Engagement-des-aines-dans-la-societe-AIFA - Habiter-Autrement
Engagement-des-aines-dans-la-societe-AIFA - Habiter-Autrement
Engagement-des-aines-dans-la-societe-AIFA - Habiter-Autrement
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
L’<strong>Engagement</strong> <strong>des</strong> aînés <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société<br />
En Afrique, un sage, un aîné qui ne jouerait pas son rôle d’éducateur,<br />
de préservateur et de transmetteur <strong>des</strong> valeurs culturelles et<br />
civiques, se verrait marginalisé par <strong>la</strong> communauté. Si c’est une<br />
femme, elle pourrait même être traitée de sorcière, sorcière signifiant<br />
ici mauvaise personne ayant le cœur dur, sans pitié et surtout<br />
détestant les enfants. Les sorcières à <strong>la</strong> longue risquent <strong>la</strong> <strong>la</strong>pidation<br />
et l’exclusion de <strong>la</strong> cellule familiale.<br />
Les personnes âgées en retour reçoivent respect et considération<br />
de tous les jeunes indépendamment de tout lien familial. C’est ainsi<br />
que même les femmes qui n’ont pas eu <strong>la</strong> chance d’avoir <strong>des</strong> enfants<br />
s’entendent appelées «maman» ou «grand-mère» par les enfants et<br />
petits-enfants d’autrui. Ces femmes ont le droit de donner <strong>des</strong><br />
instructions, de réprimander ou de demander <strong>des</strong> services (petites<br />
courses au marché ou ailleurs) à ces enfants qu’elles n’ont pas mis<br />
au monde.<br />
V<br />
Je voudrais faire remarquer que chez cert<strong>aines</strong> communautés (les<br />
Mossis du Burkina, par exemple) le père ou <strong>la</strong> personne qu’on ne<br />
connaît pas est vouvoyée. Personnellement, je vouvoyais mon père<br />
lorsque je m’adressais à lui en <strong>la</strong>ngue mooré. Aussi j’ai été surprise<br />
par le tutoiement <strong>des</strong> Canadiens, que je trouve sympathique par<br />
ailleurs.<br />
Les vieilles personnes étant toujours prises en charge par <strong>la</strong><br />
famille, il y a très rarement <strong>des</strong> conflits de générations. C’est ainsi que<br />
<strong>la</strong> stabilité sociale et politique est sauvegardée grâce à l’encadrement<br />
<strong>des</strong> c<strong>la</strong>sses d’âges. En Afrique traditionnelle, il n’y a pas de retraite<br />
systématique; on travaille jusqu’à ce que les forces le permettent.<br />
Donc, il n’y a pas de rupture automatique, d’où une certaine continuité<br />
<strong>dans</strong> les re<strong>la</strong>tions. À chaque âge correspondent <strong>des</strong> activités spécifiques<br />
compatibles avec l’état physique et intellectuel de l’intéressé.<br />
Par ailleurs, <strong>la</strong> vie familiale est organisée de telle sorte que le<br />
grand-père a une grande « concession » (comme on l’appelle chez<br />
nous), c’est-à-dire une grande cour avec <strong>des</strong> maisons où les enfants<br />
et leurs familles côtoient les parents et grand-parents. Cette pratique<br />
permet un contact permanent, contrairement à cert<strong>aines</strong> situations<br />
12