sahara occidental western sahara - Cour international de Justice
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du tout p*ur parler <strong>de</strong> l'Adrar, mais bien au contraire pour illustrer l'intérêt<br />
que la Flnce portait justement aux titres <strong>de</strong> l'Espagne et comment elle les<br />
décortiquait pour essayer <strong>de</strong> s'eniparer <strong>de</strong> l'Adrar. La valeur <strong>de</strong> ces titres. leur<br />
authenticité, leur opposabilité était une chose qui était essentielle a l'époque. et<br />
il y a <strong>de</strong>s centaines d'exemples ...<br />
S'il est indéniable. je veux bien le reconnaitre avec S. Exc. M. Bedjaoiii. qu'il<br />
y a eu <strong>de</strong>s « traités <strong>de</strong> verroterie » et meme beaucoup <strong>de</strong> traites <strong>de</strong> verroterie,<br />
tous les traités passes a l'époque sont loin dëtre tombés dans cette catégorie. Je<br />
renvoie a l'ouvrage <strong>de</strong> Lindley. Tlze Acquisiifo~i ot~d Govrr~imeiif of Backward<br />
Trrrirory irj Iti~ert~a~iofial Law (Longmans, Green and Co., Ltd., Londres,<br />
19261, qui donne un expose impressionnant <strong>de</strong> la pratique <strong>de</strong>s chancelleries a<br />
l'époque qui nous concerne.<br />
II en découle qu'il convient <strong>de</strong> nuancer les conséquences que le reprcsentant<br />
<strong>de</strong> la République algérienne veut tirer. disons. <strong>de</strong> la faute originelle dont est<br />
marquée la notion. cette consequence étant que la <strong>Cour</strong> ne pourrait l'utiliser<br />
ou. je cite: (< ne pourrait rien en tirer D.<br />
II est certes exaltant <strong>de</strong> démythifier les notions juridiques formelles et, à titre<br />
personnel: nous ne critiquerons certainement pas S. Exc. M. Bedjaoui <strong>de</strong><br />
l'avoir fait pour la notion <strong>de</strong> [erra irullius. Mais il convient <strong>de</strong> se poser la<br />
question <strong>de</strong>s conséquences sur le plan juridique <strong>de</strong> la démythification. La<br />
dénonciation qui a été faite d'une notion utilisée a la fin du XIXe siècle était<br />
somme toute rendue aisée du fait que quatre-vingt-dix ans d'histoire se sont<br />
ecoulés <strong>de</strong>puis le congres <strong>de</strong> Berlin et que les historiens dévoilent sans pu<strong>de</strong>ur<br />
les intérèts réels <strong>de</strong>s Etats : l'évolution <strong>de</strong>s esprits rend aussi plus aisée la<br />
distanciation.<br />
Mais essayons d'appliquer la métho<strong>de</strong> d'analyse a <strong>de</strong>s concepts juridiques<br />
plus cont$mporains. S. Exc. M. Bedjaoui l'a fait lui-mërne. il faut le dire. a<br />
plusieurs {eprises, dans d'autres ouvrages. et non sans courage. On pourrait<br />
tenter la @me démythification <strong>de</strong> concepts comme ceux <strong>de</strong> l'égalité <strong>de</strong>s Etats.<br />
<strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong>s mers, voire <strong>de</strong> la souveraineté <strong>de</strong>s Etats.<br />
II s'agit' la pourtant <strong>de</strong> notions juridiques consacrées et fondamentales dans<br />
le droit <strong>international</strong> actuel. Si on en démontre le caractére fallacieux. quelles<br />
vont en être les conséquences ?<br />
Si c'est:d'en rendre te juriste conscient. pour qu'il se gar<strong>de</strong> du formalisme,<br />
qu'il comprenne mieux la liaison entre droit et politique. tant mieux. Mais est-il<br />
imaginable qu'une cour <strong>international</strong>e <strong>de</strong> justice. que la <strong>Cour</strong> <strong>international</strong>e <strong>de</strong><br />
<strong>Justice</strong>, qui serait convaincue par 'la démonstration. se refuse clés lors<br />
d'appliquer la notion ? Pourrait-on <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r a la <strong>Cour</strong> <strong>de</strong> ne pas en tenir<br />
compte parce que, tout compte fait. c'est <strong>de</strong> la comédie. une farce. et <strong>de</strong> se<br />
~ontenter~<strong>de</strong>s lors <strong>de</strong> reconnaitre et <strong>de</strong> donner effet a la réalité crue. c'est-à-dire<br />
la domination ou la zone d'influence ?<br />
C'est pourtant a cela que l'on aboutit pour les notions juridiques <strong>de</strong> 1885 si<br />
on écarte les concepts humaiîistes <strong>de</strong> nécessité du consentement et <strong>de</strong><br />
reconnaissance <strong>de</strong> la souveraineté <strong>de</strong>s tribus qui faisaient le pendant a celui <strong>de</strong><br />
terra ~iulliüs .<br />
Nous ne pouvons accepter cette conséquence. Ces concepts hurnanistes<br />
étaient a I,'époque considérés comme une garantie pour les faibles : ils étaient a<br />
l'époque salués comme <strong>de</strong>s acquits <strong>de</strong> la civilisation ; ils faisaient partie du droit<br />
en vigueur. Comme nous l'avons prouve, la conception fiction. la conception<br />
cynique <strong>de</strong> terru nullius n'a triomphé que bien plus tard en doctrine. Ce n'est<br />
pas. nous pensons. défendre les peuples concernés que <strong>de</strong> s'arrêter après avoir<br />
. mis i nu te caractère mystikateur du droit <strong>de</strong> l'époque. Ce faisant. on<br />
supprime' la sauvegar<strong>de</strong> juridique qui était pourtant bien mince. Nous ne<br />
.<br />
.