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2t7 Il faut dire que dans beaucoup d'universites du début du XVI'siècle, le cursus etait incoherant. morcelé, dèsordonré, on manquait de professeurs suffisamment compêtentsl. Ignace ne veut pas de méthodes ou d'exercices ûouveaux a tout prix, mais simplement une application plus soignee des methodes existantes et un reel souci apostoliquen education2. Le "Ratio studiorum" ne sera pas une theorie sèche, mais simplement des regles tirees de 1'experience des peres, qui elles-mémes laissent au professeur la liberté dont il a besoin dans sa tâche. Il s'agit d'acquérir la maitrise de soi, l'aptitude à un travail continu et, serieux par une pedaBogie de la volonté tiree des "Exercices"3, où tout est fait pour se laisser guider - en presence de Dieu - par sa raison plutôt que par ses sentiments. C'est pourquoi Ignace fait a priori ce choix fondamental du "studium generale" de Parisr, que l'on appelle le "modus parisiensis", Il y avait jusqu'au XVI" siècle deux types d'enseignement dans les universites europeennes : le "modus italicus", comme a Bologne, Padoue, et méme Ingolstadt avant l'arrivee des peres5; les professeurs et étudiants habitent separement, les cours ont la forme anonyme de lectures publiques, il n'y a pas de classes, I'etudiant y est certainement tres libre de ne pas progresser reellement6. Dans le cas du 'modus parisiensis" par conlre, l'autre forme d'enseignement, les professeurs cohabitent avec les étudian[s, qui sont regroupes dans des classes où la disciplin et le contrôle du travail sont plus faciles. 0n retrouve le même modèl en AngleterreT. Le programme est fixe, il y a après 'la classe des exercices, des répetitions, des affrontements rhétoriques entre élèves avec "expositio" et "quaestiones"E. Saint lgnac est d'autant plus seduit par ce sryle dynamique que le "modus italicus" avait cet inconvénient de mettre dans une certaine I C'est en ces termes que le Àooce BarthoLomus de Portia redige en 1556 un rapport zur la faculÈ de théologie de l'université de Cologne : 'Fuori che uno che pur legge duoo tre volte [a setÈimana', "uo seul lisait (son cours) et encore, seulenent deux ou trois fois par semaioe" (citê par li, Hengst, op. cit., p. l0ô) 2 Cf. J.B.Hernan, La pedagoeie des iesuites au TVI' siecle. Louvain, tt)14, p. 96. 3 Cf. I Heitlinger, op, cit, p 16 { Cf. F. Lackner, Die Jesuitenorofessoreo an der philosoohischea Fakultat der Wiener Universitat I 712-177:1, Fien, 1976, 5 H. Woff, Geschichte der Ineolstàdær Juristenfakultât, Berlio, 1973, p 3?, 6 K. Hengst, Jesuiten an Uoiversitaten und Jesuitenuniversitaten, Paderborn, 1981, p 61. 7 luio., p. ot. s cr. J,ù1. valentio, Le théâtre des Jèsuites dans les oays de laneue allemande (155{- l6E0), Bern, 1978, p.219.

218 mesure les professeurs a la merci de leurs eleves, d'êbranler l'autorite, et par la de compromettre la discipline génêralel, forcement nécessaire pour Ignace, en vue de la discipline plus intérieure, qu'il fallait bien atteindre aussi. Ignac est égalenent séduit par le College de France qu'avaient fondé François I' et Guillaume Budé alors que la vieille Sorbonne restait intransigeante, hostile à toute innovation2. il y a trouvé un allant qui l'aide à faire du "Ratio" non un traité de pédagogie, mais un recueil de directives très concrèles, en faisant glisser les principes de i'enseignement supérieur à l'enseigne ment secondaire3. Apres une mise à l'essai de douze années, relativement longue puisque les premières règles dataient de 1586, le "Ratio" est officiellenent promulgué et entre en vigueur le 8 janvier 1599i. RATIO ATqVE INSTITVTIO STVDIORVM PER S EX zATRES ÂD i d ;4fu R .P, ?rap o/hi G c- ncralh dcparato! cotzfoipta.' ROMAE. tn Collceio Sooctatir tefu. Anno Douiol M. D. l. Gi I P. Delattre. Les etablissenents des iésuites en France deouis quatre siècles, Wetteren, 1949, p. lalS I ruio., p. r3e5. 3 Cf. J,U. Valentin, Le théâtre des lésuites daas les oavs de langue allemande (1114- l6Eû1, Bern, 1975, p.?2?. { Ii. Hengst, Jesuiten an Llniversitaten und Jezuitenuniversitaten, Paderboro. 19.$1, p. 66

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Il faut dire que dans beaucoup d'universites du début du<br />

XVI'siècle, le cursus etait incoherant. morcelé, dèsordonré, on manquait <strong>de</strong><br />

professeurs suffisamment compêtentsl. Ignace ne veut pas <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s ou<br />

d'exercices ûouveaux a tout prix, mais simplement une application plus<br />

soignee <strong>de</strong>s metho<strong>de</strong>s existantes et un reel souci apostoliquen education2.<br />

Le "Ratio studiorum" ne sera pas une theorie sèche, mais simplement <strong>de</strong>s<br />

regles tirees <strong>de</strong> 1'experience <strong>de</strong>s peres, qui elles-mémes laissent au<br />

professeur la liberté dont il a besoin dans sa tâche. Il s'agit d'acquérir la<br />

maitrise <strong>de</strong> soi, l'aptitu<strong>de</strong> à un travail continu et, serieux par une pedaBogie<br />

<strong>de</strong> la volonté tiree <strong>de</strong>s "Exercices"3, où tout est fait pour se laisser gui<strong>de</strong>r -<br />

en presence <strong>de</strong> Dieu - par sa raison plutôt que par ses sentiments.<br />

C'est pourquoi Ignace fait a priori ce choix fondamental du<br />

"studium generale" <strong>de</strong> Parisr, que l'on appelle le "modus parisiensis", Il y<br />

avait jusqu'au XVI" siècle <strong>de</strong>ux types d'enseignement dans les universites<br />

europeennes : le "modus italicus", comme a Bologne, Padoue, et méme<br />

Ingolstadt avant l'arrivee <strong>de</strong>s peres5; les professeurs et étudiants habitent<br />

separement, les cours ont la forme anonyme <strong>de</strong> lectures publiques, il n'y a<br />

pas <strong>de</strong> classes, I'etudiant y est certainement tres libre <strong>de</strong> ne pas progresser<br />

reellement6. Dans le cas du 'modus parisiensis" par conlre, l'autre forme<br />

d'enseignement, les professeurs cohabitent avec les étudian[s, qui sont<br />

regroupes dans <strong>de</strong>s classes où la disciplin et le contrôle du travail sont<br />

plus faciles. 0n retrouve le même modèl en AngleterreT. Le programme<br />

est fixe, il y a après 'la classe <strong>de</strong>s exercices, <strong>de</strong>s répetitions, <strong>de</strong>s<br />

affrontements rhétoriques entre élèves avec "expositio" et "quaestiones"E.<br />

Saint lgnac est d'autant plus seduit par ce s<strong>ry</strong>le dynamique<br />

que le "modus italicus" avait cet inconvénient <strong>de</strong> mettre dans une certaine<br />

I C'est en ces termes que le Àooce BarthoLomus <strong>de</strong> Portia redige en 1556 un rapport<br />

zur la faculÈ <strong>de</strong> théologie <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Cologne : 'Fuori che uno che pur legge<br />

duoo tre volte [a setÈimana', "uo seul lisait (son cours) et encore, seulenent <strong>de</strong>ux ou<br />

trois fois par semaioe" (citê par li, Hengst, op. cit., p. l0ô)<br />

2 Cf. J.B.Hernan, La pedagoeie <strong>de</strong>s iesuites au TVI' siecle. Louvain, tt)14, p. 96.<br />

3 Cf. I Heitlinger, op, cit, p 16<br />

{ Cf. F. Lackner, Die Jesuitenorofessoreo an <strong>de</strong>r philosoohischea Fakultat <strong>de</strong>r Wiener<br />

Universitat I 712-177:1, Fien, 1976,<br />

5 H. Woff, Geschichte <strong>de</strong>r Ineolstàdær Juristenfakultât, Berlio, 1973, p 3?,<br />

6 K. Hengst, Jesuiten an Uoiversitaten und Jesuitenuniversitaten, Pa<strong>de</strong>rborn, 1981, p<br />

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s cr. J,ù1. valentio, Le théâtre <strong>de</strong>s Jèsuites dans les oays <strong>de</strong> laneue alleman<strong>de</strong> (155{-<br />

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