Année 2007 - Ministère de la Culture et de la Communication

87
archéologique. Les informations issues des données
documentaires et iconographiques font état d’une
urbanisation relativement tardive de cet espace a
priori très marécageux jusqu’au XVIIe siècle, et de la
construction de l’enceinte moderne. Cette dernière a
supplanté l’enceinte médiévale édifiée au début du
XIIIe siècle et localisée, d’après les plans de l’ingénieur
Claude Masse (début XVIIe s.), à l’ouest de
l’actuelle rue du Duc. Par conséquent, l’ensemble de
la zone concernée se situait en dehors du faubourg
médiéval. Le diagnostic archéologique offrait l’opportunité
d’appréhender tant l’évolution de l’urbanisation
de la ville moderne que de potentiels aménagements
antérieurs liés, notamment, à la fortification de la ville.
Les trois tranchées du diagnostic archéologique ont
révélé au gré de sondages plus profonds, les contextes
géologique et sédimentaire de cette partie
périphérique de la ville. Ainsi, les données issues de
ces différentes tranchées confirment et précisent les
observations issues des documents iconographiques.
Ces derniers font état d’une occupation postérieure au
Moyen Âge et étroitement associée aux travaux
d’aménagement de l’enceinte moderne. Cet îlot s’installe
dans cette extension moderne de la ville. La
lecture des formations sédimentaires déposées au
sein du marais fut contrainte tant par la nature du
projet d’aménagement (absence d’aménagement
excavé de grande ampleur) que par les résurgences
importantes de cet ancien marécage. Ainsi, des formations
de bri semblent alterner avec des dépôts de vase
au sein desquels apparaissent des traces importantes
de manganèse. Ces formations semblent progressives
et peu altérées par des aménagements anthropiques,
à l’exception d’un espace relativement large localisé
aux abords de la rue du Duc. La tranchée n° 1 et la partie
occidentale de la tranchée n° 2 rendent compte d’un
creusement reconnu sur une largeur supérieure à 12 m.
La nature très organique du sédiment et l’abondant
mobilier recueilli parmi les niveaux supérieurs du comblement
suggèrent une utilisation en tant que dépotoir.
La localisation de cette importante excavation par rapport
à l’enceinte médiévale suggère un usage défensif
qui apparaît sur quelques documents iconographiques.
La présence d’un fossé défensif peut donc être envisagée.
Le mobilier recueilli parmi les niveaux supérieurs du
comblement rend compte d’un comblement tardif
réalisé à la fin du Moyen Âge, voire au début de la
période moderne (fin XVIe-début XVIIe s).
L’urbanisation de ce faubourg débute tardivement. Elle
s’installe sur un dépôt argileux peu dense et se
concentre essentiellement le long de l’actuelle rue du
Duc. Quatre grandes phases d’urbanisation peuvent
être distinguées jusqu’à nos jours. La première,
concentrée contre l’actuelle rue du Duc, se manifeste
par la construction de bâtiments dont les dimensions
rappellent celles des habitations observées de l’autre
coté de la rue. Trois bâtiments peuvent être identifiés.
Un espace ouvert (jardin) semble se maintenir au
centre de la parcelle à l’instar de tout le reste de l’emprise
du site. Seuls quelques aménagements fossoyés
furent observés aux abords de l’actuelle rue Saint-
Claude. De même, deux bâtiments très étroits furent
partiellement observés au nord-est de l’emprise.
Toutefois, leur nature et fonction ne peuvent être précisées.
La seconde phase d’urbanisation obéit à une
modification du parcellaire urbain (courant XVIIIe s.).
Les bâtiments deviennent plus grands et se développent
le long de la rue Saint-Claude. Un foyer est
aménagé dans l’un d’entre eux. De même, l’espace
central connaît quelques aménagements de circulation.
La taille des bâtiments suggère une modification de la
nature de l’occupation. La présence d’entrepôts peut
être envisagée et pourrait sceller la vocation résidentielle
des lieux et marquer l’avènement d’un espace
“industriel”. Cet espace industriel semble se maintenir
jusqu’à nos jours et la démolition récente des chais de
cognac de l’entreprise Godet. Les deux autres phases
d’aménagements observées ne modifient pas considérablement
le parcellaire. Cette observation apparaît
très nettement sur le plan cadastral actuel. L’espace
central demeure ouvert alors que les bâtiments sont
régulièrement réaménagés (recharges de niveaux de
sols, partitions internes, etc).
166.- LA ROCHELLE (17) - Poitou-Charentes
Rue du Duc (3 et 5bis)
50 m 2 , aménagement 1613 m 2
EV - 3 jours, 2 fouilleurs
Emmanuel BARBIER
2 - Espaces libres
Dépotoir contenu principalement au sein d’un ancien
chenal. Fin XVe-début XVIe s.
Terre à jardin : apport anthropique sur d’anciens
marais. Décharges (raffineries à sucre). Fin XVIedébut
XVIIe s.
3 - Aménagements des berges et voies d’eau
Chenal (anciens marais).
17 - Commerce, échanges
Entrepôt (distillerie cognac). XVIIIe s.
18 - Habitat privé
Habitations. XVIIe-XIXe s.
Jardin et cours.
25 - Artisanat
Raffinerie à sucre (?). 1600-1800.
Distillerie. XVIIIe-XXe s.
27 - Industrie
Distillerie. XXe s.
29 - Formations naturelles
Ancien marais assaini.
30 - Résumé
La récente vente des entrepôts de cognac Godet
installés au sein du quartier Saint-Nicolas depuis la fin
du XVIIIe siècle, s’accompagne d’une réhabilitation
complète des lieux sous la forme d’un projet immobilier
associé à un niveau de parking souterrain. Les
données historiques et iconographiques font état
d’une urbanisation a priori récente du secteur.
L’enceinte médiévale qui délimitait le quartier depuis la
fin du XIIIe siècle fut complétée, dans le troisième
quart du XVIe siècle, par un demi-bastion apposé
dans l’angle nord-est. L’ensemble fut bouleversé à la
fin du XVIe siècle par un réaménagement complet des
fortifications de la ville. Ainsi, toutes les franges orientales
de l’ancien quartier Saint-Nicolas situées aux
abords de l’enceinte médiévale furent intégrées dans
une nouvelle enceinte bastionnée. Celle-ci est démantelée
au sortir du siège de La Rochelle à partir de
1628. L’emprise du diagnostic se situe dans cette
extension moderne de la ville. La surface diagnostiquée
fut considérablement réduite eu égard aux
modalités imposées par les règles de sécurité (bâtiments
non démolis). Ainsi, seuls les espaces ouverts
(cour) et un seul bâtiment ont pu être appréhendés.
Les différentes tranchées réalisées confirment les
observations issues des données documentaires et
iconographiques. Elles font état d’une urbanisation
récente (XVIIe s.) établie au sein d’un espace alors
très marécageux. Celle-ci semble se concentrer aux