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227 ! \ 3.1.2- Une pêdago8ie à l'image de la spiritualité de l'ordre- Les jesuites ont le desir de former des hommes a parttr de leur propre spiritualité, et de fait, I'esprit des colleges est comme a l'inaage de la vocarion de la Compagnie. Ceci pour plusieurs raisons semble-t-ii, Tout d'abord, on desire former des hommes qui s'engagent volontiers a realiser ce qui leur tient a cæur, plus encore, des chretiens qut se mettenl au service de Dieu dans leur vie sociale. C'est ce que demande Ignace dans les "Constitutions" et les 'Erercices soirituels'1. Dans le domaine de la transmission du savoir en classe, connaissance n est pas consideree comme un but en sot, mats comme un bagage de formation qui permet de mieux comprendre l'homme et de le concluire à Dieu, au Christ et à I'Eglise. Ignace nole à ce suiet dans ies "Constitutions"l : Les sciences sont a enseigner de telle maniere que les élèr'es parviennent a une plus grande connaissance et a un plus grand amour de notre createur et de notre redempteur.(...) Le chretien'etudie pas pour etudier, pas non plus pour savoir davantage de choses. Ce ne soût que des moyens. Le but final est la plus grande gloire de Dieu et Ie salut du monde. c'est ainsi que religion et vie humaine -se fonclen! en une unite parfaite. Les jesuites veulent expressement mettre la culture de leur epoque au service d une idee plus grande. Ils veulent eduquer des garcons à la foi solide, fidèles à l'Eglise, qui soient capables de vivre en chretiens tout en etant parmi les meilleurs esprits de leur temps. Paulsen parle de "la grande culture et (de) la specialisation extreme des professeurs iesuites. (...i lts etaient ainsi armes pourvaincre le monde par le monde lui-meme 3. La pédagogie iesuite du XVIll" sièclemprunte a I'humanisme la devise de son idéal éducatif "humanitas per eloquentiam". être tolalement homme I Cf B. Duhr, Die Strrdienordnung der Gesellschaft Jesu, Freiburg i, 8., 1896, p ltt 2 Ignace de Loyola, Constitutions. partie IV, chapitre VI, S 10 3 F. Paulsen, Geschichte des Selehrten Unterrichts, Leipzig, 1919, tome I, p. 1ô5'
i j t .; 228 I grâce à l'éloquence. Gràce a ses liens avec la spiritualite ignacienne, elle est cependant d'une dimension plus profonde. Acquerir une methode pour apprendre, c est acquerir l'art de s'instruire, I'art de senrir, l'art de penser, l'art d'approfondir, I'an de creer. La relation entre le "Ratio" et les "Exercices', c'esr la constance cl'une merhode qui es[ "spirituelle" chez les jesuites. De ûeme dans les "Exercices", Ignace demande au directeur de ne jamais s'interposer entre le retraitant, et Dieu, si ce n'est pour favoriser leur intimite. Cette pensee influence directement le reglemenr des etudes, le maitre ne dorr s'interposer entre l'esprit et la verite que pour favoriser leur union. Le cours ne doit pas ètre comme clans la scolastique traditionnelle un écran entre le professeur et une classe. Le rôle principal esl donne au disciple, ie maitre n'agit qu'en second, pour aider le personnage de premier plan a progresser a sa maniere propre. Il est totalement au serfice de son eieve, et comÉe le directeur donnant ir's "Exercices soirituels", il s'efface, guide et conseille seulement. Le professeur s'elTace lui aussi, il propose une matiere, encourage au travail. verifie, observe les iesultars, al'fermit l'eleve dans la verite ou la venu. mais c est a l'eleve que revient de reflechir, de penser, cle juger, de composer, de se faire une conviction. parce que c'est lui, non le maitre, qui doir progresser. Cette sorte de tactrque n'est pas sans analogies avec celle des chefs militaires qui conquierent un pavs. Le chef fixe le but. encourage les énergies, corrige les erreurs et fortil'ie les positions acquises, mais ce sont bien les soldats qui combattent et remportent la victoire. Le savoir livresqu et le cours ecrit, puis lu ou dicte, tour cela est aboli par les jesuites. L'ancienne méthode avait a ce point infeste I'universite que les etudiants les plus fortunes pavaient des copistes qui suivaient des cours a leur place. La dicree du cours a trop d'inconvenients, l'attention des eleves est davantage occupee a ecrire qu'a comprendre. Il est inutile aussi de vouloir dicter ce que clracun peut trouver dans des livres. Pendant la classe, on ne doir noter qu'un resumé de quelques lignes. Cette pensee pedagogique jesuite se rrouve reprise dans une piece de theâfe de Campion. un jesuite francais du XVII' siecle, "De Juvene Academico"l : I CitC parF Charmot, La oêdagogie des iésui[es, Paris, lgJl "Quid prino discentibus optandum 7
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"Constitutions"l :<br />
Les sciences sont a enseigner <strong>de</strong> telle maniere que<br />
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pas non plus pour savoir davantage <strong>de</strong> choses. Ce ne<br />
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c'est ainsi que religion et vie humaine -se fonclen! en une<br />
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à la foi soli<strong>de</strong>, fidèles à l'Eglise, qui soient capables <strong>de</strong> vivre en chretiens<br />
tout en etant parmi les meilleurs esprits <strong>de</strong> leur temps. Paulsen parle <strong>de</strong> "la<br />
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(...i lts etaient ainsi armes pourvaincre le mon<strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong> lui-meme 3.<br />
La pédagogie iesuite du XVIll" sièclemprunte a I'humanisme la <strong>de</strong>vise <strong>de</strong><br />
son idéal éducatif "humanitas per eloquentiam". être tolalement homme<br />
I Cf B. Duhr, Die Strrdienordnung <strong>de</strong>r Gesellschaft Jesu, Freiburg i, 8., 1896, p ltt<br />
2 Ignace <strong>de</strong> Loyola, Constitutions. partie IV, chapitre VI, S 10<br />
3 F. Paulsen, Geschichte <strong>de</strong>s Selehrten Unterrichts, Leipzig, 1919, tome I, p. 1ô5'