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295 qu'explique lgnace, c'est ce qu'affirme haut et clair la Compagnie dans sa mission pastorale, en s'opposant à la conception protestante de la redemption. 0n perçoit par la à quel point le théâtre peut être prédication. Parvenus à ce point, il est interessant de faire une comparaison avec l'autre grand ordre religieur qui se charge d'éducation en Allemagne du Sud, les bénédictins. Cela parce qu'ils développent egalement le théâtre dans leurs monastères, mais d'une manière uri peu différente et surtout dans un autre esprit. La particularité du théâtre bénédictin tient a l'ordre lui-même. Les monastères. "installes" un peu à la manière des propriétaires terriefls, veulent promouvoir la culture et les arts - le baroque ! - mais leur but premier n'est pas en cela la pastoralel. il[éme s'ils ont en charge les paroisses des villages environnants. La spirirualite benédictine est da"'antage contemplative, comme peut l'être cette nostalgie de la patrie perdue, que I on retr()uvera par grâce. Il n'esr pas question de victoires à remporter sur le mal ou I herésie comme dans les collèges, qui se veulent dans les v-illes des centres missionnaires2. En ce qui concerne les pieces qu'ils composent, les moines sonr tres prolires. Peut-etre disposent-ils apres la classe de plus de temps que les jésuites, qui s'adonnenl encore à d'autres occupations, 0n conserve a l'abbave de Kremsmunsteri pius de 200 manuscrits du XVIII" siècle't. Si les titres ressemblent a ceul du theatre jésuite, et si l'on releve des analoBies dans ce st1'le tout de meme particulier de I epoque baroque, on remarque des différencesensibles dans la maniere de conce'v'oir les choses er de traiter les sujets. A l'image des immenses constructions entreprises au XVIII" siecle dans maintes abbayes, le theâtre des êcoles nonastiques est plus pose er plus serein que.celui des jesuites. Les bénédictins, suivant en cela les mots cles de leur regle "ora et labora", "prie et travaille", ne recherchent ni la polemique ni la propagande. Ils constituent dans leur bibliotheques de I C'est eo génerala haute noblesse qui frequente les ecoles monastiques Au moins dans le prenier tiers du siecle. la fornatioo y est certaioerneot noiûs solide et noins considérêe par les intellectuels 2 W Flenmiog, Das 0rdeasdrana, Leipzig. l93tl, p 29 3 Le theâtre est une tradition plus qu'ancienne à llremsmunster : on garde trace d'une piece de Têrence moûtée au monastèren l0l3 - la fondation de I abbaye renoTrte â 1'an777 - (cf. A. illaodorfer, 1200 lahre llremsnunster Die Stiftsschule. S 14"-193, Ilresrsmunster 1977. p. l7Û). 4 Ig Flemning. op cit , p 25

296 vastes temples du savoir. Plus qu'une organisation de combat, c'est un ordre voué à la culture, Chaque monastèrest indépendant, oû ne trouve pas comme dans la Compagnie cette uniformitê des collèges, nécessaire dans les débuts au succès de la contre-réforme. Il arrive que les pièces aient ainsi plus de caractère. Les jésuites montent des pièces qui incitent à la conversion inÉrieure et radicale, nofl des pièces qui magnifient le simple bonheur d'être enfant de Dieu, ta joie de pouvoir le louer et I'adorer. La mentalité monastique préfère mettre en valeur la grâce, l'amour du Père, I'aspiration au bonheur du ciel. Il est vrai que les moines ont éSalemeût un autre public, qu'ils ne cherchent pas directement à "convertir". La relation étroite des bénêdictins avec les populations des campagûes voisines a pour influence directe l'introduction du dialectet des habitudes du peuple dans les pièces de théâtre, que ce soit pour la musique ou Ie vêtement sur scènel. A N{allersdorf par eremple, on monte pour la distribution des prix du 30 août 1764 une pièce paysanne très eniouée2, à l\{etten. on donne pour le carnaval de 1759 "Die bestrafte Trunkenheit"3. Les bénédictins utilisent en revanche de manière très active les effers les plus sophistiqués, ils font pleuvoir, souffler le vent, passer des comètes. venir le tonnerre, s'envoler des oiseaux ou aboyer des chiens dans leurs salles de théâtre, si grandes parfois qu'on peut y faire tenir un marche de village entieri. Chez les jésuites, ce sont ordinairement les professeurs de la classe de rhetorique qui coaposent les pièces jouées au collège, chacun doit æuvrer a être soldat du Christ tà où les supérieurs I'envoient. Dans les morasteres au contraire, on a l'habitude de confier ce favail à l'un des religieur de la communauté plus talentueux. 0n l'appelle le "pater comicus". C'est cette tâche qui constitue pour lui sa participatio.n à La louange commune, les bénédictins insistant en effet sur les aptitudes et qualités de chacun. l 1. Mandorfer, 1200 Iahre Kremsnunster (Die Stiftsschule, S. 147-1931. liremsnun ster, 1977, p. 170 2 W, Klenn, Benediktisisches Barocktheater in baverischem Donautal (in : Studien und il{itæilungen zur Geschichæ des Benediktinerordeos, Bd. 58, 194Û, S. 228'2J8), Munchea, 194û,p.230. 3 tuio , p.z3z { A trfandorfer. op ciL., p.172.

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qu'explique lgnace, c'est ce qu'affirme haut et clair la Compagnie dans sa<br />

mission pastorale, en s'opposant à la conception protestante <strong>de</strong> la<br />

re<strong>de</strong>mption. 0n perçoit par la à quel point le théâtre peut être prédication.<br />

Parvenus à ce point, il est interessant <strong>de</strong> faire une<br />

comparaison avec l'autre grand ordre religieur qui se charge d'éducation en<br />

Allemagne du Sud, les bénédictins. Cela parce qu'ils développent egalement<br />

le théâtre dans leurs monastères, mais d'une manière uri peu différente et<br />

surtout dans un autre esprit. La particularité du théâtre bénédictin tient a<br />

l'ordre lui-même. Les monastères. "installes" un peu à la manière <strong>de</strong>s<br />

propriétaires terriefls, veulent promouvoir la culture et les arts - le<br />

baroque ! - mais leur but premier n'est pas en cela la pastoralel. il[éme s'ils<br />

ont en charge les paroisses <strong>de</strong>s villages environnants.<br />

La spirirualite benédictine est da"'antage contemplative,<br />

comme peut l'être cette nostalgie <strong>de</strong> la patrie perdue, que I on retr()uvera<br />

par grâce. Il n'esr pas question <strong>de</strong> victoires à remporter sur le mal ou<br />

I herésie comme dans les collèges, qui se veulent dans les v-illes <strong>de</strong>s centres<br />

missionnaires2. En ce qui concerne les pieces qu'ils composent, les moines<br />

sonr tres prolires. Peut-etre disposent-ils apres la classe <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> temps<br />

que les jésuites, qui s'adonnenl encore à d'autres occupations, 0n conserve<br />

a l'abbave <strong>de</strong> Kremsmunsteri pius <strong>de</strong> 200 manuscrits du XVIII" siècle't. Si<br />

les titres ressemblent a ceul du theatre jésuite, et si l'on releve <strong>de</strong>s<br />

analoBies dans ce st1'le tout <strong>de</strong> meme particulier <strong>de</strong> I epoque baroque, on<br />

remarque <strong>de</strong>s différencesensibles dans la maniere <strong>de</strong> conce'v'oir les choses<br />

er <strong>de</strong> traiter les sujets.<br />

A l'image <strong>de</strong>s immenses constructions entreprises au XVIII"<br />

siecle dans maintes abbayes, le theâtre <strong>de</strong>s êcoles nonastiques est plus<br />

pose er plus serein que.celui <strong>de</strong>s jesuites. Les bénédictins, suivant en cela<br />

les mots cles <strong>de</strong> leur regle "ora et labora", "prie et travaille", ne recherchent<br />

ni la polemique ni la propagan<strong>de</strong>. Ils constituent dans leur bibliotheques <strong>de</strong><br />

I C'est eo génerala haute noblesse qui frequente les ecoles monastiques Au moins<br />

dans le prenier tiers du siecle. la fornatioo y est certaioerneot noiûs soli<strong>de</strong> et noins<br />

considérêe par les intellectuels<br />

2 W Flenmiog, Das 0r<strong>de</strong>asdrana, Leipzig. l93tl, p 29<br />

3 Le theâtre est une tradition plus qu'ancienne à llremsmunster : on gar<strong>de</strong> trace d'une<br />

piece <strong>de</strong> Têrence moûtée au monastèren l0l3 - la fondation <strong>de</strong> I abbaye renoTrte â<br />

1'an777 - (cf. A. illaodorfer, 1200 lahre llremsnunster Die Stiftsschule. S 14"-193,<br />

Ilresrsmunster 1977. p. l7Û).<br />

4 Ig Flemning. op cit , p 25

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