l{o Inv. l*"ry - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

l{o Inv. l*"ry - Bibliothèques de l'Université de Lorraine l{o Inv. l*"ry - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

docnum.univ.lorraine.fr
from docnum.univ.lorraine.fr More from this publisher
29.12.2013 Views

235 3.1.3. L'auto-responsabilité et l'auto-discipline des élèves au collège. Pour former selon leur idee cet "homo perfectus christianus" idéalisé par saint lgnace, les pères choisissent donc les principes qui viennent d'être évoqués et qui veulent préparer les élèves à devenir des hommes de foi actifs et responsables dans la société où ils auront a vivre, principes dont la mise en pratique s'inspirent dans les colleges de la spiritualité propre à la Compagnie. Les pères veulent aussi habituer leurs élèves dès l'école à la vie sociale. Ceci se fait par une pratique un peu particulière aux collèges jésuites. 0n insiste beaucoup en effet,, sur ia participarion de chacun au fonctionnement de l'établissement. Certains élèves se voient, ainsi confier des tâches parfois assez importantes, ceci dans un double esprit, de service aux autres toul d'abord, mais aussi con sre un signe de I'honneur fait aux meilleurs de pour.'oir devenir des personnages en vue dans ces collèges du XVIII" siecle. En plus de cette inviration à gérer chacun el ensemble Ie fonctionnement de la maison, les pères désirent que les garÇolts acquièrent - justement gràce à cela - une relative auto-discipline dans leur vie publique ou privee. La encore, l'esprit des "Exercices spirituels" a une influence réelle, car il s'agit bien d'apprendre aux garÇons à se laisser mener par la raison, non par leS Sentiments, I'eflvie du moment ou même l'opinion ambiante. Le but est de faire l'apprentissage, grâce à ces principes, de la maitrise de soi, de s'habituer au courage, pour des travaux de longue haleine et bien faits. Quand I'occasion est-elle donnée aux élèves de prendre des responsabilités 7 Et quand sont-ils par le fait même, contraints à une certaine autononcie ou auto-discipline ? Dans le domaine purement scolaire, il faut signaler dans les classes, qui normalement coûptent dans les 80 élèvesl, l'institution des décurions ou censeurs qui, s'ils n'en sont pas responsables en dernier lieu, doivent cependant veiller au sérieux du travail et à la tenue d'une dizaine de leurs camarades. Les sept ou huit décurions ne sont pas forcément les premiers élèves de la classe. Les décuriesont homogènes et leurs responsables sont aussi, par conséquent,

236 des élèves moyens ou faibles, qui sont d'ailleurs assez regulierement changes. En ce qui concerne le travail scolaire, les pères demandent aux uns et aux autres de s'entraider dès que le besoin s'en fait sentir. Quant aux plus grands, ils prennent en charge leurs cadets en difficulté dans telle ou telle matiere. Les élèves du "Lyzeum" qui reçoivent une formation philosophiquet theologique sont invites à garder le contact avec le terrain de la vie en s'engageaût aux côtés de leurs professeurs qui vont précher le dimanche dans la campagne souabe oû bavaroise. Un ancien du collège de Mindelheim établi à Mayence, Dominik Roos, relate ainsi en 1755 quelquesuns de ses souvenirsl : "Les grands élèves allèrent au printemps dans ies villages des alentours pour faire le catéchisme. Je suis ainsi allë à plusieurs endroits. a Flirtheim. Zornheim. I\{ombach, Flôrsheim... Partout, les gens nous recevaient avec la plus grande marque de considération. Les enfants venaient a ûotre rencontre en procession derriere un porte-croix. Nous récompensions les plus gentils avec des images, des chapelets, des mêdailles". Il est intêressant de voir à travers ce temoignage comment les grands élèves prenneqt déià contact avec la réalité d'une activité tres concrète. en particulier ici dans le cas de futurs théologiens. La congrégation mariale est egalement I'un de ces lieux ou l'on apprend à forger sa personnalité en s'engageant pour les autres, tout comme la salle de théâtre, lorsqu'il faut préparer une pièce. Il ne s'agit pas seulement que des âcteurs apprenûent par cæur une pièce, fut-elle en latin, il faut aussi que toute une organisation se nette en place pour la scène, les decors, les costumes, les êclairages. D'autant plus que le theâtre baroque joué au collège demande pour la scène un grand nombre de comédiens, de décors que l'on change plusieurs fois pendant la piece, toutes I F. Zoepft, Geschichte des ehemaligen trIindelheimer lesuitenkollecs, Dillingen , t92t, p. {l :"Die groBeren Schuler kanen am Fruhjahr auf die Dorfer, un Katechismus zu halten. Ich kan an verschiedene Ortp : Flirtheim, Zornhein, Monbach, Florsheim... [Jberall begegneæn uns die Leuæ mit gro0ær Ehrerbietsamkeit. Die Kioder kamen uns nit eioen Kreuz prozessionweisetrtgegeo. Yir belohnæo die braven Kindern nit Bildern, Rosenkranzen, Schaupfennigen. "

236<br />

<strong>de</strong>s élèves moyens ou faibles, qui sont d'ailleurs assez regulierement<br />

changes.<br />

En ce qui concerne le travail scolaire, les pères <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

aux uns et aux autres <strong>de</strong> s'entrai<strong>de</strong>r dès que le besoin s'en fait sentir. Quant<br />

aux plus grands, ils prennent en charge leurs ca<strong>de</strong>ts en difficulté dans telle<br />

ou telle matiere. Les élèves du "Lyzeum" qui reçoivent une formation<br />

philosophiquet theologique sont invites à gar<strong>de</strong>r le contact avec le terrain<br />

<strong>de</strong> la vie en s'engageaût aux côtés <strong>de</strong> leurs professeurs qui vont précher le<br />

dimanche dans la campagne souabe oû bavaroise. Un ancien du collège <strong>de</strong><br />

Min<strong>de</strong>lheim établi à Mayence, Dominik Roos, relate ainsi en 1755 quelquesuns<br />

<strong>de</strong> ses souvenirsl :<br />

"Les grands élèves allèrent au printemps dans ies<br />

villages <strong>de</strong>s alentours pour faire le catéchisme. Je suis<br />

ainsi allë à plusieurs endroits. a Flirtheim. Zornheim.<br />

I\{ombach, Flôrsheim... Partout, les gens nous<br />

recevaient avec la plus gran<strong>de</strong> marque <strong>de</strong><br />

considération. Les enfants venaient a ûotre rencontre<br />

en procession <strong>de</strong>rriere un porte-croix. Nous<br />

récompensions les plus gentils avec <strong>de</strong>s images, <strong>de</strong>s<br />

chapelets, <strong>de</strong>s mêdailles".<br />

Il est intêressant <strong>de</strong> voir à travers ce temoignage comment<br />

les grands élèves prenneqt déià contact avec la réalité d'une activité tres<br />

concrète. en particulier ici dans le cas <strong>de</strong> futurs théologiens.<br />

La congrégation mariale est egalement I'un <strong>de</strong> ces lieux ou<br />

l'on apprend à forger sa personnalité en s'engageant pour les autres, tout<br />

comme la salle <strong>de</strong> théâtre, lorsqu'il faut préparer une pièce. Il ne s'agit pas<br />

seulement que <strong>de</strong>s âcteurs apprenûent par cæur une pièce, fut-elle en<br />

latin, il faut aussi que toute une organisation se nette en place pour la<br />

scène, les <strong>de</strong>cors, les costumes, les êclairages. D'autant plus que le theâtre<br />

baroque joué au collège <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour la scène un grand nombre <strong>de</strong><br />

comédiens, <strong>de</strong> décors que l'on change plusieurs fois pendant la piece, toutes<br />

I F. Zoepft, Geschichte <strong>de</strong>s ehemaligen trIin<strong>de</strong>lheimer lesuitenkollecs, Dillingen , t92t,<br />

p. {l :"Die groBeren Schuler kanen am Fruhjahr auf die Dorfer, un Katechismus zu<br />

halten. Ich kan an verschie<strong>de</strong>ne Ortp : Flirtheim, Zornhein, Monbach, Florsheim...<br />

[Jberall begegneæn uns die Leuæ mit gro0ær Ehrerbietsamkeit. Die Kio<strong>de</strong>r kamen<br />

uns nit eioen Kreuz prozessionweisetrtgegeo. Yir belohnæo die braven Kin<strong>de</strong>rn<br />

nit Bil<strong>de</strong>rn, Rosenkranzen, Schaupfennigen. "

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!