Année 2007 - Ministère de la Culture et de la Communication

96
nord-est de ce premier ensemble, un second foyer
plus grand et rectangulaire pourrait appartenir à la
forge et correspondre à un type de travail différent
(forgeage de pièces plus importantes ?). Enfin, une
fosse circulaire rubéfiée (F7002) s’apparente à un
four. Son comblement très charbonneux et l’épaisseur
importante d’argile rubéfiée retrouvée au fond de la
structure, semblent la lier à la zone de forge. Cet
aménagement pourrait être identifié à une petite
charbonnière. Au nord-est, deux foyers et quatre
fosses ont livré un mobilier abondant (céramique,
couteau en fer, fibule en fer, dévidoir, peson, bracelet
en lignite...), certaines fosses évoquent des dépotoirs
en relation avec un habitat. Près de cent vingt objets
ont été identifiés, ce qui représente le corpus le plus
conséquent découvert pour cette période à Lyon. Il
faut leur associer soixante-dix chutes et ratés
(ou déchets) liés à l’activité de mise en forme du fer
(hormis les scories). Ces objets sont de nature très
variée : bronze, fer, lignite, os, céramique, verre. Ils
sont principalement liés à des activités artisanales
(instruments, outils, chutes et ébauches). Cet ensemble
est exceptionnel à plus d’un titre. Le mobilier métallique
en contexte de production artisanale (fer et bronze),
associé à des structures conservées et identifiées, est
peu connu en France pour la fin du Hallstatt. La masse
des déchets et des chutes de forge, liée à leur répartition,
permet de restituer une partie de la chaîne opératoire,
ainsi que son organisation spatiale. Le site de la rue
des Tuileries paraît former un ensemble cohérent avec
ceux de la rue du Dr-Horand et de la rue
Sergent-Michel-Berthet/Cottin. Ils forment un
ensemble comparable aux sites de Bragny-sur-Saône
ou de Bourges. Il s’agit donc potentiellement d’un site
de référence. Le mobilier métallique identifié apporte
également des précisions chronologiques de premier
ordre et permet d’avancer une datation des structures
entre le dernier quart du VIe et le milieu du Ve siècle
avant J.-C. De même, certains éléments originaires du
sud (ou imités) et du domaine alpin confirment les
relations et les échanges avec ces régions. Le lot de
céramique conséquent, 6500 tessons pour un NMI
d’approximativement 500 vases, a permis de multiples
analyses à l’échelle du site, de l’occupation de Vaise,
et extra-régionale. L’étude exhaustive de ce mobilier
confirme la chronologie du site dont l’occupation
s’établit vers 525-450 avant J.-C. L’examen des
céramiques a démontré une nouvelle fois la présence
notable d’importations provenant des côtes méridionales,
sous influences grecque et ionienne. Il illustre le statut
économique important de l’occupation, qui place Lyon
parmi les sites phares du réseau liant les régions
septentrionales aux domaines massaliotes et grecs.
On constate la prédominance des jattes et/ou des
coupes en céramique non tournée locale sur toutes
les autres classes morphologiques, alors qu’aucun
grand vase de stockage n’a été identifié. En outre, ce
lot permet de constater certains points de divergences
et de convergences entre le site des Tuileries et ceux
de Docteur-Horand et de Gorge-de-Loup. Les faciès
céramiques, sensiblement différents entre ces sites,
pourraient marquer des distinctions de fonction entre
quartiers artisanaux et zones d’habitat. Les os et
chevilles osseuses de cornes attestent l’utilisation
artisanale de matières dures animales. Peut-être pour
la fabrication de dés ou de poinçons et les besoins
d’un atelier de cornetier ? Peut-être aussi pour le
travail du métal (utilisation de la corne pour la transformation
du fer notamment) ? Seule une étude
exhaustive permettrait d’avoir des réponses. Ce
gisement offre la possibilité d’observer l’organisation
spatiale d’une zone artisanale en distinguant des
secteurs réservés à la forge, d’autres au façonnage et
à la finition d’objets dans lesquels une subdivision par
produit est peut-être envisageable. Les vestiges hallstattiens/laténiens
du 16-28 de la rue des Tuileries sont
donc tout à fait exceptionnels et seront publiés
intégralement.
Une construction en bois mise au jour est vraisemblablement
datable de la fin du Ier siècle avant J.-C. La
présence d’orifices de circulation d’eau dans les bois
conservés et le mode de colmatage permettent de
supposer qu’il s’agit d’un bassin. Celui-ci était vraisemblablement
constitué de quatre (peut-être cinq)
madriers, emboîtés les uns sur les autres. Peut-être
construit en deux étapes, ce bassin est vite
abandonné comme en témoigne l’important remblai
qui le recouvre dès le deuxième tiers du Ier siècle
après J.-C. Ce comblement permet l’installation d’un
canal dès la fin du Ier siècle après J.-C. Le colmatage
de ce canal permet l’établissement d’une aire de
crémation au cours du IIe siècle après J.-C., en
relation avec une petite nécropole à incinération.
L’originalité de ces sépultures est multiple : il s’agit tout
d’abord de la datation de la nécropole, période moins
représentée pour le funéraire romain à Lyon ; puis, la
présence d’un dispositif à libation (voire deux) parmi
les dépôts de crémation ; enfin, l’existence d’une
organisation spatiale linéaire, au sein d’un espace
double délimité par un fossé de plan quadrangulaire et
un autre circulaire qui semblent marquer deux enclos.
La proximité de la nécropole de la Villa Montel ajoute
à son intérêt. Une étude exhaustive de la nécropole
antique est envisagée dans un second temps.
L’ensemble des vestiges romains est entaillé par
plusieurs épisodes torrentiels qui divaguent sur le site
et le ravinent entre les IVe et Xe siècles. L’étude de
cette succession de chenaux, en relation avec ceux
mis au jour rue du Dr-Horand et aux Blanchisseries,
est particulièrement intéressante pour la compréhension
de l’évolution de ce secteur de la plaine de Vaise.
Une probable défluviation du cours d’eau, abandonnant
le talweg protohistorique, a pu favoriser le
nivellement du terrain par les Romains, comblant la
dépression résiduelle des chenaux, au moment de la
mise en place du canal. La caractérisation des
variations morphologiques dues aux passages de ce
ruisseau, de ces états antérieurs et de ses canalisations
forcées (médiévales), permet de mieux connaître
l’environnement vaisois et son évolution depuis plus
de 2500 ans.
Le décapage des niveaux d’occupation moderne du
site a permis la découverte de la partie excavée d’un
petit four de potier, aménagé dans les niveaux de
sédimentation qui succèdent à l’épisode torrentiel du
haut Moyen Âge. Cette petite structure, sans équivalent
contemporain à Lyon, comprend une chambre de cuisson
circulaire, aux parois rubéfiées, reliée à l’aire de
chauffe par un court alandier trapézoïdal. L’ensemble
est conservé sur une trentaine de centimètres de
profondeur ; aucun vestige des parties aériennes n’a
été repéré. Le four contenait encore une partie de sa
charge, sous-cuite et sans organisation visible (5825
tessons au total). L’étude de ce mobilier permet
d’estimer à 55 le nombre minimal d’individus, pour
6 types de pots recensés : 25 cruches à bec ponté,
15 oules (dont certaines sont ansées), 11 marmites à
lèvre éversée, 2 gourdes, une cruche à bec pseudotubulaire
et un pot à lèvre rase. Les caractères
typologiques de cette production permettent de la
placer dans un large Xe siècle. Le caractère oxydant
de l’atmosphère de refroidissement de ces cérami-