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Négocier la justice ? Droits humains et accords de paix - The ICHRP

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L’opposition <strong>la</strong> plus forte à l’inclusion <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> droits <strong>humains</strong> a, en<br />

général, été le fait d’éléments puissants <strong>et</strong> radicaux <strong>de</strong>s milieux militaires <strong>et</strong><br />

du secteur privé. L’Armée maintenait (<strong>et</strong> maintient toujours) que les guérilleros<br />

avaient été vaincus sur le champ <strong>de</strong> bataille. Ils tenaient à ce que ces <strong>accords</strong><br />

<strong>et</strong> leurs c<strong>la</strong>uses re<strong>la</strong>tives aux droits <strong>humains</strong> ne fournissent pas à l’UNRG le<br />

moyen d’accroître sa capacité militaire ou <strong>de</strong> transformer leur défaite militaire en<br />

une victoire politique. Aux yeux <strong>de</strong> l’armée, les insurgés étaient les principaux<br />

responsables <strong>de</strong>s atteintes aux droits <strong>humains</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> solution pour m<strong>et</strong>tre un<br />

terme à ces exactions était <strong>de</strong> les désarmer, <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer <strong>la</strong> fin du conflit <strong>et</strong><br />

d’accor<strong>de</strong>r une amnistie générale. Il a donc été particulièrement difficile <strong>de</strong><br />

parvenir à un accord sur certaines questions, telles que les patrouilles civiles <strong>et</strong><br />

l’application du droit humanitaire.<br />

Patrouilles civiles. Les c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong> l’accord global sur les droits <strong>de</strong> l’homme<br />

concernant <strong>la</strong> liberté d’association <strong>et</strong> <strong>de</strong> mouvement se sont presque<br />

entièrement focalisées sur <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation aux « Patrouilles <strong>de</strong><br />

défense civiles » (PAC), - <strong>de</strong>s groupe d’autodéfense créés par le gouvernement<br />

<strong>et</strong> procédant au recrutement <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>geois non militaires. L’URNG (ainsi que<br />

l’Église <strong>et</strong> <strong>de</strong>s groupes issus <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile) appe<strong>la</strong>it à leur suppression<br />

immédiate, tandis que le gouvernement <strong>et</strong> l’armée affirmaient avec force que<br />

ces groupes ne pouvaient être dissous tant qu’un cessez-le-feu n’avait pas été<br />

instauré. Un accord a été obtenu en recourant à un <strong>la</strong>ngage ambigu, l’accord<br />

ne prévoyant pas explicitement <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>s structures paramilitaires<br />

(c<strong>et</strong> engagement a été obtenu lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> signature <strong>de</strong> l’APFD après que<br />

l’insurrection eut déc<strong>la</strong>ré un cessez-le-feu uni<strong>la</strong>téral comme preuve <strong>de</strong> bonne<br />

foi). Cependant, le gouvernement a accepté <strong>de</strong> ne pas former <strong>de</strong>s nouvelles<br />

patrouilles civiles « à condition qu’il n’y ait aucune raison <strong>de</strong> le faire » 47 <strong>et</strong><br />

l’Accord a chargé le médiateur <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong> vérifier le caractère<br />

volontaire ou non <strong>de</strong> <strong>la</strong> participation à ces patrouilles <strong>et</strong> <strong>de</strong> prendre les mesures<br />

nécessaires suite aux faits constatés. 48 Ce<strong>la</strong> a permis <strong>de</strong> limiter les patrouilles<br />

civiles <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’engager vers leur suppression.<br />

Droit humanitaire. L’URNG avait insisté, dès le début <strong>de</strong>s pourparlers, sur<br />

l’applicabilité <strong>de</strong>s Conventions <strong>de</strong> Genève, tandis que le gouvernement <strong>et</strong><br />

l’armée guatémaltèques refusaient <strong>de</strong> reconnaître leur applicabilité dans <strong>la</strong><br />

situation spécifique <strong>de</strong> <strong>la</strong> confrontation interne armée <strong>de</strong>s années 1990. Il<br />

s’agissait-là d’un différend qui portait non seulement sur le statut du conflit, mais<br />

également sur le statut <strong>de</strong> l’URNG. À titre <strong>de</strong> compromis, l’Accord sur les droits<br />

<strong>de</strong> l’homme a prévu <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> type humanitaire, en particulier, <strong>la</strong> « fin<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion civile <strong>et</strong> le respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong>s<br />

personnes blessées, capturées <strong>et</strong> <strong>de</strong> celles qui ont été mises hors combat ». 49<br />

Cependant, l’Accord prévoyait que « ces déc<strong>la</strong>rations adoptées par les Parties<br />

ne constituent pas un accord spécial aux termes <strong>de</strong> l’article 3 commun aux<br />

Conventions <strong>de</strong> Genève », 50 satisfaisant ainsi aux souhaits du gouvernement <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> ne pas accepter l’application officielle du droit humanitaire, ou <strong>la</strong><br />

reconnaissance <strong>de</strong> tout autre statut à l’URNG. Dans le cadre <strong>de</strong> son travail <strong>de</strong><br />

36 <strong>Négocier</strong> <strong>la</strong> <strong>justice</strong> ? <strong>Droits</strong> <strong>humains</strong> <strong>et</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>paix</strong>

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