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Le FOrt D’AMBer
Puissance et raffinement
I n D e
Non loin de Jaipur, gardant le pays des Rajas, le fort d’Amber
dresse ses murailles de pierre dans un grandiose décor de
confins montagneux. Oscillant entre le jaune et l’ocre selon
les heures du jour, il personnifie superbement le pouvoir de
ces princes rajpoutes qui dominèrent le Rajasthan jusqu’à une
époque récente, alliant ambition guerrière et délicatesse princière.
d’amber À jaiPUr
Amber est aujourd’hui une ville tapie dans l’ombre de sa puissante
voisine, Jaipur, la plus grande ville du Rajasthan, qui lui
doit une partie de sa puissance. Au XII e siècle, les membres
d’un des trente-six clans des fiers et belliqueux Rajpoutes, de
la caste hindoue des kshatriya, les guerriers, la deuxième en
importance après celle des brahmanes, s’emparent d’une petite
forteresse blottie dans les monts Aravallis. La dynastie des
Kachwahas entame son ascension. Par sa situation dans l’Est
du Rajasthan, Amber est la principauté rajpoute la plus proche
de Delhi, et elle doit faire face à la pression toujours croissante
des musulmans de l’Inde. Au XVI e siècle, les maîtres d’Amber,
avisés, reconnaissent la puissance moghole et deviennent ainsi
les premiers Rajpoutes à être présentés à la cour d’Akbar, qu’ils
serviront sans faillir. En 1590, Raja Man Singh I fait construire
sur la colline un magnifique palais-forteresse, empruntant tout
naturellement le style architectural moghol. La période de gloire
d’Amber prend fin quand Jai Singh II décide de quitter son
palais fortifié pour fonder Jaipur, transcription spatiale des
recherches en géométrie dont est féru ce prince-astronome.
des éléPhants-taXis
Le palais s’étend au-delà de sa propre colline, jusque dans une
vallée protégée de tous côtés par des montagnes déchiquetées.
Des murs crénelés courent au fl anc des pentes, dominées par
des tours de guet : le maharaja rajpoute pouvait embrasser
d’un regard d’aigle tous les environs et surprendre l’ennemi
d’où qu’il vient.
Aujourd’hui, c’est de manière bien plus pacifique qu’il convient
de gagner Amber. Au pied des murailles, près d’un lac qui
leur sert de piscine, des dizaines d’éléphants, somptueusement
harnachés, attendent de vous emmener à l’assaut des murailles.
Guidés leurs kornaks, les lourds pachydermes entament l’ascension
de la rampe qui serpente vers le fort. Un doux balancement
régulier, pourrait presque entraîner à la somnolence. Ce n’est
pourtant pas le moment de fermer les yeux ! Au fur et à mesure
que l’on s’élève, se révèle le panorama sur le paysage alentour :
montagnes qui virent au mauve avec le déclin du jour, agitation
des hommes tout en bas, tandis que, là haut, par-dessus les
têtes, les murs semblent prêts à vous engloutir... Dans un dernier
effort, l’animal franchit le Suraj Pol, la porte du Soleil, et vous
dépose, encore ébloui, dans la grande cour du Jaleb Chowk,
entourée de murailles.
PUissance eXtérieUre, raFFinement intérieUr
Le contraste est total entre les formidables murs extérieurs et la
délicatesse, végétale et minérale, qui s’épanouit à l’intérieur
du fort, sensible dès la porte de l’Eléphant, Ganesh Pol, entrée
d’honneur qui orne la façade des appartements privés du palais.
L’influence moghole est ici manifeste : des peintures murales
très colorées, représentant des motifs floraux indiens et des dessins
ordonnés, accompagnent Ganesh, le dieu porte-bonheur.
Surplombant un petit jardin géométrique, les salles expriment le
raffinement ultime des styles moghol et hindou, et sont parmi les
plus belles du Rajasthan. Sur les murs prédominent le vert clair,
le rose, le bleu, le jaune. D’élégants cyprès contrastent avec
des fl eurs minuscules, rappel de l’excellence des miniaturistes
indiens. Des décors plus amples déploient des scènes de chasse
et de guerre, thèmes favoris des Rajpoutes. Le Diwan-i-Khas, ou
salle des audiences privées, constitue le sommet de l’ensemble.
Une galerie aux arches festonnées, décorée de fl eurs et de
papillons, ouvre sur le décor de montagnes par des fenêtres en
dentelles de marbres d’une finesse arachnéenne, transformant
la dure lumière extérieure en une pénombre apaisante. A côté,
une petite salle est comme le saint des saints du palais. C’est
le Sheesh Mahal – le Palais des miroirs. Ses murs, incrustés de
marbre et d’une multitude de miroirs, composent un décor d’une
richesse inouïe. Et quand la lumière pénètre dans cet espace,
on a l’impression d’être au cœur d’un immense diamant qui
scintille. D’autres merveilles vous attendent, car le palais est un
véritable labyrinthe de salles, de couloirs, de jardins où, parfois,
chante une eau précieuse. Des terrasses, on ne se lasse pas de
contempler l’ingénieuse configuration de la forteresse, et les
crêtes irisées des montagnes. Il faut pourtant bien redescendre
car, non loin, Jaipur mérite elle aussi votre visite.
© Dalbera
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