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éférence à l’Antiquité est une adaptation, car Paul adopte une description essentiellement syntaxique, alors que les termes d’oratio recta (directa) / oratio obliqua (indirecta) ne sont pas au départ des catégories grammaticales, mais des catégories rhétoriques. La description du discours rapporté est regroupée autour des questions de syntaxe (Band IV, chapitre 8 : « Beiordnung und Unterordnung von Sätzen ») et de temps et de modes (Band IV, chapitre 12 : « Modusgebrauch in abhängigen Frage-, Relativ- und Konjunktivsätzen »). Elle se concentre sur les relations d’intégration syntaxique, les verbes introducteurs, l’emploi du Konjunktiv I (décrite comme une alternative à l’Indikativ dans les subordonnées indirectes, notamment sur des longues périodes (1920 : 177)), et les changements de référence déictique lors du passage du discours direct au discours indirect. Die Oratio directa charakterisiert sich noch dadurch, daß die Personalpronomina nicht vom Standpunkt des Berichterstatters aus, sondern von dem des Subj. des Vers. Fin. aus gewählt werden, und daß danach auch der zeitliche Standpunkt genommen wird. (Paul 1920 : 172) Quelques remarques de l’auteur, nourries par la rhétorique, touchent à des considérations discursives. Au discours direct comme indirect, remarque Paul, l’incise et la postposition du verbe permettent de donner l’impression que les phrases ne sont plus dépendantes, puisqu’elles adoptent la construction des phrases indépendantes : « Anstatt einen Satz (eine Folge von Sätzen) an ein Verbum sentiendi oder dicendi anzuschließen, kann man denselben schon seit ahd. Zeit auch wie etwas Unabhängiges hinstellen und das eigentlich regierende Verbum hinten anfügen oder einschieben. [...] Die Einschiebung ist besonders bei einer längeren Oratio directa üblich. » (1920 : 172). Au discours direct, de plus, le changement de centre déictique renforce cette impression d’indépendance du segment cité : « Von den Verba dicendi kann eine beliebig lange Folge von Sätzen abhängig gemacht werden, die man dann nicht mehr als abhängig empfindet, die sog Oratio directa. » (1920 : 171). L’analyse est axée autour des formes de direkte Rede et d’indirekte Rede et les formes d’erlebte Rede et d’einführungslose indirekte Rede ne sont pas répertoriées. L’objectif de cette grammaire n’étant pas d’analyser globalement les indices de discours hétérogène, ceci explique l’absence de description des autres formes proches du discours rapporté, comme les introducteurs für, laut, nach, so, ou le verbe sollen. - 18 -

Le fil rouge de Platon à Paul est la bipartition en deux catégories. Le discours indirect et le discours direct sont présentés comme les deux variantes qui peuvent permuter en fonction d’un objectif stylistique. Les exemples de reformulation, présents dès Platon, ne montrent pas les limites d’une telle transformation et se concentrent, dans les grammaires, sur les déictiques de personne et de temps. Cette tradition a contribué à donner du discours rapporté une image trop simplifiée et n’a pas permis d’expliquer le fonctionnement des nombreuses formes de discours rapporté. Cette représentation du discours rapporté a longtemps dominé les grammaires d’apprentissage allemandes et françaises du 20 ème siècle, mais ces dernières intègrent aujourd’hui les éléments d’analyse apportés par la linguistique de l’énonciation. 1.2 La linguistique de l’énonciation La description du discours rapporté a fondamentalement évolué dans le sillage des travaux sur l’énonciation. Nous rappellerons la définition de cette notion et montrerons en quoi elle éclaire la nature des phénomènes que nous étudions. Nous présenterons succinctement quels sont les travaux fondateurs de la linguistique de l’énonciation, en privilégiant ce qui a trait au discours rapporté, puis présenterons les travaux discursifs qui les ont prolongés, également en insistant sur l’apport de ces derniers à la compréhension du discours rapporté. Ensuite, la notion d’énonciateur nous amènera à réfléchir aux liens qui existent entre les constructions de report de discours et des formes proches. Ensuite, nous délimiterons notre cadre d’analyse et présenterons les outils que nous avons retenus (1.3). 1.2.1 L’énonciation L’énonciation, telle que l’a définie Benveniste, est l’acte individuel d’utilisation de la langue. Relevant du domaine infini et non entièrement prévisible de la parole, son fonctionnement se prête pourtant à une exploration systématique de ses mécanismes spécifiques et réguliers. La linguistique de l’énonciation a pour objectif d’analyser les marques de l’actualisation d’un énoncé et de l’inscription de l’énonciateur dans l’énoncé. Elle s’est développée massivement à partir des années 1960 suite aux travaux de Benveniste et de Jakobson. Benveniste, étudiant dans une démarche structuraliste les manifestations dans la langue des conditions de production, définit l’énonciation comme « cette mise en fonctionnement de la - 19 -

éférence à l’Antiquité est une adaptation, car Paul adopte une <strong>de</strong>scription essentiellement<br />

syntaxique, alors que les termes d’oratio recta (directa) / oratio obliqua (indirecta) ne sont<br />

pas au départ <strong>de</strong>s catégories grammaticales, mais <strong>de</strong>s catégories rhétoriques.<br />

La <strong>de</strong>scription du discours rapporté est regroupée autour <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> syntaxe (Band<br />

IV, chapitre 8 : « Beiordnung und Unterordnung von Sätzen ») et <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s<br />

(Band IV, chapitre 12 : « Modusgebrauch in abhängigen Frage-, Relativ- und<br />

Konjunktivsätzen »). Elle se concentre sur les relations d’intégration syntaxique, les verbes<br />

introducteurs, l’emploi du Konjunktiv I (décrite comme une alternative à l’Indikativ dans les<br />

subordonnées indirectes, notamment sur <strong>de</strong>s longues pério<strong>de</strong>s (1920 : 177)), et les<br />

changements <strong>de</strong> référence déictique lors du passage du discours direct au discours indirect.<br />

Die Oratio directa charakterisiert sich noch dadurch, daß die Personalpronomina nicht vom Standpunkt<br />

<strong>de</strong>s Berichterstatters aus, son<strong>de</strong>rn von <strong>de</strong>m <strong>de</strong>s Subj. <strong>de</strong>s Vers. Fin. aus gewählt wer<strong>de</strong>n, und daß<br />

danach auch <strong>de</strong>r zeitliche Standpunkt genommen wird. (Paul 1920 : 172)<br />

Quelques remarques <strong>de</strong> l’auteur, nourries par la rhétorique, touchent à <strong>de</strong>s considérations<br />

discursives. Au discours direct comme indirect, remarque Paul, l’incise et la postposition du<br />

verbe permettent <strong>de</strong> donner l’impression que les phrases ne sont plus dépendantes,<br />

puisqu’elles adoptent la construction <strong>de</strong>s phrases indépendantes : « Anstatt einen Satz (eine<br />

Folge von Sätzen) an ein Verbum sentiendi o<strong>de</strong>r dicendi anzuschließen, kann man <strong>de</strong>nselben<br />

schon seit ahd. Zeit auch wie etwas Unabhängiges hinstellen und das eigentlich regieren<strong>de</strong><br />

Verbum hinten anfügen o<strong>de</strong>r einschieben. [...] Die Einschiebung ist beson<strong>de</strong>rs bei einer<br />

längeren Oratio directa üblich. » (1920 : 172). Au discours direct, <strong>de</strong> plus, le changement <strong>de</strong><br />

centre déictique renforce cette impression d’indépendance du segment cité : « Von <strong>de</strong>n<br />

Verba dicendi kann eine beliebig lange Folge von Sätzen abhängig gemacht wer<strong>de</strong>n, die man<br />

dann nicht mehr als abhängig empfin<strong>de</strong>t, die sog Oratio directa. » (1920 : 171).<br />

L’analyse est axée autour <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> direkte Re<strong>de</strong> et d’indirekte Re<strong>de</strong> et les formes<br />

d’erlebte Re<strong>de</strong> et d’einführungslose indirekte Re<strong>de</strong> ne sont pas répertoriées. L’objectif <strong>de</strong><br />

cette grammaire n’étant pas d’analyser globalement les indices <strong>de</strong> discours hétérogène, ceci<br />

explique l’absence <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s autres formes proches du discours rapporté, comme les<br />

introducteurs für, laut, nach, so, ou le verbe sollen.<br />

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