Année 2007 - Ministère de la Culture et de la Communication
Année 2007 - Ministère de la Culture et de la Communication
Année 2007 - Ministère de la Culture et de la Communication
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
56<br />
J.-C.) <strong>de</strong> l’horizon inférieur i<strong>de</strong>ntifié sur le site (2880-<br />
2670 av. J.-C.), dans <strong>de</strong>s conditions hydroclimatiques<br />
<strong>et</strong> topographiques semble-t-il très proches (assèchement<br />
climatique rapi<strong>de</strong> associé à une baisse<br />
importante du niveau du <strong>la</strong>c perm<strong>et</strong>tant l’instal<strong>la</strong>tion directement<br />
sur <strong>la</strong> craie <strong>de</strong> <strong>la</strong> beine <strong>la</strong>custre exondée <strong>et</strong><br />
pédogénéisée). Plus au nord, ces occupations du<br />
Néolithique final <strong>de</strong> bord <strong>de</strong> <strong>la</strong>c sont n<strong>et</strong>tement mieux<br />
connues <strong>et</strong> caractérisées : <strong>de</strong>puis le Jura français<br />
jusqu’au p<strong>la</strong>teau suisse (Pétrequin <strong>et</strong> al. 2001 <strong>et</strong> 2005,<br />
Wolf <strong>et</strong> Hurni 2002). Il a également paru impératif<br />
d’établir une stratigraphie générale du site (transects)<br />
tenant compte du paléochenal <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bourbre <strong>et</strong> <strong>de</strong> son<br />
épais alluvionnement proximal, bien visibles sur les<br />
photographies aériennes, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s sols ou horizons tourbeux<br />
évolués qui ont fonctionné avec ce <strong>de</strong>rnier dès le<br />
Néolithique <strong>et</strong> jusqu’au P<strong>et</strong>it Âge g<strong>la</strong>ciaire (XIVe-XIXe s.<br />
dans notre région). Enfin, les différents niveaux<br />
<strong>de</strong>vaient être observés sous le regard croisé <strong>de</strong><br />
l’archéologue <strong>et</strong> du géologue <strong>et</strong> intégrés dans une<br />
réflexion interdisciplinaire <strong>et</strong> contextuelle perm<strong>et</strong>tant<br />
<strong>de</strong> définir les conditions <strong>de</strong>s milieux <strong>de</strong> vie anciens <strong>et</strong><br />
les processus impliqués dans leur transformation <strong>et</strong><br />
dans celle <strong>de</strong>s vestiges archéologiques enfouis dans<br />
les alluvions du marais (taphonomie). Les occupations<br />
supérieures, en gran<strong>de</strong> partie visibles sur les différents<br />
clichés aériens exploités lors <strong>de</strong> l’analyse régressive<br />
du paysage menée en amont du diagnostic,<br />
correspon<strong>de</strong>nt principalement à une série <strong>de</strong> canaux<br />
<strong>et</strong> fossés fossiles, attribuables à différentes pério<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> l’époque historique. Les différents niveaux <strong>de</strong><br />
creusement <strong>de</strong> ces structures indiquent qu’elles ne<br />
sont pas contemporaines <strong>et</strong> peuvent être pour le<br />
moment datées <strong>de</strong> quatre pério<strong>de</strong>s distinctes<br />
(Antiquité, haut Moyen Âge, pério<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, époque<br />
contemporaine). À <strong>la</strong> fin du Ier siècle après J.-C., ce<br />
secteur méridional du marais <strong>de</strong> Bourgoin jusqu’ici<br />
sans doute indivis, est caractérisé par le creusement<br />
<strong>de</strong> très longs fossés correspondant vraisemb<strong>la</strong>blement<br />
à une importante opération d’arpentage <strong>de</strong>s terres,<br />
effectuée simultanément à une imp<strong>la</strong>ntation<br />
importante <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ites fermes au cœur du marais (cf.<br />
thèse N. Bernigaud en cours). C<strong>et</strong>te organisation<br />
hydraulique <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du Ier siècle <strong>de</strong> notre ère (d’après<br />
3 dates radiocarbone concordantes) intègre un réseau<br />
<strong>de</strong> drainage, un réseau d’irrigation (Bernigaud <strong>et</strong> al.) <strong>et</strong><br />
un moulin avec son bief dérivant les eaux <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Bourbre à <strong>la</strong> sortie d’un méandre peu prononcé (Bleu<br />
<strong>et</strong> al.). La présence <strong>de</strong> ce moulin est originale au<br />
niveau régional. Il trouve son équivalent dans un<br />
moulin du Haut-Empire fouillé sur l’Yèvre (Champagne<br />
<strong>et</strong> al. 1997). La présence <strong>de</strong> 3 alignements <strong>de</strong> pieux en<br />
chêne nous a permis <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une étu<strong>de</strong> exhaustive<br />
en <strong>de</strong>ndrochronologie reposant sur une trentaine <strong>de</strong><br />
pieux. Ils datent <strong>la</strong> création du moulin <strong>de</strong> l’année 85<br />
après J.-C. <strong>et</strong> ses <strong>de</strong>ux réfections <strong>de</strong>s années 103 <strong>et</strong><br />
110. Le moulin <strong>et</strong> son bief sont apparemment détruits<br />
par <strong>la</strong> progradation <strong>et</strong> le dépôt d’une épaisse couche<br />
gravelo-sableuse dans le lit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bourbre <strong>et</strong> du bief<br />
l’alimentant (pluies torrentielles ?), au cours d’un ou <strong>de</strong><br />
plusieurs épiso<strong>de</strong>s dans le courant du IVe siècle. Un<br />
second système d’irrigation est recreusé pendant<br />
l’Antiquité tardive (fin du Ve s. après J.-C. d’après<br />
3 datations effectuées dans <strong>de</strong>s canaux différents). Il<br />
réemprunte en partie le réseau du Haut-Empire. La fin<br />
<strong>de</strong> son fonctionnement reste à préciser (sans doute<br />
dans le courant du VIe s.). Après une longue pério<strong>de</strong><br />
d’abandon <strong>de</strong> <strong>la</strong> pratique hydraulique dans le marais<br />
correspondant à une phase <strong>de</strong> paludification (baisse<br />
du détritisme alluvial dans le marais, croissance <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
tourbe), le système est ensuite repris entre <strong>la</strong> fin du<br />
Moyen Âge <strong>et</strong> l’époque mo<strong>de</strong>rne. Il est à son apogée au<br />
début du XIXe siècle lors du creusement du système <strong>de</strong><br />
drainage par le syndicat du marais <strong>de</strong> Bourgoin qui<br />
assèche l’ensemble <strong>de</strong>s marais <strong>de</strong> Bourgoin <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Verpillère, L’histoire agraire restituée par une première<br />
étu<strong>de</strong> en palynologie (Argant) semble bien décrire<br />
<strong>de</strong>ux phases <strong>de</strong> mise en valeur intensive durant <strong>la</strong><br />
pério<strong>de</strong> antique <strong>et</strong> alto-médiévale, avec l’extension <strong>de</strong><br />
prairies pâturées (<strong>et</strong> <strong>de</strong> fauche ?), <strong>de</strong> cypéraies<br />
probablement favorisées <strong>et</strong> entr<strong>et</strong>enues (cf. Bernigaud<br />
<strong>et</strong> al. sous presse) <strong>et</strong>, vers <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’Antiquité, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
vigne <strong>et</strong> du châtaignier. Une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> déprise<br />
anthropique, correspondant à <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> médiane <strong>de</strong><br />
l’Antiquité, est perçue entre ces <strong>de</strong>ux épiso<strong>de</strong>s<br />
d’exploitation. Ce cadre agraire correspond bien aux<br />
récentes synthèses effectuées dans l’Isle Crémieu<br />
(Berger <strong>et</strong> al. 2005) <strong>et</strong> en moyenne vallée du Rhône<br />
(Berger <strong>et</strong> al. <strong>2007</strong>). Les photographies aériennes <strong>de</strong><br />
l’IGN font apparaître <strong>de</strong> nombreuses traces<br />
d’hydrographie fossile, notamment <strong>de</strong>ux paléo cours<br />
situés dans <strong>la</strong> zone 7 (nappe sablo-graveleuse à l’est<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> zone 7) <strong>et</strong> <strong>la</strong> zone 6 (nappe graveleuse au sud<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> zone 6) s’infléchissant tous les <strong>de</strong>ux vers le sudouest.<br />
D’après une analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> morphologie<br />
topo/hydrographique, il s’agit probablement d’anciens<br />
cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bourbre ou d’aménagements en re<strong>la</strong>tion<br />
avec c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière. De nombreuses traces <strong>de</strong> canaux<br />
ou <strong>de</strong> drains tirés <strong>de</strong>puis ces cours sont bien visibles<br />
sur les clichés aériens. On sait que d’importants<br />
travaux <strong>de</strong> canalisation ont été réalisés sur le Bion <strong>et</strong><br />
<strong>la</strong> Bourbre pendant le Moyen Âge <strong>et</strong> l’époque<br />
mo<strong>de</strong>rne. C<strong>et</strong>te rivière avait été détournée dans<br />
Bourgoin, pour mouvoir <strong>de</strong>s moulins. Au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
pério<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, le Bion déborda régulièrement<br />
occasionnant <strong>de</strong> graves inondations. On ne connaît<br />
pas pour le moment <strong>la</strong> date d’abandon du cours<br />
fossilisé visible sur les photographies aériennes. Il est<br />
possible que ce soit au XVIIe siècle, quand le Bion fut<br />
probablement canalisé pour créer le “canal moûturier”<br />
qui complétait une dérivation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bourbre créée au<br />
XIVe siècle pour mouvoir les moulins <strong>et</strong> les battoirs à<br />
chanvre, gauchoirs à draps <strong>et</strong> tanneries (Comte 1948).<br />
Ce canal moûturier, figuré sur le cadastre napoléonien<br />
<strong>et</strong> les cartes <strong>de</strong>s années 1940 servait à mouvoir <strong>la</strong><br />
fabrique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grive. Il a permis le développement<br />
économique <strong>de</strong> Bourgoin par l’instal<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> pap<strong>et</strong>eries<br />
<strong>et</strong> cartonneries utilisant <strong>la</strong> force hydro-motrice pendant<br />
le XVIIIe siècle. Les séquences pédosédimentaires<br />
étudiées m<strong>et</strong>tent aussi en évi<strong>de</strong>nce l’existence <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux nappes graveleuses alluviales : <strong>la</strong> première<br />
correspondant au Bas-Empire, renseignée par <strong>de</strong>ux<br />
dates radiocarbone très cohérentes autour <strong>de</strong> 1660 <strong>et</strong><br />
1665 BP (fin IVe-début Ve s.) <strong>et</strong> une secon<strong>de</strong> autour<br />
<strong>de</strong> 1230 ± 35 BP (VIIIe-IXe s. ap. J.-C.). Il conviendra<br />
<strong>de</strong> discuter à <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong>s analyses sédimentologiques,<br />
géophysiques <strong>et</strong> paléobotaniques quelle en est l’origine<br />
(cf. étu<strong>de</strong> O. Franc). Enfin, un réseau <strong>de</strong> drains<br />
construits, remontant vraisemb<strong>la</strong>blement au début du<br />
XXe siècle, a également été recoupé dans un grand<br />
nombre <strong>de</strong> sondages. Les structures se présentent<br />
sous <strong>la</strong> forme d’un drain construit avec p<strong>la</strong>ques <strong>de</strong><br />
calcaire “doré” sur le fond <strong>et</strong> le <strong>de</strong>ssus <strong>et</strong> <strong>de</strong>s piédroits<br />
constitués <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its moellons. Aucune <strong>de</strong> ces structures<br />
n’a pu être i<strong>de</strong>ntifiée sur le cadastre napoléonien.<br />
Si les investigations <strong>de</strong> terrain sont aujourd’hui terminées,<br />
le travail n’est pas tout à fait achevé. En eff<strong>et</strong>, les informations<br />
collectées, exploitées dans le cadre d’un<br />
Programme Collectif <strong>de</strong> Recherches “Milieux <strong>et</strong><br />
peuplement en P<strong>la</strong>ine du Bas-Dauphiné <strong>de</strong> l’apparition<br />
<strong>de</strong> l’agriculture à nos jours” en col<strong>la</strong>boration avec les<br />
universités <strong>de</strong> Nice (UMR 6130, CEPAM-CNRS) <strong>et</strong> <strong>de</strong>