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celle de ses supérieurs qui lui conseillent de rester à l’armée. Traduit en français par un discours indirect libre, la lecture la plus probable est celle d’un énoncé placé sous la seule responsabilité de l’énonciateur premier, c’est-à-dire le narrateur homodiégétique. (213) „[...] Ich wäre überhaupt dabei geblieben, meine Vorgesetzten rieten es mir, ich sei hervorragend qualifiziert. Na, und da -“ Er starrte schmerzlich vor sich hin. „Das Unglück mit dem Gaul. [...]“ (Mann, Der Untertan : 49) « […]J’y serais bien volontiers resté, mes supérieurs me le conseillaient, j’étais hautement qualifié / j’avais une excellente qualification. Et puis voilà - » Il lança un regard douloureux. « Cet accident de cheval. […] » Le choix des traducteurs ne s’est toutefois pas orienté vers un DI régi, qui aurait été par exemple : « on me disait que j’avais une qualification exceptionnelle », ni vers un DN, par exemple : « on me félicitait de / on louait ma qualification exceptionnelle », mais vers un verbe d’attitude propositionnelle, « trouver ». « [...] J’y serais bien volontiers resté, mes supérieurs me le conseillaient, on me trouvait étonnamment qualifié. Et puis voilà - » Il lançait dans le vide un regard douloureux. « Cet accident de cheval. [...] » (Budry 1928 : 51 ; Budry / Saatdjian : 62) L’énoncé français évite toute confusion dans la responsabilité de l’avis émis sur la qualité de la qualification, mais il le fait en effaçant le discours rapporté du texte, plus exactement en le rendant seulement potentiel. Le verbe trouver désigne les croyances et savoirs du personnage sans nécessairement impliquer que celui-ci ait livré verbalement le contenu de sa pensée. La déduction que fait le personnage de la croyance de ses supérieurs peut avoir été réalisée à partir d’un canal non-verbal de la communication, au travers de gestes et mimiques. 9.1.2 L’équivalence avec le discours indirect elliptique Ce chapitre est consacré aux spécificités de l’équivalence du DIL français sur l’axe diachronique 180 . Le DI elliptique français a perdu au cours du 19 ème siècle l’acceptabilité dont il bénéficiait sur des séquences longues. Parallèlement à cette évolution, le DIL s’est développé dans les usages. Des difficultés particulières de traduction se posent lorsque les textes sources sont rédigés pendant la période de transition. Nous avons comparé des 180 Il complète les analyses de Zuschlag (2002 : 184ss) à propos de l’ER et du DI elliptique allemand dans la traduction de Die Marquise von O…. - 232 -
traductions de textes sources dans lesquels les usages du DR répondent à une convention stable avec des traductions de textes sources dans lesquels les usages sont en évolution. Normes discursives stables Ce premier groupe contient des extraits des Confessions de Rousseau (publié en 1782) et des extraits de littérature de la deuxième moitié du 20 ème siècle, L’Etranger de Camus (publié en 1942) et La petite main de Dormann (publié en 1993). Dans la langue et la culture françaises de l’époque de rédaction des Confessions, le DI elliptique réalisé sur plusieurs phrases est usuel : (214) (Rousseau est séduit par une femme inconnue) Quand elle me vit au point où elle me voulait, elle mit plus de modération dans ses caresses, mais non dans sa vivacité ; et quand il lui plut de nous expliquer la cause vraie ou fausse de toute cette pétulance, elle nous dit que je ressemblais, à s’y tromper, à M. de Brémond, directeur des douanes de Toscane ; qu’elle avait raffolé de M. de Brémond ; qu’elle en raffolait encore ; qu’elle l’avait quitté parce qu’elle était une sotte ; qu’elle me prenait à sa place ; qu’elle voulait m’aimer parce que cela lui convenait ; qu’il fallait, par la même raison, que je l’aimasse tant que cela lui conviendrait ; et que, quand elle me planterait là, je prendrais patience comme avait fait son cher Brémond. Ce qui fut dit fut fait. (Rousseau, Confessions, Tome I. Livre septième : 487) Ce texte a été traduit trois fois à des dates éloignées : 1898, 1916 et 1978/1989. La première traduction de 1898 est de Heusinger. Après un premier DI régi avec subordonnant, le traducteur opte pour un EIR : Als sie mich da sah, wo sie mich haben wollte, legte sie mehr Mäßigung in ihre Karessen, nicht aber in ihre Lebhaftigkeit. Und als er ihr gefiel, die wahre oder die falsche Ursache ihres Mutwillens anzugeben, so sagte sie, daß ich bis zum Verwechseln dem Herrn von Bremond, dem Ausseher der Douanen in Toskana, ähnlich sähe. In diesen Herrn von Bremond sei sie närrisch verliebt gewesen und sei noch närrisch verliebt in ihn; sie habe ihn aufgegeben, weil sie eine Närrin wäre; sie erwähle aber mich an seiner Stelle; sie wolle mich lieb haben, denn das behage ihr so. Aus eben diesem Grunde müsse ich sie auch so lieb haben, als sie es verlange, und wenn sie mich ebenfalls verlasse, so müsse ich Geduld haben, wie ihr geliebter Bremond ebenfalls gehabt hätte. Was sie sagte, das that sie. Sie nahm Besitz von mir, wie von einem Manne, der ihr angehört, gab mir ihre Handschuhe aufzuheben, ihren Fächer, ihren Cinda, ihr Kopfzeug; sie schickte mich dahin und dorthin, sie gab mir dieses und jenes zu thun, und ich gehorchte. (Heusinger : 106) La deuxième traduction, de Schücking, date de 1916. Le premier DI régi est sans subordonnant et les énoncés suivants rédigés à l’EIR. La traduction la plus récente date de 1978. Semerau fait les mêmes choix que son prédécesseur : Als sie mich dort sah, wo sie mich haben wollte, mäßigte sie ihre Liebkosungen mehr, wenn auch nicht ihre Lebhaftigkeit; und als es ihr beliebte, uns den wahren oder falschen Grund dieser ganzen Unbändigkeit zu erklären, sagte sie uns, ich sähe täuschend Herrn von Brémond ähnlich, dem - 233 -
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stable avec <strong>de</strong>s traductions <strong>de</strong> textes sources dans lesquels les usages sont en évolution.<br />
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Ce premier groupe contient <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong>s Confessions <strong>de</strong> Rousseau (publié en 1782) et <strong>de</strong>s<br />
extraits <strong>de</strong> littérature <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième moitié du 20 ème siècle, L’Etranger <strong>de</strong> Camus (publié en<br />
1942) et La petite main <strong>de</strong> Dormann (publié en 1993).<br />
Dans la langue et la culture françaises <strong>de</strong> l’époque <strong>de</strong> rédaction <strong>de</strong>s Confessions, le DI<br />
elliptique réalisé sur plusieurs phrases est usuel :<br />
(214) (Rousseau est séduit par une femme inconnue)<br />
Quand elle me vit au point où elle me voulait, elle mit plus <strong>de</strong> modération dans ses caresses, mais non<br />
dans sa vivacité ; et quand il lui plut <strong>de</strong> nous expliquer la cause vraie ou fausse <strong>de</strong> toute cette<br />
pétulance, elle nous dit que je ressemblais, à s’y tromper, à M. <strong>de</strong> Brémond, directeur <strong>de</strong>s douanes <strong>de</strong><br />
Toscane ; qu’elle avait raffolé <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Brémond ; qu’elle en raffolait encore ; qu’elle l’avait quitté<br />
parce qu’elle était une sotte ; qu’elle me prenait à sa place ; qu’elle voulait m’aimer parce que cela lui<br />
convenait ; qu’il fallait, par la même raison, que je l’aimasse tant que cela lui conviendrait ; et que,<br />
quand elle me planterait là, je prendrais patience comme avait fait son cher Brémond. Ce qui fut dit fut<br />
fait. (Rousseau, Confessions, Tome I. Livre septième : 487)<br />
Ce texte a été traduit trois fois à <strong>de</strong>s dates éloignées : 1898, 1916 et 1978/1989. La première<br />
traduction <strong>de</strong> 1898 est <strong>de</strong> Heusinger. Après un premier DI régi avec subordonnant, le<br />
traducteur opte pour un EIR :<br />
Als sie mich da sah, wo sie mich haben wollte, legte sie mehr Mäßigung in ihre Karessen, nicht aber in<br />
ihre Lebhaftigkeit. Und als er ihr gefiel, die wahre o<strong>de</strong>r die falsche Ursache ihres Mutwillens<br />
anzugeben, so sagte sie, daß ich bis zum Verwechseln <strong>de</strong>m Herrn von Bremond, <strong>de</strong>m Ausseher <strong>de</strong>r<br />
Douanen in Toskana, ähnlich sähe. In diesen Herrn von Bremond sei sie närrisch verliebt gewesen und<br />
sei noch närrisch verliebt in ihn; sie habe ihn aufgegeben, weil sie eine Närrin wäre; sie erwähle aber<br />
mich an seiner Stelle; sie wolle mich lieb haben, <strong>de</strong>nn das behage ihr so. Aus eben diesem Grun<strong>de</strong><br />
müsse ich sie auch so lieb haben, als sie es verlange, und wenn sie mich ebenfalls verlasse, so müsse<br />
ich Geduld haben, wie ihr geliebter Bremond ebenfalls gehabt hätte. Was sie sagte, das that sie. Sie<br />
nahm Besitz von mir, wie von einem Manne, <strong>de</strong>r ihr angehört, gab mir ihre Handschuhe aufzuheben,<br />
ihren Fächer, ihren Cinda, ihr Kopfzeug; sie schickte mich dahin und dorthin, sie gab mir dieses und<br />
jenes zu thun, und ich gehorchte. (Heusinger : 106)<br />
La <strong>de</strong>uxième traduction, <strong>de</strong> Schücking, date <strong>de</strong> 1916. Le premier DI régi est sans<br />
subordonnant et les énoncés suivants rédigés à l’EIR. La traduction la plus récente date <strong>de</strong><br />
1978. Semerau fait les mêmes choix que son prédécesseur :<br />
Als sie mich dort sah, wo sie mich haben wollte, mäßigte sie ihre Liebkosungen mehr, wenn auch<br />
nicht ihre Lebhaftigkeit; und als es ihr beliebte, uns <strong>de</strong>n wahren o<strong>de</strong>r falschen Grund dieser ganzen<br />
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