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Négocier la justice ? Droits humains et accords de paix - The ICHRP

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en Sierra Leone (MONUSIL) a été mise en p<strong>la</strong>ce <strong>et</strong> le gouvernement, se croyant<br />

soli<strong>de</strong>ment installé, s’est engagé dans un processus <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur visant<br />

à traduire en <strong>justice</strong> les dirigeants <strong>de</strong> <strong>la</strong> junte civile <strong>et</strong> militaire du RUF, y compris<br />

son dirigeant, Foday Sankoh, afin qu’ils soient jugés du crime <strong>de</strong> trahison,<br />

passible <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> mort.<br />

Toutefois, les rebelles continuaient <strong>de</strong> disposer d’une force considérable. Ils<br />

contrô<strong>la</strong>ient les principales mines <strong>de</strong> diamants <strong>et</strong> bénéficiaient <strong>de</strong> l’assistance<br />

du Libéria, ainsi que, selon certaines informations, <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Libye <strong>et</strong><br />

du Burkina Faso. De son côté, l’ECOMOG était paralysée par le manque <strong>de</strong><br />

ressources nécessaires pour acquérir une supériorité durable <strong>et</strong>, selon <strong>de</strong><br />

nombreuses sources, <strong>la</strong> mission aurait subi <strong>de</strong>s pertes importantes. L’ECOMOG<br />

était soutenue par les Civil Defense Forces (CDF, Forces <strong>de</strong> défense civile), une<br />

milice composée <strong>de</strong> chasseurs traditionnels (issus principalement du groupe<br />

Kamajor), mais celle-ci ne pouvait pas être considérée comme une force<br />

militaire disciplinée.<br />

Durant les <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> l’année 1998, les rebelles ont opéré <strong>de</strong>s avancées<br />

qui ont remis en cause les victoires précé<strong>de</strong>mment obtenues par l’ECOMOG.<br />

L’instabilité permanente <strong>et</strong> <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong>s combats <strong>et</strong>, en particulier, <strong>la</strong> prise<br />

pour cible délibérée <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions civiles <strong>et</strong> les tactiques <strong>de</strong> terreur ont<br />

exacerbé les souffrances dans tout le pays. 183 Il y avait <strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements<br />

continus <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tions civiles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s niveaux élevés <strong>de</strong> malnutrition <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die. L’infrastructure sociale <strong>et</strong> physique a été détruite, sans aucune<br />

possibilité <strong>de</strong> reconstruction. Durant toute l’année 1998, les forces rebelles<br />

ont procédé à <strong>de</strong>s exécutions sommaires, <strong>de</strong>s amputations, <strong>de</strong>s muti<strong>la</strong>tions<br />

<strong>et</strong> d’autres formes <strong>de</strong> torture ainsi que <strong>de</strong>s enlèvements <strong>et</strong> <strong>de</strong>s viols. Le<br />

plus souvent, elles pil<strong>la</strong>ient <strong>et</strong> détruisaient les habitations dans les zones<br />

<strong>de</strong> combats. Les CDF se sont également rendues responsables d’atteintes<br />

graves aux droits <strong>humains</strong>, telles que le meurtre <strong>de</strong> non-combattants pour<br />

<strong>de</strong>s motifs <strong>et</strong>hniques ainsi que l’exécution <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mauvais traitements infligés<br />

à <strong>de</strong>s prisonniers. Des informations persistantes faisaient également état du<br />

comportement inacceptable <strong>de</strong> certains membres <strong>de</strong> l’ECOMOG, notamment<br />

le fait d’avoir procédé à <strong>de</strong>s arrestations illégales, d’avoir eu recours à <strong>la</strong> torture<br />

<strong>et</strong> au mauvais traitements <strong>de</strong> combattants lorsque ceux-ci se rendaient ou<br />

étaient faits prisonniers.<br />

Durant les <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> l’année 1998, les procès pour trahison ont pris<br />

fin, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s inculpés civils ayant été déc<strong>la</strong>rés coupables <strong>et</strong> condamnés<br />

à mort – bien que toutes les condamnations <strong>de</strong>vaient encore être examinées<br />

par une cour d’appel. La plupart <strong>de</strong>s militaires inculpés ont également été<br />

condamnés par une cour martiale, sans avoir eu le droit <strong>de</strong> faire appel. Malgré<br />

<strong>la</strong> condamnation <strong>de</strong>s procès militaires par l’ONU <strong>et</strong> d’autres acteurs, ainsi que<br />

les mises en gar<strong>de</strong> proférées par les rebelles selon lesquelles ils se vengeraient<br />

<strong>de</strong> toute exécution, vingt-quatre <strong>de</strong>s condamnés ont été exécutés <strong>de</strong> façon<br />

quasi publique (dans une carrière près <strong>de</strong> Fre<strong>et</strong>own) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s photographies <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> scène ont été publiées dans <strong>de</strong>s journaux locaux.<br />

162 <strong>Négocier</strong> <strong>la</strong> <strong>justice</strong> ? <strong>Droits</strong> <strong>humains</strong> <strong>et</strong> <strong>accords</strong> <strong>de</strong> <strong>paix</strong>

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