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Authier-Revuz, le DR est, d’un point de vue sémiotique, une opération métalinguistique (cf. également Sabban 1978 : 28 ; Steube 1985) : Dans le DD, l’énonciateur rapporte un autre acte d’énonciation e, en faisant usage de ses mots à lui dans la description qu’il fait de la situation d’énonciation de e (qui parle, à qui, quand, … ?), c’est-àdire dans ce qu’on appelle le syntagme introducteur, mais il fait mention des mots du message qu’il rapporte ; le mode sémiotique du DD est ainsi hétérogène : standard dans le syntagme introducteur, il est autonyme dans la partie « citée », c’est-à-dire montrée. (1992 : 40) Authier-Revuz distingue le DI et le DD sur la base des notions de standard/autonyme et usage/mention : « Le DD n’énonce pas un contenu comme le DI, il montre une chaîne signifiante » (1992 : 40). Puisqu’une des propriétés du signe autonyme en mention est de se soustraire à la synonymie, la partie citée en DD ne peut être reformulée (Authier-Revuz 1992 : 40). Ducrot (1984 : 190 et 197ss) voit là une contradiction dans la description, puisqu’on ne peut pas faire coïncider la thèse de la non-littéralité du DD avec celle de sa non-paraphrasabilité, et réfute l’idée d’un fonctionnement autonyme du discours direct. L’argument de Ducrot peut être révisé si l’on considère, avec Charlent (1996), que l’autonymie du DD touche non pas au signe en mention, mais au signe en usage, et que le discours rapporté est une métaénonciation 37 . 1.4.1.1 Le discours direct introduit Le discours direct régi est un discours représenté qui est introduit par un discours citant. S’il est vrai que dans la partie citée, l’énonciateur rapporteur se donne pour objectif affiché d’être le simple porte-voix de l’énonciateur cité, son intervention ne se limite pas au choix de la séquence introductrice et ne s’arrête pas aux frontières du discours cité (Gallèpe 2003). L’énonciateur rapporteur intervient aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du DR. Il intervient à l’extérieur : - par un métadiscours, portant par exemple sur sa fiabilité ou son appréciation du contenu rapporté. Le commentaire peut également être relayé à l’intérieur de la partie citée, par la locution [sic !]. 37 En outre, la position d’Authier-Revuz demande également à être infléchie. Nous montrerons en 1.4.3.2.2 que le DI connaît des limites à la synonymie et qu’il n’est donc pas entièrement un signe en usage. Il existe des situations de discours opaques, car « Œdipe a dit qu’il allait épouser sa mère » n’est pas synonyme de « Œdipe a dit qu’il allait épouser la reine de Thèbes ». - 42 -

Il intervient également par différents procédés internes au discours cité : - par transposition, lorsqu’un message oral est rapporté à l’écrit ; - par traduction, (intralinguale ou interlinguale) ; - par sélection des éléments à transmettre. Les deux exemples suivants montrent différents types d’intervention de l’énonciateur citant. Si dans le premier exemple, l’appréciation se limite au choix du verbe « schnarren », dans le deuxième exemple l’appréciation et la sélection sont contenues dans le discours cité avec « blabla ». (16) „Ich habe die beste Nase von Paris, Maître Baldini“, schnarrte Grenouille dazwischen. [...] (Süskind, Das Parfum : 95-96) (17) „... Und wie hast du dir das vorgestellt? Ich meine... Soll ich rumlaufen: Hey, Marcel, weißt du noch damals, als wir in Hannover blabla...?“ „So etwa, nur daß du mich Retzmann nennst, klingt mehr nach Männerfreundschaft. [...]“ (Arjouni, Ein Freund : 20) A l’opposé, l’énonciateur citant peut reconstruire un discours cité dans lequel il cherche à faire naître l’impression d’objectivité, de fidélité. Cet effort de mimétisme, observable dans l’extrait suivant, ne représente qu’une tentative assez rare, comme le soulignent Zifonun et al. (1997 : 1760) : « Nur in [direkter Redewiedergabe] kann [..] der Versuch unternommen werden, die Originaläußerung in ihrer Gesamtgestalt einschließlich ihrer prosodischen Gestaltung der Dialektfärbung oder Stimmlage des Sprechers usw. zu imitieren. Dies geschieht jedoch in der Regel nicht ». (18) Da legte der Herr mit einer entschlossenen Bewegung Hut und Stock auf den Deckel des Harmoniums, rieb sich dann befriedigt die frei gewordenen Hände, blickte die Konsulin treuherzig aus seinen hellen, verquollenen Äuglein an und sagte: „I bitt’ die gnädige Frau um Verzeihung von wegen dem Kartl; i hob kei anderes zur Hond k’habt. Mei Name ist Permaneder; Alois Permaneder aus München. Vielleicht hat die gnädige Frau schon von der Frau Tochter meinen Namen k’hert-„ Dies alles sagte er laut und mit ziemlich grober Betonung, in seinem knorrigen Dialekt voller plötzlicher Zusammenziehungen, aber mit einem vertraulichen Blinzeln seiner Augenritzen, welches andeutete: „Wir verstehen uns schon ...“ Die Konsulin hatte sich nun völlig erhoben und trat mit seitwärts geneigtem Kopfe und ausgestreckten Händen auf ihn zu ... „Herr Permaneder! Sie sind es? Gewiß hat meine Tochter uns von Ihnen erzählt. [...] Und Sie sind in unsere Stadt verschlagen worden?“ „Geltn’s, da schaun’s!“ sagte Herr Permaneder [...]. „Wie beliebt?“ fragte die Konsulin ... „Geltn’s, da spitzen’s! antwortete Herr Permaneder [...]. „Nett!“ sagte die Konsulin verständnislos [...]. (Mann, Buddenbrooks : 326) En conclusion, le discours direct est un mode qui grâce à la conservation des repères énonciatifs seconds, donne l’illusion d’une reproduction de la parole source, mais il est par - 43 -

Authier-Revuz, le DR est, d’un point <strong>de</strong> vue sémiotique, une opération métalinguistique (cf.<br />

également Sabban 1978 : 28 ; Steube 1985) :<br />

Dans le DD, l’énonciateur rapporte un autre acte d’énonciation e, en faisant usage <strong>de</strong> ses mots à lui<br />

dans la <strong>de</strong>scription qu’il fait <strong>de</strong> la situation d’énonciation <strong>de</strong> e (qui parle, à qui, quand, … ?), c’est-àdire<br />

dans ce qu’on appelle le syntagme introducteur, mais il fait mention <strong>de</strong>s mots du message qu’il<br />

rapporte ; le mo<strong>de</strong> sémiotique du DD est ainsi hétérogène : standard dans le syntagme introducteur, il<br />

est autonyme dans la partie « citée », c’est-à-dire montrée. (1992 : 40)<br />

Authier-Revuz distingue le DI et le DD sur la base <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> standard/autonyme et<br />

usage/mention : « Le DD n’énonce pas un contenu comme le DI, il montre une chaîne<br />

signifiante » (1992 : 40). Puisqu’une <strong>de</strong>s propriétés du signe autonyme en mention est <strong>de</strong> se<br />

soustraire à la synonymie, la partie citée en DD ne peut être reformulée (Authier-Revuz<br />

1992 : 40). Ducrot (1984 : 190 et 197ss) voit là une contradiction dans la <strong>de</strong>scription,<br />

puisqu’on ne peut pas faire coïnci<strong>de</strong>r la thèse <strong>de</strong> la non-littéralité du DD avec celle <strong>de</strong> sa<br />

non-paraphrasabilité, et réfute l’idée d’un fonctionnement autonyme du discours direct.<br />

L’argument <strong>de</strong> Ducrot peut être révisé si l’on considère, avec Charlent (1996), que<br />

l’autonymie du DD touche non pas au signe en mention, mais au signe en usage, et que le<br />

discours rapporté est une métaénonciation 37 .<br />

1.4.1.1 Le discours direct introduit<br />

Le discours direct régi est un discours représenté qui est introduit par un discours citant. S’il<br />

est vrai que dans la partie citée, l’énonciateur rapporteur se donne pour objectif affiché d’être<br />

le simple porte-voix <strong>de</strong> l’énonciateur cité, son intervention ne se limite pas au choix <strong>de</strong> la<br />

séquence introductrice et ne s’arrête pas aux frontières du discours cité (Gallèpe 2003).<br />

L’énonciateur rapporteur intervient aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du DR. Il<br />

intervient à l’extérieur :<br />

- par un métadiscours, portant par exemple sur sa fiabilité ou son appréciation du contenu<br />

rapporté. Le commentaire peut également être relayé à l’intérieur <strong>de</strong> la partie citée, par<br />

la locution [sic !].<br />

37 En outre, la position d’Authier-Revuz <strong>de</strong>man<strong>de</strong> également à être infléchie. Nous montrerons en 1.4.3.2.2 que<br />

le DI connaît <strong>de</strong>s limites à la synonymie et qu’il n’est donc pas entièrement un signe en usage. Il existe <strong>de</strong>s<br />

situations <strong>de</strong> discours opaques, car « Œdipe a dit qu’il allait épouser sa mère » n’est pas synonyme <strong>de</strong> « Œdipe<br />

a dit qu’il allait épouser la reine <strong>de</strong> Thèbes ».<br />

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