2). L’Ordonnance concernant la Commission du Musée national (O-CMN)
du 7 avril 1993 (RS 432.32) règle les tâches, les attributions et le fonctionnement de la
Commission fédérale du Musée national suisse (CMN), qui prend les décisions concernant les
demandes de prêts de longue durée et permanent, ainsi que les ventes (art. 2), qui recouvre en
outre des tâches consultatives comme le conseil à l’OFC ou au Musée national et qui émet des
avis et des propositions (art. 3). La destination des recettes du Musée national, du siège
romand et des établissements annexes est réglée dans l’Ordonnance concernant le fonds du
Musée national suisse du 3 avril 1996 (RS 432.35) : celles-ci alimentent le fonds du Musée
national et sont attribuées en premier lieu aux institutions qui les ont générées (art. 2).
L’Ordonnance concernant le transfert temporaire à des tiers de droits d’utilisation et
d’exploitation du Musée national suisse du 1 er mai 1997 (RS 432.37) donne la possibilité au
Musée national de transférer à des tiers certains droits (à des fins commerciales) sur la base de
contrats de droit privé et pour un maximum de dix ans (art. 1), sous approbation de l’OFC
(art. 2). Les émoluments perceptibles par les musées appartenant au groupe pour des
9 Message relatif à la loi fédérale sur la fondation Musée national suisse du 29 novembre 2002 (FF 02.088),
chapitre 1.1.4 (Naissance d’un groupe de musées).

MUSEE NATIONAL SUISSE 17
prestations rendues, ainsi que les exemptions et les débours sont réglés dans l’Ordonnance sur
les émoluments du Musée national suisse du 11 avril 2001 (RS 432.39). Enfin, il existe un
Règlement pour les fonctionnaires du Musée national suisse conclu et approuvé par le Conseil
fédéral le 30 décembre 1938 (RS 172.221.101.4) qui définit le comportement éthique des
fonctionnaires du musée concernant le commerce d’œuvres d’art (art. 1), les questions liées
aux renseignements et expertises (art. 2 à 8), aux publications (art. 9) et qui interdit la
collection d’objets d’art en concurrence avec le musée (art. 10). En tant qu’ensemble
d’institutions appartenantes à l’OFC, le Musée national est également soumis aux bases
légales qui concernent l’administration 10 .
Il apparaît évident que le mandat prévu par la loi et focalisé essentiellement sur les
collections d’antiquités nationales (au sens d’objets d’intérêt historique et culturel) de la part
d’une seule institution ne correspond plus ni à ce qui est réalisé aujourd’hui par l’ensemble
des musées appartenant au MNS, ni aux besoins culturels des visiteurs actuels. Après
plusieurs années de discussions et de pourparlers 11 , il est prévu qu’un nouveau concept de
politique muséale de la Confédération soit prêt pour 2007 et mis en œuvre au plus tard à la fin
de 2010 : celui-ci vise à doter les musées de la Confédération d’une stratégie coordonnée en
leur laissant la plus grande autonomie possible sur le plan de l’exploitation dans une
organisation du 3 ème cercle de l’administration fédérale.
Il est en outre à souligner que dans le domaine muséal le code de déontologie ICOM
(International Council of Museums), ainsi que les standards professionnels labellisés
ICCROM (International Centre for the Study of the Preservation and Restoration of Cultural
Property) et ICOMOS (International Council of Monuments and Sites), ont une importance
fondamentale : ces documents régulent en effet toutes les questions liées au comment
collectionner sur la base d’une autorégulation de la part des professionnels de la branche. Le
code déontologique de l’ICOM, en particulier, est fondamental : pour un musée son
importance se place même au-dessus – ou, plutôt, en amont – des bases légales suisses.
2.2.1.2 Compétences
Le MNS fait partie de l’administration fédérale, plus précisément de l’Office fédéral de la
culture (Département fédéral de l’intérieur). Le siège principal se trouve au Musée national à
Zurich ; le Château de Prangins est considéré comme le siège romand du MNS ; les six autres
établissements sont dispersés dans les différentes régions du pays. L’organe consultatif du
MNS est la Commission fédérale du Musée national suisse (CMN). La Société pour le Musée
national suisse (SMN) apporte son soutien aux huit musées du groupe par le biais
d’expositions temporaires et de manifestations et par l’acquisition et la donation d’objets d’art
10 Par exemple la Loi sur l’organisation du gouvernement et de l’administration (LOGA) du 21 mars 1997 (RS
172.010).
11 Le Message relatif à la loi fédérale sur la fondation Musée national suisse du 29 novembre 2002 (FF 02.088)
prévoyait d’attribuer au Musée national suisse (sièges de Zurich et Prangins, ainsi que les six dépendances
extérieures) le statut de fondation de droit public dotée de la personnalité juridique, pilotée par la Confédération.
La Commission fédérale de la science, de l’éducation et de la culture (CSEC) s’est penchée sur le dossier en
2003 et 2004 et, suite aux importantes réserves émises contre la transformation du musée en fondation, a décidé
d’instituer une sous-commission chargée de réexaminer le projet et de proposer des solutions alternatives. En
octobre 2005 l’OFC a soumis au Conseil fédéral, qui l’a approuvé, un rapport présentant les bases les mesures
stratégiques et conceptuelles nécessaires à la définition d’une politique muséale au niveau fédéral. Le Conseil
des Etats et le Conseil national ont par la suite voté le renvoi du message concernant la transformation du Musée
national en une fondation, estimant qu’une nouvelle base légale est indispensable. Un nouveau message sur la
politique de la Confédération concernant les musées est en préparation ; il prévoit notamment d’éclaircir
l’appartenance des différents musées au cercle de l’administration fédérale, le rôle de l’OFC, ainsi que le rôle et
le statut des musées de la Confédération.

18 MUSEE NATIONAL SUISSE
importants pour lesquels aucune subvention publique n’est attribuée. La Fondation Musée
national suisse le soutient surtout financièrement. L’Association des Amis du Château de
Prangins et la Société pour le Musée des automates à musique de Seewen apportent leur
soutien aux deux musées du MNS. Des commissions d’exploitation existent pour le musée de
Seewen et celui de Schwyz (Commission d’exploitation du Musée des automates à musique
de Seewen et Commission d’exploitation du Forum de l’histoire suisse de Schwyz). En outre,
en tant que musées, les institutions du MNS sont actives dans des organisations qui fédèrent
les professionnels de la branche, comme l’Association des Musées Suisses (AMS), l’ICOM
(section suisse), l’ICCROM et l’ICOMOS déjà cités. La participation à ces organisations
internationales permet aux institutions de mieux défendre leurs intérêts d’une part et, d’autre
part, d’approfondir les connaissances et les problématiques liées aux professions concernées.
Cette brève description montre combien la gestion en tant qu’ensemble des huit musées
appartenant au MNS est complexe et combien les structures existantes sont hétérogènes : il
n’est pas aisé de comprendre comment elles sont organisées et fonctionnent. La mise en place
d’une véritable politique muséale commune demanderait des importants efforts de
coordination et d’uniformisation.
Les collaborations que le MNS entretient sont multiples et fréquentes, elles font partie
des activités qui font vivre un musée et lui confèrent dynamisme. Elles s’entretiennent surtout
avec d’autres institutions muséales, par exemple pour mettre sur pieds des expositions
(temporaires, thématiques, itinérantes, etc.), pour organiser des conférences (congrès,
colloques, etc.), pour permettre l’échange des compétences (restauration inventorisation,
conservation, etc.), ainsi que pour la recherche et la formation de jeunes chercheurs et/ou
d’autres professionnels du musée. Les musées, plus que toute autre institution qui conserve
une partie du patrimoine, constituent un réseau de partage et d’échange indépendamment du
niveau territorial concerné (national, régional, local).
La mission des institutions du GMS se résume aux quatre mots-clefs qui déterminent
l’action de tout musée : collectionner, conserver, documenter et valoriser. Dans le cadre de
cette mission, le Musée national concentre ses activités aux biens culturels qui donnent une
représentation de la civilisation et de l’histoire helvétiques au sens large, de l’âge de la pierre
jusqu’à nos jours. La mission propre au MNS peut donc être résumée ainsi :
• collectionner, sauvegarder et transmettre des biens culturels représentatifs et d’intérêt
national ;
• étudier, présenter et valoriser selon des méthodes modernes des sujets artistiques et
historiques ;
• favoriser un accès rapide et de proximité pour tout le monde.
Les compétences propres à chacun des musées du groupe en matière de collection – qui
est la compétence première d’un musée – ne se sont pas forgées suivant des choix réfléchis et
une politique de coordination entre les institutions, mais suivant l’évolution historique de
chacune d’entre elle et, souvent, pour sauver les collections de la déperdition ou pour des
raisons politiques. C’est pourquoi le projet de réorganisation en cours prévoit notamment de
fixer une politique générale de collection qui donne une plus grande uniformité aux choix qui
sont opérés et qui devrait notamment permettre de remplir les lacunes et réduire les doublons.
2.2.1.3 Structure
Au sommet de l’organigramme général du Musée national suisse se trouve la direction
générale. La partie inférieure de l’organigramme est divisée en deux parties, l’une se référant

MUSEE NATIONAL SUISSE 19
à la gestion proprement dite des collections et aux activités générales d’exploitation, et l’autre
aux musées appartenant au groupe. La première partie se divise en trois domaines d’activité :
le Centre des Collections (dépôt des objets, recherche en conservation, restauration et
conservation), le Centre de recherches scientifiques (Archéologie, Moyen Âge, époque
moderne et époque contemporaine, Centre de documentation, Expositions et Activités
didactiques) et Gestion d’entreprise (Gestion des processus et des projets,
Approvisionnement, Personnel et administration, Finances, Techniques d’informations,
Facility Management). Les musées, qui sont de taille très variable en termes de personnel,
sont regroupés par régions : Musées de Zürich (Schweizerisches Landesmuseum, Zunfthaus
zur Meisen, Museum Bärengasse), Musées de l’ouest et du sud de la Suisse (Château de
Prangins, Museo doganale svizzero) et Musées de la Suisse alémanique (Museum für
Musikautomaten, Forum der Schweizer Geschichte, Schloss Wildegg).
Le MNS emploie actuellement 365 personnes en tout, ce qui correspond à 117 postes de
travail. Le personnel est aussi bien composé de collaborateurs·trices administratifs·ves
(organisation, gestion, marketing, communication, informatique, etc.), de spécialistes du
domaine (conservateurs·trices, historiens·nes, historiens·nes de l’art, archéologues, etc.),
d’employés·es de surveillance et d’entretien (sécurité générale, surveillance des salles,
nettoyages, etc.), ainsi que d’experts·es externes et collaborateurs·trices à des projets de durée
déterminée. Le nombre d’employés – vu la taille du groupe, le recours à du personnel externe
et les changements en cours – peut varier d’une année à l’autre de manière significative.
2.2.1.4 Données et supports
Le Musée national a pour but de contribuer à la préservation du patrimoine culturel de la
Suisse et de montrer l’évolution et les différentes facettes qui caractérisent l’histoire
helvétique. Il collectionne, conserve et présente des objets qui ont un intérêt culturel et
historique et qui couvrent les périodes allant de la préhistoire au XXIe siècle. Puisqu’il ne
s’agit pas de musées d’art (qui collectionnent des objets dont la valeur esthétique prime), les
objets que le MNS collectionne doivent avoir une valeur particulière en relation avec la
période qu’ils représentent. Ainsi, outre l’objet physique en lui-même et les informations
intrinsèques qu’il contient, les renseignements concernant la période historique durant
laquelle il a été produit et sa mise en relation avec d’autres objets de la même époque sont
fondamentaux.
D’un point de vue mémorial, nous pouvons donc considérer que des musées comme ceux
du MNS ne font pas que de sauvegarder des objets, mais conservent également nombres
d’informations qui leurs sont rattachées. En relation à la mission qui leur est propre
(collectionner, conserver, étudier et valoriser) dans un domaine établi (culture et histoire
helvétiques), les supports au sens large sauvegardés par l’ensemble des musées peuvent être
distingués dans les larges lignes suivant les catégories ci-dessous :
• Objets : des objets en tout genre, notamment des objets archéologiques, des métaux
précieux, des drapeaux, des véhicules, des tableaux, des objets en verre, des
peintures sur verre, des objets d’arts graphiques, des photographies, des
céramiques, des équipements militaires et des armes, des meubles, des objets
d’aménagement d’intérieur, des automates à musique et des instruments de
musique, des pièces de monnaies et des billets de banque, des bijoux, des sceaux,
des sculptures, des jouets, des textiles et des costumes, des montres et des
instruments scientifiques, des uniformes, des objets ethnographiques, etc.
• Photographies : des négatifs et des photos positives des objets collectionnés.

20 MUSEE NATIONAL SUISSE
• Documents : des fiches d’inventaire et des documents donnant des informations sur
les objets conservés, des livres et des publications.
Comme c’est le cas pour les supports documentaires, notre époque se caractérise par une
augmentation exponentielle de la production d’objets et par un raccourcissement de leur durée
d’existence. L’objet, comme le document, se banalise et n’est utilisé que pour une durée de
temps bien déterminée. Pour un musée, ce changement se traduit par l’augmentation de la
difficulté de les conserver à long terme. Le XX e siècle, à titre d’exemple, se caractérise par la
présence massive de plastique, qui peut vieillir mal, de manière irrégulière. Ces problèmes de
conservation se font néanmoins sentir de manière beaucoup plus sensible dans les musées
d’art, qui peuvent notamment sauvegarder des œuvres composées de matières expérimentales,
dont la durée de vie est éphémère.
L’avènement de l’informatique et la transformation de notre société en une civilisation
digitale permet aux musées d’exploiter de nouvelles possibilités pour augmenter leur attrait
d’une part, mais aussi pour gérer les collections et les informations qui concernent les objets
conservés (via des bases de données), ainsi que pour les faire connaître au public (sites
Internet interactifs, visites virtuelles, catalogues et bases de données en ligne).
2.2.1.5 Collections
La collection d’objets de valeur avait été reconnue comme étant une importante tâche
politique et culturelle dès le XIXe siècle. C’est pourquoi, à sa fondation, le Musée national a
pu profiter de trésors amassés par des collectivités, des institutions, des familles et des
particuliers. Les musées rattachés au MNS par la suite ont donc pu profiter eux aussi de la
collection de base, qui a servi à les alimenter. Les collections historiques de la Confédération
représentent donc un ensemble basé sur un seul et même concept de collection.
Comme c’est généralement le cas dans un musée historique, les collections sont de
différente nature et constituent une mise en réseau de conceptions relativement hétérogènes,
mais qui répondent à un même but. Du point de vue des collections, le MNS n’est donc pas
toujours perceptible par les visiteurs comme étant un ensemble unitaire, mais donne
l’impression d’être constitué de différents groupes de collections (les ressorts) se présentant
sous un même chapeau. Il existe néanmoins une différence entre l’ensemble de la collection
que le Musée national conserve et les objets qui sont exposés dans les différents musées et qui
sont présentés au public. Le tableau décrit en quelques lignes le concept d’exposition de
chacun des musées du groupe. L’idée principale de ces choix a été de mettre en valeur les
collections, de la préhistoire jusqu’à nos jours, en attribuant certaines époques ou thèmes aux
musées individuels.
Musée Brève description du concept d’exposition
Schweizerishces Histoire des civilisations ayant vécu dans le périmètre de la
Landesmuseum Suisse actuelle de la préhistoire à nos jours.
Zunfthaus zur Collections du Musé national de porcelaines et de faïences du
Meisen XVIIIe siècle.
Museum Vie intellectuelle, artistique, économique, sociale, etc. de la ville
Bärengasse
Château de
Prangins
Museo doganale
svizzero
de Zurich de 1730 à 1800.
Histoire suisse de l’Ancien Régime à la Première Guerre
mondiale environ (de 1750 à 1920) à travers des œuvres d’art et
des ustensiles du quotidien de tous les domaines de la vie.
Histoire des douanes, conditions d’existence et tâches des
douaniers et des gardes-frontières.

MUSEE NATIONAL SUISSE 21
Forum der
Schweizer
Geschichte
Museum für
Musikautomaten
Histoire de la civilisation et des mœurs helvétiques des guerres
d’indépendance des trois cantons primitifs à la fin de l’Ancien
régime (de 1300 à 1800), avec un accent sur la Suisse centrale.
Instruments de musique mécanique : boîtes à musique et
automates de toutes tailles. Collection Heinrich Weiss-
Stauffacher.
Schloss Wildegg Quatre siècles de vie quotidienne d’une noble famille rurale et
histoire des guerres bourguignonnes à la veille de la Première
Guerre mondiale.
Les collections des musées de Gandria, de Seewen et de Wildegg constituent des cas un
peu particuliers en raison de l’historique des donations, mais présentent le même statut que les
autres musées et leurs collections sont gérées de la même manière.
Le caractère hétérogène des différentes expositions des musées appartenant au groupe ne
réduit pas l’unicité et, par conséquent, la valeur et l’importance du patrimoine historique
national, artistique et culturel conservé par ces musées. Certaines collections, comme celles
qui concernent la culture lacustre, la sculpture médiévale ou les armes ont même une
importance internationale. Tous les objets conservés font partie du patrimoine national et
constituent des témoins de l’évolution de notre civilisation.
La surface d’exposition de chacun des musées du groupe est connue et est résumée dans
le tableau ci-dessous :
Musée Surface d’exposition en m 2
Schweizerisches Landesmuseum 13’000
Zunfthaus zur Meisen 320
Museum Bärengasse 900
Château de Prangins 3’600
Museo doganale svizzero 320
Forum der Schweizer Geschichte 1’660
Museum für Musikautomaten 2’600
Schloss Wildegg 6’090
Total 28’490
Les objets exposés dans les salles des musées ne constituent qu’une minime partie de
l’ensemble des objets que le groupe possède, qui est estimé à 1 million d’objets. Pour être
stockés, ces objets nécessitent d’une place considérable et de bonnes conditions de
conservation. C’est pourquoi, l’inauguration du nouveau Centre des Collections à Affoltern
am Albis représente une importante étape pour le MNS : pour la première fois, toutes les
collections sont réunies dans un même endroit et bénéficient de suffisamment de place pour
plusieurs décennies. Le total des surfaces utiles du Centre est de 14'705 m 2 . Il est également à
noter que le siège de Zurich est en rénovation et qu’une annexe est en construction.
L’accroissement des collections varie beaucoup d’une année à l’autre. En moyenne, il
s’agit de 1'000 à 2'000 unités d’inventaire par année. L’entrée de legs provenant de différentes
régions de la Suisse parmi les collections du Musée national peut néanmoins faire fortement
varier cette estimation 12 .
En plus des collections d’objets, il est à souligner que le siège de Zurich possède une
bibliothèque, une photothèque et un catalogue central ; ces éléments représentent la
documentation principale du groupe. La bibliothèque accueille plus de 70'000 ouvrages et
12 En est un exemple la collection de photographies Schäffli, un legs de 5 million de photos.

22 MUSEE NATIONAL SUISSE
2'000 titres de périodiques traitant essentiellement de muséologie, archéologie, restauration et
conservation, histoire de l’art et de la culture, histoire mondiale et histoire suisse, folklore,
artisanat, art militaire et numismatique. La photothèque constitue les archives
photographiques du groupe : elle récence 350'000 tirages en noir et blanc, 23'000 en couleurs,
28’000 diapositives et 600 CD-ROMs. Outre les photographies d’objets, les mises en scène
des expos temporaires et permanentes ainsi que les prises de vue d’architecture sont
accessibles. Le catalogue central existe depuis la fondation du musée et contient les
inventaires originaux avec environ 80'000 documents relatifs à l’histoire et autant relatifs à
l’archéologie. Les collections du Musée national suisse sont enregistrées sur une banque de
données gérée et alimentée par le personnel du Centre de recherches scientifiques et
accessible à tous les collaborateurs·trices.
2.2.1.6 Coûts
Les Rapports annuels du MNS contiennent les tabelles résumant les produits et les
charges de l’ensemble des musées faisant partie du groupe. Les tabelles ci-dessous résument
les produits et les charges des années 2000 à 2005, en francs :
Produits 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Subventions 16'781'665 17'706'121 24'044'546 25'112'649 25'357'611 25'252'499
Confédération 13
Revenus d’exploitation 14 3'179'731 3'459'441 2'624'850 2'163'662 2'151'437 2'237'195
Autres subventions - - - - - 1'294'359
Subventions cantons 785'000 807'000 885'000 716'440 633'452 595'900
Dons, donations 171'469 145'000 122'080 212'458 588'578 399'328
Contributions Fondation 325'000 262'500 883'200 119'367 309'010 225'000
Total des produits 21'242'865 22'380'062 15 28'559'676 28'324'576 29'040'088 30'004'281 15
Charges 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Charges du personnel 10'896'000 11'371'258 12'238'493 12'759'074 12'518'176 12'611'253
Charges d’énergie 741'972 719'591 791'008 774'969 720'211 755'099
Frais de surveillance 1'564'173 2'085'231 2'295'264 2'259'169 2'230'789 2'052'931
Charges exploitation et 4'630'823 6'129'551 10'244'195 10'085'670 10'733'789 11'107'575
expositions
Transfert de crédit sur la 1'109'897 1'943'931 2'990'716 2'445'694 2'837'123 3'457'423
nouvelle année (RS
432.35)
Remboursements à des 2'300'000 - - - - -
partenaires d’exposition
Total des charges 21'242'865 22'249'562 28'559'676 28'324'576 29'040'088 29'984'281 15
Dons et legs 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Estimation 113'963 230’000 210'000 635'000 220'000 305'000
Alors que ces chiffres permettent de constater l’augmentation progressive et parallèle de
la somme totale des revenus, mais aussi des charges du MNS, elles ne permettent pas de
visualiser les nombreux événements et changements qui caractérisent l’existence de chacun
des musées du groupe de ces dernières années.
13 Y compris les contributions au développement du projet Nouveau Musée national pour l’année 2003.
14 Sources de l’autofinancement : entrées, visites guidées, prestations à des tiers, ventes des Boutiques des
Musées, locations, ventes contre facturation.
15 Ce chiffre ne correspond pas à celui contenu dans le rapport annuel de l’année correspondante.

MUSEE NATIONAL SUISSE 23
De manière générale, il apparaît que c’est grâce à l’augmentation des subventions de la
Confédération (en particulier entre 2002 et 2003), à l’entrée en jeu d’autres subventions ainsi
qu’à l’augmentation des dons et des donations que les recettes ont augmenté depuis 2000 ; les
subventions cantonales sont en nette diminution et les revenus d’exploitations, qui ont
bénéficié de l’énorme succès de l’exposition temporaire « Leonardo da Vinci » organisée en
2000 et prolongée jusqu’en 2001, tendent également à baisser depuis 2002. Au niveau des
charges, ce sont surtout celles du personnel, de surveillance et celles liées à l’exploitation et
aux expositions qui ont augmenté. Il est en outre à noter que les dons et les legs ont plus que
doublé en l’espace de 5 ans.
2.2.2 Etude du processus de mémorisation
Les objets, comme les documents, entrent à faire part du patrimoine national dans le sens
propre du terme lorsqu’ils sont pris en charge, conservés, documentés et valorisés par une
institution publique. Cette partie du chapitre consacré au MNS applique le concept du
processus de production de la mémoire à une institution muséale ; elle s’efforce de mettre en
relief les caractéristiques du processus de mémorisation d’un objet, par comparaison au
processus de mémorisation d’une information contenue dans un document 16 .
2.2.2.1 Mémorisabilité
Quelles sont les informations qu’il est possible de mémoriser lorsqu’on « patrimonialise »
un objet, c’est-à-dire lorsqu’on fait entrer un objet dans la collection d’un musée
national comme ceux du GMS ? De quel type d’informations ou de données s’agit-il ?
Les musées appartenant au MNS, suivant les compétences que les fondements légaux leur
confèrent, récoltent des objets matériels qui, par la signification culturelle et historique
auxquelles ils renvoient, permettent une reconstruction thématique d’une période donnée,
mais également une interrogation sur ce qui crée l’identité nationale. Ainsi, en Suisse, le
choix a été fait de conserver des objets matériels qui, par leur juxtaposition et par association
d’idées, permettent d’accéder à des informations éloignées dans le temps et, en même temps,
de réfléchir à des questions identitaires. Il a été en somme décidé que ce qui est mémorisable
est un patrimoine matériel, mais que celui-ci donne ensuite accès à une mémoire immatérielle.
Dans d’autres pays et dans d’autres cultures, il apparaît que le patrimoine culturel
immatériel 17 est tout aussi, sinon plus, important que le patrimoine matériel : on s’efforce
donc de conserver des éléments immatériels du patrimoine. En République de Corée (Corée
du Sud), par exemple, suite à l’occupation japonaise et à la guerre de Corée (1910-1945), une
grande partie du patrimoine matériel a été détruite. La Loi sur la protection des biens culturels
de 1962 s’est donc efforcée de sauvegarder un patrimoine immatériel lui aussi menacé de
disparition. Dans le cadre de cette loi, qui inventorie et numérote plusieurs centaines de
16 Certaines parties de ce chapitre ont trouvé des éléments d’inspiration dans une présentation de Mme. Marie-
Claude Morand intitulée « Le point d’actualité : vers une nouvelle politique de la mémoire ? » qui a eu lieu le 13
juin 2006 à l’IDHEAP dans le cadre du Séminaire pour spécialistes et cadres Politiques culturelles entre
universalisme et sélection.
17 La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO du 17 octobre 2003
définit le patrimoine culturel immatériel comme suit : « On entend par "patrimoine culturel immatériel" les
pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les instruments, objets, artefacts
et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus
reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de
génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu,
de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d'identité et de continuité,
contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine. […] »

24 MUSEE NATIONAL SUISSE
pratiques culturelles, une personne possédant des compétences approfondies pour chacune de
ces pratiques a été choisie et mission lui a été donnée de la préserver et transmettre en tant
qu’élément du patrimoine. Ainsi, la politique de la préservation du patrimoine national prévoit
également la mémorisation d’un patrimoine immatériel et vivant au moyen de « Trésors
humains vivants » 18 . Le choix coréen a donc été celui de conserver et transmettre un
patrimoine matériel (les objets mobiles et immobiles), mais également un patrimoine
immatériel.
Cet exemple, qui excède le domaine muséal strictu sensu, a été évoqué pour montrer qu’il
existe des formes de mémorisation de patrimoines immatériels qui participent d’une identité
nationale et dont il serait envisageable d’exposer des éléments dans un musée national, à côté
des objets usuels. Il serait donc erroné de croire que seul le patrimoine matériel, c’est-à-dire
les informations culturelles et historiques faisant intrinsèquement partie d’un support
physique, peut être patrimonialisé ou, selon notre terminologie, mémorisé. Il s’agit en réalité
d’un choix culturel, social et politique qui reflète notre attachement au monde matériel. Il est
néanmoins à noter que, en plus des objets eux-mêmes, le MNS collectionne d’une certaine
manière aussi un savoir sur ces objets : il s’agit de ce point de vue d’une forme immatérielle
de patrimoine.
2.2.2.2 Dignité à la mémorisation
Dans un musée le processus de patrimonialisation s’articule en premier lieu autour de la
politique de collection de l’institution : celle-ci définit en effet ce qui est digne d’être
mémorisé en lui ouvrant l’accès à l’institution muséale et détermine par la suite tous les autres
processus qui règlent la manière de collectionner. Comme dans toute véritable archive, une
collection appartenant à un musée historique comme le Musée national reste toujours
inaliénable et imprescriptible. Une fois qu’il est dans les collections du musée, un objet y
reste pour toujours.
S’agissant d’un groupe de huit musées, les objets conservés au Musée national suisse ne
sont pas le résultat d’une politique de collection strictement unitaire, mais sont la somme de
différentes politiques de collection organisées en ressorts et coordonnées par l’ensemble des
conservateurs·trices. Pour cette raison 19 , ce chapitre se focalisera sur la politique de collection
menée par les conservateurs·trices du Centre des recherches scientifiques, qui est en grande
partie représentative de la politique poursuivie par l’ensemble des musées du groupe et qui le
sera de plus en plus dans le futur.
La politique de collection poursuivie par le Musée national est décrite dans les grandes
lignes dans un document intitulé Sammlungskonzept et datant de décembre 1998. Il apparaît
que des changements ont eu lieu depuis, car la politique de collection évolue au fil des années
et s’adapte, mais le concept général reste néanmoins valable. Les critères de sélection du
Musée national vont du général au particulier, c’est-à-dire de sa philosophie globale de
collection, à des définitions plus restreintes, qui sont faites sur mesure selon le domaine
thématique ou la période historique qui définit la collection.
Le critère général de sélection de ce qui est digne d’être conservé par le MNS – et qui fait
justement de lui un musée national – est le suivant : sont collectionnés les objets produits
et/ou utilisés en Suisse et provenant de ses différentes régions. Etant néanmoins aussi un
18 Se référer à Dawnhee Yim, « Le système des trésors humains vivants et la protection du patrimoine culturel
immatériel : expériences et enjeux », Les nouvelles de l’ICOM, 4, 2004, 10-12.
19 Une autre raison est le fait qu’il n’a pas été possible dans le cadre de ce chapitre, rédigé suivant des délais
relativement courts, d’étudier séparément les politiques de collections de chacun des musées du groupe. Ceci
aurait en effet demandé de réaliser des entretiens dans chacune des institutions.

MUSEE NATIONAL SUISSE 25
musée historique, ces objets doivent posséder une signification particulière, que ce soit du
point du vue culturel et/ou historique 20 . Un troisième critère important est que les domaines
de collection traversent toutes les époques historiques, y compris les temps présents (ce qui
n’a justement pas toujours été le cas). Cependant, dans le choix des domaines de collection à
poursuivre, le musée tient également compte des collections déjà existantes dans le paysage
suisse des musées et des collectionneurs afin d’éviter au mieux les redondances, tout du
moins à un niveau de collectionnement macroscopique.
La politique de collection du musée se distingue ensuite par domaine, qu’il renvoie à une
période déterminée (notamment Archéologie et Histoire culturelle contemporaine) ou à une
catégorie d’objets (comme par exemple les textiles, les armes, etc.). Plus une époque se trouve
reculée dans le temps, moins de sélection il y a (tout est conservé) et vice-versa, plus une
époque est proche de la nôtre, plus il y a d’objets à disposition et plus il faut les sélectionner.
Les collections bâties par groupe d’objets suivent une politique de sélection qui vise à
compléter la sélection suivant le fil de l’évolution des temps (par exemple : une collection
représentative de la sculpture sur bois du Moyen-Âge à nos jours). Ces deux approches
(période déterminée et catégories d’objets) se croisent, mais c’est principalement suivant la
deuxième perspective que les différentes collections du musée sont construites. Ainsi, la
croissance de chacune des collections varie en méthode et rapidité de collecte : certaines
collections sont considérées comme étant complètes, d’autres sont toujours en évolution.
Le tableau ci-dessous montre l’interdépendance entre les collections du musée et les
périodes historiques représentées (réduites ici à une subdivision un peu arbitraire) :
Périodes historiques
Domaines de collection
Archéologie
Paléolithique/Mésolithique
Âge de Bronze
Âge de Fer
Epoque romaine
Haut Moyen-Âge
Objets étranges et curiosités
Matériel didactique
Paléolithique (← 0)
Ep. Romaine – Haut M-Â (0 – IX e s.)
Bas M-Â (IX e – XV e s.)
XV e – XVII e s.
XVIII e s.
XIX e s.
Epoque contemporaine (XX e s. →)
Eléments de construction
Peinture
Peinture sur verre
20 Pour donner un exemple concret : une boîte de Zwieback, représentant un produit typiquement suisse ayant
traversé les décennies et qu’une grande partie de la population connaît, pourrait entrer à faire partie des
collections du musée si la consommation de cette denrée alimentaire avait eu des retombées significatives, par
exemple, si elle avait contribué à nourrir la population dans une période de guerre. Puisque ceci n’est pas le cas,
elle ne fait pas partie des collections.

26 MUSEE NATIONAL SUISSE
Peinture murale
Sculpture
Enluminure
Arts graphiques
Architecture d’intérieur
Meubles
Verre
Céramique
Orfèvrerie
Alliages cuivreux, étain
Textiles
Parements liturgiques
Costumes, accessoires
Bijoux
Jouets
Montres/Instruments scientifiques
Automates à musique
Ethnographie
Instruments de musique
Médailles
Cachets
Monnayage
Armes
Uniformes et équip. militaire
Drapeaux
Photographie
Du XX e siècle jusqu’à nos jours
La vie au quotidien
Les institutions publiques
L’espace public
Le travail
L’économie
La science
Evénements politiques
Les mouvements sociaux
L’identité nationale
Les groupements religieux
Evénements culturels
Le tourisme
La migration
L’écologie et le paysage
Les médias et la communication
Objets de personn. importantes
On voit bien que les collections du Musée national suivent une logique de diversification
et d’interdisciplinarité et que les politiques de collection poursuivies sont très variables d’un
domaine à l’autre : les mêmes critères ne peuvent en effet pas être appliqués pour la collection
archéologique – pour laquelle on peut dire qu’aucune sélection n’est effectuée, les objets de
ces périodes si éloignées de nous étant de plus en plus rares – et les XX e et XXI e siècles, pour
lesquels on dispose d’un énorme choix. Chaque période demande donc une politique de
collecte qui lui est taillée sur mesure, tenant compte notamment de la rareté ou de la valeur
des objets qui lui subsistent.

MUSEE NATIONAL SUISSE 27
Depuis une dizaine d’années, l’institution a d’ailleurs renforcé ses efforts de collection
pour la période contemporaine qui, comme la collection archéologique, obéit à une logique de
collection propre. A côté des activités de collection axées sur des objets (fonction et
matériaux), les champs de collection thématiques pour la même période ont été intensifiés :
des thèmes comme la culture de masse, les mouvements sociaux, les événements historiques
sont mis en scène dans les expositions. Sont collectionnés des objets qui ont bénéficié d’une
grande diffusion, comme par exemple des produits confectionnés industriellement, car ils sont
souvent représentatifs pour des groupes entiers de population. Mais pour faire face à la
pression exercée par le potentiel amoncellement des objets, un ultérieur critère de sélection
ciblée est appliqué : la stratégie dite des produits émergents. Il s’agit d’objets représentatifs
des modifications sociales ou formelles intervenues dans les techniques de production. Ils
témoignent du quotidien au sein de systèmes politiques et sociaux différents, ils montrent le
changement des styles, des formes et des situations, ils illustrent le changement intervenu
dans la compréhension qu’une époque a d’elle-même ou présentent l’antagonisme existant
entre les images à travers lesquelles cette époque se représente. Ils marquent enfin le passage
de la société productiviste à une société de services, de consommation et d’informations
(réalité médiatique qui se situe au dessus de l’histoire personnelle ou du vécu subjectif). Pour
assurer une coordination optimale avec les autres musées, l’Association des musées suisses a
créé un groupe de travail, sous l’égide du MNS, qui a pour but de faciliter l’échange
d’informations et de coordonner les différentes activités dans ce domaine.
Le Musée national poursuit une politique de collecte mixte, c’est-à-dire à la fois active
(achats visant à combler de manière prévisible les différentes collections) et passive
(acceptation de dons, legs, etc. qui s’insèrent dans les collections existantes) selon le type de
collection dont il s’agit. La collection d’automates à musique, par exemple, poursuit une
politique d’achat active car il s’agit d’un domaine très restreint et spécialisé ; par contre, les
collections photographiques profitent souvent de dons ou de legs importants. Actuellement les
collections sont composées à 50% d’objets achetés et à 50% d’objets légués ou offerts. Les
dons ou les legs, s’ils sont acceptés, ils le sont après évaluation et éventuellement tri
préalables, suivant une procédure formelle bien établie. Les achats, quant à eux, s’effectuent
souvent dans des ventes aux enchères. La tendance actuelle est de favoriser une politique
d’achat de plus en plus active, afin de mieux sélectionner les objets qui sont appelés à faire
partie du patrimoine national helvétique.
La procédure qui amène à la décision d’accepter ou non un objet ou un groupe d’objets
dans une collection déterminée suit une démarche claire : chaque conservateur·trice
responsable d’une collection présente les objets amenés à faire potentiellement partie de sa
collection à la réunion trimestrielle prévue pour ça : il·elle argumente en faveur de son choix.
La décision est prise à l’unanimité par l’ensemble des conservateurs·trices présents, sauf pour
les achats qui dépassent les 20'000 francs : dans ce cas c’est la direction du musée qui prend la
décision définitive. La responsabilité de chaque conservateur·trice par rapport à la collection
dont il·elle est en charge est grande : il existe des listes qui déterminent quels sont les critères
de choix à appliquer, mais c’est à lui·elle de se familiariser avec sa collection et de la
compléter ou de la faire croître suivant une certaine logique ou cohérence. Sa marge
d’appréciation est donc relativement importante et dépend effectivement de ses compétences
en la matière (connaissances effectives de l’époque et de la catégorie d’objet en question,
ainsi que de l’ensemble de la collection). Les connaissances substantielles des
collaborateurs·trices du musée apparaissent donc comme étant essentielles. Le montant de
l’achat joue bien évidemment un rôle important dans la décision.

28 MUSEE NATIONAL SUISSE
2.2.2.3 Mémorisation réelle
Le chapitre précédent nous a montré combien la politique de collection est fondatrice
pour un musée. La politique de conservation joue un rôle plus secondaire et d’ordre technique
mais dans l’esprit de tout un chacun elle constitue l’essence de l’institution, car celle-ci a pour
mission de sauvegarder le patrimoine historique et culturel d’une nation ou d’une région.
L’état de conservation d’un objet peut néanmoins encore jouer un rôle dans la sélection de
l’objet à patrimonialiser dans le cas d’un musée historique : le musée peut en effet avoir
parfois le choix entre deux objets identiques mais présentant des états de conservation
différents. L’objet en meilleur état sera donc sélectionné et deviendra un des multiples
représentants du patrimoine national.
Conservation
Depuis peu, le MNS peut se prévaloir d’un Centre des Collections situé à Affoltern am
Albis qui facilitera la gestion des collections réparties auparavant dans différents dépôts 21 ,
mais qui permettra également un meilleur partage des compétences des conservateurs·trices
et/ou restaurateurs·trices grâce à la création d’un laboratoire de recherche en conservation.
Toutes les collections pourront ainsi désormais bénéficier d’excellentes conditions de
conservation.
Restauration
En principe, distinction est faite entre mesures de conservation actives et préventives. Les
mesures de conservation actives correspondent à la restauration de l’objet : elles ont lieu
lorsqu’une intervention directe dans la substance de l’objet se révèle nécessaire et il s’agit par
exemple du nettoyage et du dégagement des surfaces, de la protection et consolidation des
substances instables. Ces interventions sont limitées au minimum et concernent en particulier
des objets relativement anciens et précieux. En outre, on considère aujourd’hui que la
restauration d’un support lui enlève une partie d’authenticité. La conservation préventive, par
contre, cherche à garantir l’état de conservation des objets : ceux-ci doivent être protégés –
que ce soit dans les salles d’exposition ou les dépôts – par des contrôles réguliers des
conditions ambiantes (humidité atmosphérique, température et intensité de la lumière). Les
conditions de conservation nécessaires sont fixées dans le Code éthique pour les musées établi
par l’ICOM.
Classement et répertoriage
Dans le dépôt d’Affolter – où actuellement les collections qui n’y sont pas encore sont en
train d’être transférées – les objets sont regroupés selon les matériaux dont ils sont composés,
car ceux-ci ne demandent pas les mêmes conditions de conservation (par exemple, distinction
entre matières organiques et anorganiques). Ils seront ensuite rangés dans des compactus
mobiles adaptés à leurs dimensions.
Sur chaque objet (voir sur chaque élément séparable de celui-ci) est fixée une étiquette
munie d’un code barre qui permet de le retrouver dans l’immensité du dépôt. Ces étiquettes ne
remplacent pas le numéro d'inventaire, qui est appliqué directement sur l'objet. Elles
permettent de traiter électroniquement les données concernant l'emplacement et le lieu de
stockage temporaire de chaque objet, ainsi que son lieu de provenance, par une simple
21 Le dépôt du Musée des automates à musiques restera à Seewen, s’agissant non seulement d’une institution
muséale, mais d’un centre spécialisé bénéficiant d’installations neuves et de conditions de conservation
optimales.

MUSEE NATIONAL SUISSE 29
interrogation de la banque de données centrale, qui est en outre enrichie d’images digitalisées
des objets.
Protection
Avec le nouveau dépôt, les collections du MNS bénéficient d’une surveillance
permanente et optimale.
En conclusion, il apparaît qu’avec la construction du nouveau dépôt à Affoltern, qui
complète le dépôt central qui existait déjà, les conditions globales de conservation de
l’ensemble des collections du Musée national ont fait un bond en avant, dans le sens que
toutes les collections des divers ressorts bénéficient désormais des mêmes conditions,
uniformes et stables.
Documentation
Concernant la mémorisation réelle du patrimoine véhiculé par ces musées historiques, il
est fondamental de souligner que, outre la conservation des supports physiques, un autre
aspect se révèle tout aussi important, sinon plus : il s’agit de la documentation et de la
recherche scientifique. Chaque objet individuel doit en effet pouvoir bénéficier d’une
documentation précise, écrite et iconographique, sans quoi la collecte et la conservation d’un
objet donné serait quasi inutile. Cette étape se déroule habituellement au moment de
l’acquisition de l’objet (donc au moment de la sélection des objets dignes d’être mémorisés).
Elle est néanmoins fondamentale également dans la phase traitée ici, puisqu’une bonne
documentation contribue à ce que les objets soient maniés le moins possible et aient ainsi plus
de chances de se conserver durablement.
2.2.2.4 Accessibilité au public
Parmi les différentes étapes qui fondent les activités d’un musée suivant les politiques qui
déterminent les choix oeuvrés – la politique de collection, de conservation, de documentation
et de recherche – seule la politique de valorisation est perceptible par le public, puisque c’est
elle qui définit de quelle manière les collections doivent être présentées au public. Cette étape
prend de plus en plus d’importance, car le succès d’une exposition en termes de nombre
d’entrées devient toujours plus un facteur déterminant dans la survie d’une institution
muséale, notamment suite au désintérêt croissant de la population. La tendance est donc celle
d’attribuer plus d’énergie à l’exposition des collections, au détriment parfois d’une réflexion
de fonds sur la politique de collection et sur la documentation et la recherche. Pour sa part, le
Musée national suisse cherche à trouver un équilibre judicieux entre ces deux pôles d’activité.
En regardant les statistiques du nombre de visiteurs des musées du groupe, il apparaît que
l’augmentation de ceux-ci pour les deux dernières années est à attribuer aux efforts fournis
par trois musées en particulier, le Château de Prangins, le Forum d’histoire suisse et le
Château de Wildegg, qui a plus que dupliqué le nombre d’entrées en l’espace de cinq ans. Le
Musée national à Zurich registre par contre un nombre d’entrées linéairement décroissant sur
la période choisie.
Nombre de visiteurs
Musée 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Schweizerisches Landesmuseum 264'249 250'505 211'456 208'334 181'167 193'690
Zunfthaus zur Meisen 19'721 19'261 17'212 19'799 17'802 17'958
Museum Bärengasse 16'123 8'489 6'146 8'670 22'746 16'266
Château de Prangins 30'382 45'624 51'105 55'362 66'842 45'510

30 MUSEE NATIONAL SUISSE
Museo doganale svizzero 20'799 22'406 19'666 21'104 17'841 14'047
Forum der Schweizer Geschichte 15'015 19'500 44'559 41'195 50'708 38'003
Museum für Musikautomaten 36'153 32'478 29'300 25'636 34'122 33'446
Schloss Wildegg 34'063 37'346 40'337 44'894 76'865 81'136
Total 436'505 435'609 419'781 424'994 468'093 440'056
A travers les expositions permanentes, qui présentent en général les objets les plus beaux
et les plus précieux des collections, environ le 10% des objets conservés par les musées du
groupe sont visibles. Les expositions temporaires constituent l’occasion de montrer des
collections qui ne sont pas visibles habituellement et représentent souvent un facteur
déterminant pour l’augmentation des visiteurs dans les musées ; elles sont en effet visitées par
un public différent à celui qui accède habituellement aux expositions historiques permanentes.
Les objets sortent des dépôts du MNS également pour des prêts de courte ou de longue
durée à d’autres institutions muséales en Suisse ou à l’étrange. Lorsque les objets sont
exposés ou prêtés, les conservateurs·trices et les restaurateurs·trices accordent une attention
particulière à la préparation de l’objet : son état de conservation et sa résistance au transport,
l’emballage, le suivi du transport, le déballage, le montage et enfin les conditions
d’exposition.
Les collections qui restent dans les dépôts ne sont en principe pas visibles par le public,
mais sont en revanche accessibles sur demande particulière aux chercheurs·euses et aux
professionnels des branches concernées qui mènent des investigations sur des objets ou
catégories d’objets déterminés. Pourquoi une si grande partie des objets patrimonialisés reste
stockée dans des dépôts et n’est pas utilisée de manière plus intensive pour les expositions ?
La raison en est que, de plus en plus, le public désire avoir accès à une information déjà
sélectionnée, qui lui permet de connaître et de comprendre rapidement les aspects relevants
d’une époque. Ainsi, les dépôts du Musée national ne doivent pas être compris comme un
simple stockage d’objets, mais comme le lieu de conservation d’un patrimoine, le lieu de
transmission d’objets relevants de notre passé aux générations futures. Par ailleurs, cette
intense activité de stockage satisfait à l’exigence de témoigner d’une manière aussi exhaustive
que possible des caractéristiques propres de chaque époque.
Les objets les plus importants et représentatifs sont photographiés et documentés :
l’archive de documentation des objets (Nachweisakten Archiv) peut être consultée par tout un
chacun. Un choix d’images numériques des objets représentatifs d’une collection est
accessible via Internet. Le site web du groupe constitue ainsi un vecteur interactif pour
accéder aux collections conservées.
Les musées du MNS s’efforcent de se faire connaître par le public utilisant différents
moyens de diffusion de l’information : à travers leurs publications (brochures, catalogues,
rapports annuels), les visites guidées (pour adultes et écoliers), des manifestations
particulières (portes ouvertes, etc.) et, surtout, en transformant l’espace muséal en un lieu
culturel et ouvert à d’autres activités (concerts, événements, conférences). Enfin, il ne faut pas
oublier que par leur mandat de documentation et de recherche, les institutions du groupe sont
actives également au niveau académique (recherches, publications, conférences, congrès,
etc.) ; à cela s’ajoute en outre la formation de jeunes chercheurs·euses et professionnels de la
branche.
2.2.3 Commentaires
Ce chapitre, consacré au Musée national suisse, constitue une première tentative
d’application du concept de la mémoire nationale au domaine muséal. Il a été rédigé tout

MUSEE NATIONAL SUISSE 31
d’abord grâce à deux entretiens réalisés avec Mme. Pascale Meyer et M. Konrad Jaggi au
Musée national à Zurich, ensuite par la lecture de nombreux documents, brochures,
publications récents ayant trait au GMS. Il a ensuite été discuté par plusieurs cadres du MNS
ainsi que par son directeur, M. Andreas Spillmann.
Tous les aspects qui caractérisent la vie de cette institution complexe n’ont pas pu être
décrits dans ce cadre, le but étant plutôt de montrer le degré de difficulté que la détermination
de ce en quoi consiste le patrimoine national dans ce domaine représente et de souligner sa
forte interdépendance avec l’évolution historique, les moyens financiers à disposition et le
succès auprès du public. Les commentaires concernant le processus de mémorisation ou de
patrimonialisation des objets sensés représenter l’esprit helvétique au fil de l’histoire que nous
désirons mettre en relief sont d’ordre général et peuvent être résumés ainsi :
(1) La collection d’objets du MNS forme un tout est elle est pensée comme un
ensemble, car la conservation de tous ces objets répond à un seul et même
but. Cette collection est cependant le résultat d’une somme de collections
gérées sous forme de ressorts et répondant à des critères qui leur sont propres.
Alors qu’il est relativement aisé de décrire les critères de collection qui sont
propres à chaque catégorie d’objets faisant partie d’un même ressort, il
apparaît difficile de comprendre depuis l’extérieur s’il y a (ou quelle est) la
ligne directive générale de la politique de collection globale qui définit le
musée. Cet aspect ne caractérise par le MNS uniquement, mais est souvent
récurrent dans les musées historiques.
(2) Il apparaît ainsi qu’il n’est pas du tout aisé de définir de manière générale
quels sont les objets qui sont à même de représenter la mémoire helvétique.
Ce questionnement concerne tout particulièrement la période contemporaine
qui, comme nous l’avons constaté dans le domaine du patrimoine
documentaire, se caractérise par une augmentation exponentielle de la
production matérielle et par une mixtion de plus en plus flagrante non
seulement des supports, amis également des domaines (culturel, historique,
artistique). La mémoire nationale peut être représentée par n’importe quel
objet matériel, il faut donc choisir des lignes directrices en connaissance de
cause. Les collections bâties sur une politique consciente de ces questions
auront une cohérence et une unité beaucoup plus parlante à tout public. Il ne
s’agira plus d’un musée central qui se revendique un statut « national », il
s’agira d’une institution véritablement fédérative, que ce soit d’un point de
vue de la gestion, du réseau ou des contenus. Pour ce faire, le MNS entend
renforcer la collaboration avec d’autres institutions muséales via notamment
l’Association des musées suisses.
(3) La description faite dans ces pages montre qu’aucun acteur impliqué n’est
désigné comme étant un régulateur. Les décisions sont prises par les
opérateurs eux-mêmes, c’est-à-dire essentiellement par les
conservateurs·trices des collections. Dans le cadre des musées, un éventuel
régulateur devrait tenir compte des autres institutions muséales qui ont pour
mission de conserver une partie du patrimoine, notamment les musées
cantonaux.
(4) Pour les objets, au contraire de ce qui se passe avec les documents, il est
prévu que seulement une petite partie d’entre eux soit accessible au public.
Pour cette raison, le succès des expositions permanentes ou temporaires est
déterminant. Seulement la pointe de l’iceberg est visible, elle doit être

32 MUSEE NATIONAL SUISSE
regardée pour que tout le reste de l’iceberg puisse subsister. Il apparaît donc
que dans le cadre des institutions muséales la variable externe que nous avons
appelée capacité de générer un besoin joue un rôle essentiel. Existe-t-il un
lien entre la perception de la population suisse actuelle de la « suissitude » et
son intérêt diminué pour le patrimoine culturel et historique conservé dans les
musées ?

3 Conclusion
La réflexion autour des deux institutions traitées dans ces chapitres est intéressante dans
la mesure où elle montre combien – outre la teneur des obligations légales – le lien entre les
choix politiques, institutionnels et organisationnels déterminent le contenu même d’une
archive, qu’il s’agisse d’une archive de documents ou d’objets.
Il apparaît en effet que dans le passé ces aspects ont souvent primé et que les discussions
autour de la politique globale de collection n’interviennent que depuis peu. La croissance
d’une archive peut être comparée à la croissance d’un arbre : la forme que celui-ci prend au
cours de son développement est soumise aux aléas des conditions ambiantes,
météorologiques, géologiques, topographiques, etc. dans lequel il se trouve ; la forme que
l’arbre prendra au cours de son existence ne pourra être modifiée que très difficilement par
une intervention externe qui risquerait de le dénaturer. De même pour une archive : le chemin
que la croissance de ses collections prend peut être modifié, mais n’est pas sans conséquence.
Une archive ayant déterminé a priori quelle est la forme qu’elle désire prendre (politique de
collection claire) pourra, au contraire d’un arbre, avoir un impact sur les conditions de gestion
et d’organisation qui lui sont imposées.

4 Références
4.1 Entretiens
Archives fédérales des monuments historiques :
Mme. Doris Amacher, responsable des Archives fédérales des monuments historiques
depuis 2003. Berne, Office fédéral de la culture, le 31 juillet 2006.
Musée national suisse :
Mme. Pascale Meyer, Conservatrice de l’histoire du XXe siècle depuis 2004. Zurich,
Musée national suisse, les 5 et 19 septembre 2006.
M. Konrad Jaggi, responsable du département Information et documentation depuis 1995.
Zurich, Musée national suisse, les 5 et 19 septembre 2006.
4.2 Sites Internet
Archives fédérales des monuments historiques :
http://www.bak.admin.ch/bak/themen/kulturpflege/00513/00523/index.html
(page Internet des AFMH sur le site de l’OFC en 2006)
http://www.bak.admin.ch/bak/themen/kulturpflege/00513/index.html
(page Internet de la section Patrimoine culturel et monuments historiques sur le
site de l’OFC en 2006 ; actuellement page Internet de la BN)
http://www.nb.admin.ch/slb/sammlungen/graphische_sammlung/01443/index.html?lang=fr
(page Internet des AFMH sur le site de la Bibliothèque nationale)
http://archisources.epfl.ch
(guide des sources d’archives d’architecture et des bureaux techniques, Archives
de la construction moderne, EPFL)
Musée national suisse :
http://www.musee-suisse.ch
(site Internet du Musée national suisse)
http://www.bak.admin.ch/bak/themen/kulturpflege/00515/index.html
(page Internet de l’OFC consacrée aux musées, aux institutions culturelles, aux
collections)
http://www.vms-ams.ch
(site Internet de l’Association des musées suisses)
http://www.icom-suisse.ch
(site Internet du Conseil international des musées, section Suisse)
http://www.iccrom.org
(site Internet du International Centre for the Study of the Preservation and
Restoration of Cultural Property)
http://www.international.icomos.org
(site Internet du International Council of Monuments and Sites)

36 REFERENCES
http://portal.unesco.org
(portail Internet de l’UNESCO)
4.3 Références bibliographiques
Archives fédérales des monuments historiques :
Amacher Doris, Zemp Ivo, Strategie 2004-2007, Eidgenössisches Archiv für
Denkmalpflege EAD, Bundesamt für Kultur, Sektion Heimatschutz und
Denkmalpflege, 24. November 2003.
Archives fédérales des monuments historiques. Informations aux usagers, Office fédéral
de la culture, Section patrimoine culturel et monuments historiques, Berne, [s.d.].
Carlen Georg, « Das Eidgenössische Archiv für Denkmalpflege / Les Archives fédérales
des monuments historiques », Unsere Kunstdenkmäler / Nos monuments d’art et
d’histoire / I nostri monumenti storici, XXVIII, 1977, 1, pp. 8-18.
La mémoire des monuments, Journal OFC, 13, 2004.
Notice documentation, Office fédéral de la culture, Section patrimoine culturel et
monuments historiques, Berne, 10 mars 2003.
Compte d’Etat 2000, Berne, Administration fédérale des finances.
Compte d’Etat 2001, Berne, Administration fédérale des finances.
Compte d’Etat 2002, Berne, Administration fédérale des finances.
Compte d’Etat 2003, Berne, Administration fédérale des finances.
Compte d’Etat 2004, Berne, Administration fédérale des finances.
Compte d’Etat 2005, Berne, Administration fédérale des finances.
Musée national suisse :
Brochure Musée Suisse. Domaine du Château de Wildegg ; Demeure de onze
générations, Office fédéral de la culture, [s. d.].
Brochure Musée Suisse. Forum des Schweizer Geschichte, Schwyz ; Das Haus des
Geschichte n der Zentralschweiz , Office fédéral de la culture, [s. d.].
Brochure Musée Suisse. Histoire culturelle de la Suisse, Office fédéral de la culture, [s.
d.].
Brochure Musée Suisse. Maison de la corporation « zur Meisen » ; splendeurs de la table
bourgeoise, Office fédéral de la culture, [s. d.].
Brochure Musée Suisse. Musée national de Zurich ; tour d’horizon, Office fédéral de la
culture, [s. d.].
Brochure Musée Suisse. Musée Suisse des douanes ; l’histoire douanière en direct,
Berne : Office fédéral de la culture, [s. d.].
Brochure Musée Suisse. Museum Bärengasse. Vernunft und Leidenschaft ; Zürich 1750-
1800, Office fédéral de la culture, [s. d.].
Brochure Musée Suisse. Museum für Musikautomaten, Seewen SO, Office fédéral de la
culture, [s. d.].

REFERENCES 37
Brochure Musée Suisse. Neues Landesmuseum Zürich. Für die Schweiz im 21.
Jahrhundert, Schweizerisches Landesmuseum, September 2005.
Brochure Musée Suisse. Sammlungszentrum Affoltern am Albis. Das Herzstück der
Musée Suisse Gruppe, Musée Suisse Gruppe und Bundesamt für Bauten und
Logistik BBL, Septembrer 2005.
Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO du 17
octobre 2003.
Dawnhee Yim, « Le système des trésors humains vivants et la protection du patrimoine
culturel immatériel : expériences et enjeux », Les nouvelles de l’ICOM, 4, 2004,
10-12.
Document La politique de la Confédération concernant les musées, Berne : Office fédéral
de la culture, 31.03.2006.
Document Sammlungskonzept. Stand Dezember 1998, Schweizerisches Landesmuseum
Zürich.
Furger Andres, Musée national suisse, Zurich & Prangins [avec des contributions de
Chantal de Schoulepnikoff, François de Capitani ; photogr. de Donat Stuppan ;
trad. de l'allemand par Laurent Auberson], Genève : Banque Paribas (Suisse),
Zurich : Institut suisse pour l'étude de l'art, Musées suisses, 1998.
ICOM Ethische Richtlinien für Museen (Code of Ethics for Museum), Berlin / Wien /
Zürich : International Council of Museums Deutschland / Österreich / Schweiz,
2003.
Message relatif à la loi fédérale sur la fondation Musée national suisse du 29 novembre
2002 (FF 02.088).
Musée suisse : acht Museen - ein Unternehmen / Musée suisse : huit musées - une
entreprise / Musée suisse : otto musei - un'unica impresa / Musée suisse : eight
museums - one enterprise [Dir. : Andres Furger], Zürich : Schweizerisches
Landesmuseum Zürich, Bundesamt für Kultur, 2001.
Musée suisse : les collections 2000/2001. Dons, acquisitions, conservations, Zürich :
Landesmuseum, Bundesamt für Kultur, 2003.
Musée suisse : les collections 2002/2003. Dons, acquisitions, conservations, Zürich :
Schweizerisches Landesmuseum, Bundesamt für Kultur, 2005.
Musée suisse : Schweizerisches Landesmuseum. 109. Jahresbericht 2000, Zürich :
Schweizerisches Landesmuseum, Bundesamt für Kultur.
Musée suisse : Schweizerisches Landesmuseum. 110. Jahresbericht 2001, Zürich :
Schweizerisches Landesmuseum, Bundesamt für Kultur.
Musée suisse : Schweizerisches Landesmuseum. 111. Jahresbericht 2002, Zürich :
Schweizerisches Landesmuseum, Bundesamt für Kultur.
Musée suisse : Schweizerisches Landesmuseum. 112. Jahresbericht 2003, Zürich :
Schweizerisches Landesmuseum, Bundesamt für Kultur.
Musée suisse : Schweizerisches Landesmuseum. 113. Jahresbericht 2004, Zürich :
Schweizerisches Landesmuseum, Bundesamt für Kultur.
Musée suisse : Schweizerisches Landesmuseum. 114. Jahresbericht 2005, Zürich :
Schweizerisches Landesmuseum, Bundesamt für Kultur.

38 REFERENCES
Rapport du DFI sur la politique de la Confédération concernant les musées, Berne,
Département fédéral de l’intérieur, [s. d.].
Sammlungskonzept. Stand Dezember 1998, Schweizerisches Landesmuseum Zürich.
Schatzkammer der Schweiz : Kostbarkeiten des Schweizerischen Landesmuseums /
Patrimoine culturel de la Suisse : joyaux du Musée National Suisse / Patrimonio
culturale della Svizzera : oggetti preziosi del Museo Nazionale Svizzero
[Redaktion Jenny Schneider und Fritz Hofer ; Texte Rudolf Degan, Hans-Ulrich
Geiger et al. ; Photographien Robert Hirt und Marianne Knecht], Zürich,
München : Artemis Verlag, 1980.
4.4 Références législatives
101 Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999.
152.1 Loi fédérale sur l'archivage (Lar) du 26 juin 1998.
152.11 Ordonnance relative à la loi fédérale sur l'archivage (OLAr) du 8
septembre 1999.
172.010 Loi sur l’organisation du gouvernement et de l’administration (LOGA) du
21 mars 1997.
235.1 Loi fédérale sur la protection des données (LPD) du 19 juin 1992.
432.31 Loi fédérale concernant la création d’un musée national suisse du 27 juin
1890.
432.311 Arrêté fédéral qui complète l’arrêté du 27 juin 1890 créant un musée
national du 21 juin 1902.
432.313 Arrêté fédéral concernant le crédit pour l’acquisition d’antiquités
nationales du 5 mars 1970.
432.32 Ordonnance concernant la Commission du Musée national (O-CMN) du 7
avril 1993.
432.35 Ordonnance concernant le fonds du Musée national suisse du 3 avril 1996.
432.37 Ordonnance concernant le transfert temporaire à des tiers de droits
d’utilisation et d’exploitation du Musée national suisse (Ordonnance sur le
transfert des droits du Musée national suisse) du 1 er mai 1997.
432.39 Ordonnance sur les émoluments du Musée national suisse (Ordonnance sur
les émoluments du MNS, Ose-MNS) du 11 avril 2001.
445.111 Ordonnance sur les archives fédérales des monuments historiques du 14
septembre 1983.
451 Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage (LPN) du 1 er
juillet 1966.
451.1 Ordonnance sur la protection de la nature et du paysage (OPN) du 16
janvier 1991.

5 Annexe
Questionnaire Memopolicy (orientation institutions)
1 Informations générales
1.1 Bases légales
1.1.1 Sur quelles bases légales repose votre institution ?
1.1.2 Quelles sont les dernières modifications survenues concernant ces bases légales ?
1.1.3 Y a-t-il des changements prévus dans un futur proche ?
Si oui, lesquels ?
1.1.4 Pour quelles raisons et selon quels arguments les dernières modifications ou les
éventuels changements prévus ont-ils été introduits ?
1.1.5 Commentaire éventuel concernant les bases légales. (Par exemple des lacunes, des
problèmes d’application)
1.2 Compétences
1.2.1 De quel organe dépend votre institution ?
1.2.2 A quelles autres institutions est-elle rattachée ?
1.2.3 Quelles sont ses compétences ?
1.2.4 Commentaire éventuel.
1.3 Structure
1.3.1 Quels sont les différents services de l’institution ?
1.3.2 Combien de collaborateurs y travaillent ?
1.3.3 Commentaire éventuel.
1.4 Données et supports
1.4.1 Quelles sont les données, les informations que l’institution s’occupe de récolter ?
1.4.2 Quels sont les différents supports utilisés par votre institution pour conserver les
données ? (Donner la liste complète et détaillée)
1.4.3 Y a-t-il un changement de supports récemment intervenu ou prévu pour les années
à venir ? (Par exemple grâce à l’avancée technologique)
Si oui, lequel ? Quand ?
1.4.4 Quels sont les problèmes principaux associés aux supports utilisés actuellement ?
(Par exemple la place qu’ils occupent, leur durée de vie, leur capacité de
mémorisation)
1.4.5 Commentaire éventuel concernant les supports.

40 ANNEXE
1.5 Collections
1.5.1 Quelles sont les collections conservées par l’institution ? Lesquelles font partie du
patrimoine national ?
1.5.2 Quel est le volume des différentes collections (en mètres linéaires, unités, bytes ou
autre entité de mesure) conservées actuellement par l’institution ?
1.5.3 Quel est l’accroissement des collections par année (estimation) ?
1.5.4 Où sont conservées actuellement ces collections ?
1.5.5 Comment sont stockées les collections ?
1.5.6 Quelle est la capacité (m3) et la dimension (m au sol) des bâtiments à
disposition ?
1.5.7 Pour combien de temps la place à disposition sera-t-elle suffisante ?
1.5.8 Y a-t-il un agrandissement des lieux prévu ?
Si oui, dans quelle mesure ? Pour quand ?
1.5.9 Commentaire éventuel sur les collections.
1.6 Coûts
1.6.1 Quels sont et à quel montant sont estimés les coûts directs globaux que
l’institution doit assumer ? Si possible, détaillez les différents montants entre 2000
et 2006.
1.6.2 Quels sont et à quel montant sont estimés les coûts indirects ? Si possible,
détaillez les différents montants entre 2000 et 2006.
1.6.3 Commentaire éventuel sur les coûts. (Par exemple leur évolution, les coupures, les
changements de financement)
2 Etude du processus de mémorisation
2.1 Sélection des données
2.1.1 De toutes les données que votre institution pourrait conserver (analogiques et
numériques), lesquelles sont écartées d’emblée de votre activité de collecte et sont
donc destinées à disparaître ?
2.1.2 Pour quelles raisons ces données sont-elles écartées ?
2.1.3 Quels sont les critères de jugement appliqués pour décider qu’il ne faut pas les
mémoriser ?
2.1.4 Qui est responsable des décisions prises à ce sujet ?
2.1.5 Est-ce que la situation a changé par rapport au passé ? (Par exemple la
conservation de nouvelles données grâce à l’amélioration des supports en termes
de place)
Quelle évolution prévoyez-vous pour le futur ?
2.1.6 Commentaire éventuel sur la sélection des données.
2.2 Sélection des documents
2.2.1 Quels sont les documents qui sont jugés dignes d’être conservés à long terme?

ANNEXE 41
Lesquels ne le sont pas ?
2.2.2 A quel moment la sélection est-elle opérée ?
2.2.3 Quel sont les critères appliqués pour faire cette sélection ?
2.2.4 Qui applique ces critères dans l’institution ?
2.2.5 Y a-t-il dans les bases légales sur lesquelles l’institution s’appuie un article qui
spécifie comment la sélection des documents doit être opérée ?
Si oui, lequel ? Si non, qui établit ces critères de sélection ?
2.2.6 Quelle est la marge de manœuvre dans l’application des critères de sélection ?
(Par exemple suite aux différentes manières de les interpréter)
2.2.7 Commentaire éventuel sur la sélection des documents. (Par exemple les
changements des critères de sélection ou de leur application)
2.3 Conservation, restauration, classement, répertoriage
2.3.1 Quels sont les procédés de conservation que les documents conservés par
l’institution nécessitent pour ne pas se dégrader ?
2.3.2 Est-ce que les procédés de conservation demandent un transfert sur d’autres
supports ?
Si oui, lesquels ?
2.3.3 Quel est le pourcentage de documents conservés par l’institution qui nécessitent
une restauration ?
Quel est le pourcentage de documents effectivement restaurés ?
2.3.4 Quelles sont les conditions de stockage nécessaires pour la conservation des
documents ? (Par exemple la protection contre la lumière, une température et une
humidité spécifiques)
2.3.5 Quel est le système de classement appliqué ?
2.3.6 Quel est le système de répertoriage utilisé ?
2.3.7 Dans quelle mesure toutes les dispositions de conservation, de restauration, de
stockage, de classement et de répertoriage nécessaires à une bonne conservation et
mise à disposition des documents sont effectivement appliquées ?
Où sont les lacunes, quels types de documents concernent-elles?
Quelles sont les causes de ces lacunes ?
2.3.8 Quelles sont les mesures de sécurité et de protection mises en œuvre pour
sauvegarder les documents ?
2.3.9 Commentaire éventuel.
2.4 Accessibilité au public
2.4.1 Quels sont les documents disponibles au public ?
2.4.2 Y a-t-il des documents pour lesquels l’accès au public est exclu ?
Si oui, lesquels ? Pour quelles raisons ?

42 ANNEXE
2.4.3 Dans les bases légales sur lesquelles l’institution se fonde y a-t-il des articles qui
concernent l’accessibilité des documents ?
Si oui, lesquels ?
2.4.4 Y a-t-il des documents dont l’accès est réservé seulement à certains utilisateurs ?
Si oui, lesquels et à qui sont-ils accessibles ? Sous quelles conditions ?
2.4.5 Y a-t-il des documents dont l’accès est payant (émoluments) ?
Si oui, quels sont les tarifs appliqués ?
2.4.6 Qui sont les utilisateurs qui désirent prioritairement accéder aux documents ?
(Par exemple des acteurs publics, des privés, des chercheurs, etc.) ?
2.4.7 Quelles sont les dispositions mises en place par l’institution pour informer le
public ?
2.4.8 Commentaire éventuel sur l’accessibilité au public.
3 Observations finales
3.1 Dans quelle mesure l’institution réussit effectivement à sauvegarder les données et
les documents qu’elle aimerait conserver, notamment concernant le patrimoine
national ?
3.2 Quels sont les principaux problèmes auxquels l’institution est confrontée ?
3.3 Commentaire final.
MO/PK, IDHEAP, Chavannes-près-Renens, le 30 mars 2007