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l'..:.j: ,213 utilisée partout jusqu'en 1773 à la suppression de l'ordrel. Cette utilisation pendant deur siècles d'une même grammairet d'autres faits analogues montrent le peu d'innovation, flagrant en certains domaines, dont commenÇaient à souffrir les collèges du XVIiI' siècle. I manquait aussi à bien des professeurs un vrai sens de la lanBue.0n trouve par exemple dans le discours public de rentrêe pour t7J6, au collège d'lngolstadt par surcroit, de la main du recteur Johann-Neponuk Mederer : "Post annos non Faucos..."2. Les cotlégiens d'aujourd'hui parleraient de latin de cuisine... Là encore apparaît ce souci des jésuites, non pas de rejoindre dans sa profondeur et sa réalité l'esprit de I'Antiquité, mais de christianiser [a science. 0n étudie I'Antiquité comme une histoire ou uûe prèhistoire du christianisme, L'anbiguité existe certes, de I'utilisation d'un matériel aûtique et palen pour un enseignement chrétien qu'il peut meltre en peril. de la cette pratique des peres d'enseigner plutôl la forme, pas du tout le contenu ni surtout le sens des questions historiquies ou sociales. Les jesuites en arrivent peu a peu a faire de l'histoire, selon le mot de Durkheim, "une grande fable", ou l'Antiquité est assimileet reduite, devient une sorte de répertoire genêral de réfêrences humaines. Ce qui conservail peut-être l'avantage de ne pas tomber dans un enseignement moral abstrait ou désincarne3. C'est exactqment le point de.r'ue de saint lgnacer : "Tu aimes la litterature, si c'est pour le Christ. c'est bien. Cherche a connaitre la littérature pour connaitre plus clairement le Christ dans les secrets littéraires, pour l'aimer, le communiquer, que tu en portes du fruit, applique-toi à l'étude de la littérature". I A. Heitlioger, (in : l-ollegbrief Sommer 19tt, S, E-23, St. Blasien, 19ll), p, lJ. 2 S, Hafirer, {00 Jahre Yilhelmsrynnasiurn, Munchen, 19t9, p, 149. 3 Cf. G, Avaozini, Histoire de la gédagogie du XVII' siècle à nos jotrrs. Toulouse, 1981, p. 336. { Ibid,, p. {9 : "Litteras anas, recte si propter Christun, Quod, si litæras expectis, ut illis adjutus. Christun is arcanis litæris laùeot€m. clarius perspicias, perspectum anes, cogoitum atque anatun connunices aut fruaris, accinge te ad studa litærarun."

244 ' ,.'. Le tatin restait reellement la substancessentielle du cours au XVIII' siècle, même si on se coriteflte du latin des livres de philosophie ou de thêologie au détriment des classiquesl. C'est encore la langue de l'Eglise et de l'Université. Le premier qui avait osé parler allemend en chaire étair 1e juriste et philosophe Christian Thomasius a Leipzig en 1687!, mais il n'avait guère eu d'émules en Allemagne du Sud. Il faut nêanmoins aiouter et mentionner ici ces peres qui par le passé avaient été de véiitables latinistes, tels le fameux Jakob Balde u604-1668), un Alsacien d'Ensisheim3. Il fait partie de ceux qui composent dans la langue latine avec un style qu'ils se sont forgés et qui leur est propre+. Balde n'est pas un imitateur d'Horace ou d'un autre, et c'esi cela qui est intéressant. Jakob Balde sJ (1604-166E), professeur de la classe de Rhêtorique t F. Paulsen, Geschichæ des celehrten Unærrichts, Leilzig,1919, tome I' p.4E7. 2 A. Aiga, Geschichte des Gvmnasiums Passau, Passau, 1962' p.44' 3 Jakob Balde nait le 4 ianvier 160{ et passe son eafance a Ensisheim. A l'àge de neuf aûs, on l'envoie à Betfort afin de lui epargner la condannation au bÙcher de sa ptàprJgt.nd-mere, que I'on vient de déciarel sorcière.,. Il étudie ensuite à Molsheim ii i"goj.t"Ot, puis Ëntre au noviciat de Laodsberg. le l' juillet t^621 Conne ;;oËriqd, il eiseigne à Munich et Inasbruck, et termine ses etudes de 1630 à 1634 a iog;irtuit, ot, ii deiieot professeur de rhétorique jusqu'en L637,Il devieot eosuite ;;Eài.;dr i. tr Corr à lilunich, à Landshut eÀ 1650, puis à Amberg ea.l5J3. C'esr i*oru suivante qu'il est ûonme prédicateur de la coui, précepteur et direcæur de ionscience du coniæ-palatin Philibp-Yilhelm de Neubourg. Son corps_y repose dans la; Hofkirche". Une p[ace et uûe phàrmacie portent encofe sot Âom à Munich' 4 Cf. g. Ilubensteiner, Vom Geist des Barock, Munchen, 1967 ' 9.163.

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utilisée partout jusqu'en 1773 à la suppression <strong>de</strong> l'ordrel. Cette utilisation<br />

pendant <strong>de</strong>ur siècles d'une même grammairet d'autres faits analogues<br />

montrent le peu d'innovation, flagrant en certains domaines, dont<br />

commenÇaient à souffrir les collèges du XVIiI' siècle. I manquait aussi à<br />

bien <strong>de</strong>s professeurs un vrai sens <strong>de</strong> la lanBue.0n trouve par exemple dans<br />

le discours public <strong>de</strong> rentrêe pour t7J6, au collège d'lngolstadt par<br />

surcroit, <strong>de</strong> la main du recteur Johann-Neponuk Me<strong>de</strong>rer : "Post annos non<br />

Faucos..."2. Les cotlégiens d'aujourd'hui parleraient <strong>de</strong> latin <strong>de</strong> cuisine...<br />

Là encore apparaît ce souci <strong>de</strong>s jésuites, non pas <strong>de</strong><br />

rejoindre dans sa profon<strong>de</strong>ur et sa réalité l'esprit <strong>de</strong> I'Antiquité, mais <strong>de</strong><br />

christianiser [a science. 0n étudie I'Antiquité comme une histoire ou uûe<br />

prèhistoire du christianisme, L'anbiguité existe certes, <strong>de</strong> I'utilisation d'un<br />

matériel aûtique et palen pour un enseignement chrétien qu'il peut meltre<br />

en peril. <strong>de</strong> la cette pratique <strong>de</strong>s peres d'enseigner plutôl la forme, pas du<br />

tout le contenu ni surtout le sens <strong>de</strong>s questions historiquies ou sociales. Les<br />

jesuites en arrivent peu a peu a faire <strong>de</strong> l'histoire, selon le mot <strong>de</strong><br />

Durkheim, "une gran<strong>de</strong> fable", ou l'Antiquité est assimileet reduite,<br />

<strong>de</strong>vient une sorte <strong>de</strong> répertoire genêral <strong>de</strong> réfêrences humaines. Ce qui<br />

conservail peut-être l'avantage <strong>de</strong> ne pas tomber dans un enseignement<br />

moral abstrait ou désincarne3.<br />

C'est exactqment le point <strong>de</strong>.r'ue <strong>de</strong> saint lgnacer :<br />

"Tu aimes la litterature, si c'est pour le Christ. c'est<br />

bien. Cherche a connaitre la littérature pour connaitre<br />

plus clairement le Christ dans les secrets littéraires,<br />

pour l'aimer, le communiquer, que tu en portes du<br />

fruit, applique-toi à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la littérature".<br />

I A. Heitlioger,<br />

(in : l-ollegbrief<br />

Sommer 19tt, S, E-23, St. Blasien, 19ll), p, lJ.<br />

2 S, Hafirer, {00 Jahre Yilhelms<strong>ry</strong>nnasiurn, Munchen, 19t9, p, 149.<br />

3 Cf. G, Avaozini, Histoire <strong>de</strong> la gédagogie du XVII' siècle à nos jotrrs. Toulouse, 1981, p.<br />

336.<br />

{ Ibid,, p. {9 : "Litteras anas, recte si propter Christun, Quod, si litæras expectis, ut<br />

illis adjutus. Christun is arcanis litæris laùeot€m. clarius perspicias, perspectum<br />

anes, cogoitum atque anatun connunices aut fruaris, accinge te ad studa<br />

litærarun."

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