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Cette variation nécessite dans le texte cible une adaptation. Etant donné que ce n’est pas par le choix des temps que le texte allemand peut donner un reflet de l’énonciateur cité, le traducteur a recours à une variation lexicale : auseinandersetzen rend l’effet produit par le subjonctif imparfait, klarmachen rend l’effet produit par le subjonctif présent. Manchmal kam es vor, daß in dem Apparat meiner Nachbarn eine herausragende Persönlichkeit, päpstlicher als der Papst [...], den Zuschauern auseinandersetzte (wenn sie eine Krawatte trug) oder klarmachte (wenn sie einen auf Seidentüchlein machte), daß die Ungewißheiten, verstehen Sie, dieser Welt, in der wir leben, ihre Zerrissenheit und auch ihre Anfälligkeit, ganz zu schweigen von dem Risiko, jederzeit in die Luft zu fliegen, so groß sind, daß zahlreiche Zeitgenossen das unwiderstehliche Verlangen spüren, Zuflucht in der Vergangenheit zu suchen, und gar, da sie jetzt nicht mehr wüßten, welchem Vorbild sie folgen sollten, zu einer gewissen ... ja doch ... Religiosität zurückfänden. (Sprick : 244) 7.1.1 La voix de l’énonciateur premier Le roman de P. Djian 37,2° le matin se caractérise par la non-application de la règle de ‘l’inversion du sujet’ pour les séquences introductrices placées en incise et en postposition. La non-application de cette règle est observée tout au long du roman et toutes les séquences introductrices de DD en incise ou postposition sont, par conséquent, marquées stylistiquement. Dans ce texte, l’énonciateur rapporteur principal, le narrateur, est en position de surénonciateur, car la syntaxe particulière du DD lui est propre et n’est pas dictée par les énonciateurs cités. (159) Eh, tu vas pas me laisser toute seule, elle disait, eh, qu’est-ce que tu fabriques, réveille-toi. (Djian, 37°2 le Matin : 5) Cette syntaxe participe du style de l’auteur, volontairement familier et relâché : Djian veut expérimenter un style parlé, familier, « grossier », disent ses adversaires, vivant et moderne répond l’écrivain, éloigné autant que possible des phrases « raides et momifiée » de la littérature écrite, littérature désuète, « littérature du XIX siècle » selon lui. (Henri MITTERAND et Alexis PELLETIER (éds.), Dictionnaire des œuvres du XX siècle : Littérature française et francophone, Paris : Dictionnaires Le Robert, 1995 : 525.) En français, Djian bouleverse une règle qui ne vaut que pour le DD. En allemand, la même entorse syntaxique serait une entorse à une règle syntaxique générale. Le fait que les bases linguistiques ne soient pas les mêmes peut expliquer pourquoi le traducteur n’a pas reproduit à l’identique la syntaxe particulière des DD, puisque la reproduction n’aurait pas eu la même valeur. - 184 -

Pour réaliser une équivalence diaphasique, le traducteur emploie l’apocope dans certains DR : (160) Wir transportierten die Kissen ins Schlafzimmer, und ich hab mir geschworen, das erste, was du morgen tust, das ist, eine Matratze zu kaufen, ich hab’s mir auf mein eigenes Haupt geschworen. (Mosblech : 174) Mais il n’est pas possible, sur l’ensemble du texte, de mimer une prononciation orale des séquences d’introduction de DD, par exemple avec sagte sie, fuhr sie fort, begann sie, dachte er, ... . Or, ce qui fait la singularité du discours rapporté dans cette œuvre, c’est le fait que la non-inversion sujet-verbe est réalisée tout au long du roman. De plus, l’apocope permettrait de rendre le ton familier de l’œuvre, mais pas la rupture littéraire revendiquée par l’auteur. La non-inversion du sujet n’est pas qu’un marqueur stylistique parmi d’autres qui peut être compensé à divers endroits dans le discours du narrateur. Elle est un marqueur de nature particulière : elle se situe au cœur de la narration elle-même, dans cette fonction dévolue au narrateur qui est de faire parler des personnages. Préférant donc un marquage systématique à un marquage sporadique, le traducteur a renoncé à cet élément important de l’œuvre. (161) - Qu’est-ce qui vous arrive ?... j’ai demandé. (Djian, 37°2 le Matin : 6) - Was ist denn mit Ihnen los...? fragte ich. (Mosblech : 8) (162) - Quand je pense que je suis restée un an dans cette boîte, elle a murmuré. Elle regardait dans le vide, les deux mains serrées entre les jambes et les épaules voûtées comme si elle se sentait fatiguée d’un seul coup. (Djian, 37°2 le Matin : 9-10) - Wenn ich daran denke, daß ich ein Jahr in diesem Laden gesteckt habe, murmelte sie. Ihr Blick war leer, ihre Hände preßte sie zwischen ihre Beine, ihre Schultern waren eingesackt, als ob sie sich mit einem Mal müde fühlte. (Mosblech : 12) 7.1.2 La voix de l’énonciateur second Le roman Le feu de Barbusse, que nous avons choisi parce qu’il met en scène divers registres de langue, est un cas opposé à celui du roman de Djian. L’intégration syntaxique du discours cité varie en fonction de l’énonciateur rapporteur. Nous avons analysé l’emploi du verbe introducteur le plus employé dans le roman, soit dire. En obervant sa syntaxe en incise ou postposition, « x dit » (forme du présent, la forme du passé simple n’apparaît pas) et « x a dit », nous avons relevé dans l’ensemble de l’oeuvre : - 185 -

Cette variation nécessite dans le texte cible une adaptation. Etant donné que ce n’est pas par<br />

le choix <strong>de</strong>s temps que le texte allemand peut donner un reflet <strong>de</strong> l’énonciateur cité, le<br />

traducteur a recours à une variation lexicale : auseinan<strong>de</strong>rsetzen rend l’effet produit par le<br />

subjonctif imparfait, klarmachen rend l’effet produit par le subjonctif présent.<br />

Manchmal kam es vor, daß in <strong>de</strong>m Apparat meiner Nachbarn eine herausragen<strong>de</strong> Persönlichkeit,<br />

päpstlicher als <strong>de</strong>r Papst [...], <strong>de</strong>n Zuschauern auseinan<strong>de</strong>rsetzte (wenn sie eine Krawatte trug) o<strong>de</strong>r<br />

klarmachte (wenn sie einen auf Sei<strong>de</strong>ntüchlein machte), daß die Ungewißheiten, verstehen Sie, dieser<br />

Welt, in <strong>de</strong>r wir leben, ihre Zerrissenheit und auch ihre Anfälligkeit, ganz zu schweigen von <strong>de</strong>m<br />

Risiko, je<strong>de</strong>rzeit in die Luft zu fliegen, so groß sind, daß zahlreiche Zeitgenossen das unwi<strong>de</strong>rstehliche<br />

Verlangen spüren, Zuflucht in <strong>de</strong>r Vergangenheit zu suchen, und gar, da sie jetzt nicht mehr wüßten,<br />

welchem Vorbild sie folgen sollten, zu einer gewissen ... ja doch ... Religiosität zurückfän<strong>de</strong>n.<br />

(Sprick : 244)<br />

7.1.1 La voix <strong>de</strong> l’énonciateur premier<br />

Le roman <strong>de</strong> P. Djian 37,2° le matin se caractérise par la non-application <strong>de</strong> la règle <strong>de</strong><br />

‘l’inversion du sujet’ pour les séquences introductrices placées en incise et en postposition.<br />

La non-application <strong>de</strong> cette règle est observée tout au long du roman et toutes les séquences<br />

introductrices <strong>de</strong> DD en incise ou postposition sont, par conséquent, marquées<br />

stylistiquement. Dans ce texte, l’énonciateur rapporteur principal, le narrateur, est en<br />

position <strong>de</strong> surénonciateur, car la syntaxe particulière du DD lui est propre et n’est pas dictée<br />

par les énonciateurs cités.<br />

(159) Eh, tu vas pas me laisser toute seule, elle disait, eh, qu’est-ce que tu fabriques, réveille-toi. (Djian,<br />

37°2 le Matin : 5)<br />

Cette syntaxe participe du style <strong>de</strong> l’auteur, volontairement familier et relâché :<br />

Djian veut expérimenter un style parlé, familier, « grossier », disent ses adversaires, vivant et mo<strong>de</strong>rne<br />

répond l’écrivain, éloigné autant que possible <strong>de</strong>s phrases « rai<strong>de</strong>s et momifiée » <strong>de</strong> la littérature<br />

écrite, littérature désuète, « littérature du XIX siècle » selon lui. (Henri MITTERAND et Alexis<br />

PELLETIER (éds.), Dictionnaire <strong>de</strong>s œuvres du XX siècle : Littérature française et francophone,<br />

Paris : Dictionnaires Le Robert, 1995 : 525.)<br />

En français, Djian bouleverse une règle qui ne vaut que pour le DD. En allemand, la même<br />

entorse syntaxique serait une entorse à une règle syntaxique générale. Le fait que les bases<br />

linguistiques ne soient pas les mêmes peut expliquer pourquoi le traducteur n’a pas reproduit<br />

à l’i<strong>de</strong>ntique la syntaxe particulière <strong>de</strong>s DD, puisque la reproduction n’aurait pas eu la même<br />

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