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Verhältnis aufzugeben, e) und wenn er dies Opfer nicht in seinem eignen Interesse bringen wolle, dann solle er es doch wenigstens ihm, Dubocage, zuliebe tun! (Widmer : 372) Le dialogue entre Léon et Maître Dubocage est représenté au travers de deux discours narrativisés (a et d) et de trois DIL (b, c et e). Les discours narrativisés sont au passé simple, donc excluent toute lecture comme DIL, et forment le cadre narratif. Ils relèvent (au sens de Adam 2001a) d’une progression textuelle narrative en tant que maillons de la chaîne des événements. L’entretien entre Léon et Maître Dubocage est représenté avec une alternance de DN et de DIL, dont les caractéristiques propres à chacun permettent de moduler la représentation de la scène narrative : la concision du DN permet de se focaliser sur les actes de langage effectués et soutient la progression de l’action ; le DIL, en revanche, permet de théâtraliser la scène et d’individualiser les discours en introduisant l’idiolecte des personnages (« avertir du gouffre » ; « une telle intrigue » ; « qu’il le fît au moins pour lui, Dubocage ! »). Dans les deux traductions, les énoncés au DIL (b, c et e) sont traduits par de l’EIR. En comparant l’EIR avec l’erlebte Rede, un autre équivalent potentiel du DIL, il apparaît que l’erlebte Rede ne permettrait pas de conserver l’îlot auctorial en d), comme le montrent les reformulations suivantes : [...] jemand [hatte] einen anonymen Brief an seine Mutter geschrieben und ihr mitgeteilt, daß sich ihr Sohn mit einer verheirateten Frau zugrunde richte; die gute Frau [...] wandte sich brieflich an Léons Chef Dubocage, der sich tadellos benahm. a) Er hielt ihn drei Viertelstunden zurück b) und bemühte sich, ihm die Augen zu öffnen und ihn vor dem Abgrund zu warnen, dem er zustrebte. c) Eine solche Affäre würde ihm später schaden, wenn er sich selbständig machen wollte. d) Er beschwor ihn, dieses Verhältnis zu lösen, e) und wenn er’s nicht in seinem eigenen Interesse tat, sollte er es doch wenigstens ihm, Dubocage, zuliebe tun! (d’après Schickelé et Riesen) [...] jemand [hatte] seiner Mutter einen langen anonymen Brief geschrieben und sie gewarnt, er stürbe sich mit einer verheirateten Frau ins Unglück. Die gute alte Dame [...] schrieb [...] an Herrn Dubocage, seinen Brotherrn. Der erledigte die Angelegenheit tadellos. a) Er nahm ihn drei Viertelstunden lang ins Gebet; b) er wollte ihm den Star stechen, ihn vor dem Abgrund warnen, dem er zueilte. c) Eine solche Liebschaft konnte später seinem Fortkommen Abbruch tun. d) Er bat ihn inständig, dieses Verhältnis aufzugeben, e) und wenn er dies Opfer nicht in seinem eignen Interesse bringen wollte, dann sollte er es doch wenigstens ihm, Dubocage, zuliebe tun! (d’après Widmer) Les traducteurs, ne pouvant user comme en français des temps pour marquer la différence de plan énonciatif – simple en a) et surtout en d), hybride en b), c) et d), emploient les modes allemands et traduisent le discours indirect libre par de l’EIR afin que ces propositions se distinguent du discours du narrateur, au Präteritum. Nous sommes ici dans un cas particulier - 228 -

où l’EIR est le seul équivalent possible du DIL 178 . La condition de cette équivalence exclusive entre le DIL et l’EIR est très précise : elle est liée au sémantisme du verbe de la proposition d). En effet, celui-ci permet une double lecture : « supplier » est à la fois un verbe de discours narrativisé (Dubocage supplie) et un verbe performatif (Dubocage dit : je supplie). Dans la scène représentée, il est très probable que la lecture du texte cible à l’erlebte Rede s’oriente vers une interprétation de « supplier » comme celle d’un verbe performatif, d’autant que l’environnement est interprété comme un erlebte Rede. Le lecteur allemand conçoit sans peine que Dubocage emploie à des fins rhétoriques un verbe explicitant son acte illocutoire : Léon, ich beschwöre Sie, dieses Verhältnis zu lösen Léon, ich bitte Sie inständig, dieses Verhältnis aufzugeben Par conséquent, la lecture d’un ER est dans le texte cible très probable. L’ambivalence de l’interprétation du verbe « supplier » se distribue différemment entre le texte source et le texte cible : dans le texte source, « supplier », conjugué au passé simple, se lit comme un verbe de discours narrativisé ; dans le texte cible, au Präteritum, dans un environnement d’erlebte Rede et dans la situation de discours représentant un personnage quelque peu grandiloquent, le verbe est lu comme un verbe performatif de la situation d’énonciation seconde. En conclusion de cette analyse de cas, il faut d’abord remarquer que les conditions d’équivalence que nous avons dégagées ne portent que sur un discours proféré. Si le discours est pensé, il ne peut pas être traduit par un EIR. Il nous faudrait trouver des occurrences dans une situation de discours non proféré pour poursuivre l’analyse. Ce cas a également rappelé la fonction démarcative, dans les textes narratifs au passé, du passé simple français. Il fonctionne comme une borne du discours indirect libre et il permet de placer le discours narrativisé du narrateur en amont, en aval ou au cœur du DIL, sans que celui-ci puisse être confondu avec le discours rapporté et le point de vue de l’énonciateur second. Un extrait d’un texte allemand et de sa traduction française corrobore cette conclusion : (212) (Hermine propose à Harry une chambre) Ich war damit zufrieden und fragte, wo ich sie wiedersehen könne. Wo sie denn wohne? Das sagte sie mir nicht. Ich solle nur ein wenig suchen, dann fände ich sie schon. (Hesse, Der Steppenwolf : 130) 178 Cela oblige donc les traducteurs à faire un choix dans la traduction de « voulant », comme nous venons de le montrer avec l’exemple 210). - 229 -

Verhältnis aufzugeben, e) und wenn er dies Opfer nicht in seinem eignen Interesse bringen<br />

wolle, dann solle er es doch wenigstens ihm, Dubocage, zuliebe tun! (Widmer : 372)<br />

Le dialogue entre Léon et Maître Dubocage est représenté au travers <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux discours<br />

narrativisés (a et d) et <strong>de</strong> trois DIL (b, c et e). Les discours narrativisés sont au passé simple,<br />

donc excluent toute lecture comme DIL, et forment le cadre narratif. Ils relèvent (au sens <strong>de</strong><br />

Adam 2001a) d’une progression textuelle narrative en tant que maillons <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong>s<br />

événements. L’entretien entre Léon et Maître Dubocage est représenté avec une alternance<br />

<strong>de</strong> DN et <strong>de</strong> DIL, dont les caractéristiques propres à chacun permettent <strong>de</strong> moduler la<br />

représentation <strong>de</strong> la scène narrative : la concision du DN permet <strong>de</strong> se focaliser sur les actes<br />

<strong>de</strong> langage effectués et soutient la progression <strong>de</strong> l’action ; le DIL, en revanche, permet <strong>de</strong><br />

théâtraliser la scène et d’individualiser les discours en introduisant l’idiolecte <strong>de</strong>s<br />

personnages (« avertir du gouffre » ; « une telle intrigue » ; « qu’il le fît au moins pour lui,<br />

Dubocage ! »).<br />

Dans les <strong>de</strong>ux traductions, les énoncés au DIL (b, c et e) sont traduits par <strong>de</strong> l’EIR. En<br />

comparant l’EIR avec l’erlebte Re<strong>de</strong>, un autre équivalent potentiel du DIL, il apparaît que<br />

l’erlebte Re<strong>de</strong> ne permettrait pas <strong>de</strong> conserver l’îlot auctorial en d), comme le montrent les<br />

reformulations suivantes :<br />

[...] jemand [hatte] einen anonymen Brief an seine Mutter geschrieben und ihr mitgeteilt, daß sich ihr<br />

Sohn mit einer verheirateten Frau zugrun<strong>de</strong> richte; die gute Frau [...] wandte sich brieflich an Léons<br />

Chef Dubocage, <strong>de</strong>r sich ta<strong>de</strong>llos benahm. a) Er hielt ihn drei Viertelstun<strong>de</strong>n zurück b) und bemühte<br />

sich, ihm die Augen zu öffnen und ihn vor <strong>de</strong>m Abgrund zu warnen, <strong>de</strong>m er zustrebte. c) Eine<br />

solche Affäre wür<strong>de</strong> ihm später scha<strong>de</strong>n, wenn er sich selbständig machen wollte. d) Er<br />

beschwor ihn, dieses Verhältnis zu lösen, e) und wenn er’s nicht in seinem eigenen Interesse tat,<br />

sollte er es doch wenigstens ihm, Dubocage, zuliebe tun! (d’après Schickelé et Riesen)<br />

[...] jemand [hatte] seiner Mutter einen langen anonymen Brief geschrieben und sie gewarnt, er stürbe<br />

sich mit einer verheirateten Frau ins Unglück. Die gute alte Dame [...] schrieb [...] an Herrn Dubocage,<br />

seinen Brotherrn. Der erledigte die Angelegenheit ta<strong>de</strong>llos. a) Er nahm ihn drei Viertelstun<strong>de</strong>n lang ins<br />

Gebet; b) er wollte ihm <strong>de</strong>n Star stechen, ihn vor <strong>de</strong>m Abgrund warnen, <strong>de</strong>m er zueilte. c) Eine<br />

solche Liebschaft konnte später seinem Fortkommen Abbruch tun. d) Er bat ihn inständig,<br />

dieses Verhältnis aufzugeben, e) und wenn er dies Opfer nicht in seinem eignen Interesse<br />

bringen wollte, dann sollte er es doch wenigstens ihm, Dubocage, zuliebe tun! (d’après Widmer)<br />

Les traducteurs, ne pouvant user comme en français <strong>de</strong>s temps pour marquer la différence <strong>de</strong><br />

plan énonciatif – simple en a) et surtout en d), hybri<strong>de</strong> en b), c) et d), emploient les mo<strong>de</strong>s<br />

allemands et traduisent le discours indirect libre par <strong>de</strong> l’EIR afin que ces propositions se<br />

distinguent du discours du narrateur, au Präteritum. Nous sommes ici dans un cas particulier<br />

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