Négocier la justice ? Droits humains et accords de paix - The ICHRP
Négocier la justice ? Droits humains et accords de paix - The ICHRP
Négocier la justice ? Droits humains et accords de paix - The ICHRP
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Un droit <strong>de</strong> r<strong>et</strong>our dans son propre pays ?<br />
Un droit <strong>de</strong> ne pas être empêché <strong>de</strong> rentrer dans son pays <strong>de</strong> nationalité<br />
ou d’origine ? Les traités internationaux, en particulier <strong>la</strong> Convention sur les<br />
réfugiés <strong>de</strong> 1951, ne mentionnent pas explicitement un « droit au r<strong>et</strong>our ».<br />
Cependant, un certain nombre d’instruments internationaux <strong>de</strong>s droits <strong>humains</strong><br />
reconnaissent l’existence effective <strong>de</strong> ce droit au r<strong>et</strong>our.<br />
La Déc<strong>la</strong>ration universelle <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme prévoit que: « Toute personne<br />
a le droit <strong>de</strong> quitter tout pays, y compris le sien, <strong>et</strong> <strong>de</strong> revenir dans son pays ». 79<br />
Le Pacte international re<strong>la</strong>tif aux droits civils <strong>et</strong> politiques (PIDCP) prévoit que :<br />
« Nul ne peut être arbitrairement privé du droit d’entrer dans son propre pays ». 80<br />
Ce droit est également inclus dans plusieurs conventions régionales. La<br />
Convention internationale sur l’élimination <strong>de</strong> toutes les formes <strong>de</strong> discrimination<br />
raciale interdit aux États <strong>de</strong> nier à leurs ressortissants l’entrée sur leur territoire<br />
pour <strong>de</strong>s motifs raciaux ou <strong>et</strong>hniques, ce qui implique un droit au r<strong>et</strong>our. 81<br />
De plus, le droit au r<strong>et</strong>our suite à <strong>de</strong>s conflits a été réaffirmé aussi bien par<br />
l’Assemblée générale <strong>et</strong> le Conseil <strong>de</strong> sécurité que par les organes <strong>de</strong> défense<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong>s Nations unies. 82<br />
Il semble donc assez c<strong>la</strong>ir qu’il y a au moins un droit « négatif » <strong>de</strong> rentrer dans<br />
son pays dans le sens où les États ne doivent pas empêcher <strong>de</strong>s personnes<br />
<strong>de</strong> rentrer dans leur pays d’origine. Les <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>paix</strong> doivent donc prendre<br />
ce<strong>la</strong> en considération.<br />
Un droit <strong>de</strong> rentrer dans son foyer ? Ce droit inclut-il le droit <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ourner dans<br />
son foyer ? Ou bien s’agit-il seulement du droit <strong>de</strong> revenir dans une région<br />
<strong>de</strong> son pays d’origine ? C’est une question importante non seulement pour<br />
les réfugiés, mais également pour les personnes dép<strong>la</strong>cées qui se trouvent,<br />
par définition, déjà dans leur propre pays. Les civils dép<strong>la</strong>cés à l’intérieur <strong>de</strong><br />
leur propre pays sont, souvent, bien plus nombreux que les réfugiés qui ont<br />
obtenu une certaine protection à l’étranger. À nouveau, le droit international<br />
ne prévoie pas explicitement <strong>de</strong> droit au r<strong>et</strong>our dans son ancien foyer ou sa<br />
région d’origine. Il peut néanmoins être affirmé que ce droit est un corol<strong>la</strong>ire du<br />
droit à <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> mouvement <strong>et</strong> du droit d’entrer dans son « propre pays »<br />
(consacré, par exemple, dans l’article 12 (1) du PIDCP). Mais ce droit peut être<br />
soumis à <strong>de</strong>s restrictions. 83 Les rédacteurs <strong>de</strong>s Principes directeurs re<strong>la</strong>tifs au<br />
dép<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> personnes à l’intérieur <strong>de</strong> leur propre pays ont indiqué que : «<br />
Il n’y a pas <strong>de</strong> règle générale aux termes du droit international actuel affirmant le<br />
droit <strong>de</strong>s personnes dép<strong>la</strong>cées à l’intérieur <strong>de</strong> leur propre pays <strong>de</strong> revenir dans<br />
leur lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce d’origine ou <strong>de</strong> se rendre dans un autre lieu sûr <strong>de</strong> leur<br />
choix au sein <strong>de</strong> leur pays ». 84 Mais ces auteurs ont cependant précisé que :<br />
« Au minimum, le <strong>de</strong>voir incombant aux autorités compétentes <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre le<br />
r<strong>et</strong>our <strong>de</strong>s personnes dép<strong>la</strong>cées hors <strong>de</strong> leur pays d’origine peut, cependant,<br />
être fondé sur <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> mouvement <strong>et</strong> le droit <strong>de</strong> choisir son lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce<br />
» . Il y a donc une reconnaissance croissante du fait que le droit au r<strong>et</strong>our doit<br />
72 <strong>Négocier</strong> <strong>la</strong> <strong>justice</strong> ? <strong>Droits</strong> <strong>humains</strong> <strong>et</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>paix</strong>