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06 L’INVITÉ<br />

MOURAD MERZOUKI<br />

“Comment <strong>le</strong> hip-hop<br />

est entré dans la Danse”<br />

DES CITÉS LYONNAISES AUX SCÈNES INTERNATIONALES :<br />

<strong>le</strong> danseur-chorégraphe Mourad Merzouki, 36 ans, a su faire évoluer <strong>le</strong> hip-hop<br />

vers un art chorégraphique à part entière. Génération mélanges.<br />

Vous êtes né à Saint-Priest, dans<br />

la banlieue lyonnaise, <strong>de</strong> parents<br />

immigrés algériens. Pas évi<strong>de</strong>nt<br />

d’arriver à la danse…<br />

— Cela ne s’est pas fait par <strong>le</strong>s<br />

voies traditionnel<strong>le</strong>s, la danse et <strong>le</strong><br />

milieu culturel étaient bien loin du<br />

cerc<strong>le</strong> familial et d’un gosse <strong>de</strong> cité<br />

comme moi ! Je suis passé par <strong>le</strong>s<br />

arts marti<strong>au</strong>x. Puis par l’éco<strong>le</strong> du<br />

cirque <strong>de</strong> Saint-Priest, où j’ai appris<br />

l’acrobatie. Ado, je me suis mis <strong>au</strong><br />

hip-hop. Cette danse <strong>de</strong> défi, <strong>le</strong><br />

rapport <strong>au</strong> concours (<strong>le</strong>s « batt<strong>le</strong>s »,<br />

ndlr), à l’adversité, m’ont rendu<br />

plus fort, plus soli<strong>de</strong>.<br />

Le hip-hop, c’est <strong>le</strong> côté « macho »<br />

<strong>de</strong> la danse et on ne <strong>le</strong> prend guère<br />

<strong>au</strong> sérieux. « Ce n’est pas <strong>de</strong> la<br />

danse avec un grand D ! »<br />

— On ne nous regardait pas<br />

comme <strong>de</strong>s danseurs : « Ils font<br />

ça plutôt que du ping-pong dans<br />

une MJC. » Je ne suis jamais entré<br />

là-<strong>de</strong>dans, je voulais al<strong>le</strong>r plus loin,<br />

faire quelque chose <strong>de</strong> construit,<br />

d’abouti. J’ai eu la chance d’être à<br />

Lyon, la capita<strong>le</strong> <strong>de</strong> la danse : certains<br />

pros ont vu notre show dans<br />

la rue, nous ont proposé dix minutes<br />

sur <strong>le</strong>ur scène, puis <strong>de</strong>s stages<br />

pour nous professionnaliser. Je<br />

n’en serais pas là <strong>au</strong>jourd’hui si<br />

j’étais né ail<strong>le</strong>urs qu’à Lyon. Je suis<br />

<strong>au</strong>ssi fidè<strong>le</strong> à Montpellier, Jean-P<strong>au</strong>l<br />

Montanari a été l’un <strong>de</strong>s premiers<br />

à accueillir <strong>le</strong> hip-hop dans sa<br />

programmation.<br />

Aujourd’hui, vous êtes un artiste<br />

reconnu, chevalier <strong>de</strong>s Arts et Lettres<br />

en 2004, nommé directeur du<br />

centre chorégraphique national<br />

<strong>de</strong> Créteil/Val-<strong>de</strong>-Marne en 2009.<br />

Comment avez-vous évolué ?<br />

— J’ai voulu extraire <strong>le</strong> hip-hop <strong>de</strong><br />

sa caricature, la-vio<strong>le</strong>nce-et-<strong>le</strong>s-problèmes-<strong>de</strong>-la-banlieue.<br />

La danse<br />

« à message », ce n’est pas pour<br />

moi. Je préfère <strong>le</strong> détour. Avec ma<br />

compagnie, Käfig, nous avons<br />

voyagé dans 400 vil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> 40 pays.<br />

Je m’y suis nourri d’<strong>au</strong>tres cultures,<br />

cela m’évite <strong>de</strong> tomber dans la<br />

redite. Il ne f<strong>au</strong>t pas hésiter à frotter,<br />

à confronter <strong>le</strong>s esthétiques,<br />

quelque chose en sort toujours !<br />

D’où est sorti ce spectac<strong>le</strong>, Agwa<br />

et Correria ?<br />

— Il est né <strong>de</strong> la rencontre avec<br />

la compagnie brésilienne Urbana<br />

<strong>de</strong> Dança. Ces danseurs sont issus<br />

<strong>de</strong>s favelas, mais pas question <strong>de</strong><br />

tomber dans <strong>le</strong> cliché musique<br />

brésilienne-samba-capoeira. J’ai<br />

imaginé, à partir <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur énergie,<br />

une <strong>au</strong>tre gestuel<strong>le</strong>, sur <strong>de</strong>s musiques<br />

<strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l’Est, d’Argentine,<br />

etc. Agwa, c’est l’e<strong>au</strong>, l’idée m’est<br />

venue en voyant ces danseurs en<br />

boire <strong>de</strong>s litres et <strong>de</strong>s litres !<br />

Et votre public, il sort d’où ?<br />

— Je suis heureux qu’il soit complètement<br />

mélangé, <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s<br />

générations et <strong>de</strong>s classes socia<strong>le</strong>s,<br />

L’Hér<strong>au</strong>lt<br />

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