Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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Je m’en déclarai satisfait et lui demandai quand je la reverrais. Où donc habitait-elle ? Elle ne me le dit pas. A condition de chercher un peu, je la trouverais à coup sûr. (Pary : 796) L’échange entre les deux personnages contient trois interventions, « wo ich sie wiedersehen könne », « wo sie denn wohne » et « ich solle nur ein wenig suchen, dann fände ich sie schon ». « Das sagte sie mir nicht » est une description apportée par le narrateur. Dans le texte original, l’énoncé « Das sagte sie mir nicht » est un îlot de discours auctorial dans le discours rapporté à l’EIR. La traduction doit maintenir le partage entre le DR et le discours simple du narrateur, et donc ne pas traduire « Das sagte sie mir nicht » de façon à ce qu’on puisse comprendre qu’Hermine prononce « Das sage ich dir nicht ». La démarcation qui est réalisée en allemand par le Konjunktiv I l’est en français par le passé simple. 9.1.1.2 L’einführungslose indirekte Rede dans le texte source Dans le sens de traduction allemand-français, Bally (1912) est le premier à formuler l’équivalence entre l’EIR et le DIL. Son propos n’est pas véritablement traductologique - même si Bally critique un guide de traduction français-allemand qui ne propose comme traduction de l’EIR que le DD ou le DI régi. Il utilise plutôt la traduction, au demeurant une auto-traduction, pour illustrer la présence d’un discours indirect non introduit en français, à l’instar de l’allemand 179 . Lorck (1921 : 31) et Günther (1928 : 119) formulent la même équivalence que Bally entre l’EIR dans le texte source et le DIL dans le texte cible. Günther concède qu’il manque au DIL la nuance « volkstümlich » que l’EIR prend parfois dans des zones où il a survécu dans les dialectes. L’ouvrage de Günther a des visées et une méthodologie pour l’époque novatrices, puisque la traductologie n’est pas entièrement prospective et normative et que les propositions traductologiques découlent de l’analyse de traductions authentiques et publiées (exemples pages 74 et 117). La rupture méthodologique consistant à exploiter de manière systématique les résultats nés de l’observation de traduction n’est toutefois réelle qu’avec l’ouvrage de Steinberg (1971). Kullmann (1992a, 1995a, 1995b) et Gehnen et Kleineidam (1988) basent également leurs travaux sur l’observation de traductions existantes, et de plus sur des pluritraductions. Les travaux de ces trois derniers auteurs réaffirment que le DIL français dans un texte cible est le genre le plus 179 Si Bally affirme ensuite, en 1914, que l’erlebte Rede peut être employé pour traduire un style indirect libre, c’est pour montrer que les deux langues possèdent des figures de pensées : « un procédé de pensée est, par définition, non linguistique : ou, ce qui revient au même, il est interlinguistique » ; la comparaison avec les langues n’est pas « une question linguistique », mais « tout au plus un point de stylistique comparée » (1914 : 468). - 230 -
équivalent de l’EIR, mais rendent attentifs aux cas d’ambivalence voire d’ambiguïté que génère le DIL et qui rendent préférable une équivalence avec un DI régi ou un DIL avec incise ou postposition d’un verbe introducteur. Toutefois, le choix d’un DI avec verbe introducteur gêne l’équivalence, car il oblige à décrire l’acte réalisé ; de plus, la longueur de l’intervention conduit à multiplier les verbes introducteurs et les conjonctions de subordination. Nous retiendrons qu’en général, le DIL est l’équivalent le plus adéquat de l’EIR source, car il permet d’intégrer la subjectivité de l’énonciateur second sans devoir caractériser l’acte discursif second (Steinberg 1971 ; Gehnen et Kleineidam 1988 ; Kullmann 1992a, 1995a et 1995b ; Zuschlag 2002). Dans de longues interventions, en particulier, le choix d’un DIL dans le texte cible permet au traducteur de ne pas devoir choisir un verbe introducteur de discours et d’éviter le risque d’une lourdeur stylistique qui serait générée par l’accumulation de verbes introducteurs. La description suivante du DIL par Maingueneau et sa comparaison avec le DI régi permet de mesurer en quoi le DIL est un équivalent adéquat de l’EIR : Par rapport au DI, le DIL présente […] l’avantage de pouvoir porter sur des unités dépassant largement le cadre de la phrase. Alors que le DI suppose un verbe introducteur pour chaque phrase distincte et la répétition de que devant tous les verbes conjugués, le DIL offre la possibilité de construire des unités transphrastiques qui ne soient pas soumises à une lourde armature de dépendances syntaxiques, incompatible avec la spontanéité et la fluidité des sentiments ou des paroles que le texte rapporte. (1999 : 139) Dans le sens de traduction allemand-français, le DI régi est, dans des interventions dépassant trois propositions, tout à fait inadéquat. L’adéquation du DIL est alors fortement déterminé par la non-adéquation du DI régi. L’adéquation du DIL est remise en cause si celui-ci ne garantit pas dans le texte cible la reconnaissance d’un DR. La traduction par un DI régi est alors une stratégie destinée à compenser la perte informative d’un DIL (Gehnen et Kleineidam 1988). Les modifications dans la représentation de l’acte de discours qu’entraîne le choix du DI régi sont doubles : le discours indirect régi caractérise l’acte réalisé au travers d’un verbe introducteur et il ne peut comporter autant de subjectivèmes de l’énonciateur rapporté que l’EIR. Nous montrerons que le DI régi n’est pas la seule stratégie de compensation possible. Dans l’extrait suivant, la proposition « ich sei hervorragend qualifiziert » est incontestablement un énoncé dans lequel l’énonciateur convoque la parole d’un autre énonciateur que lui-même, - 231 -
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