F Poilus de la guerre de 1914-1918 G Pour mémoire ● Soldats dans les tranchées avant l’attaque. ● Monument aux morts d’Avanne (Doubs). H Soldats en 1944-1945 ● Char de la 2 e DB (division blindée) libérant Paris. © ROGER-VIOLLET I Un soldat français aujourd’hui © OLIVIER SWADJA 33 TDC ÉCOLE N° <strong>40</strong> • LES NOUVEAUX ENJEUX DE LA DÉFENSE © PIERRE JAHAN/ROGER-VIOLLET © JEAN-RAPHAËL DRAHI/SIRPA TERRE
SÉQUENCE PÉDAGOGIQUE 1 34 LES NOUVEAUX ENJEUX DE LA DÉFENSE • TDC ÉCOLE N° <strong>40</strong> >> ANALYSES ET PISTES D’EXPLOITATION A à C L’armée sous Louis XIV Durant le règne de Louis XIV, la France est en guerre plus d’une année sur deux. Le Roi-Soleil rayonne par la gloire des armes et étend son royaume par l’annexion de provinces, surtout au nord et à l’est. Cette politique du « pré carré » donne à la France l’essentiel de ses frontières actuelles (DOC A ) : l’armée en est l’instrument. Le secrétaire d’État à la guerre, Louvois, s’affaire à construire une armée de métier moderne et puissante. Le recrutement des soldats se fait par racolage, mais comme celuici est insuffisant en France, de très nombreux étrangers sont embauchés (Suisses, Italiens, Allemands, Irlandais). À partir de 1688, les paroisses de France doivent fournir des hommes pour former une milice, ce qui préfigure le service national. La généralisation du port de l’uniforme et la construction de casernes donnent une identité à l’armée nationale. Quelle que soit l’origine des soldats, ils appartiennent tous au même corps. C’est désormais le nombre qui compte : l’armée passe de 120 000 hommes en 1672 à environ <strong>40</strong>0 000 en 17<strong>03</strong>. C’est un effectif considérable pour l’époque. La France est alors la première puissance d’Europe. L’infanterie (de l’italien fante, «serviteur») voit son rôle se développer considérablement à l’époque moderne. Elle est constituée de fantassins (DOC B ) reconnaissables à l’équipement et à l’uniforme. Il s’agit de soldats combattant à pied, qui utilisent des armes légères et portatives. Ces dernières se perfectionnent : vers 1700, le fusil remplace le mousquet moins rapide qui nécessitait l’utilisation d’une mèche ; la baïonnette, fixée au bout du canon du fusil, succèdera à la pique ; les premières grenades, petits projectiles remplis d’explosif, peuvent être lancées par un homme. Le Passage du Rhin par Louis XIV (DOC C ) illustre le début de la guerre de Hollande. Sous l’influence de son ministre Colbert, le roi souhaite limiter la puissance économique et l’expansion commerciale des Provinces-Unies dans le monde mais il ne parvient cependant pas à venir à bout de la résistance hollandaise. Le 12 juin 1672, les troupes françaises franchissent le Rhin au gué de Tolhuis. Cet événement est magnifié par Adam Frans van der Meulen (ou encore par Joseph Parrocel) afin d’exalter la gloire du roi. Au premier plan, Louis XIV, sur un cheval blanc, la badine tendue, donne des ordres à un officier. Les lignes formées par les cavaliers et les canons convergent vers sa personne. Il est significatif que seule la cavalerie soit représentée car elle est l’arme noble par excellence. Les fantassins, pourtant très nombreux, ne figurent pas sur l’image. Dès le milieu du XVII e siècle, l’infanterie et la cavalerie sont séparées. Chacune des deux armes a une mission spécifique : la première combat au centre, la seconde aux ailes. L’ordre de bataille est précis. L’artillerie, visible au centre du tableau, intervient d’abord, puis vient le tour de l’infanterie. La charge de cavalerie termine l’offensive. D et E Soldats de la Révolution et de l’Empire En 1805, Napoléon I er s’oppose à une coalition regroupant l’Angleterre, la Russie et l’Autriche (DOC E ). Le 25 août 1805, la Grande Armée quitte la France et se dirige vers le centre de l’Europe. Les troupes traversent la moitié du continent à marche forcée. L’Empereur dispose des soldats les plus expérimentés d’Europe. C’est une génération de guerriers qui combat depuis 1792. De ses rangs sont issus des officiers de grande qualité. Avec la Révolution, l’idée que tout citoyen doit être soldat s’est peu à peu imposée. La guerre a changé de nature. Pour la défense de la nation, l’Assemblée issue de la Révolution proclame en 1792 la «Patrie en danger». Des volontaires sont recrutés parmi les gardes nationaux et rejoignent les militaires de carrière. Cette armée triomphe à Valmy en septembre 1792. Mais, face aux menaces, la Convention doit, en 1793, réquisitionner 300 000 hommes puis finalement proclamer une levée en masse. Tous les hommes non chargés de famille de 18 à 25 ans sont appelés pour chasser les ennemis du territoire de la République. Le Directoire organise la conscription en institutionnalisant la levée en masse. En 1798, la loi Jourdan stipule que « tout Français est soldat et se doit à la défense de la Patrie ». Ce principe se prolonge sous l’Empire. Entre 1800 et 1815, environ 2 millions d’hommes (soit 7 % de la population) sont sous les drapeaux ; un quart d’entre eux trouvent la mort. Les guerres napoléoniennes s’inscrivent dans la dynamique issue de la Révolution. Les armées de la République sont passées de la défense du territoire à l’offensive. Le nord de l’Italie et la rive gauche du Rhin sont conquis sous le Directoire ; des républiques sœurs sont fondées. Les victoires de Napoléon sur le continent permettent à la France de dominer l’Europe jusqu’en 1815. À une France constituée de 130 départements s’ajoutent des États vassaux soumis à l’Empereur. Le tableau de François Gérard (DOC D ) met en scène la victoire de Napoléon à Austerlitz – dite bataille des trois empereurs – face à l’empereur d’Autriche et au tsar de Russie. Elle clôt de manière éclatante sa campagne de 1805 et consacre son génie militaire un an jour pour jour après son sacre, le 2 décembre 1805. Avant le combat, Napoléon fait croire à ses adversaires qu’il se replie, les obligeant ainsi à l’attaquer du côté qui lui est le plus favorable. Il concentre alors ses forces et, avec seulement 78000 hommes, triomphe de 100000 Autrichiens et Russes. Mettant en valeur le vainqueur d’Austerlitz, le peintre représente le moment où, dans la soirée, le général Rapp expose les drapeaux de l’ennemi, tandis qu’au premier plan les corps des vaincus jonchent le sol et qu’un général russe est prisonnier. Les lignes formées par les autres personnages ainsi que de nombreux regards convergent vers Napoléon monté sur un cheval blanc (nommé Austerlitz après la victoire) et aisément reconnaissable