161 Abraham Gross GERONA: A SEPHARDIC CRADLE OF ...

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Danièle Iancu-Agou Quant à Azag Toros, sur ses dix-neuf volumes, il faut considérer un Commentaire de Rashi sur les Douze Prophètes, à côté de ses Bibles et rituels festifs, livres de prières (Piyyutim, Qinot, Selihot, Mahzorim, etc.). Il faut bien sûr considérer qu’au moment des inventaires, leurs rayonnages étaient déjà appauvris, amputés des volumes «suspects» remis aux autorités. Ainsi sont regroupés au total 361 titres, ce qui représente un matériau considérable offert à l’observation à une date précise. Il n’existe rien de comparable pour les autres aires de comparaison. 6. Aires de comparaison 6.1. En Catalogne même Parmi les données réunies sur Santa Coloma de Queralt, important centre de safran à 60 km au Nord de Tarragone, avec sa petite communauté bien observée par Yom Tov Assis 18 à travers ses sources notariales (lesquelles révèlent parmi sa population de nombreux juifs languedociens), on peut bien compter 243 titres répartis entre les grandes et petites collections de livres hébreux (presque 200 titres concernent la période d’avant 1414). Dix-neuf cas sont décrits 19 dont les plus fournis sont les suivants: - inventaire d’Isach Saporta en 1326 (25 titres dont «Magdessia, 2 Hummas, 1 micra des Premiers Prophètes, gloses de Daviu, 1 Miglal, 1 Alfasi, 1 Rashi sur Talmud, 1 magistri Biona, 1 Sh. b. Adret»); - inventaire de Salomo Atzarell en 1373 (67 volumes, dont 26 ouvrages talmudiques, et 9 commentaires talmudiques; 1 Miclal, 1 Nathan b. Yehiel / ‘Aruk, le livre de Job, etc.); - inventaire de Mosse Cabrit en 1410 (70 ouvrages, dont 4 talmudiques, des ouvrages bibliques, des rituels, Qinot, 1 livre de médecine, 1 Derniers Prophètes «que eren casa den Bondio»; - inventaire de Gentov Bruch en 1448 (37 volumes dont 6 talmudiques, 1 «Ahalell», des Mahzorim, 2 Maïmonide («Moreh» et «Madda‘», 1ère partie du Yad hazaqah). - à noter parmi ceux qui possèdent un, voire deux ouvrages: deux «Mestre», sans doute médecins, l’un appelé dez Portal, en 1362, propriétaire d’1 «Evicena», et l’autre nommé Bonjuha Caravida, possédant en 1457 un livre de médecine avec couverture vermeilh, en parchemin, «de litera ebrayca». Une femme Astrugueta, veuve de Bonafos Almosino, a en 1414 des Matines parmi ses six volumes. Le dernier cas en 1491 est celui de Rabi Vital Symeon, dernier rabbin de la communauté: ses Premiers Prophètes apparaissent dans une transaction 20 . 6.2. Près de la Catalogne 6.2.1. En Roussillon Les précieuses données réunies par Pierre Vidal rassemblent pour Perpignan une centaine de titres avant 1414, et la plupart même avant 1391. De cet ensemble, émergent: - l’inventaire de Samiel Cresques de Besalu (1370) avec 22 volumes (dont Talmud, Worawim, Hallel, et Alfasi); - la liste de Bonjues Bellshom (1403) avec 20 volumes (dont Humaw, Rashi, D. Qimhi, Hallel, Ester, Ba‘al Ittur d’Abba Mari de Marseille); - les ouvrages médicaux d’un boutiquierlibraire en 1414: Gui de Chauliac, Alenfranch de 18 Jewish moneylenders in medieval Santa Coloma de Queralt, in Proceedings of the Eighth World Congress of Jewish Studies, The World Union of Jewish Studies, Jerusalem 1981, pp. 21-38; et The Jews of Santa Coloma de Queralt. An Economic and Demographic Case Study of a Community at the End of the Thirtheenth Century, Hebrew University, Jerusalem 1988. 19 SOBERANAS, La biblioteca de S.S. Atzarell cit., pp. 191-204. 20 G. SECALL I GÜELL, Mosse Cabrit, draper filantrop de Valls i de Santa Coloma de Queralt; Mosse Cabrit, home culte i pietos; et L’us de l’hebreu i les bibliotheques dels Jueus colomins, dans La comunitat hebrea de Santa Coloma de Queralt, Tarragona 1986, pp. 71-75 et 169-234. 174

Les livres inventories de Gerone Milan, Theodoric, Roger de Parmes, et Mathieu Platearus traduit en catalan; - plus tard, lorsque la communauté s’éteint, les inventaires des biens juifs de septembre 1493 mentionnent un grand nombre de livres «non spécifiés». 6.2.2. Majorque J.N. Hillgarth a pu compter de 1330 à 1391, donc sur soixante années, vingt-cinq références soit d’inventaires, de colophons de manuscrits, d’ordres royaux pour la fabrication des cartes. La grande collection de Léon Mosconi est certes la plus belle de l’ensemble; elle a été étudiée très tôt dans le détail, mais elle n’est pas un phénomène isolé: en 1330 par exemple, Rafael Dayan possédait 73 livres (dont 23 spécifiés); en 1369, Atho Fallus avait 55 ouvrages aux titres donnés; à la même date, il y a bien les 190 livres de Mandil Fallus, mais sans titres! Le dossier majorquais est donc épais, étiré sur une période de plus d’un demi-siècle, avant les temps de crises. La collection-type de Léon Mosconi, médecin natif de Macédoine, habitué des milieux éclairés que fréquente Moïse de Narbonne, comporte 147 titres dans l’inventaire et 153 entrées dans la vente aux enchères. Au total, grâce au travail remarquable de J.N. Hillgarth, modèle de méthodologie, sont réunis quelques 250 à 260 titres. 6.2.3. Sicile Nous disposons aussi du dossier sicilien: Henri Bresc 21 a compté sur une longue durée de deux siècles (de 1299 à 1499) dans vingt-huit inventaires de bibliothèques appartenant à des Juifs de Palerme, Trapani, Caltabellotta pas moins de 581 volumes + 20 livres en gages. Huit bibliothèques ont plus de 30 livres, avec les 2/3 des ouvrages rassemblés: 379/581. Ce qui lui a fait constater une culture spécialisée entre les mains d’un petit nombre d’hommes répartis ainsi: quatorze marchands (drapiers, épiciers, merciers), six riches personnages, trois médecins, et deux rabbins. 21 H. BRESC, Livre et Société en Sicile (1299-1499), Palerme 1971, pp. 63-69. Sa claire synthèse range les manuscrits bibliques à la première place (55 ouvrages), puis les livres liturgiques (34 volumes), les auteurs qui ont écrit sur la Loi (33 titres), les traités talmudiques (30 exemplaires dont les règles d’Alfasi sur le mariage), et enfin les commentaires bibliques (18 dont 2 commentaires au Livre de Job). Les auteurs les plus lus dans les judaicae siciliennes sont donc Rashi (7 exemplaires), Maïmonide (4 exemplaires), Alfasi (3 exemplaires) et enfin David Qimhi (2 exemplaires). 6.2.4. Midi de la France Aux bibliothèques-témoins privilégiées, on peut ajouter naturellement celle de Gersonide, l’un des plus grands savants du Midi de la France, publiée récemment par Gérard E. Weill, d’après son catalogue autographe regroupant 168 titres vers 1334. Un catalogue autographe écrit de sa main, avec répartition en trois sections; copié en 1301, nous l’avons vu, au f° 236 d’un manuscrit du Sefer ha Worawim, en écriture carrée de type séphardo-provençal. Nous avons remarqué aussi que Gersonide n’a pas été le seul à procéder de la sorte: la liste de 50 livres hébreux du XIV ème siècle publiée par Nello Pavoncello figure aussi sur le dernier folio (f° 178) du manuscrit 66 de la Bibliothèque Angelica de Rome qui contient de Sefer ha- Worawim de David Qimhi recopié par Ahima’ax, fils de Menahem, et achevé en septembre 1383. 6.2.5. Le Comté de Provence Il y a la collection-modèle du chirurgien juif aixois Astruc du Sestier (1439), dressée après les turbulences meurtrières de 1430 qui avaient entraîné la conversion d’un de ses fils. Riche de 179 volumes, elle a pu être répertoriée grâce à l’inventaire après décès établi par la veuve Mossone et un autre fils Josse, médecin également. Comme à Majorque, comme à Perpignan ou Santa Coloma du Queralt, d’autres occurences sont repérées dans les archives provençales durant tout le XV ème siècle, et surtout dans les grosses communautés: - A Arles (vente et legs d’ouvrages) et Aix (achat, vente, contrat pour recopier un manuscrit; vente à réméré; legs et présents nuptiaux), sont réunis: 34 titres. 175

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Quant à Azag Toros, sur ses dix-neuf volumes,<br />

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sur les Douze Prophètes, à côté de ses Bibles et<br />

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Selihot, Mahzorim, etc.).<br />

Il faut bien sûr considérer qu’au moment<br />

des inventaires, leurs rayonnages étaient déjà<br />

appauvris, amputés des volumes «suspects» remis<br />

aux autorités.<br />

Ainsi sont regroupés au total 361 titres, ce<br />

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l’observation à une date précise. Il n’existe rien<br />

de comparable pour les autres aires de comparaison.<br />

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6.1. En Catalogne même<br />

Parmi les données réunies sur Santa<br />

Coloma de Queralt, important centre de safran à<br />

60 km au Nord de Tarragone, avec sa petite communauté<br />

bien observée par Yom Tov Assis 18 à travers<br />

ses sources notariales (lesquelles révèlent<br />

parmi sa population de nombreux juifs languedociens),<br />

on peut bien compter 243 titres répartis<br />

entre les grandes et petites collections de livres<br />

hébreux (presque 200 titres concernent la<br />

période d’avant 1414).<br />

Dix-neuf cas sont décrits 19 dont les plus<br />

fournis sont les suivants:<br />

- inventaire d’Isach Saporta en 1326 (25<br />

titres dont «Magdessia, 2 Hummas, 1 micra des<br />

Premiers Prophètes, gloses de Daviu, 1 Miglal, 1<br />

Alfasi, 1 Rashi sur Talmud, 1 magistri Biona, 1<br />

Sh. b. Adret»);<br />

- inventaire de Salomo Atzarell en 1373 (67<br />

volumes, dont 26 ouvrages talmudiques, et 9 commentaires<br />

talmudiques; 1 Miclal, 1 Nathan b.<br />

Yehiel / ‘Aruk, le livre de Job, etc.);<br />

- inventaire de Mosse Cabrit en 1410 (70<br />

ouvrages, dont 4 talmudiques, des ouvrages bibliques,<br />

des rituels, Qinot, 1 livre de médecine, 1<br />

Derniers Prophètes «que eren casa den Bondio»;<br />

- inventaire de Gentov Bruch en 1448 (37<br />

volumes dont 6 talmudiques, 1 «Ahalell», des<br />

Mahzorim, 2 Maïmonide («Moreh» et «Madda‘»,<br />

1ère partie du Yad hazaqah).<br />

- à noter parmi ceux qui possèdent un, voire<br />

deux ouvrages: deux «Mestre», sans doute médecins,<br />

l’un appelé dez Portal, en 1362, propriétaire<br />

d’1 «Evicena», et l’autre nommé Bonjuha<br />

Caravida, possédant en 1457 un livre de médecine<br />

avec couverture vermeilh, en parchemin, «de<br />

litera ebrayca». Une femme Astrugueta, veuve<br />

de Bonafos Almosino, a en 1414 des Matines<br />

parmi ses six volumes. Le dernier cas en 1491 est<br />

celui de Rabi Vital Symeon, dernier rabbin de la<br />

communauté: ses Premiers Prophètes apparaissent<br />

dans une transaction 20 .<br />

6.2. Près de la Catalogne<br />

6.2.1. En Roussillon<br />

Les précieuses données réunies par Pierre<br />

Vidal rassemblent pour Perpignan une centaine<br />

de titres avant 1414, et la plupart même avant<br />

1391. De cet ensemble, émergent:<br />

- l’inventaire de Samiel Cresques de Besalu<br />

(1370) avec 22 volumes (dont Talmud, Worawim,<br />

Hallel, et Alfasi);<br />

- la liste de Bonjues Bellshom (1403) avec<br />

20 volumes (dont Humaw, Rashi, D. Qimhi,<br />

Hallel, Ester, Ba‘al Ittur d’Abba Mari de Marseille);<br />

- les ouvrages médicaux d’un boutiquierlibraire<br />

en 1414: Gui de Chauliac, Alenfranch de<br />

18 Jewish moneylenders in medieval Santa Coloma<br />

de Queralt, in Proceedings of the Eighth World<br />

Congress of Jewish Studies, The World Union of Jewish<br />

Studies, Jerusalem 1981, pp. 21-38; et The Jews of<br />

Santa Coloma de Queralt. An Economic and<br />

Demographic Case Study of a Community at the End<br />

of the Thirtheenth Century, Hebrew University,<br />

Jerusalem 1988.<br />

19 SOBERANAS, La biblioteca de S.S. Atzarell cit.,<br />

pp. 191-204.<br />

20 G. SECALL I GÜELL, Mosse Cabrit, draper<br />

filantrop de Valls i de Santa Coloma de Queralt; Mosse<br />

Cabrit, home culte i pietos; et L’us de l’hebreu i les<br />

bibliotheques dels Jueus colomins, dans La comunitat<br />

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