Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine
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Die in erlebter Re<strong>de</strong>/erlebtem Denken präsentierten Passagen bieten als solche keine Möglichkeit, eine<br />
Distanzierung von Sprecherseite einzubringen, da ja für erlebtes Denken gera<strong>de</strong> charakteristisch ist,<br />
dass es scheinbar unmittelbar an <strong>de</strong>n Bewusstseins- und Wertungsprozessen <strong>de</strong>s Reflektieren<strong>de</strong>n<br />
teilnehmen läßt.<br />
Dabei kann <strong>de</strong>r bei diesem Verfahren vorauszusetzen<strong>de</strong> hohe Grad an Einfühlungsvermögen <strong>de</strong>s<br />
Sprechers in die Gedankengänge <strong>de</strong>s Reflektieren<strong>de</strong>n o<strong>de</strong>r die Vertrautheit mit ihnen die Adressaten<br />
z.B. einer öffentlichen Re<strong>de</strong> leicht dazu veranlassen, <strong>de</strong>m Sprecher Sympathie mit <strong>de</strong>n von ihm<br />
präsentierten frem<strong>de</strong>n Gedankeninhalten zu unterstellen. Das Stilmittel ‚erlebte Re<strong>de</strong>/erlebtes Denken’<br />
muß daher, wenn Mißverständnisse o<strong>de</strong>r Fehlinterpretationen ausgeschlossen wer<strong>de</strong>n sollen,<br />
beson<strong>de</strong>rs sorgfältig gehandhabt wer<strong>de</strong>n (Zifonun et al. 1997 : 1777) 174<br />
Afin d’étudier la traduction d’une coénonciation, nous avons retenu un passage <strong>de</strong><br />
L’Etranger au cours duquel Meursault relate son procès. La question <strong>de</strong> la prise en charge<br />
<strong>de</strong>s propos relatés prend en effet ici une acuité toute particulière.<br />
Dans ce roman homodiégétique, le narrateur relate les propos <strong>de</strong> la cour à son égard dans un<br />
discours indirect libre qui apparaît, par conséquent, à la première personne. La « plaidoirie<br />
du procureur » est d’abord évoquée dans <strong>de</strong>s discours narrativisés (« Le fond <strong>de</strong> sa pensée, si<br />
j'ai bien compris, c'est que j'avais prémédité mon crime. » ; « Il a résumé les faits […] et<br />
enfin la rentrée avec Marie. »). Le narrateur fait référence au discours du procureur en<br />
manifestant <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> compréhension qui proviennent <strong>de</strong> la transposition en mo<strong>de</strong><br />
indirect, « Marie » <strong>de</strong>venant « sa maîtresse » (« si j’ai bien compris » ; « j’ai mis du temps à<br />
le comprendre »).<br />
(201) Par exemple, la plaidoirie du procureur m’a très vite lassé. Ce sont seulement <strong>de</strong>s fragments, <strong>de</strong>s<br />
gestes ou <strong>de</strong>s tira<strong>de</strong>s entières, mais détachées <strong>de</strong> l’ensemble, qui m’ont frappé ou ont éveillé mon<br />
intérêt. Le fond <strong>de</strong> sa pensée, si j’ai bien compris, c’est que j’avais prémédité mon crime. Du moins, il<br />
a essayé <strong>de</strong> le démontrer. Comme il le disait lui-même : « J’en ferai la preuve, messieurs, et je la ferai<br />
doublement. Sous l’aveuglante clarté <strong>de</strong>s faits d’abord et ensuite dans l’éclairage sombre que me<br />
fournira la psychologie <strong>de</strong> cette âme criminelle. » Il a résumé les faits à partir <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> maman. Il<br />
a rappelé mon insensibilité, l’ignorance où j’étais <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong> maman, mon bain du len<strong>de</strong>main, avec<br />
une femme, le cinéma, Fernan<strong>de</strong>l et enfin la rentrée avec Marie. J’ai mis du temps à le comprendre,<br />
à ce moment, parce qu’il disait « sa maîtresse » et pour moi, elle était Marie. (Camus,<br />
L’Etranger : 1193-1194)<br />
A la suite <strong>de</strong> ce passage intervient le discours indirect libre :<br />
(202) Ensuite, il en est venu à l’histoire <strong>de</strong> Raymond. J’ai trouvé que sa façon <strong>de</strong> voir les événements ne<br />
manquait pas <strong>de</strong> clarté. Ce qu’il disait était plausible. J’avais écrit la lettre d’accord avec Raymond<br />
pour attirer sa maîtresse et la livrer aux mauvais traitements d’un homme « <strong>de</strong> moralité<br />
douteuse ». J’avais provoqué sur la plage les adversaires <strong>de</strong> Raymond. Celui-ci avait été blessé.<br />
Je lui avais <strong>de</strong>mandé son revolver. J’étais revenu seul pour m’en servir. J’avais abattu l’arabe<br />
comme je le projetais. J’avais attendu. Et « pour être sûr que la besogne était bien faite » ,<br />
j’avais tiré encore quatre balles, posément, à coup sûr, d’une façon réfléchie en quelque sorte.<br />
174 Cette <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s effets discursifs <strong>de</strong> l’erlebte Re<strong>de</strong> ne manque pas <strong>de</strong> faire écho au discours malheureux<br />
<strong>de</strong> Jenninger (cf. 5.2.3). Dans ce cas, la coénonciation avait été involontaire, et l’orateur n’avais pas su prévenir<br />
l’effet produit par son discours.<br />
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