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5l Les jeux doivent toujours étre connus de tous, dit-on, agréables et pleins de douceur, ne favorisant ni les querelles, ni les medisances, étre sans danger pour le corps et la sensibilité. Leur but est de rafraichir l'esprit tout en exerçant le corps. Ce n'est pas te seul hasard qui doit décider seul du gagnant, mais les possibilites de chacun, qui doit pouvoir recommencer là ou il a échoué. L'elève doit apprendre à maitriser sa volonte, afin de reagir de la méme façon, qu'il perde ou qu'il gagne. En semaine, ce soot les cours du collège qui servent d'aires de jeu. Le jeudi, grand jour de détenle, on s'en va à pied dans la campagnenvironnante. D'une façon étonnante, de nombreuses activités sportives et toute une serie de jeux sont strictement interdits par les peres aux elèves des collèges. Les jeux dont on se méfie le plus sont les jeur de hasard, jeux de cartes ou de dês par exemple. Beaucoup de règlements ou de réflerions sur la pédagogie le rappellent. Les "jeul de soldats", comme les nomment, les peres, sont eux aussi proscrits : s'amuser avec des couteaux, avec des armes à feu pour tirer sur les oiseaux, ainsi que "tous les jeur des vieux Germains", dangereux, dépourvus d'un but ou d'une sagesse quelconque. En hiver, on ne peut, lancer de boules de neige, faire du traineau ou du patin dans les fossés autour des villes, ni construire des bonshommes de neige. Mêne si la natation en tant que telle est interdite, les pères de Passau possèdent néanmoins une ile, non loin de la rive gauche du Danube - appelée aujourd'hui encore "Jesuitenau" - , que Leopold I' avait acheté pour 3000 florins et offert aux elèves pour Ie jeul. Le saut en hauteur, le lancer de flèches, la lutte et ses dêrivés sont également interdits. Ci-dessous un tableau de l'êpoque, qui donne'le resume de ces activités illicitesz : De ludis illicitis : Illiberales ludi Àlea Chartae 0mnes fortunae I A. Aign, Gescbichte des Gvmnasiums Passau. passau, l%2, p. 6J. 2 R. Deuæch, Geschichte der Kinderspiele, Eeidelberg, 19g0, p. 106.

J2 Ludi prohibiti Coniuncti cum periculo Saltus Lucta Jaculatio Dimicatio PuBna Huc spectaTrt : aestate natatio, hieme per glaciem cursitatio, nivis in alium proiecto Une certaine sevérité guide le choix de ce qui est permis ou non, mais dans l'optique genérale de la reconnaissance d'une certaine valeur au corps, digne de soin parce qu'il est le lieu de la vie humaine en toutes ses dimensions. C'est un des traits de la pensée ignatienne. En fait, c'est aussi le vieil adage "mens sana in corpore sano" qui est ici mis en pratique par les jésuites du XVIII'siècle. Ignace de Lovola ecrivait déià en 1J48 à François de Borgia: "ll ne faut pas laisser le corps s'affaiblir, parce que s'il est dans un état de faiblesse, l'âme ne peut plus faire ses operations". Mais les jésuites n'innovent guère dans ce domaine, il semble que le corps soit plus entretenu qu'éduqué réellement.,. Il est intéressant de voir aussi combien les conceptions pedagogiques protestantes diffèrent sur ce point de celles de la Compagnie de Jesus. L'école protestate n'aime ni le jeu, ni la détente lrop libre, rompant en cela avec I'ancienne tradition des "Domschulen", où I'on encourageait les élèves à monter à cheval, à nager, à tirer à I'arc et à se battre â l'épée dans [a courl. L'esprit de la Réforme, mis en pratique au XVI' siècle dans les établissements2, et dont voici quelques exemples, n'a pas perdu deson influencen plein XVIII'siècle. Les règles s'en inspirent très fortement. En 1580, Hieronymus Wolf, le recteur du gynnase protestant St. Anna d'Augsbourg, n'octroie à ses eleves qu'une heure de I A, Balzer, Die ceschichtliche Eotvicklunc der Leibes-tlbunsenProgranm zum Jahresbericht des K. Neuea Gynoasiums zu Regensburg fur das Studienjahr lE97l189E, Regeosburg, 1E98, p. 7. 2 H. Pirberg, Der deutsche Catvinism,us uod die Padarosik, Gladbeck, 1952, p, 91.

J2<br />

Ludi prohibiti<br />

Coniuncti cum<br />

periculo<br />

Saltus<br />

Lucta<br />

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Dimicatio<br />

PuBna<br />

Huc spectaTrt : aestate<br />

natatio, hieme per<br />

glaciem cursitatio, nivis<br />

in alium proiecto<br />

Une certaine sevérité gui<strong>de</strong> le choix <strong>de</strong> ce qui est permis ou<br />

non, mais dans l'optique genérale <strong>de</strong> la reconnaissance d'une certaine<br />

valeur au corps, digne <strong>de</strong> soin parce qu'il est le lieu <strong>de</strong> la vie humaine en<br />

toutes ses dimensions. C'est un <strong>de</strong>s traits <strong>de</strong> la pensée ignatienne. En fait,<br />

c'est aussi le vieil adage "mens sana in corpore sano" qui est ici mis en<br />

pratique par les jésuites du XVIII'siècle. Ignace <strong>de</strong> Lovola ecrivait déià en<br />

1J48 à François <strong>de</strong> Borgia: "ll ne faut pas laisser le corps s'affaiblir, parce<br />

que s'il est dans un état <strong>de</strong> faiblesse, l'âme ne peut plus faire ses<br />

operations". Mais les jésuites n'innovent guère dans ce domaine, il semble<br />

que le corps soit plus entretenu qu'éduqué réellement.,.<br />

Il est intéressant <strong>de</strong> voir aussi combien les conceptions<br />

pedagogiques protestantes diffèrent sur ce point <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> la Compagnie<br />

<strong>de</strong> Jesus. L'école protestate n'aime ni le jeu, ni la détente lrop libre,<br />

rompant en cela avec I'ancienne tradition <strong>de</strong>s "Domschulen", où I'on<br />

encourageait les élèves à monter à cheval, à nager, à tirer à I'arc et à se<br />

battre â l'épée dans [a courl. L'esprit <strong>de</strong> la Réforme, mis en pratique au<br />

XVI' siècle dans les établissements2, et dont voici quelques exemples, n'a<br />

pas perdu <strong>de</strong>son influencen plein XVIII'siècle. Les règles s'en inspirent<br />

très fortement. En 1580, Hieronymus Wolf, le recteur du gynnase<br />

protestant St. Anna d'Augsbourg, n'octroie à ses eleves qu'une heure <strong>de</strong><br />

I A, Balzer, Die ceschichtliche Eotvicklunc <strong>de</strong>r Leibes-tlbunsenProgranm zum<br />

Jahresbericht <strong>de</strong>s K. Neuea Gynoasiums zu Regensburg fur das Studienjahr<br />

lE97l189E, Regeosburg, 1E98, p. 7.<br />

2 H. Pirberg, Der <strong>de</strong>utsche Catvinism,us uod die Padarosik, Gladbeck, 1952, p, 91.

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