Les Fonctions reconnues à l'agriculture intra et périurbaine - HAL
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alimentaire: c’est le cas de la production céréalière qui est expédiée sur le marché mondial<br />
ou de la vente directe de produits horticoles (Ba, 2003). En eff<strong>et</strong>, comme l’écrit Michel<br />
Prieur dans la préface du livre "Agricultures urbaines <strong>et</strong> ville durable européenne" (sous la<br />
direction de Monédiaire, 1999 : 14), les recherches sur le jardinage familial en Europe<br />
tendent <strong>à</strong> compléter celles ayant conduit <strong>à</strong> la publication de l’ouvrage du PNUD / Habitat<br />
II de 1996 <strong>et</strong>, ce, notamment <strong>à</strong> cause du « quasi-adage qui exprime l’idée qu’il y a "du<br />
nord dans le sud <strong>et</strong> du sud dans le nord" ».<br />
C’est donc essentiellement dans les pays émergeants <strong>et</strong> ceux en développement que<br />
c<strong>et</strong>te agriculture, souvent dominée par le maraîchage, est pratiquée pour satisfaire les<br />
besoins alimentaires autant des producteurs que des citadins. Elle contribue alors <strong>à</strong><br />
l’approvisionnement des marchés urbains (Moustier <strong>et</strong> Pagès ; Donadieu, 1998 ; Mbaye <strong>et</strong><br />
Moustier, 1999 ; Ba, 2003 ; Ba Diao, 2004 ; N’Diénor <strong>et</strong> Aubry, 2004 ; Temple <strong>et</strong><br />
Moustier, 2004, Boukharaeva <strong>et</strong> al., (2005) ; Edamana <strong>et</strong> al., 2006).<br />
Ainsi, au Brésil, Boukharaeva <strong>et</strong> al. (Ibid. : 155) estiment qu’il s’agit « d’une<br />
microagriculture intensive dont les produits sont destinés <strong>à</strong> une demande locale ». Dans<br />
certaines villes africaines, l’agriculture <strong>intra</strong>urbaine perm<strong>et</strong> <strong>à</strong> des familles d’accéder<br />
facilement <strong>à</strong> des légumes frais. Fleury <strong>et</strong> Moustier (1999 : 285) donnent ces exemples<br />
montrant la capacité de c<strong>et</strong>te activité qui représente « 50% des ménages <strong>à</strong> Bamako ou dans<br />
l'Est africain ; 25% <strong>à</strong> Brazzaville ; de 60 <strong>à</strong> 90% en Egypte […] c<strong>et</strong>te forme d'agriculture<br />
est très proche des anciens jardins familiaux "<strong>à</strong> la française" <strong>et</strong> est axée sur la satisfaction<br />
des besoins d'une famille ».<br />
Au Moyen-Orient, Boissière (2004 : 31-41) présente différentes configurations<br />
« agro-urbaines » <strong>et</strong> distingue les espaces agricoles urbains traditionnels : le « jardin » ou<br />
bustan associé aux villes du littoral levantin <strong>et</strong> de l’intérieur pré-steppique (<strong>à</strong> Tyr, Saïda,<br />
Beyrouth, Sanaa,…) <strong>et</strong> l’ « oasis » ou guta <strong>et</strong> waha (<strong>à</strong> Palmyre ou Sukhné en Syrie, Azraq<br />
en Jordanie, ‘Unayza, al Ha’il ou al-Hofouf en Arabie Saoudite, al-Aïn dans les Emirats<br />
arabes unis,…) des fermes villas ou mazra’a (<strong>à</strong> Amman en Jordanie, Alep, Homs, Hama,<br />
Damas ou dans les campagnes yéménites).<br />
Souvent, même située <strong>à</strong> proximité de la ville <strong>et</strong> entr<strong>et</strong>enant des liens avec elle,<br />
l’agriculture <strong>périurbaine</strong> est considérée comme occupant de façon temporaire l’espace<br />
ouvert périurbain, ce, <strong>à</strong> cause de la progression de l’espace bâti sur l’espace agricole.<br />
Aussi, comme le fait remarquer le Programme Agriculture Urbaine de l’ENSP-Versailles,<br />
« les rôles nouveaux qu’elle (l’agriculture) peut jouer en termes de production de paysage,<br />
de défense de l’environnement, de promotion de la biodiversité <strong>et</strong> d’harmonie sociale<br />
l’impliquent <strong>à</strong> nouveau dans le fonctionnement urbain. Elle devient alors agriculture<br />
urbaine <strong>et</strong> c’est ensemble qu’espaces cultivés <strong>et</strong> espaces bâtis participent au processus de<br />
construction du territoire urbain, de la ville-nature. L’agriculture urbaine est toujours une<br />
activité économique, mais sa production n’est plus identifiée aux seules denrées agricoles ;<br />
en devenant multifonctionnelle, elle devient une composante spatiale <strong>et</strong> sociale des<br />
territoires urbains ».<br />
La dimension politique des contributions de l’agriculture <strong>à</strong> la ville perm<strong>et</strong> de légitimer<br />
son occupation de l’espace. Ainsi, Fleury (2002 : 65) signale que « même s’il paraît<br />
prématuré de parler de paysage dans des pays pauvres, le choix de la ville de Hanoï (Viêt-<br />
Nam) a été de conserver <strong>à</strong> des fins patrimoniales <strong>et</strong> paysagères quelques uns des villages<br />
qui seront absorbés par la vaste agglomération en proj<strong>et</strong> ».<br />
Ces rôles nouveaux de l’agriculture dans le développement des villes ont aussi été<br />
abordés par Doucouré <strong>et</strong> Fleury (2004 : 32) qui rapportent la position du Réseau<br />
francophone pour l’Agriculture Urbaine en Afrique de l’Ouest <strong>et</strong> du Centre (RFAU/AOC),<br />
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