L'héritière australienne - Harlequin

tout son bras gauche l’assaillait régulièrement depuis
quelques semaines. Et cette fois encore, il décida de
l’ignorer. Il s’agissait probablement d’un rhumatisme.
Décidément, il vieillissait. Mais soudain une vive douleur
le frappa au milieu du dos. Il poussa un cri en serrant sa
poitrine. Non, plus jamais, se jura-t‐il intérieurement, il
ne mangerait de cette saucisse allemande, bien trop riche
pour un homme de son âge. Un nouvel élancement, plus
intense, le fit tomber à genoux. Son bras gauche pendait
de manière inquiétante, soudain inerte et inutile.
Il respirait à présent avec difficulté. Il avait l’impression
qu’un énorme poids lui comprimait la poitrine. Il courba
la tête quelques instants. Submergé par la douleur, il
songea à sa fille, son petit-fils et à toutes les choses qu’il
aimait. Il serra les mâchoires et redressa la tête. Il essaya
désespérément de respirer, luttant contre cette souffrance
atroce et insupportable qui s’intensifiait. Il fallait absolument
qu’il se lève pour aller chercher de l’aide.
Sa vue se brouilla, puis s’éclaircit et s’obscurcit de
nouveau. Il tendit le bras droit vers le poteau qui soutenait
le treillis métallique. S’il parvenait à l’agripper, il s’en
servirait pour se remettre debout. Ses doigts serrèrent
convulsivement le fil de fer, les feuilles et les tiges. La
sueur au goût salé qui ruisselait le long de son visage lui
piquait les yeux.
Il se sentit tout à coup vidé de ses forces, comme si le
sol aspirait toute son énergie. Il se laissa tomber sur le
côté, recroquevillé sur lui-même en position fœtale. La
douleur était trop forte. Incapable de bouger et même de
respirer, il perdit connaissance. Quelques minutes plus tard,
lorsqu’il reprit ses esprits, il ouvrit les yeux et contempla
le ciel au-dessus de lui, puis son regard glissa le long de
ses précieuses vignes. Les vrilles se penchaient vers lui
comme pour l’envelopper de leur feuillage protecteur.
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