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Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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parole d’autrui qui se différencie <strong>de</strong> l’EIR par sa valeur modale (Coltier et Dendale 1993 ;<br />

Celle 2004). Dans le cadre d’analyse d’Authier-Revuz (1992 : 39), le conditionnel n’est pas<br />

une forme <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong> discours, mais une modalisation <strong>de</strong> discours par renvoi à une<br />

autre source d’énonciation, une « modalisation en discours second ». De même, pour Ducrot<br />

(1984 : 154), le conditionnel, similaire dans sa fonction à « il paraît », sert à montrer une<br />

assertion, et non pas à la rapporter.<br />

L’analyse componentielle proposée par Coltier et Dendale (2004) distingue trois traits : le<br />

trait évi<strong>de</strong>ntiel, qui marque que l’information est reprise à autrui, le trait aléthique, qui<br />

marque la non-prise en charge <strong>de</strong> l’information, et le trait modal, qui indique que<br />

l’information est incertaine. Par l’emploi du conditionnel, un énonciateur marque que<br />

l’information qu’il délivre est reprise à autrui (trait évi<strong>de</strong>ntiel) et qu’il n’est pas responsable<br />

<strong>de</strong> son contenu propositionnel (trait aléthique). Quant au trait modal, il exprime par défaut la<br />

non-certitu<strong>de</strong> - que Dendale (1993, cité par Coltier et Dendale 2004 : 592) voit comme une<br />

conséquence pragmatique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres traits - et peut évoluer jusqu’au doute. Haillet<br />

définit également la valeur modale fondamentale comme étant celle d’une « simple<br />

réserve » ; qui contextuellement peut évoluer jusqu’à la « contestation », « en passant par<br />

l’« incertitu<strong>de</strong> », la « pru<strong>de</strong>nce », le « doute », etc. » (2002 : 154). Ce trait, unanimement<br />

observé, est celui qui distingue le conditionnel <strong>de</strong> l’EIR. Les travaux <strong>de</strong> A. Celle (2004) sur<br />

le conditionnel journalistique et sa comparaison avec les formes <strong>de</strong> l’allemand et <strong>de</strong> l’anglais<br />

se situent dans le cadre <strong>de</strong> la théorie culiolienne <strong>de</strong> l’énonciation et aboutissent au même<br />

constat :<br />

« On construit un repère fictif, ce qui permet <strong>de</strong> dissocier l’énonciateur du locuteur (ou scripteur). La<br />

visée se fait à partir <strong>de</strong> ce repère fictif et peut donc aussi bien porter sur l’actuel que sur l’avenir, X<br />

serait en ce moment à Londres à côté <strong>de</strong> X serait à Londres dans une semaine. […] Ceci permet <strong>de</strong><br />

dire, sans prendre en charge ce qu’on dit. » (Culioli (1990 : 150) […]. Il résulte <strong>de</strong> cette dissociation<br />

une valeur subjective modale prépondérante et une indifférenciation temporelle […]. Cette<br />

prépondérance subjective ne peut être maintenue <strong>de</strong> façon comparable en anglais et en allemand. »<br />

(Celle 2004 : 501)<br />

En conclusion, nous pouvons retenir que :<br />

- le Konjunktiv I <strong>de</strong> l’EIR et le conditionnel comportent le trait évi<strong>de</strong>ntiel <strong>de</strong> reprise et<br />

le trait aléthique. Le Konjunktiv « déperformatise » (Confais 2002 : 353) l’énoncé,<br />

réalise une suspension d’assertion.<br />

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