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Celui-ci résume le contenu de l’énonciation rapporté ou ne fait qu’évoquer un acte de parole. Le discours narrativisé présuppose un acte de parole mais n’a pas pour vocation de le faire entendre. Le sujet de l’énonciation seconde est quasiment invisible. Le discours narrativisé, nommé en allemand soit Redebericht (Steinberg 1971 : 50 ; Scherner 1976 ; Breslauer 1996 : 28) soit erzählte Rede (Günther 1928 : 3 ; Brinkmann 1969 : 23), est illustré par les exemples suivants : (40) [...] während der Professor vom Vaterlandsverräter Haller sprach, verdichtete sich in mir das schlimmste Gefühl von Depression und Verzweiflung [...] (Hesse, Der Steppenwolf : 105-106) (41) [...] ich wurde in ein warmes helles Zimmer geführt und zu warten gebeten [...] (Hesse, Der Steppenwolf : 103) (42) „ ‘n Abend, Herr Maier-Dietrich. Wie wärs mit ’ner Stunde unter Männern, im Beisein einer Flasche Feuerwasser ?“ Er willigte ein, und wir verabredeten uns für später. (Arjouni, Happy birthday, Türke! : 5-6) (43) Unser Taxi-Gespräch: lauter Fragen, keine Antworten. (Frisch, Homo faber : 131) (44) Es gab Aha’s und Oho’s (Mann, Die Betrogene : 117) Dans le premier exemple, le discours second est désigné par le verbe et le complément prépositionnel (« von etwas sprechen ») ; dans le deuxième, par le verbe et le groupe infinitif (« zu warten bitten ») ; dans le troisième, le discours second est réduit aux verbes (« ein willigen », « sich verabreden »), complétés par un groupe adverbial (« für später ») ; l’exemple qui suit est un discours narrativisé averbal et le dernier exemple représente le discours second dans un discours direct lexicalisé. Enonciativement et discursivement, le discours narrativisé représente la forme la plus condensée de la parole de l’énonciateur second. « Die erzählte Rede kann mit einem Minimum an Figurensprache auskommen », rappelle Brinkmann (1969 : 24). Il est l’exact opposé du discours direct libre. Ce dernier se définit par la prépondérance du discours second sur deux plans : énonciatif, puisque tout le calcul énonciatif s’opère à partir du centre déictique de l’énonciateur second ; syntaxique et textuel, puisqu’il n’est pas introduit par un discours cadre. A l’inverse, le discours narrativisé se définit par l’effacement maximal du discours second au profit du discours premier, effacement dont l’effet discursif est décrit ainsi par Rosier (2005 : 104) : « l’escamotage du discours cité correspond […] stylistiquement […] à la mise en scène de discours d’énonciateurs empêchés, dans le fil de l’histoire, de ‘parler’ ». - 54 -

Le discours second est à ce point intégré au discours premier que l’interprétation ne peut s’appuyer sur des éléments de subjectivité du cadre énonciatif second pour désambiguïser certaines verbes ou substantifs (Gather 1994 : 440), comme c’est le cas dans le troisième exemple cité. « Er willigte ein » se prête à deux interprétations. Selon la première interprétation, l’énonciateur mis en scène prononce des paroles d’assentiment. Selon la deuxième interprétation, la communication est seulement mimique ou gestuelle, par exemple un hochement de tête. Dans ce cas, la communication est paraverbale et n’entre pas dans un schéma de « structure double » du langage décrite par Jakobson (2003b : 176, cf. 1.2.1). Dans cet extrait où le contexte ne fournit pas d’informations susceptibles de lever l’ambiguïté, il n’est donc pas possible de déterminer si « er willigte ein » est ou non une représentation de discours. 1.4.3.2 Le discours indirect régi Nous allons dans un premier temps présenter les caractéristiques fondamentales du mode indirect, celles d’être une énonciation sous la domination de l’énonciateur premier. Toutefois, cette description montrera que quelques éléments de la subjectivité de l’énonciateur second sont intégrables dans le DI régi et nous amènera à moduler notre affirmation selon laquelle le mode indirect est placé entièrement sous le signe de l’énonciateur rapporteur. La question de la présence de l’énonciateur rapporté sera donc abordée à la fin de ce chapitre avec la problématique de l’interprétation opaque vs transparente du DI régi. Dans l’ensemble de notre description, nous insistons sur la différence avec le DD afin de faire ressortir les particularités du DI régi. D’un point de vue terminologique, nous emploierons indifféremment discours indirect, discours indirect régi, discours indirect introduit, et indirekte Rede. L’énonciateur rapporteur interprète le discours et sa valeur communicative, ce qui amène Wunderlich à décrire le discours indirect comme une « pragmatische Paraphrase » du discours second (cité par von Roncador 1988 : 41). Le DI régi est formé à partir de deux énonciations, dont l’une - le discours cité - est subordonnée à l’autre - le discours introducteur 49 . Les calculs déictiques se font à partir de la situation d’énonciation première. Der daß-Satz ist selbst keine Rede mehr, sondern nur ihr propositionaler Gehalt. Die gesamte Reportäußerung ist wieder Rede, bestehend aus den Sprechereinstellungen des Reporters (seiner 49 La question des modes en allemand et des temps en français est traitée dans la section contrastive, en 5.1.1. - 55 -

Celui-ci résume le contenu <strong>de</strong> l’énonciation rapporté ou ne fait qu’évoquer un acte <strong>de</strong> parole.<br />

Le discours narrativisé présuppose un acte <strong>de</strong> parole mais n’a pas pour vocation <strong>de</strong> le faire<br />

entendre. Le sujet <strong>de</strong> l’énonciation secon<strong>de</strong> est quasiment invisible. Le discours narrativisé,<br />

nommé en allemand soit Re<strong>de</strong>bericht (Steinberg 1971 : 50 ; Scherner 1976 ; Breslauer 1996 :<br />

28) soit erzählte Re<strong>de</strong> (Günther 1928 : 3 ; Brinkmann 1969 : 23), est illustré par les<br />

exemples suivants :<br />

(40) [...] während <strong>de</strong>r Professor vom Vaterlandsverräter Haller sprach, verdichtete sich in mir das<br />

schlimmste Gefühl von Depression und Verzweiflung [...] (Hesse, Der Steppenwolf : 105-106)<br />

(41) [...] ich wur<strong>de</strong> in ein warmes helles Zimmer geführt und zu warten gebeten [...] (Hesse, Der<br />

Steppenwolf : 103)<br />

(42) „ ‘n Abend, Herr Maier-Dietrich. Wie wärs mit ’ner Stun<strong>de</strong> unter Männern, im Beisein einer Flasche<br />

Feuerwasser ?“<br />

Er willigte ein, und wir verabre<strong>de</strong>ten uns für später. (Arjouni, Happy birthday, Türke! : 5-6)<br />

(43) Unser Taxi-Gespräch: lauter Fragen, keine Antworten. (Frisch, Homo faber : 131)<br />

(44) Es gab Aha’s und Oho’s (Mann, Die Betrogene : 117)<br />

Dans le premier exemple, le discours second est désigné par le verbe et le complément<br />

prépositionnel (« von etwas sprechen ») ; dans le <strong>de</strong>uxième, par le verbe et le groupe infinitif<br />

(« zu warten bitten ») ; dans le troisième, le discours second est réduit aux verbes (« ein<br />

willigen », « sich verabre<strong>de</strong>n »), complétés par un groupe adverbial (« für später ») ;<br />

l’exemple qui suit est un discours narrativisé averbal et le <strong>de</strong>rnier exemple représente le<br />

discours second dans un discours direct lexicalisé.<br />

Enonciativement et discursivement, le discours narrativisé représente la forme la plus<br />

con<strong>de</strong>nsée <strong>de</strong> la parole <strong>de</strong> l’énonciateur second. « Die erzählte Re<strong>de</strong> kann mit einem<br />

Minimum an Figurensprache auskommen », rappelle Brinkmann (1969 : 24). Il est l’exact<br />

opposé du discours direct libre. Ce <strong>de</strong>rnier se définit par la prépondérance du discours<br />

second sur <strong>de</strong>ux plans : énonciatif, puisque tout le calcul énonciatif s’opère à partir du centre<br />

déictique <strong>de</strong> l’énonciateur second ; syntaxique et textuel, puisqu’il n’est pas introduit par un<br />

discours cadre. A l’inverse, le discours narrativisé se définit par l’effacement maximal du<br />

discours second au profit du discours premier, effacement dont l’effet discursif est décrit<br />

ainsi par Rosier (2005 : 104) : « l’escamotage du discours cité correspond […]<br />

stylistiquement […] à la mise en scène <strong>de</strong> discours d’énonciateurs empêchés, dans le fil <strong>de</strong><br />

l’histoire, <strong>de</strong> ‘parler’ ».<br />

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