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8.1.1 L’invariance de l’interprétation Exemple 1 Le premier exemple est extrait de L’éducation sentimentale : (199) Un jour, il se présenta pour voir Mme Arnoux. Elle était sortie. Monsieur travaillait en bas, dans le magasin. En effet, Arnoux, au milieu de ses potiches, tâchait d’enfoncer de jeunes mariés, des bourgeois de la province. Il parlait du tournage et du tournassage, du truité et du glacé; les autres, ne voulant pas avoir l’air de n’y rien comprendre, faisaient des signes d'approbation et achetaient. (Flaubert, L’Education sentimentale : 175) Eines Tages kam er zum Besuch zu Madame Arnoux. Sie war ausgegangen, und Monsieur arbeitete unten im Magazin. In der Tat versuchte Arnoux eben inmitten seiner Porzellangefäße ein jungverheiratetes Kleinbürgerpaar aus der Provinz hineinzulegen. Er redete von Formen und der Bearbeitung auf der Drehscheibe, den Sprüngen im Material und der Glasur; die beiden wollten es sich nicht anmerken lassen, daß sie nichts davon verstünden. Sie machten zustimmende Zeichen und kauften. (Rheinhardt : 238) Eines Tages wollte er zu Frau Arnoux. Sie war ausgegangen. Der Herr arbeitete unten im Magazin. Es war so. Inmitten seiner Porzellane und Tontöpfe war Arnoux bemüht, ein junges Ehepaar aus der Provinz „hereinzulegen“. Er redete von Drehen und Drehscheibe, von roten Tupfen und von Glasur; und die Leutchen, die nicht zeigen wollten, daß sie nichts davon verstanden, nickten bejahend und kauften. (Wiegler : 203) Dans le texte source, l’énonciateur second est le domestique qui reçoit Frédéric Moreau, l’énonciateur premier est le narrateur. Le DIL dans le texte original est signalé par deux indices. Premièrement, le terme de « Monsieur » est un terme que le domestique emploie. Toutefois, il ne renvoie pas exclusivement à cet énonciateur car le narrateur pourrait, par un effet de contagion (« Ansteckung », Stanzel 2001 : 248ss) également l’employer. Le deuxième indice, plus probant, est fourni par l’enchaînement logique réalisé par « en effet ». Cette locution introduit un élément qui valide une affirmation. Or, il n’y aurait que peu de sens à ce que le narrateur confirme lui-même ses propres dires. La cohérence textuelle impose donc de voir dans « Elle était sortie. Monsieur… » les propos du domestique, et dans « En effet, Arnoux… » la description du narrateur qui confirme l’information délivrée par le domestique. Cette confirmation par le narrateur de propos dont il est le régisseur est une figure narrative destinée à maintenir l’illusion de l’authenticité narrative. Le DIL source est traduit par un erlebte Rede dans les deux traductions. Cette traduction n’apparaît toutefois pas particulièrement adéquate, car l’ER ne permet pas de réaliser la même cohérence textuelle que celle du texte français. - 208 -

Dans le texte cible, l’énoncé à l’ER contient un indice d’ER (avec « Monsieur » et « Herr »), mais c’est uniquement l’énoncé suivant qui atteste de sa présence. Par rétroaction, « in der Tat » et « es war so » amènent à ré-interpréter « Sie war ausgegangen … », qui avait été lu comme un maillon de la narration. Le procédé connaît le même mouvement dans le textefrançais, mais la correction de l’interprétation est moins importante en français du fait de la l’inactualité (Confais 2002 : 408ss) que réalise l’imparfait dans « Elle était sortie … ». Entre l’énoncé « En effet … » et l’énoncé qu’il infléchit, « Elle était sortie … », la cohérence est plus forte avec un DIL qu’avec un ER. Par conséquent, la traduction gagnerait à être reformulée par un EIR : Eines Tages kam er zum Besuch zu Madame Arnoux. Sie sei ausgegangen, und Monsieur arbeite unten im Magazin. In der Tat versuchte Arnoux eben inmitten seiner Porzellangefäße ein jungverheiratetes Kleinbürgerpaar aus der Provinz hineinzulegen. Er redete von Formen und der Bearbeitung auf der Drehscheibe, den Sprüngen im Material und der Glasur; die beiden wollten es sich nicht anmerken lassen, daß sie nichts davon verstünden. Sie machten zustimmende Zeichen und kauften. (d’après Rheinhardt) Eines Tages wollte er zu Frau Arnoux. Sie sei ausgegangen. Der Herr arbeite unten im Magazin. Es war so. Inmitten seiner Porzellane und Tontöpfe war Arnoux bemüht, ein junges Ehepaar aus der Provinz „hereinzulegen“. Er redete von Drehen und Drehscheibe, von roten Tupfen und von Glasur; und die Leutchen, die nicht zeigen wollten, daß sie nichts davon verstanden, nickten bejahend und kauften. (d’après Wiegler) L’enchaînement textuel avec un EIR n’est pas non plus le même que celui réalisé avec un DIL, mais l’explicitation que réalise l’EIR et la perte de la figure narrative sont néanmoins préférables à l’enchaînement que réalise un ER. Exemple 2 La figure narrative observée dans l’extrait précédent n’est pas un procédé unique chez Flaubert, comme l’atteste le deuxième exemple : (200) Elle essaya de manger. Les morceaux l’étouffaient. Alors elle déplia sa serviette comme pour en examiner les reprises et voulut réellement s’appliquer à ce travail, compter les fils de la toile. Tout à coup, le souvenir de la lettre lui revint. L’avait-elle donc perdue ? Où la retrouver ? Mais elle éprouvait une telle lassitude dans l’esprit, que jamais elle ne put inventer un prétexte à sortir de table. Puis elle était devenue lâche ; elle avait peur de Charles ; il savait tout, c’était sûr ! En effet, il prononça ces mots, singulièrement : - Nous ne sommes pas près, à ce qu’il paraît, de voir M. Rodolphe. (Flaubert, Madame Bovary : II-48) Sie versuchte zu essen. Sie brachte keinen Bissen hinunter. Dann entfaltete sie ihre Serviette, als wolle sie die geflickten Stellen prüfen; und wirklich ging sie daran, die Fäden zu zählen. Plötzlich fiel ihr der Brief ein. Hatte sie ihn etwa verloren? Wo war er nur? Allein, sie fühlte sich geistig derart matt, daß - 209 -

Dans le texte cible, l’énoncé à l’ER contient un indice d’ER (avec « Monsieur » et « Herr »),<br />

mais c’est uniquement l’énoncé suivant qui atteste <strong>de</strong> sa présence. Par rétroaction, « in <strong>de</strong>r<br />

Tat » et « es war so » amènent à ré-interpréter « Sie war ausgegangen … », qui avait été lu<br />

comme un maillon <strong>de</strong> la narration. Le procédé connaît le même mouvement dans le textefrançais,<br />

mais la correction <strong>de</strong> l’interprétation est moins importante en français du fait <strong>de</strong> la<br />

l’inactualité (Confais 2002 : 408ss) que réalise l’imparfait dans « Elle était sortie … ». Entre<br />

l’énoncé « En effet … » et l’énoncé qu’il infléchit, « Elle était sortie … », la cohérence est<br />

plus forte avec un DIL qu’avec un ER. Par conséquent, la traduction gagnerait à être<br />

reformulée par un EIR :<br />

Eines Tages kam er zum Besuch zu Madame Arnoux. Sie sei ausgegangen, und Monsieur arbeite<br />

unten im Magazin.<br />

In <strong>de</strong>r Tat versuchte Arnoux eben inmitten seiner Porzellangefäße ein jungverheiratetes<br />

Kleinbürgerpaar aus <strong>de</strong>r Provinz hineinzulegen. Er re<strong>de</strong>te von Formen und <strong>de</strong>r Bearbeitung auf <strong>de</strong>r<br />

Drehscheibe, <strong>de</strong>n Sprüngen im Material und <strong>de</strong>r Glasur; die bei<strong>de</strong>n wollten es sich nicht anmerken<br />

lassen, daß sie nichts davon verstün<strong>de</strong>n. Sie machten zustimmen<strong>de</strong> Zeichen und kauften. (d’après<br />

Rheinhardt)<br />

Eines Tages wollte er zu Frau Arnoux. Sie sei ausgegangen. Der Herr arbeite unten im Magazin.<br />

Es war so. Inmitten seiner Porzellane und Tontöpfe war Arnoux bemüht, ein junges Ehepaar aus <strong>de</strong>r<br />

Provinz „hereinzulegen“. Er re<strong>de</strong>te von Drehen und Drehscheibe, von roten Tupfen und von Glasur;<br />

und die Leutchen, die nicht zeigen wollten, daß sie nichts davon verstan<strong>de</strong>n, nickten bejahend und<br />

kauften. (d’après Wiegler)<br />

L’enchaînement textuel avec un EIR n’est pas non plus le même que celui réalisé avec un<br />

DIL, mais l’explicitation que réalise l’EIR et la perte <strong>de</strong> la figure narrative sont néanmoins<br />

préférables à l’enchaînement que réalise un ER.<br />

Exemple 2<br />

La figure narrative observée dans l’extrait précé<strong>de</strong>nt n’est pas un procédé unique chez<br />

Flaubert, comme l’atteste le <strong>de</strong>uxième exemple :<br />

(200) Elle essaya <strong>de</strong> manger. Les morceaux l’étouffaient.<br />

Alors elle déplia sa serviette comme pour en examiner les reprises et voulut réellement s’appliquer à<br />

ce travail, compter les fils <strong>de</strong> la toile. Tout à coup, le souvenir <strong>de</strong> la lettre lui revint. L’avait-elle donc<br />

perdue ? Où la retrouver ? Mais elle éprouvait une telle lassitu<strong>de</strong> dans l’esprit, que jamais elle ne put<br />

inventer un prétexte à sortir <strong>de</strong> table. Puis elle était <strong>de</strong>venue lâche ; elle avait peur <strong>de</strong> Charles ; il<br />

savait tout, c’était sûr ! En effet, il prononça ces mots, singulièrement :<br />

- Nous ne sommes pas près, à ce qu’il paraît, <strong>de</strong> voir M. Rodolphe. (Flaubert, Madame Bovary : II-48)<br />

Sie versuchte zu essen. Sie brachte keinen Bissen hinunter. Dann entfaltete sie ihre Serviette, als wolle<br />

sie die geflickten Stellen prüfen; und wirklich ging sie daran, die Fä<strong>de</strong>n zu zählen. Plötzlich fiel ihr <strong>de</strong>r<br />

Brief ein. Hatte sie ihn etwa verloren? Wo war er nur? Allein, sie fühlte sich geistig <strong>de</strong>rart matt, daß<br />

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