L'héritière australienne - Harlequin

des travaux d’entretien qu’il remettait à plus tard depuis
plusieurs mois déjà.
Il porta inconsciemment sa main gauche à sa poitrine
pour dissiper la douleur qu’il ressentait au niveau du
sternum. Satanée indigestion ! Il ne pouvait s’en prendre
qu’à lui-même. Il n’aurait jamais dû abuser de cette saucisse
allemande fabriquée par un traiteur en ville, même si
c’était un mets qu’il affectionnait depuis son enfance. Il
hocha imperceptiblement la tête. Inutile de regarder en
arrière : son passé ne lui rappelait que des souvenirs tristes
et douloureux. Il avala la dernière goutte de son café et
reposa la tasse sur le sol de la terrasse. Puis, relevant les
manches de sa chemise à carreaux délavée, il descendit
les marches en direction des premiers rangs de vigne qui
s’étalaient, rectilignes, sur près de quarante-cinq mètres
vers l’ouest.
Il se déplaçait au milieu de son vignoble, travaillant
avec méthode comme il l’avait toujours fait pendant plus
de trente-cinq ans. Il coupait les sarments et taillait les
vrilles plus basses avec son sécateur, courbant et étirant
son corps inlassablement.
Au bout du troisième rang, il vérifia la position du soleil.
C’était le milieu de la matinée. Il cligna deux fois des
yeux, étonné par sa propre lenteur. Il haussa les épaules,
philosophe : il n’était plus tout jeune, contrairement à Peter
Cruzio qui travaillait à mi-temps pour lui ou à Angélique
Dupayne. Angie, la femme qu’il aimait, travaillait aussi
durement que n’importe quel homme dans les vignes.
Toutefois il préférait que cette talentueuse viticultrice
se consacre à l’étude et à l’évaluation des parcelles de
terrain les plus propices aux plantations futures. Faire
du vin était devenu une véritable science, très différente
des pratiques anciennes.
Cette douleur sourde qui partait de l’épaule et traversait
8