sahara occidental western sahara - Cour international de Justice

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19.01.2014 Views

EXPOSÉ ORAL DE hl. GONZALEZ CAMPOS 87 Mais on nous dit aussi que. par I'effet de ces clauses. le Sultan est internationalemeni reconnu (( protecteur des naufragés )) et. de surcroit. que sa souveraineté s'étend a I'oued Noun et au Sahara occidental. Cette interprétation est bien diflicile a admettre car. tout au contraire. ces clauses et la pratique concernant son application nous montrent un fait essentiel : le cadre spatial de l'exercice des fonctions d'Etat par le h,laroc dès la fin du XVllIt siécle. Qu'il me soir permis d'indiquer certains points pour mieux saisir la portée des clauses des naufragés. Premierenient. son origine. Dans bien d'autres traités. antérieurs a 1787. le hlaroc a inclus des clauses concernant les naufragés. Mais ce qiii nous intéresse. c'est que celles-ci étaient d'application géncrale sur toutes les côtes de 1'Einpire chérifien. sans distinction aucune. C'est le cas des clauses que nous avons présentées a l'annexe 8 (appendices 1. 2. 3 et 4 - II. p. 1 6- 1 7). Or les documenis dont nous avons donne lecture nous signalent que 1779 est la date de la fermeture du port d'Agadir. et qu'une période de révolte s'ouvrit dans le Sous ci le Noun. Donc. l'origine de ces clauses est rattachée directement a l'état d'insoumission dails le Sous et le Noun. Deuxiéineineiit. leur contenu* Depuis le traité entre les Etats-Unis et le hlaroc la clause des naufragés comporte un double régime : l'un d'eux peut etre appelé général et l'autre particulier aux naufragés dans la côte de I'oued Noun et au-dela. L'existence de ce doubfe régime est le point essentiel. car on est en droit de se demander pourquoi établir un tel régime particulier pour I'oued Noun si Le Maroc exerce le pouvoir étatique de la méme façon sur toutes les côtes de l'Empire ? Si on examine les différents traités présentés par le Gouvernement espagnol. en ce qui concerne le réginie dit général nous pouvons constater que le Sutlan s'engage a user de son pouvoir pour sauver l'équipage et meme les marchandises: les personnes et les biens des étrangers naufragés étant considErés sous ta protection de l'autorité chérifienne. C'est l'exercice normal des fonctions d'Etat. l'aspect > de la souveraineté territoriale. Par contre. si un bateau faisait naufrage a I'oued Noun et au-delà. les clauses des traites nous donnent une réponse différente pour ce qui est des devoirs du Sultan. Dans ce cas, le Siiltan ne commande pas, il ne protege pas ; mais il s'engage a essayer de libérer les naufragés dans la mesure de ses possibilités. Et pour ce faire il mettra en =Livre son influence de souverain envers les pop~ilations avoisinantes de l'Empire. il négociera le rachat des naufi~ügcs. Ic plus souvent avec les pouvoirs locaux. II ne s'agit pas pour lui d'exei-cer son autorite. Un exemple ailx fins que je viens d'indiquer est fourni par le réginie établi dans le traite entre le Maroc et l'Espagne du ICr mars 1799. La version française du texte espagnol se trouve devant la Cour comme appendice 7 a l'annexe 8 (II. p. 191 des documents présentés par le Gouvernement espagnol. L'article NSIl du texte arabe de ce traité se lit conime suit : (( Si un bateau de nationalité espagnole s'échouait plus au-delà au sud du Sous et de I'oued Noun. par l'estimation que Notre Seigneur. que Dieu garde. éprouve envers l'Espagne. il essaiera. par to~is les moyens et emploiera une ferme resolution pour libérer les sujets naufragés. dans la mesure du possible. pour leur permettre de regagner leur pays. t> Le sens est clair et si on se rapporte aux mots utilisés dans le texte arabe il devient encore plus net. Comme nous l'avons signaté précédemment. le mot arabe 'uz~ri exprime l'idée de mettre en œuvre lin projet ; on ne fait aucune référence a des mesures a adopter dans le cadre du pouvoir chérifien.

88 SAHARA OCCIDENTAL Cette conclusion peut étre établie en examinant les documents de cette période. d'ou il ressort que le Sultan n'agit pas dans le cadre de sa juridiction. mais use de son influence envers les pouvoirs locaux. Qu'il me soit permis de faire référence a un document du consul d'Espagne au Maroc. en date du IO octobre 1778. document que vous trouvez a l'appendice 18 de I'annexe 7. Ce document nous dit : Le roi du Maroc vient d'avoir l'amabilité de soustraire au pouvoir des Maures sauvages de la côte du cap Noun le capitaine et deux marins espagnols qui naufragèrent a la fin de l'année dernière ... Cette prévenance est d'autant plus appréciable que ce souverain n'a aucun pouvoir sur ces Maures et qu'il a fallu user de moyens indirects pour soustraire ces trois malheureux a leur captivité ... )) (II. p. 14.) J'arrive ainsi au dernier point de mes remarques au sujet des naufragés de la côte de I'oued Noun. II s'agit de la portée de ces faits aux fins de la présente affaire. On doit dire d'abord que les traités et la pratique a t'égard des naufragés a I'oued Noun nous montrent. certes. une action bénéfique envers les captifs de la part du Sultan, iin « r6le de protecteur des naufragés » (IV, p. 293). Par contre. on doit admettre aussi que les données dans la matière sont éloquentes en ce qui concerne les limites du pouvoir effectif du Sultan et l'exercice de son pouvoir dans l'Empire chérifien. Tous les témoignages coïncident pour dire qu'au nord d'Agadir le pouvoir marocain s'exerce et le Sultan commande; d'Agadir au siid, dans le Sous. le Noun et le Draa. le Sultan négocie avec les pouvoirs locaux, il ne commande pas. Par conséquent, dans le cas de naufragés à I'oued Noun, les étrangers devront s'adresser, dans la plupart des cas, aux cheiks de I'oued Noun, parmi lesquels lin rôle de premier plan revient ail cheik Beyrouk. . . .. Dans toutes ces affaires - it s'agit des cas de la Sophie. de I'Esmeraldu. du Polycurpe, du Dolores et de bien d'autres. vous les trouvez a I'annexe 9 des documents espagnols (II, p. 32-39)-, dans toutes ces affaira, je le répète, l'intervention de la famille Beyrouk a été décisive pour la libération des captifs. Beyrouk. de ce fait. était fier de son indépendance réelfe a l'égard du pouvoir marocain. ce qui explique qu'il s'adressa en ces termes au chef de 1'Etat espagnol. a propos des captifs dans la région :

EXPOSÉ ORAL DE hl. GONZALEZ CAMPOS 87<br />

Mais on nous dit aussi que. par I'effet <strong>de</strong> ces clauses. le Sultan est<br />

<strong>international</strong>emeni reconnu (( protecteur <strong>de</strong>s naufragés )) et. <strong>de</strong> surcroit. que sa<br />

souveraineté s'étend a I'oued Noun et au Sahara <strong>occi<strong>de</strong>ntal</strong>. Cette interprétation<br />

est bien diflicile a admettre car. tout au contraire. ces clauses et la pratique<br />

concernant son application nous montrent un fait essentiel : le cadre spatial <strong>de</strong><br />

l'exercice <strong>de</strong>s fonctions d'Etat par le h,laroc dès la fin du XVllIt siécle. Qu'il me<br />

soir permis d'indiquer certains points pour mieux saisir la portée <strong>de</strong>s clauses<br />

<strong>de</strong>s naufragés.<br />

Premierenient. son origine. Dans bien d'autres traités. antérieurs a 1787. le<br />

hlaroc a inclus <strong>de</strong>s clauses concernant les naufragés. Mais ce qiii nous<br />

intéresse. c'est que celles-ci étaient d'application géncrale sur toutes les côtes <strong>de</strong><br />

1'Einpire chérifien. sans distinction aucune. C'est le cas <strong>de</strong>s clauses que nous<br />

avons présentées a l'annexe 8 (appendices 1. 2. 3 et 4 - II. p. 1 6- 1 7). Or les<br />

documenis dont nous avons donne lecture nous signalent que 1779 est la date<br />

<strong>de</strong> la fermeture du port d'Agadir. et qu'une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> révolte s'ouvrit dans le<br />

Sous ci le Noun. Donc. l'origine <strong>de</strong> ces clauses est rattachée directement a l'état<br />

d'insoumission dails le Sous et le Noun.<br />

Deuxiéineineiit. leur contenu* Depuis le traité entre les Etats-Unis et le<br />

hlaroc la clause <strong>de</strong>s naufragés comporte un double régime : l'un d'eux peut etre<br />

appelé général et l'autre particulier aux naufragés dans la côte <strong>de</strong> I'oued Noun<br />

et au-<strong>de</strong>la. L'existence <strong>de</strong> ce doubfe régime est le point essentiel. car on est en<br />

droit <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi établir un tel régime particulier pour I'oued<br />

Noun si Le Maroc exerce le pouvoir étatique <strong>de</strong> la méme façon sur toutes les<br />

côtes <strong>de</strong> l'Empire ?<br />

Si on examine les différents traités présentés par le Gouvernement espagnol.<br />

en ce qui concerne le réginie dit général nous pouvons constater que le Sutlan<br />

s'engage a user <strong>de</strong> son pouvoir pour sauver l'équipage et meme les<br />

marchandises: les personnes et les biens <strong>de</strong>s étrangers naufragés étant<br />

considErés sous ta protection <strong>de</strong> l'autorité chérifienne. C'est l'exercice normal<br />

<strong>de</strong>s fonctions d'Etat. l'aspect > <strong>de</strong> la souveraineté territoriale.<br />

Par contre. si un bateau faisait naufrage a I'oued Noun et au-<strong>de</strong>là. les clauses<br />

<strong>de</strong>s traites nous donnent une réponse différente pour ce qui est <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs du<br />

Sultan. Dans ce cas, le Siiltan ne comman<strong>de</strong> pas, il ne protege pas ; mais il<br />

s'engage a essayer <strong>de</strong> libérer les naufragés dans la mesure <strong>de</strong> ses possibilités. Et<br />

pour ce faire il mettra en =Livre son influence <strong>de</strong> souverain envers les<br />

pop~ilations avoisinantes <strong>de</strong> l'Empire. il négociera le rachat <strong>de</strong>s naufi~ügcs. Ic<br />

plus souvent avec les pouvoirs locaux. II ne s'agit pas pour lui d'exei-cer son<br />

autorite.<br />

Un exemple ailx fins que je viens d'indiquer est fourni par le réginie établi<br />

dans le traite entre le Maroc et l'Espagne du ICr mars 1799. La version<br />

française du texte espagnol se trouve <strong>de</strong>vant la <strong>Cour</strong> comme appendice 7 a<br />

l'annexe 8 (II. p. 191 <strong>de</strong>s documents présentés par le Gouvernement espagnol.<br />

L'article NSIl du texte arabe <strong>de</strong> ce traité se lit conime suit :<br />

(( Si un bateau <strong>de</strong> nationalité espagnole s'échouait plus au-<strong>de</strong>là au sud<br />

du Sous et <strong>de</strong> I'oued Noun. par l'estimation que Notre Seigneur. que Dieu<br />

gar<strong>de</strong>. éprouve envers l'Espagne. il essaiera. par to~is les moyens et<br />

emploiera une ferme resolution pour libérer les sujets naufragés. dans la<br />

mesure du possible. pour leur permettre <strong>de</strong> regagner leur pays. t><br />

Le sens est clair et si on se rapporte aux mots utilisés dans le texte arabe il<br />

<strong>de</strong>vient encore plus net. Comme nous l'avons signaté précé<strong>de</strong>mment. le mot<br />

arabe 'uz~ri exprime l'idée <strong>de</strong> mettre en œuvre lin projet ; on ne fait aucune<br />

référence a <strong>de</strong>s mesures a adopter dans le cadre du pouvoir chérifien.

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