sahara occidental western sahara - Cour international de Justice

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19.01.2014 Views

EXPOSE ORAL DE hl. ARIAS-SALCADO 6 1 parler d'une fiscalité marocaine au Sahara occidental est un peu étrange. Je suis en droit de faire cette affirmation en partant d'un nombre considérable de données déjà exposées a la Cour. mais aussi en tenant compte du fait que ni documents. ni témoignages contraires n'ont été apportés. La raison de cette absence d'éléments de preuve est que jamais le Sahara occidental n'a relevé du pouvoir marocain. pas même par la voie indirecte des caïds Tekna. cornme le prétend le hlaroc. Je ne crois donc pas nécessaire d'aller plus loin sur ce point concernant la fiscalité. Je passe maintenant aux deux premiers points de la thèse marocaine. a savoir que l'exercice des fonctioiis étatiques était assliré au Sahara occidental sur une base à caractère personnel : l'allégeance des grandes familles des caïds. Cette allégeance est mise en évidence, de l'avis du Gouvernement marocain. par les dahirs concernant la nomination des caïds. La reforme entreprise par Mohammed Ill a eu de lourdes conséquences pour le klaroc. méme sur ce point précis de la nomination des caïds. L'historien auquel je me suis référé il y a un moment. Adballah Laraoui. a mis en lumière les conséquences : en réduisant l'armée. le résultat au point de vue de la soumission a l'intérieur de l'Empire chérifien ne pouvait étre que négatif. D'une part. dans la plaine de Marrakech. l'ordre sera assuré grâce aux tribus Xlakzhen ou tribus Guisch. fournissant des contingents armés en échange des ressources de terres domaniales qui leur étaient octroyées. Mais dans les régions de la périphérie montagneuse. les choses n'en allaient pas de méme : un minimum d'obéissance était demande aux chefs locaux et. comme nous dit Laraoui :

62 SAHARA OCCIDENTAI. de l'année 1882 ne réussit pas a soumettre complètement le pays. On peut s'apercevoir aussi. d'après le passage que j'ai cité. que les limites du pouvoir étaient situées bien loin au nord de ['oued Draa, car [Oued h'oun et Goulimine sont à côté de l'ancienne possession espagnole de Sidi Ifni. Le but de la deuxiéme expédition de Moulay Hassan au Sous en 1886 nous est racontée en détail par Al-Nasiri. II s'agissait d'un projet tendant a éliminer la dissidence dans le Sous et le Noun par l'octroi aux habitants d'un port au fleuve Assaka. AI-Nasiri nous dit que le lieu était bien choisi car c'est la « ou convergent les habitants de toute la région, spécialement les tribus des Ait Ba Amaran et des Tekna >>. On peut s'apercevoir que le Sultan avait en vue une contrke bien précise, le Sous et le Noun, et des populations très concrétes, les Ait Ba Amaran et les Tekna, c'est-à-dire les populations sédentaires habitant cette contrée. A ces fins, Moulay Hassan fit des nominations de caïds parmi les chefs de la confédération des Tekna, ces nominations ayant été précédées de négociations avec les notables de la région sur l'ouverture au commerce du port d'Assaka. Le Sultan communiqua le résultat des deux expéditions par deux lettres, la première datée di1 16 juillet 1882, la deuxième du 13 mai 1886. Ces deux documents sont inclus dans l'ouvrage d'Al-Nasiri (édit. arabe, Le Caire, p. 264 ; édit. Casablanca, vol. 9, p. 180. pour celle de 1886). D'ailleurs, lors de l'audience du mercredi 2 juillet (IV, p. 252) le conseil du Gouvernement marocain a fait référence certains documents français présentés pal' le L'ensemble de ces docurneiits iuontre que l'objet de l'expedition de 1886 était d'empécher les tractations coinnzerciales des habitants du Sous et du Noiin avec les Européens. Cette politique expliquerait l'envoi d'tin détachement de I'arinee chérifienne pour attaquer la factorerie de klackenzie installée 3 cap Juby. blais on ne saurait prétendre que cette expédition ait eii uiie relation quelconqiie avec le territoire du Sahara occidental. Ce point mérite d'être souligne. Dans I'ét~ide de Frank E. Trout h'omcco's Srrlrara~r Froiifiers. Genève. 1969. p. 152. 153). voiis trouvez iiii résumé bien docuriierite sur le dernier résiiltat des expéditions faites par Moiilay Hassan en 1882 et en 1886. Aprks avoir indique qiie certains postes marocains firrent établis dans le Sous et le Noriiî. et des non~inations de caïds faites dans la confedération des Tekna. Tro~it inet en cvidence qiie chez les popiilations nomades plus aii sud les desseins de kloulay Hassan pour enipécher le commerce avec les étraiigers had less siiccess )>. Les Regiieibat. la plus puissaiite des tribus au sud dii Draa. n'acceptèrent ~LICLIII contact avec I'Eiiipire inarocain. Un historien distingué du Sahara a confiriné ce fait en ces terincs : > (h4aniadoii Ahiiiadoii Ba. (< Contribution a l'histoire des Regiieibat )>. Rei~srig~inrreiiis colotiiu~rx de I~friq~ie.fiuiiçuise. ilo 12. décenibre 1933. p. 277.) A ce moment. les Regtieibat étaient les vrais iiiaitrcs du désert. Leurs victoires armées sur les Oiilad Lab. eii 1875. sur les Oiiled Deliin. eii 1889. et SLI~ les Tadjakant de Tindouf. en 1894. et. pliis tard. la lutte iiienée contre les Oulad Bou Sba. marqiiere~it le moment de l'apogée polir les Regueibat. II n'est pas besoin d'insister sur le fait que les Regiieibat constitiient encore aujourd'hui la tribu la plus iniportante dii Sahara occidental. Deuxième fait a so~iligner : les expéditions militaires de h,lo\ilay Hassan eii

EXPOSE ORAL DE hl. ARIAS-SALCADO 6 1<br />

parler d'une fiscalité marocaine au Sahara <strong>occi<strong>de</strong>ntal</strong> est un peu étrange. Je suis<br />

en droit <strong>de</strong> faire cette affirmation en partant d'un nombre considérable <strong>de</strong><br />

données déjà exposées a la <strong>Cour</strong>. mais aussi en tenant compte du fait que ni<br />

documents. ni témoignages contraires n'ont été apportés. La raison <strong>de</strong> cette<br />

absence d'éléments <strong>de</strong> preuve est que jamais le Sahara <strong>occi<strong>de</strong>ntal</strong> n'a relevé du<br />

pouvoir marocain. pas même par la voie indirecte <strong>de</strong>s caïds Tekna. cornme le<br />

prétend le hlaroc.<br />

Je ne crois donc pas nécessaire d'aller plus loin sur ce point concernant la<br />

fiscalité.<br />

Je passe maintenant aux <strong>de</strong>ux premiers points <strong>de</strong> la thèse marocaine. a<br />

savoir que l'exercice <strong>de</strong>s fonctioiis étatiques était assliré au Sahara <strong>occi<strong>de</strong>ntal</strong><br />

sur une base à caractère personnel : l'allégeance <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s familles <strong>de</strong>s caïds.<br />

Cette allégeance est mise en évi<strong>de</strong>nce, <strong>de</strong> l'avis du Gouvernement marocain.<br />

par les dahirs concernant la nomination <strong>de</strong>s caïds.<br />

La reforme entreprise par Mohammed Ill a eu <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s conséquences<br />

pour le klaroc. méme sur ce point précis <strong>de</strong> la nomination <strong>de</strong>s caïds.<br />

L'historien auquel je me suis référé il y a un moment. Adballah Laraoui. a mis<br />

en lumière les conséquences : en réduisant l'armée. le résultat au point <strong>de</strong> vue<br />

<strong>de</strong> la soumission a l'intérieur <strong>de</strong> l'Empire chérifien ne pouvait étre que négatif.<br />

D'une part. dans la plaine <strong>de</strong> Marrakech. l'ordre sera assuré grâce aux tribus<br />

Xlakzhen ou tribus Guisch. fournissant <strong>de</strong>s contingents armés en échange <strong>de</strong>s<br />

ressources <strong>de</strong> terres domaniales qui leur étaient octroyées. Mais dans les<br />

régions <strong>de</strong> la périphérie montagneuse. les choses n'en allaient pas <strong>de</strong> méme : un<br />

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Laraoui :<br />

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