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sie nicht einmal einen Vorwand zu ersinnen vermochte, um vom Tisch wegzugehen. Sie war auf einmal feige geworden; sie hatte Angst vor Charles; er wußte alles, das war sicher! Und wahrhaftig, da sagte er ganz eigentümlich: „Es scheint, wir werden Monsieur Rodolphe so bald nicht wiedersehen.“ (Schickelé et Riesen : 241- 242) Sie versuchte zu essen. Die Bissen blieben ihr im Halse stecken. Da faltete sie ihre Serviette auseinander, als wollte sie sich die schadhaften Stellen genauer ansehen; sie hatte auch wirklich vor, sie da, wo sie dünn geworden waren, auszubessern und die Fäden der Leinwand zu zählen. Plötzlich kam ihr der Brief wieder in den Sinn. Hatte sie ihn denn verloren? Wo konnte sie ihn wiederfinden? Aber sie fühlte sich so zerschlagen, ihr Kopf war so müde, daß sie sich einfach keinen Vorwand auszudenken vermochte, um vom Tisch aufzustehen. Außerdem war sie feige geworden; sie hatte Angst vor Charles. Er wußte alles, das war sicher! Tatsächlich sagte er in einem ganz eigenartigen Ton: „Herrn Rodolphe werden wir, scheint’s, nicht so bald wieder zu Gesicht bekommen.“ (Widmer : 266-267) De la même façon que dans le premier exemple, l’énoncé au DIL est suivi d’un énoncé du narrateur, introduit par « en effet », qui confirme les dires du personnage. L’analyse de l’équivalence est ici différente, car l’EIR est par définition exclu de la traduction d’un DIL pensé. De plus, le DIL et l’ER sont repérés dès la lecture de l’énoncé, car le contenu propositionnel ainsi que l’exclamation, une marque forte de subjectivité, sont attribués au personnage d’Emma. Ces indices de subjectivité assurent l’adéquation de la traduction par un ER. 8.1.2 L’équivalence de la coénonciation L’effet discursif de coénonciation est un paramètre qui amène à reconsidérer l’équivalence entre le DIL, l’EIR et l’ER. La coénonciation désigne le partage de la prise en charge du contenu propositionnel entre les deux énonciateurs du DIL. La coénonciation n’est pas inhérente au DIL, elle en est seulement un effet qui se déclenche selon les situations de discours et les contextes. L’erlebte Rede et le discours indirect libre sont des discours bivocaux, composés par deux locuteurs et deux énonciateurs, au sens de Ducrot ou, en reprenant les termes de Kerbrat- Orecchioni, de deux centres de subjectivité déictique, affective et évaluative. La bivocalité pose la question de la prise en charge. En général, étant donné que l’énonciateur premier représente le discours d’un énonciateur second, ce dernier est perçu comme l’énonciateur responsable des dires. Toutefois, dans des cas particuliers, le DIL peut être lu comme un discours assumé également par l’énonciateur premier. Cet effet de coénonciation fait l’objet de l’analyse suivante dans Zifonun et al. : - 210 -

Die in erlebter Rede/erlebtem Denken präsentierten Passagen bieten als solche keine Möglichkeit, eine Distanzierung von Sprecherseite einzubringen, da ja für erlebtes Denken gerade charakteristisch ist, dass es scheinbar unmittelbar an den Bewusstseins- und Wertungsprozessen des Reflektierenden teilnehmen läßt. Dabei kann der bei diesem Verfahren vorauszusetzende hohe Grad an Einfühlungsvermögen des Sprechers in die Gedankengänge des Reflektierenden oder die Vertrautheit mit ihnen die Adressaten z.B. einer öffentlichen Rede leicht dazu veranlassen, dem Sprecher Sympathie mit den von ihm präsentierten fremden Gedankeninhalten zu unterstellen. Das Stilmittel ‚erlebte Rede/erlebtes Denken’ muß daher, wenn Mißverständnisse oder Fehlinterpretationen ausgeschlossen werden sollen, besonders sorgfältig gehandhabt werden (Zifonun et al. 1997 : 1777) 174 Afin d’étudier la traduction d’une coénonciation, nous avons retenu un passage de L’Etranger au cours duquel Meursault relate son procès. La question de la prise en charge des propos relatés prend en effet ici une acuité toute particulière. Dans ce roman homodiégétique, le narrateur relate les propos de la cour à son égard dans un discours indirect libre qui apparaît, par conséquent, à la première personne. La « plaidoirie du procureur » est d’abord évoquée dans des discours narrativisés (« Le fond de sa pensée, si j'ai bien compris, c'est que j'avais prémédité mon crime. » ; « Il a résumé les faits […] et enfin la rentrée avec Marie. »). Le narrateur fait référence au discours du procureur en manifestant des difficultés de compréhension qui proviennent de la transposition en mode indirect, « Marie » devenant « sa maîtresse » (« si j’ai bien compris » ; « j’ai mis du temps à le comprendre »). (201) Par exemple, la plaidoirie du procureur m’a très vite lassé. Ce sont seulement des fragments, des gestes ou des tirades entières, mais détachées de l’ensemble, qui m’ont frappé ou ont éveillé mon intérêt. Le fond de sa pensée, si j’ai bien compris, c’est que j’avais prémédité mon crime. Du moins, il a essayé de le démontrer. Comme il le disait lui-même : « J’en ferai la preuve, messieurs, et je la ferai doublement. Sous l’aveuglante clarté des faits d’abord et ensuite dans l’éclairage sombre que me fournira la psychologie de cette âme criminelle. » Il a résumé les faits à partir de la mort de maman. Il a rappelé mon insensibilité, l’ignorance où j’étais de l’âge de maman, mon bain du lendemain, avec une femme, le cinéma, Fernandel et enfin la rentrée avec Marie. J’ai mis du temps à le comprendre, à ce moment, parce qu’il disait « sa maîtresse » et pour moi, elle était Marie. (Camus, L’Etranger : 1193-1194) A la suite de ce passage intervient le discours indirect libre : (202) Ensuite, il en est venu à l’histoire de Raymond. J’ai trouvé que sa façon de voir les événements ne manquait pas de clarté. Ce qu’il disait était plausible. J’avais écrit la lettre d’accord avec Raymond pour attirer sa maîtresse et la livrer aux mauvais traitements d’un homme « de moralité douteuse ». J’avais provoqué sur la plage les adversaires de Raymond. Celui-ci avait été blessé. Je lui avais demandé son revolver. J’étais revenu seul pour m’en servir. J’avais abattu l’arabe comme je le projetais. J’avais attendu. Et « pour être sûr que la besogne était bien faite » , j’avais tiré encore quatre balles, posément, à coup sûr, d’une façon réfléchie en quelque sorte. 174 Cette description des effets discursifs de l’erlebte Rede ne manque pas de faire écho au discours malheureux de Jenninger (cf. 5.2.3). Dans ce cas, la coénonciation avait été involontaire, et l’orateur n’avais pas su prévenir l’effet produit par son discours. - 211 -

sie nicht einmal einen Vorwand zu ersinnen vermochte, um vom Tisch wegzugehen. Sie war auf<br />

einmal feige gewor<strong>de</strong>n; sie hatte Angst vor Charles; er wußte alles, das war sicher! Und wahrhaftig,<br />

da sagte er ganz eigentümlich:<br />

„Es scheint, wir wer<strong>de</strong>n Monsieur Rodolphe so bald nicht wie<strong>de</strong>rsehen.“ (Schickelé et Riesen : 241-<br />

242)<br />

Sie versuchte zu essen. Die Bissen blieben ihr im Halse stecken. Da faltete sie ihre Serviette<br />

auseinan<strong>de</strong>r, als wollte sie sich die schadhaften Stellen genauer ansehen; sie hatte auch wirklich vor,<br />

sie da, wo sie dünn gewor<strong>de</strong>n waren, auszubessern und die Fä<strong>de</strong>n <strong>de</strong>r Leinwand zu zählen. Plötzlich<br />

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Aber sie fühlte sich so zerschlagen, ihr Kopf war so mü<strong>de</strong>, daß sie sich einfach keinen Vorwand<br />

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Angst vor Charles. Er wußte alles, das war sicher! Tatsächlich sagte er in einem ganz<br />

eigenartigen Ton: „Herrn Rodolphe wer<strong>de</strong>n wir, scheint’s, nicht so bald wie<strong>de</strong>r zu Gesicht<br />

bekommen.“ (Widmer : 266-267)<br />

De la même façon que dans le premier exemple, l’énoncé au DIL est suivi d’un énoncé du<br />

narrateur, introduit par « en effet », qui confirme les dires du personnage. L’analyse <strong>de</strong><br />

l’équivalence est ici différente, car l’EIR est par définition exclu <strong>de</strong> la traduction d’un DIL<br />

pensé. De plus, le DIL et l’ER sont repérés dès la lecture <strong>de</strong> l’énoncé, car le contenu<br />

propositionnel ainsi que l’exclamation, une marque forte <strong>de</strong> subjectivité, sont attribués au<br />

personnage d’Emma. Ces indices <strong>de</strong> subjectivité assurent l’adéquation <strong>de</strong> la traduction par<br />

un ER.<br />

8.1.2 L’équivalence <strong>de</strong> la coénonciation<br />

L’effet discursif <strong>de</strong> coénonciation est un paramètre qui amène à reconsidérer l’équivalence<br />

entre le DIL, l’EIR et l’ER. La coénonciation désigne le partage <strong>de</strong> la prise en charge du<br />

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inhérente au DIL, elle en est seulement un effet qui se déclenche selon les situations <strong>de</strong><br />

discours et les contextes.<br />

L’erlebte Re<strong>de</strong> et le discours indirect libre sont <strong>de</strong>s discours bivocaux, composés par <strong>de</strong>ux<br />

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Orecchioni, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux centres <strong>de</strong> subjectivité déictique, affective et évaluative. La bivocalité<br />

pose la question <strong>de</strong> la prise en charge. En général, étant donné que l’énonciateur premier<br />

représente le discours d’un énonciateur second, ce <strong>de</strong>rnier est perçu comme l’énonciateur<br />

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discours assumé également par l’énonciateur premier. Cet effet <strong>de</strong> coénonciation fait l’objet<br />

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