Les Fonctions reconnues à l'agriculture intra et périurbaine - HAL
Les Fonctions reconnues à l'agriculture intra et périurbaine - HAL
Les Fonctions reconnues à l'agriculture intra et périurbaine - HAL
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
autre œil ce qui, d’autre que produit, est produit par l’agriculture <strong>et</strong> que la disparition de<br />
l’agriculture fait perdre.<br />
En analysant la distance géographique <strong>et</strong> les relations fonctionnelles entre ville <strong>et</strong><br />
agriculture, Thinon <strong>et</strong> Torre (2003 : 13) avaient montré trois cas de figures : « l’agriculture<br />
<strong>périurbaine</strong> définie, selon une entrée géographique, comme l’agriculture située autour de<br />
la ville (2a) sans préjuger de l’existence de liens avec elle ; l’agriculture urbaine<br />
considérée, selon une approche fonctionnelle (économique, sociale, politique…) comme<br />
l’agriculture entr<strong>et</strong>enant des liens avec la ville, sans qu’elle soit nécessairement proche<br />
(2b) ; enfin, l’agriculture urbaine vue comme une agriculture proche de la ville <strong>à</strong> la fois<br />
spatialement <strong>et</strong> fonctionnellement (2c) ».<br />
Ces auteurs r<strong>et</strong>rouvent partiellement la conception de l’agriculture urbaine de<br />
Fleury <strong>et</strong> Donadieu (1997), <strong>à</strong> c<strong>et</strong>te différence que, développant ensuite une approche<br />
territoriale, ils n’incluent pas 2b dans leur conception de l’agriculture urbaine, parce que le<br />
lien se fait exclusivement par des transports <strong>et</strong> des relations commerciales, sans<br />
participation <strong>à</strong> la gouvernance territoriale agriurbaine. <strong>Les</strong> faits qu’il n’y ait pas (ou plus)<br />
de grands « maraîchers purs », celui du développement du marché de gros où ces<br />
maraîchers grands <strong>et</strong> spécialisés (cf. supra) <strong>et</strong> celui que les plus importants, en termes<br />
économiques, des bana-banas, revendent sur ce marché suggèrent que la plus grande partie<br />
de l’approvisionnement de Dakar s’éloigne de la ville, processus historique en Europe,<br />
mais aussi en Afrique, comme le montre FROMAGEOT (2007) en Côte d’Ivoire ou les<br />
observations au Cameroun montrant l’importance du pays Bamiléké, éloigné de 400 km de<br />
Yaoundé mais qui participe beaucoup <strong>à</strong> l’approvisionnement de c<strong>et</strong>te capitale.<br />
On peut donc conclure d’abord que l’agriculture actuellement <strong>intra</strong>urbaine de Dakar<br />
tend, en se délocalisant, vers l’état d’une agriculture <strong>périurbaine</strong> classique, avec une<br />
spécialisation croissante <strong>et</strong> une dimension économique croissante. Cependant, le fait qu’il<br />
y ait des agriculteurs sont double-actifs peut être un facteur de résistance qui leur<br />
perm<strong>et</strong>trait d’attendre la reconnaissance sociale des Niayes comme espace ouvert <strong>à</strong><br />
maintenir. La même remarque peut être faite <strong>à</strong> propos des pêcheurs ; leur maintien<br />
pourrait devenir souhaité. Leur situation pourrait s’apparenter <strong>à</strong> celle des zones de<br />
Chinampas <strong>à</strong> Mexico, où l’horticulture a r<strong>et</strong>rouvé sa pertinence <strong>et</strong> sa durabilité <strong>à</strong> partir du<br />
moment où c<strong>et</strong>te zone a été intégrée comme zone verte au nouveau proj<strong>et</strong> de la ville.<br />
(Navarro <strong>et</strong> al., 2007).<br />
Il en est de même des floriculteurs hors sol de bord de route, actuellement non<br />
durables. Cependant, ceux de Yaoundé en position encore plus centrale dans la ville, ont<br />
trouvé leur légitimité <strong>à</strong> travers la validation de l’horticulture florale <strong>et</strong> médicinale comme<br />
paysage de la ville (Nguegang Asaa P., Parrot L., Guedje M.N. <strong>et</strong> al., 2007).<br />
Enfin, les Niayes ne sont pas seulement un espace agricole <strong>intra</strong>urbain, mais des<br />
consommateurs <strong>et</strong> d’autres acteurs attachent, on l’a vu, une identité réelle <strong>à</strong> la production<br />
maraîchère, celle d’un produit de terroir. A la manière de nombreux sites en France,<br />
notamment celui du Triangle vert, le proj<strong>et</strong> de territoire, en liant l’image de Campagne <strong>à</strong><br />
celle de la qualité spécifique du produit, donne une valeur ajoutée supérieure. Aussi, une<br />
partie de l’agriculture des Niayes est disponible pour constituer un proj<strong>et</strong> agriurbain de<br />
territoire qui pourrait trouver sa place dans le proj<strong>et</strong> PASDUNE. La multifonctionnalité<br />
naissante fonderait la légitimité <strong>et</strong> la durabilité de la présence agricole dans les Niayes :<br />
produit de terroir <strong>et</strong> pluriactivité ; c<strong>et</strong>te agriculture revivifiée devrait aussi s’afficher<br />
comme une agriculture respectueuse de la qualité environnementale de ces zones.<br />
232