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273 communautaire, pour purifier et raviver le catholicisme, dans l'esprit du concile de Trente. À la pointe du progres, les jésuites ne reculent pour cela devant aucune difficulté et utilisentous les moyens necessaires au succes de I'entreprise. Le théâtre des pères est au départ un véritable cirque de plein air, les pièces durant des heures, parfois des iournées entièresl, entrecoupees de grands defiles. Ainsi à Munich, où le collège est après I Escorial la plus grande construction au monde, les pères metteût en scène en 1j7 j une pièce au titre de "Çonstantin" dont I'action s'étate sur deux jours, nécessitant plus de milte participants et de nombreul animaux. en particulier des ànes, offerts par le duc Wilhelm. Comme on ûe parvenait pas à eû trouver a Munich, on dut d'ailleurs les amener de Landshut. N{ais on fait mieux encore... En 1577,les jésuites mettent en scène le drame d"'Esther". C'est a orlando di Lasso lui-même qu'its s'adressenl2 pour la composition de la musique des cftæurs destinée à agrémenter la piece. Cette fois, la mise en scène nécessite 1700 personnes. Il est prévu au cours de la pièce un défilé dans toute ta ville. Les peres fonr venir des nains... et des geants, 160 chevaux du pa.vs. t3Û chevaux espagnols,230 hommes en armes. des troubadours, des Chars, des traineaux, on met en scène des hommes à tête de lion, Neptune, un éléphant, des noirs, des sauvages d'Afrique, le diable en personne, des dauphins. un tigre, un loup, un dragon conduit par deux jeunes filles, des chasseurs, une charette remplie de blessés. des magiciens' des bourreaux3... Le 20 juiller lJ77,le recteur du college informe le général à Rome que la pièce, qui a dure trois iours et a ete iouee "avec grand apparat", a "procure au duc Wilhelm beaucoup de ptaisir"q. Cela se passait a peine 17 ans apres la première piece d'octobre 1560, une tragédie fort appreciée1, donnée dix mois apres I'ouverture du collège. le 20 novembre I 55e. Le 6 iuilter 1597 a lieu la consecratioû de l'église St. Ivlichael à ltunich, pour laquelle on monte le "Triomphe de St' Michel", oit l'on oppose à la foi au Verbe pur et au mépris des æuvres. l'affirmation claire I cf . G. Hover. Da riechr's nach Jesuirenoulver, Frankfurt , 1972, p. 39. 2tuic,p 3q 3 ; NIuUer.. op. cir,, p.1.1 '' Ibid., p. )4 5 S. Hafner.4rrù Tahre Silhelmsevmnasium, Muachen, 19t9, p. E :"(.,.) unter gro8em Beyfall einer stattlichen Zuhorerschafi"

274 de !a redemption du monde ou compte la volonte et l'action des hommes, dans uû mouvement ou I'Eglise restaureer unifiee recoûstitue l'harmonie universelle. A la fin, l'Eglise reÇoit à son trÔne l'hommage de tous les continents, y compris du Japon, pour la première fois sur scènel' Le théàtre es! pour les foules un lieu de vérite, ou est mise en valeur la relation avec ce Dieu crêateur et sauveur, qui devientout à coup le grand-maitre de la "comédie" qui se joue en ce monde2, telle que te baroque peut I'exprimer' Au siècle suivant, les choses ont évolué et ce type de tres grandes representations est oublié. Les foules risquent beaucoup moins maintenanl de s enthousiasmer pour le prolestantisme qui lui, reiette la fère telle que les jésuites la fonr cétébrer au nom de la foi, et les pères développent alors davantage la qualité litteraire et artistique d'un théârre mainrenent moins populaire, réservé de plus en plus au monde des collèges, en raison de I'utilisation de la langue latine. En Allenagne du Sud, on perd définitivement I'habitude de jouer en plein air en 16JS, l'annee ou le vent emporte la scene, les tribunes et les coulisses elevees dans la cour du coltege d'Eichstatt' Les etablissements possedent alors pour la plupart une salle de theârre oÙ l'on joue, en latia, au rvthme de l'année scolairei liturgique' 0n compose des dialogues pour la creche a lioel, on or8anise des jeux de la Passion, des pieces pour Pâques ou la Fete-Dieu, on nonte aussi des moments de divertissement theàtral pour le carnaval. Les congrégations mariales organisent leurs propres pièces de théâtre. C'esr en général à I'autonne qu'ont lieu tes principales representations de t'année, au momeni de la remise des prix avante depart en vacaûces. 0n rejoue [a piece trois fois, une fois pour les femmes, deur fois pour les hommes, ptus nombreur à venir au spectacle. Au XVII" siècle, Jakob Bidermann {1578-1639i enseigne a Augsbourg, Diltingen er ifunich, ou il esr mème. préfet quelque temps' Il est resté le ptus grand auteur dramatique du théâtre iésuite de l'époque baroque, traitanr souvent ta question du salut en usant de la tension ou de l'inquietude chez le spectateur. [e toul avec une réelle violence dans le ton' I 1.M Valenlia. Le theâtre des Jésuites dans les gays de langue allemande ( l5T4-16$[l). Bera, 1975, p, {)l 2 Cf J U. Valentin. op cit , g 327

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<strong>de</strong> !a re<strong>de</strong>mption du mon<strong>de</strong> ou compte la volonte et l'action <strong>de</strong>s hommes,<br />

dans uû mouvement ou I'Eglise restaureer unifiee recoûstitue l'harmonie<br />

universelle. A la fin, l'Eglise reÇoit à son trÔne l'hommage <strong>de</strong> tous les<br />

continents, y compris du Japon, pour la première fois sur scènel' Le théàtre<br />

es! pour les foules un lieu <strong>de</strong> vérite, ou est mise en valeur la relation avec<br />

ce Dieu crêateur et sauveur, qui <strong>de</strong>vientout à coup le grand-maitre <strong>de</strong> la<br />

"comédie" qui se joue en ce mon<strong>de</strong>2, telle que te baroque peut I'exprimer'<br />

Au siècle suivant, les choses ont évolué et ce type <strong>de</strong> tres<br />

gran<strong>de</strong>s representations est oublié. Les foules risquent beaucoup moins<br />

maintenanl <strong>de</strong> s enthousiasmer pour le prolestantisme qui lui, reiette la<br />

fère telle que les jésuites la fonr cétébrer au nom <strong>de</strong> la foi, et les pères<br />

développent alors davantage la qualité litteraire et artistique d'un théârre<br />

mainrenent moins populaire, réservé <strong>de</strong> plus en plus au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

collèges, en raison <strong>de</strong> I'utilisation <strong>de</strong> la langue latine.<br />

En Allenagne du Sud, on perd définitivement I'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

jouer en plein air en 16JS, l'annee ou le vent emporte la scene, les tribunes<br />

et les coulisses elevees dans la cour du coltege d'Eichstatt' Les<br />

etablissements posse<strong>de</strong>nt alors pour la plupart une salle <strong>de</strong> theârre oÙ l'on<br />

joue, en latia, au rvthme <strong>de</strong> l'année scolairei liturgique' 0n compose <strong>de</strong>s<br />

dialogues pour la creche a lioel, on or8anise <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> la Passion, <strong>de</strong>s<br />

pieces pour Pâques ou la Fete-Dieu, on nonte aussi <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong><br />

divertissement theàtral pour le carnaval. Les congrégations mariales<br />

organisent leurs propres pièces <strong>de</strong> théâtre. C'esr en général à I'autonne<br />

qu'ont lieu tes principales representations <strong>de</strong> t'année, au momeni <strong>de</strong> la<br />

remise <strong>de</strong>s prix avante <strong>de</strong>part en vacaûces. 0n rejoue [a piece trois fois,<br />

une fois pour les femmes, <strong>de</strong>ur fois pour les hommes, ptus nombreur à<br />

venir au spectacle.<br />

Au XVII" siècle, Jakob Bi<strong>de</strong>rmann {1578-1639i enseigne a<br />

Augsbourg, Diltingen er ifunich, ou il esr mème. préfet quelque temps' Il est<br />

resté le ptus grand auteur dramatique du théâtre iésuite <strong>de</strong> l'époque<br />

baroque, traitanr souvent ta question du salut en usant <strong>de</strong> la tension ou <strong>de</strong><br />

l'inquietu<strong>de</strong> chez le spectateur. [e toul avec une réelle violence dans le ton'<br />

I 1.M Valenlia. Le theâtre <strong>de</strong>s Jésuites dans les gays <strong>de</strong> langue alleman<strong>de</strong> ( l5T4-16$[l).<br />

Bera, 1975, p, {)l<br />

2 Cf J U. Valentin. op cit , g 327

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