Les Fonctions reconnues à l'agriculture intra et périurbaine - HAL
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Dès lors, commence la "débrouillardise" pour les pauvres qui ne se réfèrent point<br />
aux règles urbanistiques. « Des bidonvilles apparaissent <strong>à</strong> partir des années cinquante<br />
dans d’autres zones de Grand Dakar – Fass, Colobane –, (…). L’Etat décide alors d’agir<br />
de manière volontaire pour enrayer ce processus <strong>et</strong> décide de "déguerpir" ces habitants<br />
illégaux dans une zone située <strong>à</strong> l’extérieur de la ville, Pikine où est tracé un lotissement »<br />
(Sinou : 1990 : 6). C<strong>et</strong>te opération marque la naissance, en 1952, de "Pikine ancien" ou<br />
« "Pikine régulier", archétype du lotissement planifié » (Pourtier, 1999).<br />
Après l’indépendance, les déguerpissements continuent. Sinou explique que des<br />
« habitants de la Médina <strong>et</strong> des bidonvilles sont expulsés vers les lotissements de Grand<br />
Yoff <strong>et</strong> surtout de Dagoudane, puis de Pikine-Extension en 1967, <strong>et</strong> surtout de Guédiawaye<br />
(situé <strong>à</strong> proximité des précédents) en 1971. (…) Parallèlement, les migrants ruraux<br />
reconstituent d’autres quartiers irréguliers, notamment le long de l’autoroute <strong>et</strong> sur les<br />
franges des lotissements, comme par exemple "Pikine irrégulier" » (Page 6).<br />
En 1973, Vernière écrivait, <strong>à</strong> propos des deux configurations de Pikine, que « (…)<br />
le lotissement officiel de Pikine se double d’une ville irrégulière presque aussi étendue que<br />
lui <strong>et</strong> en plein essor. C<strong>et</strong> ensemble en marge évolue en symbiose avec les villages Lebou de<br />
Thiaroye Gare <strong>et</strong> de Yeumbeul qu’il cerne de toutes parts. Le manque d’inquiétude des<br />
habitants devant la menace d’une éventuelle expulsion s’explique peut-être par le fait<br />
qu’ils estiment avoir le bon droit pour eux ; non le droit national (issu de la loi de 1964)<br />
mais le droit traditionnel. N’ont-ils pas ach<strong>et</strong>é leur terre aux Lebou, <strong>à</strong> leurs yeux vrais<br />
détenteurs du sol ? » (Page 221).<br />
De son côté, Salem (http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/045021.pdf.<br />
Pages 31-32) note que l’accélération brusque du mouvement d’urbanisation spontanée<br />
après 1964 a été déclenchée par la Loi sur le Domaine National du 17 juin de c<strong>et</strong>te même<br />
année-l<strong>à</strong> « (…) qui, nationalisant les terres non immatriculées, spoliait les Lébou des<br />
terres leur appartenant. (…) les migrations massives vers les villes <strong>et</strong> la pression foncière<br />
ont fait se multiplier les ventes mais la logique ancienne est restée, même si des ventes<br />
purement spéculatives, parfois par de faux propriétaires, se sont produites ».<br />
Malgré le semblant de sérénité que manifestent les habitants, les pouvoirs publics<br />
continuent de manifester le désir de lutter contre l’irrégularité de l’occupation immobilière<br />
des sols. Cela incita la mise au point d’un nouveau plan directeur dessiné par Ecochard<br />
en 1967 mais, faute de moyens, ce plan sera caduc avant même d’être appliqué. Ces<br />
problèmes, renforcés par la crise économique mondiale, suite aux chocs pétroliers des<br />
années soixante-dix, vont conduire les autorités publiques <strong>à</strong> laisser tomber le modèle de<br />
développement urbain calqué sur celui occidental. Soutenues par la Banque Mondiale,<br />
elles vont tenter de « fournir des parcelles de 150 <strong>à</strong> 300 m² dotées d’un équipement<br />
minimal (adduction d’eau collective, voirie simplifiée, <strong>et</strong>c.) » (Sinou : 1990 : 7).<br />
C<strong>et</strong>te politique marqua la naissance du quartier des "Parcelles Assainies", créées sur<br />
400 ha dans le nord de Dakar, près du village de Cambérène <strong>et</strong> découpées en vingt-six<br />
"Unités". L<strong>à</strong> encore, ce sont les classes moyennes <strong>et</strong> supérieures, solvables, qui acquièrent<br />
le plus de lots <strong>à</strong> construire mais, en 1979, l’Etat avait créé une quatrième structure, La<br />
Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS) pour « soutenir la production de logement<br />
sociaux » (Ba, 2003). <strong>Les</strong> cartes 9 <strong>et</strong> 10 ci-dessous montrent la diffusion urbaine depuis la<br />
zone des Niayes de Pikine <strong>et</strong> les autres interstices urbains vers l’Est de la presqu’île, entre<br />
1958 <strong>et</strong> 1980, en passant par 1960/1961 <strong>et</strong> 1966/1967.<br />
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