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Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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« Et voilà, messieurs, a dit l’avocat général. J’ai retracé <strong>de</strong>vant vous le fil d’événements qui a conduit<br />

cet homme à tuer en pleine connaissance <strong>de</strong> cause. […] » (Camus, L’Etranger : 1194)<br />

L’énoncé « ce qu’il disait était plausible » fonctionne comme un signal d’ouverture.<br />

L’énoncé « et voilà, messieurs, a dit l’avocat général… » est un énoncé <strong>de</strong> clôture <strong>de</strong><br />

discours et invite à lire les énoncés précé<strong>de</strong>nts comme un DIL. Enfin, le test <strong>de</strong> l’ajout d’une<br />

incise d’un verbe introducteur ne permet pas <strong>de</strong> douter <strong>de</strong> l’existence d’un DIL : « J’avais<br />

écrit, disait-il, la lettre d’accord avec Raymond », « J’avais abattu l’arabe, disait-il, comme je<br />

le projetais ».<br />

La présence d’un discours indirect libre crée un certain malaise : l’énonciateur-rapporteur,<br />

das erleben<strong>de</strong> Ich, semble ne pas vouloir se distancier <strong>de</strong>s propos <strong>de</strong> la cour à son égard (à<br />

l’égard du erlebtes Ich), pourtant peu favorables. Cette impression est renforcée par les<br />

commentaires que livre le narrateur : « J’ai trouvé que sa façon <strong>de</strong> voir les événements ne<br />

manquait pas <strong>de</strong> clarté. Ce qu’il disait était plausible. ». Le discours indirect libre a un<br />

potentiel <strong>de</strong> coénonciation, et le texte <strong>de</strong> L’Etranger actualise ce potentiel pour créer un<br />

discours indirect libre dont le contenu propositionnel est pleinement assumé par<br />

l’énonciateur rapporteur. La prise en charge <strong>de</strong>s propos, dans ce texte, est à parts égales<br />

partagée par l’énonciateur-rapporteur, Meursault, et l’énonciateur-rapporté, la cour. Cette<br />

coénonciation est très significative dans cette œuvre : Meursault est un homme qui, frappé<br />

par l’absurdité du mon<strong>de</strong>, n’a pas <strong>de</strong> valeurs morale ou intellectuelle à faire valoir ou à<br />

privilégier et qui, par conséquent, ne cherche pas à contredire les propos <strong>de</strong> la cour.<br />

Les premiers traducteurs <strong>de</strong> L’Etranger choisissent, avec l’Indikativ, <strong>de</strong> traduire la tira<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’avocat par <strong>de</strong> l’erlebte Re<strong>de</strong>.<br />

Dann kam er auf die Geschichte mit Raymond zu sprechen. Ich muß zugeben, daß er die Ereignisse<br />

ganz klar sah 175 . Ich hatte mit Raymond <strong>de</strong>n Brief geschrieben, um <strong>de</strong>ssen Geliebte ins Haus zu<br />

locken und sie <strong>de</strong>r Mißhandlung durch einen Menschen „zweifelhafter Moral“ auszuliefern. Ich<br />

hatte am Strand Raymonds Fein<strong>de</strong> provoziert. Raymond war verwun<strong>de</strong>t wor<strong>de</strong>n. Ich hatte mir<br />

seinen Revolver geben lassen. Ich war allein zurückgegangen, um mich <strong>de</strong>s Revolvers zu<br />

bedienen. Ich hatte <strong>de</strong>n Araber nie<strong>de</strong>rgeschossen, wie ich es mir vorgenommen hatte. Ich hatte<br />

gewartet. Und um sicher zu sein, „ganze Arbeit geleistet zu haben“, hatte ich noch vier Kugeln<br />

hinterhergejagt, kaltblütig und mit Überlegung. „Sehen Sie, meine Herren“, sagte <strong>de</strong>r Staatsanwalt,<br />

„ich habe <strong>de</strong>r Reihe nach die Ereignisse aufgezählt, die diesen Menschen zu einem vorsätzlichen Mord<br />

veranlaßten. [...]“ (Goyert und Brenner : 99)<br />

175 L’énoncé d’ouverture « Ce qu’il disait était plausible » n’est pas traduit.<br />

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