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Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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où l’EIR est le seul équivalent possible du DIL 178 . La condition <strong>de</strong> cette équivalence<br />

exclusive entre le DIL et l’EIR est très précise : elle est liée au sémantisme du verbe <strong>de</strong> la<br />

proposition d). En effet, celui-ci permet une double lecture : « supplier » est à la fois un<br />

verbe <strong>de</strong> discours narrativisé (Dubocage supplie) et un verbe performatif (Dubocage dit : je<br />

supplie). Dans la scène représentée, il est très probable que la lecture du texte cible à<br />

l’erlebte Re<strong>de</strong> s’oriente vers une interprétation <strong>de</strong> « supplier » comme celle d’un verbe<br />

performatif, d’autant que l’environnement est interprété comme un erlebte Re<strong>de</strong>. Le lecteur<br />

allemand conçoit sans peine que Dubocage emploie à <strong>de</strong>s fins rhétoriques un verbe<br />

explicitant son acte illocutoire :<br />

Léon, ich beschwöre Sie, dieses Verhältnis zu lösen<br />

Léon, ich bitte Sie inständig, dieses Verhältnis aufzugeben<br />

Par conséquent, la lecture d’un ER est dans le texte cible très probable. L’ambivalence <strong>de</strong><br />

l’interprétation du verbe « supplier » se distribue différemment entre le texte source et le<br />

texte cible : dans le texte source, « supplier », conjugué au passé simple, se lit comme un<br />

verbe <strong>de</strong> discours narrativisé ; dans le texte cible, au Präteritum, dans un environnement<br />

d’erlebte Re<strong>de</strong> et dans la situation <strong>de</strong> discours représentant un personnage quelque peu<br />

grandiloquent, le verbe est lu comme un verbe performatif <strong>de</strong> la situation d’énonciation<br />

secon<strong>de</strong>.<br />

En conclusion <strong>de</strong> cette analyse <strong>de</strong> cas, il faut d’abord remarquer que les conditions<br />

d’équivalence que nous avons dégagées ne portent que sur un discours proféré. Si le discours<br />

est pensé, il ne peut pas être traduit par un EIR. Il nous faudrait trouver <strong>de</strong>s occurrences dans<br />

une situation <strong>de</strong> discours non proféré pour poursuivre l’analyse. Ce cas a également rappelé<br />

la fonction démarcative, dans les textes narratifs au passé, du passé simple français. Il<br />

fonctionne comme une borne du discours indirect libre et il permet <strong>de</strong> placer le discours<br />

narrativisé du narrateur en amont, en aval ou au cœur du DIL, sans que celui-ci puisse être<br />

confondu avec le discours rapporté et le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’énonciateur second. Un extrait<br />

d’un texte allemand et <strong>de</strong> sa traduction française corrobore cette conclusion :<br />

(212) (Hermine propose à Harry une chambre)<br />

Ich war damit zufrie<strong>de</strong>n und fragte, wo ich sie wie<strong>de</strong>rsehen könne. Wo sie <strong>de</strong>nn wohne? Das sagte<br />

sie mir nicht. Ich solle nur ein wenig suchen, dann fän<strong>de</strong> ich sie schon. (Hesse, Der Steppenwolf :<br />

130)<br />

178 Cela oblige donc les traducteurs à faire un choix dans la traduction <strong>de</strong> « voulant », comme nous venons <strong>de</strong> le<br />

montrer avec l’exemple 210).<br />

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