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9.1.4 L’einführungslose indirekte Rede partiel Le dernier critère susceptible de moduler l’équivalence entre l’EIR et le DIL est celui de la portée de l’EIR. Lorsque l’EIR n’est présent que dans une proposition subordonnée, le maintien du DR dans le texte cible français au travers d’un DIL est particulièrement problématique. Nous montrerons en quoi l’EIR partiel pose des problèmes spécifiques de traduction, en quoi ces problèmes sont liés à la présupposition, et examinerons différents procédés de traduction. Nous les avons relevés dans un corpus varié de manière non exhaustive. Notre corpus se compose de Der blonde Eckbert et de ses deux traductions, de Der Untertan, également deux fois traduit, de Der Stechlin de Fontane et de Infanta de Kirchhoff. Exposé de la problématique (224) Walther klagte über den weiten Rückweg, den er habe, und Eckbert schlug ihm vor, bei ihm zu bleiben. (Tieck, Der blonde Eckbert : 4) Grâce au trait aléthique du Konjunktiv I, le narrateur laisse la responsabilité des paroles au personnage. La proposition au Konjunktiv I étant la relative de de[r] weit[e] Rückweg, le lecteur comprend que l’appréciation de la distance est faite par Walther seul. Le narrateur ne livre aucune information au sujet de la véracité de cette appréciation. Transposée au niveau intradiégétique, cette suspension de la prise en charge ne permet pas de savoir si les dires du personnage sont honnêtes. La traduction de Jean Boyer contient l’énoncé suivant : Walther se plaignit de la longue route qu’il avait à parcourir pour rentrer chez lui et Eckbert lui proposa […] de dormir […] jusqu’au matin dans un appartement de la maison. (Boyer : 146) Robert Guignard propose quant à lui : […] Walther se plaignait de la longue route qu’il devait faire pour rentrer, et Eckbert lui proposa de rester chez lui […]. (Guignard : 55) On remarque une perte d’information importante dans les traductions, non pas au niveau évidentiel, car le DN avec « se plaindre » indique que Walther prend la parole, mais au niveau aléthique, c’est-à-dire de la prise en charge. La prise en charge du contenu de la proposition relative, en français, n’est pas soumise à un marquage particulier et n’est pas interprétée comme étant mise en doute par l’énonciateur de la phrase complexe. La différence avec l’énoncé suivant permet de s’en rendre compte : - 242 -

Walther dit qu’il avait une longue route à faire pour rentrer chez lui et s’en plaignit, ce sur quoi Eckbert lui proposa de dormir chez lui. Un deuxième exemple révèle également quelles sont les difficultés de traduction d’un EIR partiel : (225) Aber wie war von hier fortzukommen? Zum Glück stellte ein anderer sich ein, ein breiter Mensch namens Mahlmann, der mit ungeheurer Stimme Mecklenburgisch sprach, stud. ing. zu sein schien und bei Göppels Zimmerherr sein sollte. Er erinnerte Fräulein Agnes an einen Spaziergang, den sie verabredet hätten. Diederich ward aufgefordert, mitzukommen. Entsetzt schützte er einen Bekannten vor, der draußen auf ihn warte, und machte sich sofort davon. (Mann, Der Untertan : 14) Mais comment en venir à bout ? Heureusement qu’un tiers se présenta, un garçon large d’épaules, du nom de Mahlmann, qui jargonnait mecklembourgeois avec une voix prodigieuse ; il pouvait passer pour stud. ing., et devait être locataire chez les Goeppel. Il rappela à Mlle Agnès une promenade qu’ils avaient concertée. Didier fut invité à s’y joindre. Terrifié, il allégua un camarade qui l’attendait dehors et décampa. (Budry 1928 : 14-15) 183 Dans la première occurrence de Konjunktiv, l’emploi de ce mode signale que c’est le personnage, et lui seul, qui affirme que lui et Agnès ont convenu de se promener. En lisant le texte allemand, le lecteur pense que ce que dit le personnage est peut-être mensonger 184 . La traduction française par « Il rappela à Mlle Agnès une promenade qu’ils avaient concertée » laisse à penser que le narrateur co-asserte l’énoncé. Le lecteur pense naturellement qu’ils ont convenu d’une promenade et que le narrateur rappelle un fait. La différence de prise en charge entre les traductions et les textes sources touche à la question de la présupposition (Ducrot 1984 : 13-46). Dans les traductions, l’énonciateurnarrateur représente un acte d’énonciation au travers d’un DN (« il se plaignit », « il se plaignait », « il rappela ») qui contient une présupposition : dans le premier texte, la route est longue, dans le deuxième texte, la promenade a fait l’objet d’une concertation entre l’étudiant et Mlle Agnès. Dans le texte source, en revanche, il y a deux représentations de discours, un DN (« er klagte », « er erinnerte ») et un EIR. 183 La seule modification de Saatdjian (Budry / Saatdjian : 34) est « étudiant-ingénieur » à la place de « stud. ing. ». 184 La comparaison avec la deuxième occurrence de Konjunktiv dans « Entsetzt schützte er einen Bekannten vor, der draußen auf ihn warte » montre que la conservation du trait aléthique est particulièrement importante lorsque l’EIR est partiel. Dans ce DI, le trait aléthique de non prise en charge est redondant par rapport au verbe introducteur « vorschützen » - qui de plus ajoute un trait modal de mise en doute. La présence d’un verbe introducteur renseigne sur la responsabilité des dires. - 243 -

9.1.4 L’einführungslose indirekte Re<strong>de</strong> partiel<br />

Le <strong>de</strong>rnier critère susceptible <strong>de</strong> moduler l’équivalence entre l’EIR et le DIL est celui <strong>de</strong> la<br />

portée <strong>de</strong> l’EIR. Lorsque l’EIR n’est présent que dans une proposition subordonnée, le<br />

maintien du DR dans le texte cible français au travers d’un DIL est particulièrement<br />

problématique. Nous montrerons en quoi l’EIR partiel pose <strong>de</strong>s problèmes spécifiques <strong>de</strong><br />

traduction, en quoi ces problèmes sont liés à la présupposition, et examinerons différents<br />

procédés <strong>de</strong> traduction. Nous les avons relevés dans un corpus varié <strong>de</strong> manière non<br />

exhaustive. Notre corpus se compose <strong>de</strong> Der blon<strong>de</strong> Eckbert et <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux traductions, <strong>de</strong><br />

Der Untertan, également <strong>de</strong>ux fois traduit, <strong>de</strong> Der Stechlin <strong>de</strong> Fontane et <strong>de</strong> Infanta <strong>de</strong><br />

Kirchhoff.<br />

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Exposé <strong>de</strong> la problématique<br />

(224) Walther klagte über <strong>de</strong>n weiten Rückweg, <strong>de</strong>n er habe, und Eckbert schlug ihm vor, bei ihm zu<br />

bleiben. (Tieck, Der blon<strong>de</strong> Eckbert : 4)<br />

Grâce au trait aléthique du Konjunktiv I, le narrateur laisse la responsabilité <strong>de</strong>s paroles au<br />

personnage. La proposition au Konjunktiv I étant la relative <strong>de</strong> <strong>de</strong>[r] weit[e] Rückweg, le<br />

lecteur comprend que l’appréciation <strong>de</strong> la distance est faite par Walther seul. Le narrateur ne<br />

livre aucune information au sujet <strong>de</strong> la véracité <strong>de</strong> cette appréciation. Transposée au niveau<br />

intradiégétique, cette suspension <strong>de</strong> la prise en charge ne permet pas <strong>de</strong> savoir si les dires du<br />

personnage sont honnêtes. La traduction <strong>de</strong> Jean Boyer contient l’énoncé suivant :<br />

Walther se plaignit <strong>de</strong> la longue route qu’il avait à parcourir pour rentrer chez lui et Eckbert lui<br />

proposa […] <strong>de</strong> dormir […] jusqu’au matin dans un appartement <strong>de</strong> la maison. (Boyer : 146)<br />

Robert Guignard propose quant à lui :<br />

[…] Walther se plaignait <strong>de</strong> la longue route qu’il <strong>de</strong>vait faire pour rentrer, et Eckbert lui proposa<br />

<strong>de</strong> rester chez lui […]. (Guignard : 55)<br />

On remarque une perte d’information importante dans les traductions, non pas au niveau<br />

évi<strong>de</strong>ntiel, car le DN avec « se plaindre » indique que Walther prend la parole, mais au<br />

niveau aléthique, c’est-à-dire <strong>de</strong> la prise en charge. La prise en charge du contenu <strong>de</strong> la<br />

proposition relative, en français, n’est pas soumise à un marquage particulier et n’est pas<br />

interprétée comme étant mise en doute par l’énonciateur <strong>de</strong> la phrase complexe. La<br />

différence avec l’énoncé suivant permet <strong>de</strong> s’en rendre compte :<br />

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