19.01.2014 Views

Négocier la justice ? Droits humains et accords de paix - The ICHRP

Négocier la justice ? Droits humains et accords de paix - The ICHRP

Négocier la justice ? Droits humains et accords de paix - The ICHRP

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Accords négociés. C<strong>et</strong>te dynamique <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> <strong>paix</strong> a abouti à ce que <strong>la</strong><br />

conclusion d’<strong>accords</strong> négociés entre les élites politiques <strong>et</strong> militaires <strong>de</strong>vienne<br />

le mo<strong>de</strong> privilégié <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong>s conflits. Ces <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>paix</strong> sont ainsi<br />

essentiellement le résultat d’un compromis entre <strong>de</strong>s factions en guerre. Ce<strong>la</strong><br />

signifie que les <strong>accords</strong> représentent un compromis entre <strong>de</strong>s perspectives<br />

radicalement différentes quant aux causes du conflit <strong>et</strong> à ses solutions. De par<br />

leur nature, ces <strong>accords</strong> tentent d’éviter qu’il y ait <strong>de</strong>s « gagnants » <strong>et</strong> <strong>de</strong>s «<br />

perdants », <strong>et</strong> ils cherchent à m<strong>et</strong>tre un terme au conflit en offrant aux parties<br />

au conflit une alternative leur perm<strong>et</strong>tant d’atteindre certains <strong>de</strong> leurs objectifs.<br />

Sur le court terme, ils visent à établir <strong>de</strong>s cessez-le-feu <strong>et</strong>, sur le plus long<br />

terme, ils cherchent à faire en sorte que les parties renoncent à une approche<br />

militarisée du conflit, au profit <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s politiques <strong>et</strong> juridiques <strong>de</strong> résolution<br />

<strong>de</strong> leurs différends. Par conséquent, les dirigeants politiques <strong>et</strong> militaires qui<br />

sont les principaux responsables <strong>de</strong>s atteintes aux droits <strong>humains</strong> se r<strong>et</strong>rouvent<br />

généralement au cœur du « nouvel » ordre politique. De plus, les c<strong>la</strong>uses<br />

re<strong>la</strong>tives aux droits <strong>humains</strong> figurant dans un accord, ainsi que leur mise en<br />

œuvre, dépen<strong>de</strong>nt du rapport <strong>de</strong> forces durant les négociations.<br />

Le droit re<strong>la</strong>tif aux droits <strong>humains</strong> comme cadre normatif. Comme ce<strong>la</strong> a été<br />

montré ci-avant, les processus <strong>de</strong> <strong>paix</strong> utilisent <strong>de</strong>s cadres communs dans<br />

leurs tentatives <strong>de</strong> résoudre les conflits : à savoir un compromis « <strong>de</strong> nature<br />

constitutionnelle », avec une composante prenant en compte les « droits<br />

collectifs », dans le cas <strong>de</strong>s conflits <strong>et</strong>hniques, ainsi que <strong>de</strong>s mécanismes<br />

<strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s droits <strong>humains</strong> mis en p<strong>la</strong>ce dans le but <strong>de</strong> contrôler le<br />

pouvoir <strong>de</strong>s politiciens élus. L’ère <strong>de</strong>s <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>paix</strong> a coïncidé avec une<br />

époque au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle le droit re<strong>la</strong>tif aux droits <strong>humains</strong> a été <strong>de</strong> plus<br />

en plus accepté comme source normative. Ce<strong>la</strong> a eu <strong>de</strong>s répercussions sur<br />

les exigences <strong>de</strong>s parties au conflit <strong>et</strong>, par conséquent, sur l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s<br />

<strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>paix</strong>. Le droit re<strong>la</strong>tif aux droits <strong>humains</strong> a également permis à <strong>la</strong><br />

communauté internationale d’exprimer ses préoccupations quant à ce qui<br />

est souvent considéré comme relevant <strong>de</strong>s « affaires intérieures ». Ce cadre<br />

normatif a en outre influé sur les actions <strong>de</strong>s acteurs non-étatiques, par le biais<br />

du droit international humanitaire, qui, <strong>de</strong>puis les années 1990, est <strong>de</strong> plus en<br />

plus considéré comme formant un cadre complétant celui du droit re<strong>la</strong>tif aux<br />

droits <strong>humains</strong>, pouvant s’appliquer à <strong>de</strong>s situations glissant d’une phase <strong>de</strong><br />

guerre ouverte à <strong>la</strong> <strong>paix</strong>.<br />

Ces dynamiques ont généré une série <strong>de</strong> dilemmes autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> question <strong>de</strong><br />

savoir dans quelle mesure les normes prescriptives telles que celles re<strong>la</strong>tives<br />

à l’obligation <strong>de</strong> rendre <strong>de</strong>s comptes, ont <strong>de</strong>s répercussions sur les tentatives<br />

<strong>de</strong> parvenir à <strong>de</strong>s compromis entre les acteurs d’un conflit violent. Sur quelles<br />

questions est-il possible <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s compromis ? Qui é<strong>la</strong>bore ces compromis ?<br />

Quels compromis sont légitimes ? Le droit re<strong>la</strong>tif aux droits <strong>humains</strong> exclut<br />

certains compromis, en particulier ceux liés à l’amnistie, <strong>et</strong> semble donc exclure<br />

certains « marchandages ».<br />

<strong>Négocier</strong> <strong>la</strong> <strong>justice</strong> ? <strong>Droits</strong> <strong>humains</strong> <strong>et</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>paix</strong> 17

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!