sahara occidental western sahara - Cour international de Justice

sahara occidental western sahara - Cour international de Justice sahara occidental western sahara - Cour international de Justice

19.01.2014 Views

Prc;sp~irs: [Voir audience du 16 VI1 75. X.1R2. de Castro et Jiini'nez de Arechaga. juges, absents.] hl. DU PU Y : Llonsieur le l'résident. hlessieurs Ics membres de la Cour. j'en étais arrive. ce matin. à la seconde partie de cet expose qui constitue lui-mëme. la troisième parlie de l'exposé dont le doyen Vedel vous a présenté. hier. les deux premières. A l'intérieur de cette seconde partie de ma propre intervention. j'avais aborde ce qui en forme le premier thème. Ce preniier iheme. je me permets de le rappeler. concerne les traites de paix. de commerce et d'amitié reconnaissani iniplicitement la souveraineté marocaine au Sahara occidental. Dans la prisentaiion de ce thème. j'avais dégagé trois observations. la première concernant l'invocation constante de l'oued Noun et l'explication que fournissent les données historiques et géographiques de cette invocatii~n dans les iraités examinés et j'en étais arrive a la seconde observation qui concerne IF rraif~; de Murrak~.rli de 176 7 et qui constitue une premiere présomption de la souveraineté marocaine au Noun et au-delà. au Sahara occidental. 2. L'interprétation réalisée de ce traité par le Gouvernement espagnol implique de s'y appesantir davantage, tant au niveau de la traduction des textes qu'au niveau de leur interprétation juridique. a) Le probli.i~ie lu rrodrrc~io~t des [cirres. Le conseil du Gouvernement espagnol a conteste la traduction française du texte arabe de l'article 18 du traité de Marrakech de 1767. fournie par le Royaume du Maroc. Selon le Royaume du Maroc et aprk exanien minulieux de ce texte par les experts finguistcs de sa délégation. l'article 18. dans sa partie qui intéresse notre denionstration. s'énonce conime suit : (< Sa Majesté impériale met en garde les habitants des Canaries contre toute initiative d'aller pêcher sur les cotes d'oued Soun et au-delà. II dégage toute responsabilité de ce qui leur arrivera de la part des Arabes du pays auxquels il est difficile d'appliquer les décisions, eux qui n'ont pas de résidence fixe. qui se déplacent comme ils veulent et plantent leurs tentes ou ils 1-entendent. Les habitants des Canaries sont certains dëtre malmenés par ces Arabes. I) Un ceriain nombre d'observations linguistiques doivenl etre apport&. car le Gouvernement espagnol a énonce. a l'audience du 21 juillet. une traduction du texte arabe [out a fait contestable quant a plusieurs de ses termes. Nous devoiü: donc reprendre tes termes qui ont fait l'objet d'une contestation dans leur traduction. Le terme rt~barrau a été traduit par le conseil espagnol par la brniule a se décharge de responsabilité >a. O;. la pratique constante de la chancellerie marocaine démontre que ce texte signifie (( met en garde 1). Ce n'est donc pas dans la premiére phrase de ce texte que le Sultan se décharge de sa responsabilité. Sa bfajesté impériale met en garde les habitants des Canaries. Le terme darak est présenté par l'Espagne comme signifiant rc réparation du dommage )>. Selon les experts linguistes marocains. cette expression concerne la responsabilité. l'absence de respoiisabilité en I'eçpbx. te terme al~kut~i ne signifie nullement ). L'expression utilisée par le traite lani ru~i alltuuiti ahkail? se traduit par

2 14 SAHARA OCCIDENTAL d'appliquer les decisions ». Lon7 tail allioiin7 exprime en effet une idée de mouvement et correspond parfaitement aux habitants nomades se déplaçant. qu'il est difficile d'atteindre par des decisions administratives, parce qu'il faut leur courir après ; pour autant. le pouvoir de décision existe au profit du Sultan. même si sa mise en œuvre s'avère matériellement d.ifficile en raison de la vie nomade des intéresses. Reprenons la traduction présentée par le Gouvernement espagnol : « Notre Souverain. que Dieu aide. se décharge de responsabilite pour les habitants des Canaries qui pécheraient sur la cote de l'oued Noun et sur les territoires au-delà. Aucune réparation du dommage ne pourra lui être exigée, pour ce qui pourrait leur arriver avec les Arabes du territoire, puisqu'ils échappent à toute juridiction et n'ont pas de résidence fixe. mais campent avec leur tente ou ils veulent. et vont ou ils veulent. >> Si nous comparons cette traduction et celle que nous avons présentée tout a l'heure pour le Maroc, les remarques formelles cèdent la place a des divergences fondamentales. Selon la traduction marocaine. en premier lieu, le Sultan met en garde les habitants des Canaries : en second lieu. la mise en garde effectuée. le Sultan dégage sa responsabilité et. en troisième lieu. il la dégage d'autant que les decisions n'atteignent pas facilement ses sujets nomades. Ainsi. loin d'infirmer la souveraineté du Sultan au Noun et au-delà. au Sahara occidental. l'article 1 8 du traité de 1767 la confirme. b) L 'itrierpreiariotr ,jrlridiqlre des ~LIX~L'S CIZ pr@sertce va également le démontrer. II est incontestable que le texte arabe du traité de 1767, déposé par le Maroc, n'implique nullement une quelconque absence de la souveraineté marocaine sur l'oued Noun, c'est-à-dire, ne l'oublions pas. sur la région du Noun et au-delà, au Sahara occidental, dans les conditions que nous avons explicitées ce matin. II ne peut, de même, être interprété, comme l'a fait le Gouvernement espagnol dans son livre 1 précité, comme une renonciation marocaine a l'exercice de sa souveraineté au Noun et au-delà. Une telle interprétation, en effet, est absolument contraire aux principes reconnus du droit international, sur l'interprétation des traites. A ce propos, nous rappellerons ce que nous n'avions qu'ébauché a l'audience du 3 juillet (IV, p. 288-3051, résumant les principes concernant l'interprétation des traités. L'éminent juriste britannique William Edward Hall aflirrnait, en 19 17, et c'est toujours valable dans le droit positif actuel : Whenever. or in so far as. a state does not contract itself out of its fundamental legal rights by express language a treaty must be so construed as to give effect to those rights. Thus. for example. no treaty can be taken to restrict by implication the exercise of rights ofsovereignty or property or self-preservation. iZny restriction of such rights must be effected in a clear and distinct manner. >) (A Trcarise on It~~ertlaiioiial Law, p. 348.) Les termes mèmes et l'objet de l'article 18 du traité témoignent clairement que le mar roc n'a absolument pas reconnu. en quelque façon que ce soit. une quelconque absence de souveraineté. Par ailleurs. dans l'éventualité ou le texte d'un traité rédige en deux langues n'aboutit pas a la meme traduction. ce qui est le cas en l'espèce. l'interprétation du texte doit se faire en fonction de ta formufation restreignant le moins des droits des Etats signataires. Nous n'hésitons pas à rappeler que c'est ainsi que. dans l'affaire Muvrorntnaiis. la Cour permanente de Justice internationale a effectivement déclaré i cet égard :

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d'appliquer les <strong>de</strong>cisions ». Lon7 tail allioiin7 exprime en effet une idée <strong>de</strong><br />

mouvement et correspond parfaitement aux habitants noma<strong>de</strong>s se déplaçant.<br />

qu'il est difficile d'atteindre par <strong>de</strong>s <strong>de</strong>cisions administratives, parce qu'il faut<br />

leur courir après ; pour autant. le pouvoir <strong>de</strong> décision existe au profit du<br />

Sultan. même si sa mise en œuvre s'avère matériellement d.ifficile en raison <strong>de</strong><br />

la vie noma<strong>de</strong> <strong>de</strong>s intéresses.<br />

Reprenons la traduction présentée par le Gouvernement espagnol :<br />

« Notre Souverain. que Dieu ai<strong>de</strong>. se décharge <strong>de</strong> responsabilite pour<br />

les habitants <strong>de</strong>s Canaries qui pécheraient sur la cote <strong>de</strong> l'oued Noun et<br />

sur les territoires au-<strong>de</strong>là. Aucune réparation du dommage ne pourra lui<br />

être exigée, pour ce qui pourrait leur arriver avec les Arabes du territoire,<br />

puisqu'ils échappent à toute juridiction et n'ont pas <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce fixe. mais<br />

campent avec leur tente ou ils veulent. et vont ou ils veulent. >><br />

Si nous comparons cette traduction et celle que nous avons présentée tout a<br />

l'heure pour le Maroc, les remarques formelles cè<strong>de</strong>nt la place a <strong>de</strong>s<br />

divergences fondamentales. Selon la traduction marocaine. en premier lieu, le<br />

Sultan met en gar<strong>de</strong> les habitants <strong>de</strong>s Canaries : en second lieu. la mise en<br />

gar<strong>de</strong> effectuée. le Sultan dégage sa responsabilité et. en troisième lieu. il la<br />

dégage d'autant que les <strong>de</strong>cisions n'atteignent pas facilement ses sujets<br />

noma<strong>de</strong>s. Ainsi. loin d'infirmer la souveraineté du Sultan au Noun et au-<strong>de</strong>là.<br />

au Sahara <strong>occi<strong>de</strong>ntal</strong>. l'article 1 8 du traité <strong>de</strong> 1767 la confirme.<br />

b) L 'itrierpreiariotr ,jrlridiqlre <strong>de</strong>s ~LIX~L'S CIZ pr@sertce va également le<br />

démontrer. II est incontestable que le texte arabe du traité <strong>de</strong> 1767, déposé par<br />

le Maroc, n'implique nullement une quelconque absence <strong>de</strong> la souveraineté<br />

marocaine sur l'oued Noun, c'est-à-dire, ne l'oublions pas. sur la région du<br />

Noun et au-<strong>de</strong>là, au Sahara <strong>occi<strong>de</strong>ntal</strong>, dans les conditions que nous avons<br />

explicitées ce matin. II ne peut, <strong>de</strong> même, être interprété, comme l'a fait le<br />

Gouvernement espagnol dans son livre 1 précité, comme une renonciation<br />

marocaine a l'exercice <strong>de</strong> sa souveraineté au Noun et au-<strong>de</strong>là. Une telle<br />

interprétation, en effet, est absolument contraire aux principes reconnus du<br />

droit <strong>international</strong>, sur l'interprétation <strong>de</strong>s traites. A ce propos, nous<br />

rappellerons ce que nous n'avions qu'ébauché a l'audience du 3 juillet (IV,<br />

p. 288-3051, résumant les principes concernant l'interprétation <strong>de</strong>s traités.<br />

L'éminent juriste britannique William Edward Hall aflirrnait, en 19 17, et c'est<br />

toujours valable dans le droit positif actuel :<br />

Whenever. or in so far as. a state does not contract itself out of its<br />

fundamental legal rights by express language a treaty must be so<br />

construed as to give effect to those rights. Thus. for example. no treaty<br />

can be taken to restrict by implication the exercise of rights ofsovereignty<br />

or property or self-preservation. iZny restriction of such rights must be<br />

effected in a clear and distinct manner. >) (A Trcarise on It~~ertlaiioiial<br />

Law, p. 348.)<br />

Les termes mèmes et l'objet <strong>de</strong> l'article 18 du traité témoignent clairement<br />

que le mar roc n'a absolument pas reconnu. en quelque façon que ce soit. une<br />

quelconque absence <strong>de</strong> souveraineté. Par ailleurs. dans l'éventualité ou le texte<br />

d'un traité rédige en <strong>de</strong>ux langues n'aboutit pas a la meme traduction. ce qui est<br />

le cas en l'espèce. l'interprétation du texte doit se faire en fonction <strong>de</strong> ta<br />

formufation restreignant le moins <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s Etats signataires. Nous<br />

n'hésitons pas à rappeler que c'est ainsi que. dans l'affaire Muvrorntnaiis. la<br />

<strong>Cour</strong> permanente <strong>de</strong> <strong>Justice</strong> <strong>international</strong>e a effectivement déclaré i cet égard :

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