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Découpage des « Misérables » de Victor Hugo : - Gymnase de Morges

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<strong>Découpage</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>«</strong> <strong>Misérables</strong> <strong>»</strong> <strong>de</strong> <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong> :<br />

En général :<br />

Cinq parties, reprenant les noms <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages principaux à l’exception du quatrième<br />

(L’idylle rue Plumet et l’épopée Rue Saint-Denis) divisés en 8 à 15 livres titrés, eux-mêmes<br />

divisés en 2 à 24 chapitres (365 chapitres au total).<br />

Métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> découpage :<br />

Les <strong>Misérables</strong> sont découpés <strong>de</strong> façon très spécifique pour atteindre différents buts :<br />

1) Faire <strong><strong>de</strong>s</strong> relations (comparaisons, oppositions) entre les parties.<br />

2) Faire <strong><strong>de</strong>s</strong> parenthèses dans le récit.<br />

3) Faire <strong><strong>de</strong>s</strong> ruptures ou <strong><strong>de</strong>s</strong> liens entre les chapitres.<br />

1) <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong> utilise les titres pour mettre en relation différents chapitres. Par exemple, les<br />

chapitres XIII, Ce qu’il croyait (en parlant <strong>de</strong> Myriel), et XIV, ce qu’il pensait, du premier<br />

livre <strong>de</strong> la première partie, sont mis en opposition. L’auteur oppose là ce en quoi l’évêque<br />

croit avec ce qu’il fait : <strong>«</strong> Ce qui éclairait cet homme, c’était le cœur. Sa sagesse était faite <strong>de</strong><br />

lumière qui vient <strong>de</strong> là. <strong>»</strong> (Tome 1, p.102). Il y a <strong>de</strong> nombreux autres exemples, comme les<br />

chapitres III, Il est agréable, et IV, Il peut être utile, qui parlent tous <strong>de</strong>ux <strong><strong>de</strong>s</strong> gamins <strong>de</strong><br />

Paris, le premier <strong>de</strong> leurs distractions et le <strong>de</strong>uxième <strong>de</strong> leur rôle dans la société parisienne.<br />

Ces mises en relations <strong><strong>de</strong>s</strong> chapitres donnent une meilleure compréhension et a permis à<br />

<strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong> <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong> l’ordre dans son roman, qui contient beaucoup <strong>de</strong> matière.<br />

2) L’auteur se sert <strong><strong>de</strong>s</strong> titres et <strong><strong>de</strong>s</strong> chapitres pour faire <strong><strong>de</strong>s</strong> commentaires sur le récit en cours.<br />

Par exemple, au chapitre XI du livre cinquième <strong>de</strong> la première partie intitulé Christus nos<br />

liberavit (le Christ a fait <strong>de</strong> nous <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes libres), <strong>Victor</strong> <strong>Hugo</strong> évoque la responsabilité <strong>de</strong><br />

la société dans le désœuvrement <strong>de</strong> Fantine : <strong>«</strong> Qu’est-ce que cette histoire <strong>de</strong> Fantine ? C’est<br />

la société achetant une esclave. […] La sainte loi <strong>de</strong> Jésus-Christ gouverne notre civilisation,<br />

mais elle ne la pénètre pas encore. <strong>»</strong> (Tome 1, p.261). Un autre exemple est le livre sept <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>uxième partie : Parenthèse. L’auteur, dans ce livre, suspend le récit et se lance dans un<br />

commentaire sur le couvent (pp.653-669). Une même division s’opère au sein <strong><strong>de</strong>s</strong> livres : au<br />

début <strong>de</strong> la plupart d’entre eux, <strong>Hugo</strong> suspend le récit pour faire <strong><strong>de</strong>s</strong> commentaires et<br />

introduire un nouvel endroit où se passe le récit ou <strong>de</strong> nouveaux personnages ; comme par<br />

exemple au chapitre I du livre sixième <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième partie ou le couvant du Petit-Picpus est<br />

introduit.


Ces commentaires fractionnant le roman donnent la possibilité à l’auteur <strong>de</strong> préciser certaines<br />

choses, telles que les lieux du récit et le passé <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages, et <strong>de</strong> nous donner son avis sur<br />

ces <strong>de</strong>rnières.<br />

3) Des ruptures et/ou <strong><strong>de</strong>s</strong> liens sont souvent faits entre les chapitres, soit pour créer un<br />

suspens, soit pour poser une interrogation dont la réponse est dans le chapitre qui suit, soit<br />

pour remettre le lecteur à une certaine distance <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages.<br />

Un suspens est présent par exemple, entre les chapitres X, L’homme réveillé, et XI, Ce qu’il<br />

fait, un suspens est marqué (plus particulièrement par le titre <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier chapitre) : <strong>«</strong> Il prit<br />

le chan<strong>de</strong>lier dans sa main droite, et retenant son haleine, assourdissant son pas, il se dirigea<br />

vers la porte <strong>de</strong> la chambre voisine, celle <strong>de</strong> l’évêque, comme on sait. Arrivé à cette porte, il<br />

la trouva entre-bâillée. L’évêque ne l’avait point fermée. <strong>»</strong> (Tome 1, p.155), c’est ainsi que se<br />

termine le chapitre X, et le XII commence par : <strong>«</strong> Jean Valjean écouta. Aucun bruit. Il poussa<br />

la porte. <strong>»</strong> (Tome 1, p.155). Ces phénomènes <strong>de</strong> suspens s’expliquent par la façon dont les<br />

<strong>Misérables</strong> ont été publiés. En effet, dans la secon<strong>de</strong> moitié du XIX ème siècle, plusieurs<br />

romans feuilletons sont publiés dans les journaux, comme par exemple Les Mystères <strong>de</strong> Paris<br />

d’Eugène Sue (cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> publication permet <strong>de</strong> couvrir une plus large tranche <strong>de</strong> la<br />

population qu’avec le livre qui était réservé à la bourgeoisie à cette époque). Ces suspens ont<br />

pour fonction <strong>de</strong> conserver le lectorat et <strong>de</strong> faire parler du roman.<br />

L’auteur pose aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> questions d’un chapitre à l’autre, comme entre les chapitres IV, Le<br />

couvent au point <strong>de</strong> vue <strong><strong>de</strong>s</strong> principes, et V, La prière : <strong>«</strong> Mais ces hommes, ou ces femmes,<br />

qui sont <strong>de</strong>rrière ces quatre murs, ils s’habillent <strong>de</strong> bures, ils sont égaux, ils s’appellent frères ;<br />

c’est bien ; mais ils font encore autre chose ? Oui. Quoi ? Ils regar<strong>de</strong>nt l’ombre, ils se mettent<br />

à genoux, et ils joignent les mains. Qu’est-ce que cela signifie ? <strong>»</strong> (Tome 1, p.661), ce<br />

chapitre ce finit sur une question qui est reprise dans le chapitre qui suit. L’auteur invite donc<br />

le lecteur à s’interroger sur la signification <strong>de</strong> la prière, crée ainsi un débat avec le lecteur au<br />

chapitre V ; le chapitre V (p.662) contient <strong>de</strong> nombreuses interrogations, ce qui confirme<br />

l’idée <strong>de</strong> dialogue avec le lecteur.<br />

Les ruptures sont également utilisées pour remettre le lecteur à une certaine distance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnages. Par exemple, entre les livres premier et cinquième (<strong>de</strong> la première partie), il y a<br />

une rupture <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux livres (le troisième et le quatrième) dont le récit est principalement à<br />

propos <strong>de</strong> Fantine, alors que le premier et le cinquième sont tous les <strong>de</strong>ux à propos <strong>de</strong> Jean<br />

Valjean, à cette différence près que lorsque le lecteur lit le cinquième, il ne sait pas tout <strong>de</strong><br />

suite que Ma<strong>de</strong>leine est Jean Valjean. Un schéma similaire est utilisé avec les Thénardier dont<br />

le lecteur n’entend pas parler durant plusieurs chapitres et qui réapparaissent sans que le<br />

lecteur le sache directement. Ces ruptures permettent à l’auteur <strong>de</strong> remettre le lecteur à<br />

distance <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages, lui permettant ainsi d’avoir une vision plus objective, <strong>de</strong> voir les<br />

personnages d’un autre point <strong>de</strong> vue.<br />

Conclusion :<br />

Pour finir, toutes ces métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> découpage permettent à l’auteur d’améliorer la<br />

compréhension, <strong>de</strong> préciser et <strong>de</strong> commenter certaines choses, <strong>de</strong> redonner au lecteur <strong>de</strong><br />

l’objectivité et <strong>de</strong> lui faire changer <strong>de</strong> point <strong>de</strong> vue. Le découpage <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Misérables</strong> est donc<br />

important à la bonne compréhension générale du roman.

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